HMBE372 : "Écologie: concepts et expérimentations" Macro-écologie / Biogéographie (Introduction) François Guilhaumon Marbec (bat. 24, rdc), IRD, Montpellier, France Montpellier, 14/09/2015 francoisguilhaumon.tk [email protected] Plan : Première partie 1. La biogéographie : définitions, éléments historiques et concepts clés 2. Les gradients de diversité aux échelles continentales et globales (pause) Deuxième partie La relation Aire-Richesse spécifique : un outil central en écologie et les applications en biologie de la conservation Plan : Première partie 1. La biogéographie : définitions, éléments historiques et concepts clés 2. Les gradients de diversité aux échelles continentales et globales (pause) Deuxième partie La relation Aire-Richesse spécifique : un outil central en écologie et les applications en biologie de la conservation Biodiversité 1.7—2.0 million d’espèces Estimation : 100 millions Dynamique : temporelle Dynamique : spatiale La biogéographie A la croisée de plusieurs disciplines scientifiques : géographie physique, pédologie, écologie, sciences de l’évolution ... Étude descriptive et analytique de la répartition géographique des êtres vivants, des assemblages naturels et de la biodiversité en général (cherche à expliquer les raisons de cette répartition géographique) WHAT IS MACROECOLOGY? Macroecology is a way of studying relationships between organisms and their environment that involves characterizing and explaining statistical patterns of abundance, distribution, and diversity. The prefix "macro" is used because in order to characterize patterns in the statistical distributions of variables among individuals, populations, or species, it is usually necessary to work at relatively large spatial and/or temporal scales so as to obtain sufficiently large samples. WHAT IS MACROECOLOGY? Macroecology is a way of studying relationships between organisms and their environment that involves characterizing and explaining statistical patterns of abundance, distribution, and diversity. The prefix "macro" is used because in order to characterize patterns in the statistical distributions of variables among individuals, populations, or species, it is usually necessary to work at relatively large spatial and/or temporal scales so as to obtain sufficiently large samples. WHAT IS MACROECOLOGY? Macroecology is a way of studying relationships between organisms and their environment that involves characterizing and explaining statistical patterns of abundance, distribution, and diversity. The prefix "macro" is used because in order to characterize patterns in the statistical distributions of variables among individuals, populations, or species, it is usually necessary to work at relatively large spatial and/or temporal scales so as to obtain sufficiently large samples. Plusieurs phases de développement Phase descriptive • Géographie du vivant proposé par Buffon • XVIIIe siècle et XIXe siècle = explorateurs [Augustin Pyrame de Candolle (1778-1841), Alexander von Humboldt (1769-1859), Aimé Bonpland (17731858), Alfred Russel Wallace (1823-1913), Charles Darwin (1809-1882), Thomas Henry Huxley (1825-1895), Philip Lutley Sclater (1829-1913), Adolf Engler (1844-1930)] Phase de compréhension • XIXeme siècle : histoire de la mise en place des faunes et flores = évolution = Darwin, Wallace et Huxley. • XXeme Ernst Mayr (1965) = dimension temporelle = l'origine, la différenciation, le développement et la mise en place des faunes en relation avec l'histoire spatio-temporelle de l’environnement. Phase de compréhension Approche hypothético-déductive prévoyant les distributions des organismes et les processus impliqués à partir d'hypothèses puis vérification sur le terrain des prédictions de ces hypothèses : George Evelyn Hutchinson (1903-1991), Robert MacArthur (1930-1972) et Edward Osborne Wilson (1929) Développement de la biogéographie prédictive : expliquer les mécanismes fondamentaux tels que l'immigration, la colonisation, l'extinction à l’origine de la structuration et du renouvellement des communautés. Cette démarche a été illustré par la théorie de l'équilibre dynamique des communautés insulaires de McArthur et Wilson (1963 et 1967) THEORIE DE LA BIOGEOGRAPHIE INSULAIRE Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon, né à Montbard le 7 septembre 1707 et mort à Paris le 16 avril 1788, est un naturaliste, mathématicien, biologiste, cosmologiste et écrivain français. Ses théories ont influencé deux générations de naturalistes, parmi lesquels notamment Jean-Baptiste de Lamarck et Charles Darwin. Voyage en régions tropicales d’Afrique et d’ Amérique du Sud pour étudier les mammifères "un fait général, qui d'abord paraît très singulier, et que personne avant nous n'avait même soupçonné, savoir qu'aucun des animaux de la zone torride dans l'un des continents ne s'est trouvé dans l'autre"(1761: 96). "Et lorsque par des révolutions sur le globe ou par la force de l'homme, [les animaux] ont été contraints d'abandonner leur terre natale ; qu'ils ont été chassés ou relégués dans des climats éloignés, leur nature a subi des altérations si grandes et si profondes, qu'elle n'est pas reconnaissable à la première vue, que pour la juger il faut avoir recours à l'inspection la plus attentive, même aux expériences & à l'analogie." (1766: 316). Buffon’s Law: Environmentally similar but isolated regions have distinct assemblages of mammals and birds → 1 des premiers principes de la biogéographie Charles Robert Darwin (12 février 1809 – 19 avril 1882) est un naturaliste anglais dont les travaux sur l'évolution des espèces vivantes ont révolutionné la biologie. Célèbre au sein de la communauté scientifique de son époque pour son travail sur le terrain et ses recherches en géologie, il a formulé l'hypothèse selon laquelle toutes les espèces vivantes ont évolué au cours du temps à partir d'un seul ou quelques ancêtres communs grâce au processus connu sous le nom de « sélection naturelle » “Neither the similarity or dissimilarity of the inhabitants of various regions can be wholly accounted for by climatic and other physical conditions.” “Barriers of any kind … are related in a close and important manner to the differences between the productions [organisms] of various regions” Alfred Russel Wallace (8 janvier 1823 - 7 novembre 1913) est un naturaliste, géographe, explorateur, anthropologue et biologiste britannique. Il est le co-découvreur de la théorie de l'évolution par la sélection naturelle avec Charles Darwin. Il entama des recherches en 1872 sur un examen général de la distribution géographique des animaux. Régions zoogéographiques que l'on utilise toujours aujourd'hui. Il intégra des effets de l'apparition et de la disparition de ponts de terre (p.ex. Amérique du Sud et l'Amérique du Nord) et les effets des périodes de grande glaciation. Cartes qui montrent les facteurs ayant eu une influence sur la répartition des animaux (l'élévation des montagnes, la profondeur des océans et les caractéristiques de la végétation locale) Récapitulatif de tous les genres et familles connus d'animaux supérieurs et établit la liste de leur répartition géographique. The Geographical Distribution of Animals (référence définitive sur la zoogéographie pendant les 80 ans suivants) Les zones biogéographiques de Wallace Science (2013) : utilisation de données compilées récemment sur la distribution géographique des vertébrés et informations Phylogénétiques + méthodes statistiques modernes (clustering) : Deux écoles de biogéographie historique VICARIANCE Population ancêtre Barrière 1 2 Différentiation en deux populations DISPERSION Population ancêtre et une barrière Dispersion 1 2 Différentiation en deux populations Spéciation Allopatrique Dispersion Vicariance ● Biogéographie historique : reconstruction de l’origine des taxons, des routes de dispersion et des événements d’extinction : 1.Relations phylogénétiques / phylogéographiques 2.Tests des hypothèses de vicariance vs. dispersion (distributions actuelles et passées) ● Biogéographie écologique : prends en compte la distribution actuelle des espèces en fonction des interactions entre l’environnement biotique et abiotique (p.ex. facteurs biotiques et abiotiques régulant la distribution géographique des espèces, de la diversité (e.g. richesse)) → ? macro-écologie ? Les principaux facteurs régulant la distribution géographique des espèces (augmentation/diminution des aires géographiques) sur de larges échelles de temps ● Adaptation à de nouveaux environnements ● Dispersion grâce à des habitats contigus ● ● ● ● Dispersion au-delà de barrières physiques (mers, montagnes, déserts…) Changements climatiques passés (glaciations p.ex.) Événements eustatiques (élévation du niveau de la mer créant des ponts) Événements tectoniques (mouvements des plaques, élévation des chaines de montagnes…..) Dérive des continents : la position des continents a changé aux cours du temps (échelle géologique) Dérive des continents : la position et le nombre des continents a changé aux cours du temps (échelle géologique) La dérive des continents a modifié les routes de dispersion (séparation + ancrage) Régions zoogéographiques de Wallace reflètent en partie l’isolement à long terme (temps géologique) des continents Ponts temporaires entre continents = routes de dispersion : ● ● Asie et Amérique du Nord via le détroit de Bering. Aujourd’hui, un pont (panama*) connecte l’Am. Nord et l’Am.Sud * Quand l'isthme volcanique de Panama se dressa au-dessus du niveau de la mer et fit office de passerelle entre les deux continents. La migration culmina de façon spectaculaire il y a environ 3 million d'années (durant le la première moitié du Pliocène supérieur). Vicariance par dérive des continents explique la distribution disjointe actuelle des oiseaux de l’ordre des Struthioniformes Ancêtre commun dans l’hemisphère Sud Vicariance par dérive des continents explique la distribution disjointe actuelle des oiseaux de l’ordre des Struthioniformes Théorie des filtres emboités : des filtres successifs s'appliquent pour déterminer les assemblages locaux d'espèces Différents niveaux de perception de la distribution des espèces et de la diversité → biogéographie = science multi-scalaire La distribution géographique des espèces peut se mesurer à différentes échelle spatiales Ces différentes échelles spatiales correspondent aussi à différentes échelles temporelles Les taux différentiels d’extinction et de spéciation (ainsi que la migration) expliquent les différences de richesse spécifique aux différentes échelles spatiales Diversification = S - E Les taux différentiels d’extinction et de spéciation (ainsi que la migration) expliquent les différences de richesse spécifique aux différentes échelles spatiales e La biogéographie n’est pas déconnectée de l’écologie des communautés → forment un continuum Biogéographie (mise en place du pool régional d’espèces) Immigration / Invasion Speciation Regional Species Pool Écologie des communautés (mise en place des communautés locales / métacommunautés) Stochastic extinction events Dispersal Local Community Competitive exclusion Emigration Mass extinction events Predatory exclusion Ricklefs and Miller, 2000 Plan : Première partie 1. La biogéographie : définitions, éléments historiques et concepts clés 2. Les gradients de diversité aux échelles continentales et globales (pause) Deuxième partie La relation Aire-Richesse spécifique : un outil central en écologie et les applications en biologie de la conservation Notions méthodologiques d’échelle spatiale = grain + étendue Grain (résolution spatiale) Rahbek et al. 2001 Étendue spatiale Hawkins et al. 2006 Résolution spatiale (grain) représente l’échelle à laquelle on va décrire la richesse et la composition en espèces +++ le continent (pool continental) la région (difficile à déterminer) : bassin versant pour les poissons, Ecorégions localité/site d’échantillonnage --- Études biogéographiques / macro-écologiques standardisent la résolution spatiale grâce à des systèmes de grilles Les gradients de diversité aux échelles continentales et globales : Le gradient latitudinal de diversité échelle continentale échelle globale plantes Pourquoi plus d'espèces sous les tropiques ? Trois grands types d’hypothèses (Exemple des poissons d’eau douce) Hypothèse « aire-espèces » Diversité d’habitats Superficie Diversité des niches Hypothèse « énergie-espèces » Ressources Lorsque la résolution spatiale n’est pas standardisée Température Glaciation et stabilité climatique Taille/densité Stress des abiotique population Nombre de barrières géographiques (intra-bassin) Taux d’extinction Hypothèse « historique » Taux de spéciation Taux d’extinction Isolement Barrières géographiques (inter-bassins) Mutation Taux de spéciation Taux d’extinction Nombre d’espèces dans un bassin hydrographique (richesse du pool régional) Taux de spéciation Taux d’immigration Hypothèse « aires-espèces » Trois principales explications (non exclusives) ont été formulées afin d’expliquer la relation aire-espèces : 1) les taux d’extinction superficie dépendants (MacArthur & Wilson 1967) la probabilité d’extinction d’une espèce augmente avec une diminution de la taille de l’île et cela en raison d’une diminution de la taille totale de sa population 2) l’influence de la diversité d’habitat (Williams 1964). Suggère que l’hétérogénéité de l’habitat et la diversité des sources de nourriture disponibles augmentent avec la taille de l’ « île » offrant ainsi plus de niches disponibles et donc favorisant la coexistence d’un plus grand nombre d’espèces. 3) Passive sampling (biais statistique) (McCoy 1979) 4) Spéciation dépendante de l’aire (Losos & Schluter 2000) Hypothèse « énergie-espèces » Se base sur les variations du climat, se scinde en deux grands types de mécanisme (Hawkins et al. 2003) 1) l’hypothèse de limitation des ressources (Wright 1983) qui prédit une relation positive entre la richesse spécifique et l’énergie disponible dans le système via une augmentation des ressources disponibles pour une communauté écologique donnée : Plus forte biomasse dans une aire donnée, Plus d’individus peuvent co-exister, Et donc plus d’espèces ayant des abondances leur permettant de maintenir des populations viables. Variables utilisées : productivité primaire nette, évapotranspiration réelle ou potentielle 2) l’hypothèse de l’énergie ambiante (Currie 1991) qui se réfère à la tolérance physiologique des organismes face à des conditions climatiques limitantes. Variables utilisées : température, précipitation, évapotranspiration potentielle Très difficile de distinguer ces deux hypothèses car les variables sont évidemment très corrélées entre elles!!! utilisées Hypothèse « énergie-espèces » Température Évapo-transpiration Précipitations NPP Ex. Les poissons d’eau douce : grain varie=bassin versant étendue=le monde Hypothèse aire-espèces Hypothèse énergie-espèces (productivité) Hypothèses « historique » • Hypothèses historiques – Les zones tropicales ont eu plus de temps pour la diversification • Hypothèses de vitesse évolutive – – Taux de diversification net (spéciation – extinction) plus élevé dans les zones tropicales Les tropiques: berceau de la diversité, ou muséum de la diversité? Les zones tropicales ont eu plus de temps pour la diversification La distribution des écosystèmes tropicaux a changé au cours du temps (mais couverture plus large depuis plus longtemps que les écosystèmes tempérés) Taux de diversification net (spéciation – extinction) plus élevé dans les zones tropicales Cradle Museum Cradle and Museum Arita et al. 2008 Science, 2014 Cradle ? Il semblerait que la diversification soit plus rapide sous les tropiques? Beaucoup de recherches en cours! (ex. Weir et al. 2007; Svenning et al. 2008) et encore des débats! Museum ? Science, 2014 Bilan : le gradient latitudinal de richesse spécifique • Ecologie: environnement + favorable; + forte productivité primaire en régions tropicales (ressources +++) • Evolution: taux de spéciation + élevés en régions tropicales (craddle)? (gros débat) ; hypothèse de “tropical niche conservatism” également • Histoire de l’environnement: + forte stabilité climatique au cours du quaternaire en régions tropicales = taux d’extinction + faibles (“museum”)