L`Aquicole : Un plan d`action contre la septicémie hémorragique

L’AQUICOLE
L’AQUICOLE
Septicémie : État pathologique provoqué par le développement de germes pathogènes dans le sang, leur
dissémination dans l’organisme et l’action des toxines qu’ils produisent.
Figure 1 : Mortalité massive d’aloses à gésier dans les
Grands Lacs associée au virus de la septicémie
hémorragique virale.
Cas positifs de SHV avant 2008
Cas positifs de SHV en 2008
Villes d’importance
Figure 2 : Lieux où la SHV a été détectée dans les
Grands Lacs et en périphérie jusquen 2008. Tiré de :
http://www.focusonfishhealth.org/timeline-map.php
Un plan daction contre la septicémie hémorragique virale (SHV) se met en place au Québec
Catherine Brisson-Bonenfant, biologiste, Ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF)
Richard Morin, biologiste, Ministère de lAgriculture, des Pêcheries et de lAlimentation du Québec (MAPAQ)
Un plan d’action conjoint MRNF et MAPAQ se met en place pour contrer la propagation d’une éventuelle
contamination des poissons du Québec par la SHV. Il a pour objectif de protéger à la fois l’industrie piscicole
et la faune ichtyologique.
Un premier article visant à informer les pisciculteurs de la découverte de cette maladie dans les Grands Lacs
en 2005 avait été diffusé dans le bulletin L’AQUICOLE en juillet 2006 (Association des aquaculteurs du
Québec, 2006). Présente dans les Grands Lacs depuis au moins 2003, la SHV a été associée à de nombreux
épisodes de mortalité massive chez plusieurs espèces de poissons, principalement en 2006 et 2007 (figure 1).
En 2008 et 2009, quelques cas de SHV ont également été répertors (voir figure 2 pour 2008). Ceux-ci
démontrent que la maladie est toujours active et que les efforts pour ralentir, voire freiner sa dispersion,
doivent être maintenus.
Une maladie virale grave
Dans les années 1980, la SHV éliminait annuellement, en Europe, entre 20 000 et 30 000 tonnes de truites arc-
en-ciel, pour une production de 100 000 tonnes (De Kinkelin et coll., 1985). Ainsi, bien qu’elle n’ait aucune
incidence sur la santé humaine, cette maladie a été reliée à d’importantes pertes financières. Celles-ci ont été
estimées à 30 % de la valeur des ventes de truites en Italie en 1983 (di Motta di Livenza, 1986). La mortalité
des poissons observée chez la truite arc en-ciel d’élevage à la suite d’une infestation par la SHV est encore
plus rapide que celle causée par la nécrose pancréatique infectieuse (NPI), et elle peut atteindre un taux aussi
élevé que 90 % dans le cas de chacune de ces deux maladies (figure 3). Par ailleurs, la SHV a un impact
économique beaucoup plus important que la NPI pour les entreprises, puisquelle se manifeste chez des
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Figure 3 : Taux de mortalité enregistrés chez la truite arc-
en-ciel à la suite d’une contamination par la SHV ou la
NPI (adaptée de De Kinkelin et coll., 1985)
0
25
50
75
100
0 10 20 30 40 50 60
Jours
Mortalité accumulée %
SHV
NPI
poissons de toute taille, y compris ceux ayant
atteint la taille de la mise en marché,
contrairement à la NPI qui naffecte que les
alevins dans les premiers mois de leur
alimentation.
Les piscicultures canadiennes étaient exemptes de
cette maladie jusquen 2004, où elle fit son
apparition dans une ferme de saumons atlantiques
de la côte ouest, sans toutefois causer beaucoup de
mortalité puisqu’il s’agissait d’une souche nord-
américaine peu virulente. Les piscicultures de la
région des Grands Lacs sont quant à elles toujours
exemptes de cette maladie. En nature, le virus de
la SHV a été détecté chez des saumons du
Pacifique de la côte ouest dès 1988, soit bien avant
sa première mention en pisciculture. Il a
également été détecté pour la première fois dans
les Grands Lacs au printemps 2005, à la suite d’une mortalité importante de malachigans dans le lac Ontario.
Depuis, de nombreux diagnostics positifs ont été établis sur plusieurs espèces et à divers endroits dans les
Grands Lacs et en périphérie (figure 2).
Les cours d’eau sous surveillance
Depuis 2007, le MRNF participe activement au programme de surveillance de la SHV mis en place par
l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). Cette surveillance est primordiale puisque le virus
sera plus facile à contrôler s’il est rapidement détecté. À ce jour, aucun poisson porteur de la SHV n’a été
détecté lors des 21 échantillonnages réalisés en 2007, 2008 et 2009 dans le fleuve Saint-Laurent et dans
quelques-uns de ses tributaires du sud du Québec.
Les piscicultures sont visées
Le virus de la SHV peut s’introduire dans les établissements piscicoles principalement par le transfert de
poissons malades ou porteurs ainsi que par un approvisionnement en eau contaminée. Les stations piscicoles
aux prises avec le virus peuvent, quant à elles, contribuer à sa propagation par l’ensemencement de poissons
infectés ou par le transfert de ces poissons dans un établissement piscicole exempt de la maladie. De plus, le
virus pourrait être rejeté dans le milieu avoisinant par le biais des effluents de ces stations piscicoles.
L’incidence éventuelle de la SHV en pisciculture au Québec aurait des conséquences majeures sur l’industrie.
La maladie génère des mortalités importantes de poissons, lesquelles entraînent des pertes financières pour les
entreprises contaminées. Par ailleurs, une approche de précaution visant à prévenir la dissémination du virus
chez les poissons sauvages au Québec, interdirait nécessairement tout ensemencement de poissons en
provenance dun établissement piscicole contaminé. Or, la production piscicole québécoise reposant
principalement sur ce marché, l’incidence de la SHV en pisciculture affecterait grandement les entreprises de
production, en plus des pourvoiries et des autres acheteurs dépendants des ensemencements de ces poissons.
La découverte d’un poisson porteur de la SHV lors de la surveillance réalisée en milieu naturel entraînerait
immédiatement la mise en place dune zone de protection. Les piscicultures présentes à lintérieur du
périmètre délimité et en contact direct avec l’eau de surface par une prise d’eau seraient ainsi soumises à
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Permis d’ensemencement des poissons - processus d’appel des décisions
Dans le cadre de la mise en place des nouvelles directives sur l’ensemencement, le MNRF s’était engagé
à mettre en place un processus afin des permettre aux pisciculteurs et à leur client qui se sente lésé de
faire appel d’un refus de demande de permis d’ensemencement. Dans ce contexte, toute personne qui
veut éventuellement contester une décision doit compiler les informations pertinentes à chaque cas de
refus (date, espèce à ensemencer, cause du refus, etc.) et informer lAAQ. Pour plus amples
informations, vous pouvez contacter Sylvain Lareau, directeur, au (819) 669-4962.
À vendre : 40,000 fretins (env. 15 g) d’omble chevalier -fontaine. Contacter Françis Dupuis
au (418) 368-1949.
court terme à un échantillonnage systématique de tous les lots de poissons présents, pour une recherche du
virus. La détection de l’agent infectieux chez un lot de poissons d’élevage entraînerait l’isolement et la mise
en quarantaine de létablissement concerné, dont aucun poisson ne pourrait plus sortir. Des poissons
contaminés par la SHV présentent un risque important de dissémination du virus dans les autres piscicultures
et dans le milieu naturel. Il est donc nécessaire que les poissons contaminés soient éliminés adéquatement afin
d’éviter de propager le virus. Il est important de rappeler qu’il n’y a aucun traitement efficace contre la SHV.
Références
Association des aquaculteurs du Québec (2006) Septicémie hémorragique virale (SHV), une situation à
surveiller. L’Aquicole 11(2) :8.
De Kinkelin, P., C. Michel et G. Ghittino (1985) Précis de pathologie des poissons. INRA - OIE, Paris, ISBN :
2-85340-687.3, ISBN : 92-9044-137.2, 348 p.
di Motta di Livenza, V. (1986) Techniques d’élevage intensif et d’alimentation des poissons et des crustacés.
FAO Project reports, 253 p. http://www.fao.org/docrep/field/007/af013f/af013f00.HTM
Iowa State University. 2010. Focus on fish health. [en ligne]. Disponible sur le site internet. Accès :
http://www.focusonfishhealth.org/timeline-map.php.
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