Servons-nous le même Dieu

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Henri Peeters
Servons-nous le même Dieu ?
L’Islam à la lumière de la Bible
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Introduction générale
L’Islam fait partie, avec le Judaïsme et le
Christianisme, des trois grandes religions monothéistes
puisque, selon certaines statistiques, les Musulmans
représenteraient actuellement entre 15 et 25 % de tous
les habitants de la terre.
Il se caractérise par une sorte de mélange de ses
deux précurseurs dont il tire de nombreuses
références (les notions de création, de révélation, de
législation, de résurrection des morts, de jugement
dernier, de paradis et d’enfer, du diable,…), mais
aussi, de valeurs d’origine arabe dont évidemment la
langue, considérée comme céleste, et de légendes
orientales.
1. La religion exclusive :
L’Islam est strictement monothéiste, né en
réaction au paganisme des tribus arabes et en pleine
crise du christianisme, liée à la disparition des Pères
de l’Eglise.
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« Certes, la religion acceptée d’Allah, c’est
l’Islam. Ceux auxquels le Livre a été apporté ne
se sont disputés, par agressivité entre eux,
qu’après avoir reçu la science. Et quiconque ne
croit pas aux signes d’Allah… alors Allah est
prompt à demander compte !… Et quiconque
désire une religion autre que l’Islam, ne sera
point agrée, et il sera, dans l’au-delà, parmi les
perdants (Sourate 3.19, 85) ».
Selon Mahomet, l’Islam est le prolongement et
l’aboutissement ultime du message divin révélé aux
hommes dans les Ecritures, depuis Adam jusqu’à Jésus
(respectivement la Torah, l’Evangile et le Coran). C’est
un retour à la vraie foi (Sourate 3.110), celle d’Abraham,
considéré comme bon Musulman et le patriarche.
Si le Judaïsme s’adresse à un seul peuple, l’Islam,
comme le Christianisme, est universel, c’est-à-dire,
ouvert à tous les hommes et valable pour tous. Par
contre, ce dernier porte le nom de son fondateur
(Christ), tandis que le Judaïsme et l’Islam, non.
Le principal point doctrinal commun est la
définition d’un Dieu transcendant, Créateur et
Souverain qui a fait de l’homme son représentant sur
terre.
Au début, la ressemblance troublante avec les
valeurs bibliques ont amené de nombreux chrétiens
d’Orient, proches de la région arabe, à croire à la
résurgence d’un mouvement de type judaïque ou
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chrétien. Ils ont donc sous-évalué le danger immédiat
et ont réagi trop tardivement, alors que l’Islam avait
déjà pris beaucoup d’ampleur.
Ainsi, lorsqu’il ouvre le dialogue avec un
Musulman, le Chrétien doit composer avec une
religion qui se dit supérieure et exclusive par rapport
aux deux autres, tout en rejetant ce qui fait l’essentiel
du Christianisme, c’est-à-dire le salut par la foi au
travers du sacrifice de Jésus et la divinité de ce dernier.
Or, au vu du contenu des révélations, le Chrétien
a tendance à qualifier le Judaïsme et l’Islam de
religions légalistes et le Christianisme, de
relation personnelle et librement consentie avec
Dieu au sein du corps de Christ.
2. Une soumission complète (« Islam ») :
L’Islam concrétise son accomplissement sur trois
axes principaux :
• La foi (« al-Iman ») en Dieu unique.
• La totale soumission (« al-Islam ») de l’homme
dans son intégralité à la volonté de Dieu. Nous
pouvons même employer le mot « abandon » puisque
la soumission peut être comparée au combattant qui
dépose les armes lorsqu’il se sait vaincu (« aslama »).
• Les œuvres bonnes (« al-Ihsan ») qui découlent
de cette soumission.
C’est une religion universelle, c’est-à-dire non
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attachée à un nom, dans laquelle l’homme est
totalement dépendant de Dieu et se doit de vivre dans
l’obéissance. Le corps et l’esprit sont inséparables, le
visible étant le reflet de l’invisible. Ainsi, l’Islam
répercute la gloire de Dieu comme la lune (symbole
de l’Islam), celle du soleil.
Le Musulman est celui qui se soumet de son plein
gré.
3. L’étude comparative :
Plutôt que de nous baser sur les divers points
vue conciliants ou haineux, nous préférons partir
la source, les Ecritures, pour nous préparer à
rencontre avec les Musulmans et leur parler
l’Evangile en connaissance de cause.
de
de
la
de
Au cours de l’histoire, beaucoup ont essayé de se
présenter comme des prophètes éclairés : seuls,
l’examen approfondi de la Parole et le résultat de
l’œuvre à long terme permettent de juger de leur
crédibilité ou de leur supercherie (Mt 7.15-27 ; Ac
5.34-39 ; 1 Th 5.19-22 ; 1 Jn 4.1-3).
Pour ce faire, cette étude fera continuellement
référence à la Bible (Abréviation du titre, numéro de
chapitre et des versets) et au Coran (Sourate suivie du
numéro de chapitre et des versets). Il est donc
fortement conseillé de se munir d’un exemplaire de
chaque ouvrage (aussi disponibles sur certains sites
internet).
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Pour plus de clarté, les commentaires et
remarques concernant les positions chrétiennes
sont en italique et décalées.
Enfin, bien que l’Islam se base sur le calendrier
lunaire hégirien, toutes les dates sont inscrites selon le
calendrier solaire grégorien et les divers noms arabes
sont « francisés ». Toutefois, afin de nous familiariser
avec certains termes, ils sont repris entre guillemets.
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Chapitre 1
L’avènement de l’Islam
L’histoire de l’Islam est assez récente puisque sa
création date du 7ème siècle après Jésus-Christ.
Pourtant, nous nous rendons compte, à la lecture
des écrits le concernant, que ses racines sont bien plus
profondes que cela, puisque le fondateur revendique
une lignée commune au Judaïsme et au Christianisme.
Nous approcherons donc ce chapitre sous divers
angles : la situation religieuse dans les régions arabes
au 7ème siècle ; la fondation de l’Islam par Mahomet et
les suites ; les racines de l’Islam.
Première partie :
Le contexte historique et religieux du 7ème siècle.
La région qui nous concerne se situe globalement
entre la Mer Rouge, le Golfe Persique et l’Océan
Indien. A cette époque, de nombreuses tribus arabes
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polythéistes nomades, totalisant environ 5 millions
d’individus, se partageaient un territoire de plus de
3 millions de km², désertique sur plus de 90 % de sa
superficie. Les clans se faisaient constamment la
guerre, la loi du plus fort prévalant.
L’animisme dominait fortement : il consistait en
l’adoration de plusieurs idoles, définies comme
« associées » d’un Dieu créateur reconnu supérieur aux
autres. Selon le Coran (Sourates 6.100-101 ; 16.56-57 ;
17.40 ; 43.19 ; 44.35-36 ; 53.19-20), livre sacré de
l’Islam, ces dieux avaient une ou plusieurs compagnes,
des fils et des filles. On y a même répertorié trois
déesses (« Manat », « Uzza » et « Allat ») ; les anges de
sexe féminin, et les esprits (communément appelés
« djinns » dans le monde arabe, invisibles mais pouvant
prendre diverses apparences et vivant dans les
cavernes, les arbres, les sources et les pierres) étaient
également divinisés. Les filles, objets de honte, étaient
souvent enterrées vivantes dès la naissance et les
femmes ne jouissaient que de peu de droits.
La notion de résurrection était absente, mais le
concept de pèlerinage acquis. A La Mecque, un
temple particulier, la Kaaba, bâtiment de forme
cubique de 11 mètres de côté, était un des centres
religieux principaux. Les pèlerins y vénéraient 360
idoles et embrassaient la Pierre Noire (à cause des
péchés des hommes) « descendue du ciel » et
encastrée dans l’angle oriental.
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Cet état des lieux explicite pourquoi les Musulmans
appellent cette période « l’ère d’ignorance ».
Manifestement, ces arabes n’étaient pas des férus
de prosélytisme et ne cherchaient pas à défendre à
tout prix leurs croyances : ils semblaient plutôt à bout
de souffle au niveau spirituel, déstabilisés par d’autres
philosophies importées par les voyageurs, et donc
relativement ouverts à croire en autre chose, même si
la naissance de l’Islam se fit d’abord dans la douleur.
Les nations environnantes étaient la Mésopotamie
(Ex-Babylone, Ex-Perse) ancrée sur une religion
dualiste, le Zoroastrisme, mais aussi l’Egypte
chrétienne, la Syrie, la Palestine, le Yémen et l’Ethiopie
christianisée.
Partout dans le monde, la crise spirituelle touchait
aussi les deux grandes religions monothéistes :
• L’exil du premier siècle pesait encore lourdement
sur les Juifs qui tentaient de préserver leur religion du
polythéisme, mais aussi du Christianisme, en se
refermant sur eux-mêmes, là où ils avaient trouvé
refuge. C’est ainsi qu’une communauté importante et
structurée, avec des synagogues et des rabbins, avait élu
domicile dans la région de Médine, dans la partie
occidentale de la Péninsule arabique.
• Les chrétiens étaient, pour leur part, en pleine
transition. Après avoir bénéficié du soutien du puissant
empire romain, ils étaient contraints de se préoccuper
de la disparition des Pères de l’Eglise (Grégoire le
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Grand mourut en 604) qui leur avaient permis de
prendre une place prépondérante dans de nombreuses
régions du monde et qui, sans aucun doute, auraient
pu s’ériger avec conviction et intelligence contre cette
nouvelle doctrine présentée par Mahomet. Des
chrétiens et des moines étaient bien présents dans cette
contrée, surtout au Yémen, mais leurs comportements
et leur foi étaient lacunaires.
Soulignons que l’essor de la poésie en langue
arabe était en pleine expansion. Cela revêt une
certaine importance pour la suite de l’étude.
Deuxième partie :
La fondation de l’Islam par Mahomet.
C’est donc dans ce contexte religieux confus que
Mahomet fait ses premiers pas douloureux de prophète.
Il naît en 570 à La Mecque, riche centre
commercial et religieux de l’époque, dans la puissante
tribu des Qorayshites, du clan des Hachémites.
Orphelin dès son plus jeune âge (son père décède avant
sa naissance et sa mère alors qu’il n’a que 6 ans), il est
adopté par son grand-père, chef de clan respecté qui
meurt à son tour 2 ans plus tard, puis par son oncle
paternel qu’il accompagne dès l’âge de 12 ans pour ses
voyages d’affaires, mais qui lui inflige des privations au
point de lui refuser le mariage à l’âge habituel.
Au niveau spirituel, Mahomet fréquente la secte
des « Hanifa » (« Séparatistes »), composée d’ermites
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ascètes enseignant la descendance Abrahamique et
Ismaélite des Arabes, ce qu’il fera ressortir dans ses
futures révélations.
D’abord berger, il devient voyageur de commerce
pour une riche veuve appelée Khadîdja. Afin de sortir
du carcan familial, alors qu’il n’a que 25 ans et elle 40,
il la séduit et l’épouse en 595. Elle lui donnera 7
enfants, dont 4 filles qui seront les seules à survivre.
Parmi celles-ci, Fatima qui deviendra l’épouse d’Ali,
cousin de Mahomet, un de ses premiers fidèles et
4ème calife dans sa succession. Mahomet demeurera
monogame jusqu’à la mort de sa femme.
Devenu prospère suite à cette alliance et ayant
atteint la quarantaine, Mahomet se ressource
régulièrement en s’isolant dans une caverne du mont
Hira, proche de La Mecque. Il y pratique le jeûne tout
en réfléchissant à « une religion de vérité ».
Vers 612, alors qu’il effectue une de ses retraites, il
reçoit sa première révélation de la part de celui qu’il
identifie comme l’ange Gabriel. Celui-ci lui impose
d’avertir et d’enseigner ses compatriotes : c’est son
appel de prophète (Sourate 96.1-5).
De retour chez lui, effrayé et dans le doute, il s’en
ouvre à son épouse qui est convaincue du bien-fondé
de ce qu’il a reçu, faisant d’elle la première convertie à
l’Islam et son soutien indéfectible. Son cousin Ali lui
emboîte le pas. Pourtant Mahomet hésite à proclamer
son message.
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D’autres révélations se succèdent dans des lieux
différents. Selon lui, Dieu lui parle de diverses
manières (comme par un tintement de clochettes, par
inspiration et par Gabriel prenant une apparence
humaine), au point qu’il ne peut plus se taire. Dès
616, son message tranche avec le polythéisme
ambiant, mais se rapproche des deux religions
monothéistes implantées dans la région, le Judaïsme
et le Christianisme (Sourate 72.18, 20). Il utilise le mot
« Islam » (soumission) pour illustrer ses propos.
Un riche commerçant, Abou Bakr, est à son tour
convaincu et devient son conseiller, mais surtout son
bailleur de fonds. Abou Bakr sera désigné comme
1er calife au décès du Prophète.
Durant l’année 620, l’oncle et père adoptif de
Mahomet décède, suivi de peu par Khadîdja, son
épouse. A peine deux mois plus tard, il se consolera
dans les bras d’une veuve éthiopienne appelée Sauda.
Peu de temps après, il vit sa plus grande
expérience mystique qu’il appellera le « Voyage
Nocturne » (« Miraj » ; Sourate 17.1). Il explique que
le toit de sa maison s’ouvre et que Gabriel apparaît.
Ce dernier lui écartèle la poitrine, la lave avec de l’eau
de Zem-Zem (cette eau provient du puits du même
nom et est considérée comme ayant jailli
miraculeusement afin d’étancher la soif d’Ismaël et
Agar dans le désert : elle est aussi utilisée pour laver le
sol en marbre de la Kaaba) et y verse la sagesse et la
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foi contenues dans un plateau d’or, avant de la
refermer. Il prend Mahomet par la main pour
atteindre le ciel le plus proche où ce dernier enfourche
un cheval blanc à tête de femme et à queue de paon,
nommé Bouraq, afin de se rendre, dans un premier
temps, de la Kaaba de La Mecque à la Mosquée élargie
(Al Aqça) de Jérusalem. Puis il est enlevé jusqu’au 7ème
ciel pour y rencontrer nombre d’anciens prophètes
dont Moïse et Jésus, mais ce qui le frappe le plus, c’est
sa propre ressemblance exceptionnelle avec Abraham.
Selon lui, « nul ne ressemble plus au patriarche que
lui ». Finalement, il y rencontre Dieu seul à seul.
Signalons tout de même que le Coran ne cite que
son voyage entre les deux villes de La Mecque et
Jérusalem. Tout le reste du récit se trouve dans
des Hadiths, c’est-à-dire des livres relatant sa vie
dont nous parlerons dans le second chapitre.
Ce phénomène « d’enlèvement » spirituel est
aussi décrit dans la Bible. Sans être le seul
(Ezéchiel, Jean), Paul en aurait vécu un
semblable, mais il ne fait référence qu’à trois
cieux et non sept. De plus, il dit avoir entendu
des paroles inexprimables par l’homme. Notons
aussi que d’autres ont conversé avec Dieu,
comme Moïse, mais cela s’est passé sur terre (2
Co 12.2-4 ; Ap 1.10).
Mahomet épouse aussi la fille de son compagnon
Abou Bakr, Aïcha, une enfant de 6 ans, mais il ne
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consommera le mariage « que » lorsqu’elle aura 9 ans.
Il ne s’arrêtera pas à ces deux femmes puisqu’on lui en
prête entre 9 et 15.
Comme il fallait s’y attendre, son discours connait
peu de succès dans sa ville natale, implantée en zone
aride, vivant principalement du commerce et du
transport et surtout focalisée sur les richesses
matérielles. Il se met à dos les marchands d’idoles de
La Mecque qui craignent pour leur commerce lucratif,
d’autant qu’un autre de ses oncles, devenu chef du
clan des Hachémites, prend officiellement parti pour
eux, retirant la protection au prophète. A partir de ce
moment, Mahomet et sa centaine de disciples
subissent de nombreuses moqueries, des polémiques à
n’en plus finir, de l’opposition, voire des persécutions.
Plusieurs fidèles s’enfuient en Ethiopie, pays refuge
pour les monothéistes.
Après une escapade infructueuse à Taïf, dans une
cité juive située à 73 km de La Mecque, Mahomet,
agacé et en danger de mort, décide à son tour de
quitter sa ville natale en 622 pour s’exiler à Yatrib où
il est invité. Les Musulmans appellent ce départ
« l’Hégire » (« exil »).
Cette année de changement radical marquera plus
tard l’an un du calendrier lunaire musulman.
1. L’exil (« Hégire ») :
Yatrib est distante d’environ 400 kilomètres et
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située au sein d’une oasis occupée par une population
rurale. Mahomet et ses 80 disciples y sont invités puis
accueillis chaleureusement par les tribus arabes
païennes de la région qui se montrent nettement plus
réceptives à son message et le chargent peu après
d’arbitrer
les
différends
qui
surviennent
immanquablement entre eux.
Mahomet y fonde sa première communauté de
croyants qui portera plus tard le nom de « Grande
Communauté » (« Umma ») qu’il substitue aux liens
de sang habituels, chaque membre assurant la
protection des autres sans distinction de race et de
condition.
Mahomet est en contact direct avec les familles
juives du lieu qui, dans un premier temps, le reçoivent
avec enthousiasme. D’évidence, Mahomet a tout mis
en œuvre pour leur plaire : il prône le respect de la
Torah (mais aussi de l’Evangile des Chrétiens),
s’inscrit dans la lignée des prophètes d’antan et adopte
le principe de la triple prière journalière (« Ashera »),
tourné vers Jérusalem, ainsi que leurs habitudes
vestimentaires et alimentaires. Pourtant, ils finissent
par refuser d’adhérer à son appel, faute de preuves
probantes. Pire encore, certains leaders se moquent de
lui et le traitent « d’ummi », c’est-à-dire « d’ignorant »
(Sourates 6.37 ; 17.90-93). Mahomet a de la peine à
comprendre leur réaction.
C’est ce dédain qui le pousse sans doute à porter
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des accusations sévères de collaboration entre les Juifs
de Médine et les polythéistes de La Mecque, dans le
but de détruire la vraie parole. Suivi par les tribus
païennes qui se convertissent en masse, il entreprend
de faire taire les contestataires. Ainsi, il chasse
certaines tribus après les avoir dépossédées de leurs
biens, massacre les hommes d’autres, pour ensuite
vendre en esclavage les femmes et les enfants comme
prix de leur « trahison ».
Ces velléités répétées et très souvent victorieuses,
donnent de plus en plus de crédit à Mahomet au sein
des tribus arabes hôtes qui lui confient un rôle de
leader politique, chargé du bien-être de la
communauté, en plus du guide spirituel reconnu qu’il
est déjà. Pour assoir son autorité, il change le nom de
Yatrib en « Médina al-Rasoul », la « ville du
Prophète », mieux connue en occident sous le nom de
Médine (surnommée la « Ville éclairée »), et rédige
une constitution homonyme qu’il fait ratifier par
chaque clan.
La conséquence directe de cette promotion est la
nécessité de recourir à la violence, aux razzias et aux
pillages afin de subvenir aux besoins des tribus
nomades et guerrières (Sourate 3.121-127). C’est à
cette époque que ses disciples adoptent le nom de
« Musulmans », ce qui signifie « Soumis », à Dieu
évidemment.
C’est aussi à ce moment que les révélations
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coraniques
prennent
une
autre
tournure,
particulièrement hostile envers les « Gens du Livre »,
Juifs et Chrétiens confondus, un peu comme si Dieu
s’adaptait aux circonstances de vie du Prophète. Des
règles du début sont fortement modifiées :
• Alors que les prières s’accomplissaient en se
tournant vers Jérusalem (qui demeure toujours la
troisième ville sainte de l’Islam après La Mecque et
Médine), les Musulmans sont invités à s’orienter vers
la Mecque.
• Pour affermir la doctrine de l’unicité de Dieu,
Abraham est déclaré patriarche puisque ni Juif, ni
Chrétien, mais le vrai croyant par excellence.
• Le Coran est présenté comme l’achèvement et la
perfection de la Révélation de Dieu qu’ont perdus les
Livres des Juifs et des Chrétiens en les altérant et les
falsifiant.
• Le jeûne du Ramadan est instauré.
A la tête d’environ 300 soldats de l’Islam,
Mahomet remporte une première victoire sur les
polythéistes Mecquois au nombre d’un millier en 624,
à Badr. D’autres suivront (Sourate 3.165-172).
En 625, les Musulmans subissent une défaite à
Ehud : Mahomet est blessé et son oncle Hamza tué.
En 627 la victoire à la « bataille du Fossé »
(appelée ainsi parce qu’un fossé a été creusé tout
autour de Médine pour la défendre), ouvre
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véritablement la voie de la conquête de l’Arabie aux
10 000 fidèles de l’Islam commandés par Abu Saïfan.
En 628, un traité de paix du nom de « alHudaibiya », est signé entre Médine et La Mecque.
Par conséquent, les habitants de celle-ci décident à
l’unanimité de quitter pacifiquement la ville durant
trois jours pour permettre aux Médinois d’y effectuer
un pèlerinage !
En 629, l’oasis fortifiée de Khaibar, défendue par
les Juifs, tombe entre les mains de Mahomet.
2. La reconnaissance :
Fort de sa notoriété et s’étant rallié quelques
membres influents de la tribu des Quraychites,
Mahomet entreprend une marche contre La Mecque
en 630 au cri de « Dieu est le plus grand » (« Allahou
Akbar »). Celle-ci capitule sans effusion de sang,
d’autant qu’elle a perdu de sa superbe à cause de la
guerre entre Byzance et La Perse qui mine son
commerce jadis florissant. Ses habitants se
convertissent à l’Islam (Sourate 5.3).
Sa mission prophétique se renforçant au fur et à
mesure de ses succès militaires, Mahomet impose le
culte monothéiste dans le temple de Kaaba après en
avoir détruit les statues des 360 idoles. A ce moment,
les adeptes de toutes parts entrent par tribus entières
dans cette nouvelle religion et les païens sont chassés
ou tués.
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