1 Auteur : Saint-Cyrien, officier d`infanterie, le chef de bataillon Pierre

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Auteur : Saint-Cyrien, officier d’infanterie, le chef de bataillon PierreMarie Lejeune est breveté de l’École de Guerre et suit actuellement une
formation en langue russe à l’Institut national des langues et civilisations
orientales (INALCO.
Résumé: Si le facteur religieux et le nationalisme ont toujours agité le Caucase Nord, c'est une
véritable poussée islamiste radicale qui anime le terrorisme dans cette région depuis 2007. Lié aux
réseaux djihadistes internationaux, ce phénomène est plus que jamais au centre des préoccupations
du Kremlin parce qu'il représente une menace majeure pour la stabilité intérieure de la Russie.
Texte de l’article :
Caucase Nord : l’irrésistible poussée djihadiste.
Si le facteur religieux et le nationalisme ont toujours agité le Caucase Nord, c'est une
véritable poussée islamiste radicale qui anime le terrorisme dans cette région depuis 2007. Lié aux
réseaux djihadistes internationaux, ce phénomène est plus que jamais au centre des
préoccupations du Kremlin parce qu'il représente une menace majeure pour la stabilité intérieure
de la Russie.
« Два врага под одной крышей не уживаются »
Чеченская пословицa.
« Deux ennemis ne peuvent pas vivre sous le même toit »
Proverbe tchétchène
« Nous sommes aujourd’hui rassemblés à Oufa pour célébrer le 225e anniversaire du décret
de l’impératrice Catherine II qui fondait l’Assemblée spirituelle de la loi mahométane. Cet
événement a joué un rôle majeur dans la consolidation de l’organisation étatique russe, a contribué
à la création d’un espace spirituel et culturel commun, à la formation des valeurs et traditions qui
nous unissent. » Ces mots ont été prononcés par Vladimir Poutine au cours de la réunion du
Conseil présidentiel pour les relations inter-ethniques le 22 octobre 2013.
Pourtant, la veille encore, à Volgograd, une jeune Daguestanaise convertie depuis peu à
l'islam, commettait un attentat suicide, tuant 8 personnes et en blessant plusieurs dizaines. Son acte
s’ajoute à la longue liste des attaques terroristes qui semblent avoir transformé cet « espace
spirituel et culturel commun » en une nouvelle terre de djihad.
À quelques semaines seulement des jeux Olympiques d'hiver de Sotchi, alors que la
violence au Caucase Nord1 apparaît comme intimement liée aux évolutions de la crise syrienne,
Vladimir Poutine a également appelé à poursuivre la lutte contre l'islam politique et a dénoncé sa
manipulation par des forces étrangères.
L’Occident stigmatise volontiers la Russie pour la dureté de sa répression et semble ne pas
lui reconnaître le droit à l’auto-défense face au terrorisme. Droit dont il a lui-même usé à plusieurs
reprises depuis 2001, en Afghanistan, en Irak, au Mali et ailleurs. La politique que Moscou met en
œuvre au Caucase est donc généralement considérée comme une manifestation décomplexée du
cynisme néo-impérialiste russe. Pourtant, si les composantes religieuses et nationalistes de
l’instabilité nord-caucasienne ont toujours agit en profonde interaction, depuis 2007, c'est bien une
véritable poussée islamiste radicale qui anime le terrorisme de cette région. Lié aux réseaux
djihadistes internationaux, ce phénomène est plus que jamais au centre des préoccupations du
1
Partie méridionale de la Fédération de Russie appelée aussi Ciscaucasie. Elle comprend les sujets suivants:
République du Daguestan, République d'Ingouchie, République de Kabardino-Balkarie, République de KaratchaïévoTcherkessie, République d'Ossétie du Nord, Kraï de Stavropol, République de Tchétchénie, Kraï de Krasnodar et
République Adyguée.
1
Kremlin parce qu'il représente une menace majeure pour la stabilité intérieure de la Russie. Si la
stratégie menée par Moscou connaît quelques succès, elle se heurte à une dynamique puissante
qu'il lui faut absolument enrayer au risque de voir s'unir contre elle la « montagne des langues »2.
I.
L'islamisation du Caucase Nord.
Diffusé par les conquêtes arabes, l’islam est présent depuis le VIIIe siècle dans le Caucase
Nord. Il s’y est répandu, parfois tardivement, entre le IXe et le XVIIIe siècle, et s’est renforcé en
s’opposant farouchement aux conquêtes russes du XIXe siècle3. Les nombreuses confréries qui le
composaient avaient alors gagné un immense prestige dans cette lutte déjà bien souvent perçue
comme une guerre sainte. Mais cet islam traditionnel, à forte composante soufie, n'était pas préparé
aux mutations et aux frustrations qu’allaient engendrer 70 ans d'athéisme forcé. De leur côté, de
nombreux islamistes radicaux, actifs depuis les années 1970, entretenaient dans la région un esprit
de résistance au pouvoir central. En 1985, profitant du renouveau religieux favorisé par la glasnost,
ils menèrent les premiers débats sur la place de l'islam dans la vie politique.
Après la chute de l'URSS, ce sont finalement l’instabilité régionale des années 1990, le
décalage qui s’était formé entre le clergé traditionnel soufi et la population et, surtout, la première
guerre de Tchétchénie, qui offriront aux islamistes une influence et une visibilité considérables.
Depuis lors, appelé salafisme ou wahhabisme, l'islam fondamentaliste et puritain se développe.
Largement diffusé par les étudiants et imams partis se former dans les pays arabes, il se nourrit des
influences renouvelées de l'umma. Bien qu'encore minoritaire, il rassemble aujourd’hui de plus en
plus d’adeptes parmi les 20 millions de musulmans que compte la fédération de Russie, et a trouvé
un terreau particulièrement favorable au Caucase Nord.
II.
La naissance de l' Émirat du Caucase
Symbolisé par les attaques terroristes de grande ampleur du théâtre de la Doubrovka à
Moscou en 2002, ou de l’école de Beslan en Ossétie du Nord en 2004, le terrorisme nord-caucasien
semblait intimement lié au conflit russo-tchétchène. Mais la seconde guerre de Tchétchénie, menée
par Vladimir Poutine dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, force rapidement les insurgés
à déplacer leurs activités vers d’autres territoires du Nord-Caucase, comme les républiques
islamiques d’Ingouchie, du Daguestan et de Kabardino-Balkarie. De multiples facteurs, politiques,
religieux ou ethniques, souvent particuliers voire divergents, peuvent expliquer la diffusion rapide
de la violence à l’ensemble des républiques islamistes du Caucase septentrional. Et c’est en
considérant l’extrême complexité de ce processus de contagion que nombreux analystes
relativisent alors le rôle de la composante religieuse dans l’instabilité de la région4.
Pourtant, à partir de 2007, la dimension islamiste prend une place déterminante dans les
discours terroristes. Les effets de la stratégie russe de « relocalisation » du conflit tchétchène par la
mise au pouvoir de Ramzan Kadyrov, ainsi que les décapitations successives des mouvements de
résistance armée 5 , ont provoqué une décentralisation voire une individualisation des actions
menées contre le pouvoir central russe6. Pour assurer la pérennité du combat, le président de la
république tchétchène d'Itchkérie, Dokou Oumarov, décide de faire renaître le mythe d’une union
des peuples du Caucase contre la Russie. Il proclame la création de l’Émirat du Caucase, État
2
Surnom donné au Caucase par les géographes arabes du Xe siècle en raison de l’extraordinaire mosaïque ethnique et
linguistique de la région.
3
L’imaginaire russe a été profondément marqué par cette guérilla sanglante à laquelle ont participé plusieurs écrivains
comme Lermontov, Pouchkine et Tolstoï. Le terroriste Chamil Bassaïev s’est lui inspiré de la figure de l’imam Chamil,
chef de guerre des tribus caucasiennes entre 1834 et 1859.
4
Sylvie GANGLOFF, Islam au Caucase - Introduction, Cahiers d'Etudes sur la Méditerranée Orientale et le monde
Turco-Iranien 38/2006, mis en ligne le 05 mai 2006. URL : http://cemoti.revues.org/1532
5
Cf la longue liste de chefs djihadistes locaux éliminés par les unités antiterroristes du FSB et immédiatment remplacés.
Will Hartley, Jane's World Insurgency and Terrorism, IHS, 2013, pp 527 - 540
6
Laurent Vinatier, L’Émirat du Caucase : un mouvement durable, Les grands dossiers de Diplomatie n°11, 2012
2
islamiste destiné à fédérer sous la bannière unique de la lutte salafiste radicale tous les groupes
armés, ou jamaat, des républiques du Caucase Nord.
Sans surprise, l'influence de l’Émirat se heurte aux particularismes qui caractérisent la
région, et reste initialement assez limitée. De plus, en mars 2010, Saïd Buryatski et Anzor
Astemirov, deux de ses principales figures idéologiques sont éliminés par les services russes tandis
qu'en juin, l'émir ingouche Magas, successeur de Chamil Bassaïev, est arrêté. Mais l’Émirat fait
preuve d'une remarquable résilience et, qu'il s'agisse de l'attaque du Nevski Express en novembre
2009, de l'attaque suicide du métro de Moscou en mars 2010 ou de celle de l'aéroport Domodedovo
en janvier 2011, Dokou Oumarov prouve rapidement qu'il a établi un réseau solide capable de
frapper des cibles stratégiques dans la profondeur du territoire russe.
III.
La dynamique djihadiste internationale
Au cours de l’année 2011, la dynamique idéologique des printemps arabes renforce
considérablement l’islam politique, y compris au Caucase Nord. L’Émirat du Caucase cadre
parfaitement avec les ambitions de la renaissance islamique ; et c'est comme excité par les
événements qui secouent le monde arabe qu'il développe son activité terroriste, parvenant même à
l'exporter au Tatarstan et au Bachkortostan, républiques musulmanes de la région Volga-Oural
pourtant longtemps réputées calmes. Selon les chiffres de l'organisation non-gouvernementale
Kavkaz usel, en 2012 le Caucase Nord a subi 96 attaques terroristes, dont 53 au Daguestan, 24 en
Ingouchie, 8 en Tchétchénie, 7 en Kabardino-Balkarie, 3 dans le Kraï de Stavropol et 1 en Ossétie
du Nord ; au moins 700 personnes y ont été tuées et 525 autres blessées7.
Parallèlement, l’organisation de l’Émirat se renforce: si la conduite des opérations reste
l’apanage des vétérans ayant acquis une expérience militaire, au Caucase ou ailleurs, la dimension
idéologique est désormais assurée par les qadi, de jeunes religieux formés à l’étranger. Garants de
l’application de la charia dans la province, ou wilaya, dont ils ont la charge, leur importance et leur
influence dans la vie publique ne cessent de croître.
L'adoption de la rhétorique, des symboles et de la doctrine d'Al-Qaeda ont donc
progressivement lié l’Émirat aux réseaux du djihadisme mondial. Mais c'est en développant l'usage
de l'attentat suicide8, en envoyant de nombreux moudjahidines aux côtés des rebelles syriens 9, et en
faisant connaître toutes ses actions par le site internet Kavkaz Center 10 , que Doku Oumarov a
considérablement élargi sa base de recrutement et ses soutiens financiers extérieurs.
IV.
Les « amis du Caucase Nord »
Les intérêts géostratégiques qui s’affrontent dans la région du Caucase ont été largement
dévoilés par les guerres de Tchétchénie, par le court conflit géorgien et par les diverses
« révolutions de couleurs ». Si l'on ne peut strictement attribuer l’origine du terrorisme au Caucase
Nord à une cause extérieure, personne ne doute que divers acteurs ont utilisé, et instrumentalisent
encore, les mouvements islamistes nord-caucasiens pour affaiblir la puissance de Moscou et
promouvoir leurs intérêts dans la région11.
L'origine des soutiens, directs ou indirects, n'est pas toujours évidente à établir. Mais du
point de vue de Moscou, il est clair que, comme durant la Guerre Froide, les États-Unis et les pays
arabes jouent un rôle déterminant dans le soutien idéologique et parfois financier aux mouvements
ayant pour cible la puissance russe. Les exemples ne manquent pas. En 2007, le Kremlin a accusé
7
Caucasian knot, In 2012, 1225 persons suffered in the course of the armed conflict in Northern Caucasus. URL:
http://eng.kavkaz-uzel.ru/articles/23821/
8
Andrew C. Kuchins - Matthew Malarkey - Sergui Markedonov, The North Caucasus - Russia's volatile frontier,
Center for Strategic and International Studies, mars 2011
9
Ria Novosti, 6 juin 2013 et 25 octobre 2013
10
www.kavkazcenter.com
11
Putin: Radical Islamist groups used to stir up ‘foreign-managed conflicts, Russia Today, 22 octobre 2013.URL :
http://rt.com/politics/putin-ufa-550/
3
la fondation américaine Jamestown de diffuser de la propagande antirusse en organisant un débat
sur la violence qui sévit alors dans la turbulente république d’Ingouchie. Selon une déclaration du
ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, « les orateurs ont reçu carte blanche pour
répandre de la propagande extrémiste et exacerber les discordes ethniques et interreligieuses»12. Si
la critique semble facile, il n’en reste pas moins que le rôle que jouent les « fondations » ou ONG
américaines dans la perte d'influence de Moscou n'est plus à prouver. La Jamestown Foundation
avait été fondée en 1984 comme plate-forme de soutien aux dissidents soviétiques, et reste encore
très liée au gouvernement américain.
Plus récemment, dans le contexte de la crise syrienne, Moscou est devenu, pour les pays
sunnites « amis de la Syrie », un ennemi clairement identifié. En octobre 2012, lors d’un prêche du
vendredi dans une mosquée de Doha, le cheikh Youssef Al-Qardaoui, président de l’Union
Internationale des Savants Musulmans, a invité les fidèles effectuant leur pèlerinage à la Mecque à
maudire la Russie, avant de prononcer ces mots lourds de sens : « Moscou est devenu récemment
un ennemi de l’Islam et des musulmans, un ennemi numéro un ». Dans ces conditions, il serait naïf
de croire que les soutiens financiers apportés par les monarchies arabes aux mouvements salafistes
locaux ne se retrouvent jamais, d’une manière ou d’une autre, dans le circuit des organisations
terroristes.
V.
Les stratégies russes
Le pourrissement de la situation au Caucase Nord impliquerait pour la Russie de mettre en
œuvre une stratégie globale adaptée à l'étendue de ses objectifs. Mais le contexte international
comme la perspective des Jeux de Sotchi poussent Moscou à adopter une approche qui paraît
difficilement compatible avec ses objectifs à long terme.
Certes, en janvier 2010, voulant « gagner les cœurs »et resserrer les liens entre Moscou et
ses périphéries, le président Dimitri Medvedev rassemble les six républiques les plus sensibles de
la région (Daguestan, Ingouchie, Kabardino-Balkarie, Karatchaïévo-Tcherkessie, Ossétie du Nord,
Kraï de Stavropol et Tchétchénie,) dans un nouveau « District fédéral du Caucase du Nord ». Tout
en permettant de coordonner davantage les opérations de contre-terrorisme, ce district a pour
objectif de stimuler le développement socio-économique de la région par l'octroi de financements
fédéraux. Il est confié à un représentant direct du Kremlin, Alexandre Khloponine, connu pour ses
talents de négociateur et très conscient des principaux problèmes des caucasiens: chômage,
logement, éducation, sécurité et corruption. Parallèlement, Vladimir Poutine, alors chef du
gouvernement, veut « intensifier la lutte contre l'expansion idéologique rigide basée sur
l'extrémisme et le radicalisme qui envahit encore le Caucase du Nord ».13 Il s’agit en particulier de
contrer le tropisme arabe et salafiste, et de faire renouer les populations locales avec l’islam soufi
de leurs origines. Mais les religieux modérés qui cherchent à maintenir le dialogue avec Moscou ou
qui prônent un dialogue entre les différents courants de l’islam, sont peu à peu réduits au silence14.
Le Kremlin garde pour objectif à long terme de faire accepter à ses sujets turbulents
l'appartenance à la Fédération de Russie. C'est dans ce cadre qu'en août 2013 est adopté un
programme de 6,8 milliards de roubles15, à l’intitulé explicite : « Renforcement de l'unité de la
nation russe et développement ethnique et culturel des peuples de la Russie ». Mais la posture russe
dans la crise syrienne16 ainsi que l'alliance de plus en plus manifeste entre le Patriarcat orthodoxe
et le Kremlin, qui exclut de fait les musulmans, ne constituent pas un contexte favorable à la
réconciliation. De plus, une telle approche ne peut générer les effets immédiats nécessaires à la
sécurisation de la région en vue des jeux Olympiques.
12
Moscow criticises US think-tank over debate, Reuters, 7 décembre 2007
Le Caucase du Nord en proie à une expansion idéologique rigide, RIA Novosti, 6 juillet 2010
14
En 2012, le chef spirituel soufi Saïd Atsaïev est assassiné à Makhatchakala tandis que le mufti du Tatarstan, Ildus
Faizov, réchappe d'un attentat au cours duquelle son adjoint est assassiné.
15
soit environ 151 millions d’euros
16
Pierre-Marie Lejeune, La Syrie vue de Moscou : comment comprendre le Kremlin ? , Revue Stratégique n°103, mai
2013
13
4
Ces différents facteurs conduisent donc naturellement les autorités fédérales à accentuer
leur effort de contre-terrorisme. Selon l'agence de presse RIA Novosti, « en 2010, plus de 50
opérations antiterroristes d'envergure et plus de 4500 raids ont été réalisés sur le territoire de la
région fédérale du Caucase du Nord. 301 terroristes ayant offert une résistance armée ont été
abattus". Dans ce contexte, les méthodes israéliennes de lutte contre le terrorisme trouvent de plus
en plus d'adeptes parmi les cercles du pouvoir et les experts russes. La nature de la menace est
effectivement devenue assez similaire, tant dans les modes d'actions que dans l'idéologie qui la
sous-tend. Pour autant, si Israël s'est chargé de garantir la sécurité de l’État hébreu dans un
environnement hostile, il n’est en aucun cas question d'acculturation des territoires occupés 17 .
Moscou, qui veut à tout prix éviter le scénario syrien, ne peut pas non plus s'inspirer exclusivement
de l’expérience proche-orientale.
Conclusion :
Face à une situation qui semble inextricable, la tentation pourrait être grande, pour la
Fédération de Russie, de s'amputer des républiques musulmanes du Caucase Nord, gangrenées par
une véritable poussée islamiste radicale et par le terrorisme qu'elle engendre. Certains discours
nationalistes russes, les récentes émeutes de Birioulevo ou encore le retour en force des cosaques,
dont un des rôles historiques était de protéger l'Empire des raids musulmans, poussent dans cette
direction. De fait, le Caucase Nord est le talon d’Achille de la Fédération de Russie, dont la
puissance renaissante suscite autant de craintes que de jalousies. Et, comme en Syrie, les
puissances étrangères y ont un poids important que le Kremlin ne peut à contrebalancer qu'aux prix
d'efforts considérables.
Ainsi, avec les Jeux de Sotchi et les moyens colossaux qui y sont investis, Moscou donne
parfois l'impression de jouer son va-tout dans la région. Ce n’est pourtant pas le cas. Même si
l’Émirat du Caucase mettait à exécution ses récentes menaces d’attentat contre les jeux18, Moscou
ne se résoudra pas à abandonner le Caucase Nord. C'est le message que le Kremlin envoie au
monde depuis le début de la crise syrienne.
« Aujourd’hui la Syrie, demain la Russie.»
Inscription sur un mur de la ville de Daraya, Syrie, Juin 2013
Photo extraite d’une vidéo You Tube mise en ligne par ANNA-News.
17
Sergueï Markedonov, Nouvelles stratégies contre le terrorisme, La Russie d’Aujourd’hui, 11 décembre 2009. URL :
http://larussiedaujourdhui.fr/articles/2009/12/11/111209_terror.html
18
Pierre Avril, Menaces sur Sotchi, Le Figaro, 3 juillet 2013. URL : http://www.lefigaro.fr/jeuxolympiques/2013/07/03/02020-20130703ARTSPO00502-menaces-sur-sotchi.php
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