Dégâts causés par les inondations de 2010 :
46 morts, pertes matérielles s’élevant à
260,5 millions de dollars US, soit environ
9,4 % du budget national.
La croissance démographique, lurbanisation et la com-
mercialisation des produits agricoles se font au détriment
de la biodiversité. Le sud du Bénin est caractérisé par
une densité de population très élevée (300 habitants/
km² dans le Mono) qui se traduit par une raréfaction
des terres et des déplacements de population vers le
Nord. Ces afflux de population sont responsables dun
accroissement démographique pouvant atteindre 6 %
dans certaines communes. Ils sont à lorigine dune forte
extension des superficies agricoles et dune exploitation
forestière intense au détriment des ressources naturelles,
des jachères de longue durée et des pâturages.
La zone cotonnière du nord du Bénin est soumise à une
forte dégradation des sols et de lenvironnement due à la
surexploitation des terres ainsi qu’à lutilisation exces-
sive dengrais chimiques et de pesticides. Tous ces effets
contribuent au ruissellement des eaux superficielles et à
une forte érosion des terres empêchant l’eau de s’infiltrer
dans le sol.
La pression démographique et labsence de mesures
dassainissement sont à l’origine de la disparation de
certaines espèces aquatiques. En particulier dans les lacs
Ahémè et Nokoué, les lagunes et loan, la qualité et la
quantité des produits halieutiques, importants pour la
sécurité alimentaire et la création des revenus au Bénin,
sont gravement menacées.
Effets probables des changements climatiques
Les changements climatiques sont caractérisés par une
augmentation de la température moyenne et de la f-
quence des périodes de sécheresse, un accroissement de
lintensité des pluies fortes, ainsi que des interruptions
ou arrêts précoces de la saison pluvieuse. Il est probable
que le débit des rivières se déquilibre davantage sous
Changements climatiques et biodiversité au Bénin
Expériences de la GIZ et perspectives
La Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammen-
arbeit (GIZ) GmbH aide le gouvernement allemand à
concrétiser ses objectifs de coopération internationale
pour leveloppement durable.
La perspective dune accélération des changements
climatiques (CC) risque de compromettre le développe-
ment durable au Bénin. Ce document fait le point sur la
situation actuelle, les changements projetés, lintégration
des changements climatiques dans les politiques natio-
nales, les interventions actuelles de la GIZ et leurs acquis
ainsi que les perspectives.
Au Bénin, la GIZ intervient dans les secteurs de lagri-
culture, de leau et de lassainissement, de la décentrali-
sation et du développement communal, de l’économie et
de léducation primaire.
La GIZ fait de la biodiversité et des changements
climatiques des thèmes transversaux quelle intègre à
des programmes existants et prévoit aussi de nouveaux
projets ciblant ces deux domaines.
Le présent document vise en premier lieu à partager
lexpérience recueillie par la GIZ au Bénin dans les dif-
rents domaines liés aux changements climatiques et à la
biodiversité de même qu’à amorcer des idées à dévelop-
per et à mettre en œuvre avec différents partenaires.
Conditions actuelles et projections en matière
de changements climatiques et de biodiversité
Situation actuelle
Les longues interruptions des précipitations pendant la
saison pluvieuse mettent en péril la production agricole.
Associées à des systèmes de gestion des terres peu
adéquats, les pluies torrentielles provoquent des inonda-
tions causant dénormes dégâts, comme en 2010, par
exemple.
GIZ Bénin
laction conjuguée des fortes pluies et de la prolongation
de la saison sèche.
Ces changements auront des impacts négatifs, notam-
ment une réduction des disponibilités en eau et, par la
suite, des quantités deau stockées dans les aquifères,
dans les réservoirs naturels ou artificiels ainsi qu’une
augmentation de lévapotranspiration. L’élévation du
niveau de la mer denviron 0,8 m d’ici 2100 renforcera
les inondations et l’érosion côtière.
Par ailleurs, la sécheresse et les pluies torrentielles occa-
sionneront des dégâts importants pour lagriculture, la
biodiversité, les ressources en eau, la santé et, de fon
générale, pour la situation socio-économique et les
conditions de vie des populations.
Potentiels et défis au Bénin
Politiques nationales en place
Afin de faire face aux changements climatiques, le
Bénin, signataire de la Convention-cadre des Nations
unies sur les changements climatiques (CCNUCC),
a élaboré sa Deuxième Communication nationale sur
le sujet et s’est doté dun Programme daction national
dadaptation aux changements climatiques (PANA). Ces
documents font déjà état des régions et des domaines
particulièrement vulnérables aux changements cli-
matiques et pour lesquels des mesures d’adaptation et
datténuation ont été globalement identifiées. Le plan
stratégique TerrAfrica
1 indique les mesures à adopter
pour assurer la conservation de la biodiversité et lutter
contre la dégradation des sols et les effets néfastes des
changements climatiques afin de protéger ainsi la pro-
duction agricole et de garantir la sécurité alimentaire.
En ce qui concerne le secteur de leau, la Politique
nationale de leau a été élaborée en 2009, la loi portant
gestion de l’eau existe depuis novembre 2010 et un Plan
d’action national pour la gestion intégrée des ressources
en eau (PANGIRE) est adopté par le gouvernement en
janvier 2013.
Suite à la décentralisation, les communes sont censées
coordonner les initiatives locales dadaptation au chan-
gement climatique et datténuation de ce dernier. Les
mesures de verdissement font de plus en plus souvent
partie intégrante des plans de développement commu-
naux.
Enfin, différents accords de recherche impliquant des
institutions de recherche nationales, régionales et inter-
nationales dans le domaine des changements climatiques
et de la biodiversité constituent un atout important.
Défis
Au Bénin, les acteurs qui s’engagent en faveur de la prise
en compte des changements climatiques dans les plani-
fications sectorielles, et en particulier ceux intervenant
au niveau local, ne disposent souvent pas de lexpertise et
du professionnalisme qui seraient nécessaires à cet effet.
Au niveau macro-économique et de la politique de
développement, « léconomie verte
2 » devrait bénéficier
dune attention accrue. Dans un souci de valorisation de
ses potentialités, elle porte sur la croissance, lemploi et le
bien-être du pays à long terme.
Ladaptation et la mise en œuvre des accords ratifs par
le Bénin aux niveaux international, régional et national
dans le domaine des changements climatiques et de la
biodiversité restent souvent un défi.
Expériences et résultats des interventions de
la GIZ au Bénin
Depuis 1981, la GIZ est active dans le secteur de lenvi-
ronnement. Elle a recueilli des expériences multiples et
adopté des angles dapproche variés, entre autres en ce
qui concerne la gestion des forêts et la protection des
ressources naturelles. Depuis 1993, la GIZ est impli-
quée dans la formulation de stratégies dadaptation aux
changements climatiques, p. exemple au niveau de la
recherche agricole pour le riz et le sorgho. La contribu-
tion de la GIZ à la réalisation détudes sur les change-
ments climatiques a permis de collecter et danalyser
des données qui sont aujourdhui utilisées par différents
acteurs dans leurs planifications.
sultats
Dans le secteur de leau, la base de données hydro-
géologiques actualisée permet aujourdhui de disposer
dinformations plus précises sur la recharge des aqui-
fères. Le fait de disposer de telles informations facilite
par ailleurs la modélisation des scénarios de changement
climatique et leur prise en compte dans les instruments
de planification et de gestion des ressources (par exemple
dans le SDAGE du bassin d’Ouémé
2).
2 Changements climatiques et biodiversité au Bénin
1 Plan stratégique d’investissement dans la gestion durable des
terres au Bénin, décembre 2010, www.terrafrica.org.
2 Le concept entend stimuler la croissance économique grâce à des
investissements qui visent à réduire la pollution et l’émission des
gaz à effet de serre afin de prévenir la perte de biodiversité, de
ressources naturelles et de services éco systémiques.
3 Ouémé SDAGE : Schéma directeur d’aménagement et de gestion
des eaux du Bassin de l’Ouémé.
au Patrimoine mondial de la nature par l’UNESCO. Le
système de cogestion durable des ressources naturelles
entre les acteurs étatiques et riverains ayant déjà produit
des résultats tangibles au niveau du Parc Pendjari, il est
prévu de ladopter pour la mise en œuvre de certains
accords ratifiés par le Bénin, tels que la Convention sur
la biodiversité, du PANA et du plan daction basé sur
lécosystème pour lutter contre les effets du changement
climatique.
Ressources en eau
Le secteur de leau joue un rôle clé dans le domaine de
ladaptation aux changements climatiques. Il contribue
non seulement à fournir des données hydrologiques,
mais il développe aussi, conjointement avec dautres sec-
teurs concernés, des approches adapes pour la gestion
des ressources en eau dans les cas dévénements extrêmes
comme la sécheresse ou les inondations. Les axes straté-
giques à promouvoir dans ce secteur seront les suivants :
1. un appui-conseil à lélaboration dune approche
stratégique dadaptation aux Changements
Climatiques spécifique au secteur de leau
(mise en œuvre du PANA) ;
2. la mise à jour du système dinformation sur les res-
sources naturelles au Bénin en renforçant le
lien entre les secteurs de leau, de lagriculture et de
lenvironnement ;
3. un appui à une meilleure gestion des inondations
au niveau local ;
4. un appui plus soutenu, concentré sur le fleuve du
Mono qui a créé à son embouchure un écosystème
lagunaire transfrontalier présentant une riche biodi-
versité, protégée par la Convention de RAMSAR
4.
Efficacité énergétique et énergies renouvelables
Le secteur de lénergie est principalement dominé par
lénergie tirée de la biomasse (59 %), les hydrocarbures
(39 %) et l’électricité (2 %). Les techniques permettant
daméliorer lefficacité énergétique ne sont pas encore
très connues au Bénin. Une analyse de la consomma-
tion dénergie dans les bâtiments administratifs, dans
les foyers et notamment dans le secteur de lindustrie
permettrait d’identifier de possibles améliorations.
Il serait également envisageable de formuler des règles
adaptées destinées à réduire la consommation énergé-
tique et, par conséquent, à réduire les gaz déchappe-
ment. Le recours accru aux énergies renouvelables pour
assurer lapprovisionnement en énergie des populations
rurales aurait en outre des effets positifs sur la produc-
tion de CO2 du pays.
Dans le bassin de Mono, l’étude de faisabilité dun
système dalerte des crues contribue à la formulation
dorientation stratégique de la gestion des ressources en
eau.
Grâce à lintroduction et à la vente de presque 200 000
foyers améliorés, les ménages qui les utilisent ont réduit
leur consommation de bois et de charbon de 35 %, ce
qui a permis de réduire les émissions de CO2 denviron
150 000 tonnes par an.
Les revenus de la population riveraine du Parc national
Pendjari ont augmenté de 25 % depuis 2005 suite à la
mise en place dun système de cogestion durable des
ressources naturelles. Les ménages menant des activités
touristiques ont réussi à accroître leurs revenus de 60 %.
Champs d’intervention possibles
Les effets des changements climatiques auront des réper-
cussions différentes sur les régions, les tranches dâge, les
professions, les groupes vulnérables et le genre.
La situation historiquement défavorable des femmes –
leur accès limité aux ressources, leurs droits restreints et
leur participation réduite à la prise de décisions, et leurs
occupations traditionnelles (agriculture, collecte de leau
et du bois) – les rend beaucoup plus vulnérables aux
changements climatiques.
Cest pourquoi il est important de mieux comprendre
les aspects de genre et les intégrer de façon transversale
dans les politiques et les programmes dadaptation aux
changements climatiques.
Agriculture
Laménagement durable des bassins versants qui vise à
accroître la productivité, la diversité agricole, les revenus
et la sécurité alimentaire peut être flanqué de mesures
novatrices de gestion de la rétention deau et de ladapta-
tion de cette dernière aux changements climatiques.
Les décideurs gouvernementaux et privés dans le secteur
de lagriculture seront sensibilisés et formés à intégrer des
aspects dadaptation aux changements climatiques dans
la planification et la mise en œuvre de leurs activités.
Parmi les activités proposées, on peut citer par exemple
des mesures antiérosives, des retenues deau, la plan-
tation darbres, la régénération naturelle assistée, des
mesures hydrologiques sur les cours deau, etc.
Écosysmes des aires protégées
Le complexe W-Arly-Pendjari en tant que réserve de
biosphère transfrontalière peut être accrédité et inscrit
3
4 Convention RAMSAR : Convention relative aux zones humides
d’importance internationale.
concrètes. Les actions suivantes peuvent être envisagées :
1. accompagner les communes pour lintégration des
stratégies et mesures dadaptation aux effets néfastes
des changements climatiques dans lélaboration et la
mise en œuvre de leurs plans de développement ;
2. soutenir les communes exposées aux effets des chan-
gements climatiques tels que les inondations et les
pluies violentes à gérer les risques et les catastrophes
naturelles et à investir dans la sécurisation des infras-
tructures socioconomiques et des habitations ;
3. renforcer les capacités de plaidoyer des organisations
locales de la société civile afin qu’elles puissent mener
des actions pertinentes destinées à renforcer la prise
en compte des changements climatiques dans les
actions publiques.
Éducation
En ce qui concerne lintégration des aspects environne-
mentaux et liés aux changements climatiques dans les
programmes déducation maternelle et primaire, il est
proposé de renforcer les capacités des acteurs au niveau
de la circonscription scolaire et des écoles. La fourniture
dun appui permettrait en outre de mettre en œuvre des
activités concrètes dadaptation et déconomie énergé-
tique avec les élèves, les enseignants et les parents au sein
des écoles.
Perspectives
Au regard des défis posés par le changement climatique
et la réduction de la biodiversité au Bénin, la GIZ envi-
sage de renforcer son engagement dans ce domaine en
développant des approches novatrices en collaboration
avec l’État, le secteur privé, la société civile béninoise et
des organisations internationales.
Le barrage hydroélectrique de Nangbeto assure une
partie de lapprovisionnement en électricité du Bénin
et du Togo. Un deuxième barrage en aval est en cours
de discussion. La réalisation dun tel projet permettrait
délaborer un concept de gestion adaptée menant à un
veloppement économique durable sans compromettre
durablement l’équilibre de l’écosystème.
Foyers améliorés
Les foyers améliorés contribuent à réduire les émissions
de gaz à effet de serre. Le remplacement annuel de près
de 20 000 foyers traditionnels par des foyers à haut ren-
dement énergétique contribuerait à économiser l’énergie
tirée de la biomasse.
Le système international de rémunération de la réduc-
tion des gaz de serre (crédits carbone) servira à financer
les formations, les campagnes de sensibilisation et de
marketing afin de promouvoir une filière durable et
lacquisition de foyers améliorés par la population.
Macro-économie
Le succès des appuis au niveau sectoriel dépend aussi de
lancrage du thème au niveau central. Lappui pourrait
inclure la fourniture de conseils sur lopérationnalisation
de laction gouvernementale en matière de changement
climatique et de biodiversité tout au long du cycle bud-
gétaire ainsi que dans la phase de mise en cohérence des
stratégies sectorielles et nationales.
Une autre piste à explorer est lamélioration de la
collecte et de lanalyse des données statistiques sur les
changements climatiques au niveau central. Aussi, une
assistance pour le développement et le suivi des scéna-
rios économiques au niveau national dans le cadre de la
Vision 2025 et intégrant les changements climatiques
peut-elle être envisagée.
Décentralisation et développement communal
Dans le contexte de la décentralisation, les communes
sont responsables de la mise en œuvre de mesures
Mentions légales:
Deutsche Gesellschaft für
Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH
Sièges de la socté :
Bonn et Eschborn, Allemagne
Bureau GIZ au Bénin
08 B.P. 1132 Tri Postal
Cotonou, Bénin
T + 229 - 21 31 01 67
F + 229 - 21 31 13 35
E giz-benin@giz.de
I www.giz.de/benin
Responsable
Dorith von Behaim
Rédaction
Dr. Rudolf König, John Uli Fimpel,
Antje Maume, Sara Mohns,
Barnabé Daneke, Dr. Valens Mulindabigwi,
Raphael Nguyen, Nestor Ahouangan
Photos
Titre : ©GIZ/Eva Maria Helm,
Page 2 et 3 : ©GIZ/Ollivier Girard,
Page 4 : ©GIZ/Dr Rudolf König
Mise en page
Ira Olaleye Date: Février 2013
1 / 4 100%