REPORTAGE
lUSULf
1/
":
deux
devant
être
en
accord
avec
les
règles
de
la
République.
R.ichid
le
résume
très
bien
en
disant
qu'il
ne
se
sent
•jamais
amant
français
que
quand
on
parle
des
problèmes
avec
l'islam.
Pourquoi?
Parce
que
quand
un
problème
se
pose,
je
ne
me
sens
pas
interrogé
en
tant
que
musulman
mais
en tant
que
Français!
C'est
comme
citoyen
français
que
je
réfléchis
aux
manières
de
vivre
ici et
maintenant
ma
religion.
Mais
d'autres
musulmans
ne
le
vivent
pas
ainsi,
ils
se
sentent
interrogés
comme
musulmans,
et se
retranchent
ainsi
dans
des
revendications
extrêmes
■■.
L'exigence
envers
les
institutions
Mohamed,
31
ans.
rencontré
le
lendemain,
est
consultant
en
organi
sation
et
animateur
de
l'association
Caravane
islam-Occident,
qui
a
pour
vocation
de
favoriser
la
transmission
des
savoirs.
De
ses
neuf
frères
et
sœurs,
il
est
le
scu!
à
être
en
France,
dans
une
famille
peu
pratiquante,
excepté
le
mois
de
ramadan
».
Lui-même
dit.
à
la
manière
d'un
Abdennour
Bidar,
chercher
à «
développer
non
pas
une
pratique,
mais
plutôt
une
manière
d'être
musulman
».
Lui
aussi
est
exigeant
envers
les
institutions
publiques
et
politiques.
Dans
la
mesure
l'islam
n'était
pas
vraiment
prévu
iu
programme
de
la
société
française
et
qu'il
n'a
pas
non
plus
de
véritable
programme
pour
comment
on
a procédé
-
ce
qui
permet
faire
face
à ces
situations
nouvelles,
il
de
déterminer
une
méthode
qu'on
pour-
faut
bien
trouver
un
moyen
de
l'inscrire
rait
appliquer
aujourd'hui
pour
régler
durablement
et
sans
heurts
au
sein
de
d'autres
problèmes
actuels.
»
lut
(s
travail
que
nous
devons
faire
est
un
processus
d'acceptation
et
cis
transformation
de
chaque
calé,
et
non
pas
seulement
d'adaptation.
»
la
République.
Pour
Mohamed,
"
tout
le
travail
culturel,
politique,
historique
que
nous
devons
faire,
est
un
processus
d'intégration,
d'acceptation
et
de
trans
formation
de
chaque
côté,
et
non
pas
seulement
d'adtiptation,
car
l'adaptation,
c'est
un
niveau
de
rramjbrmation
primaire
qui
ne
touche
pas
aux
fondements
».
Autrement
dit,
côté
musulman,
c'est
à l'aune
des
exigences
contemporaines
qu'il
faut
penser
les
fondements
de
la
pratique.
Et
ce
n'est
pas
impossible,
ni
révolutionnaire,
d'après
Mohamed:
■>
II
y
a,
dans
la
référence
révélée,
des
choses
déjà
rendues
caduques
par
la
pratique,
des
choses
devenues
obsolètes
ou
au
'on
a
profondément
modifiées.
Tout
le
travail
à
faire
aujourd'hui
consiste,
d'une
part,
à
expliquer
pourquoi
on
les
a
rendues
caduques
-
ce
qui
permet
de
valider
le
principe
selon
lequel
certaines
choses
de
ht
tradition
peuvent
devenir
caduques
-
et
d'autre
part,
d'expliquer
Comme
chez
les
autres
musulmans
!
républicains
■■,
une
même
idée
revient:
l'espace
laïque
est
vécu
comme
une
chance
pour
l'islam,
et
pour
toutes
les
religions,
puisqu'il
est
censé
permettre
à
la
fois
leur
libre
expression
ei
la
sécurité
des
relations
entre
elles.
Il
y
a
cerres
quelques
dérives
-
cet
espace
laïque
ne
doit
pas.
selon Olra.
Ma/id
et
Mohamed,
chercher
à
intervenir
sur
le
contenu
même
de
la
pratique
-
mais
il
teste
quand
même
une
sorte
de
cadre
idéal,
voire
de
réfèrent,
pour
repenser
l'islam
aujourd'hui.
Il
ny
a
pas
de
conflit
naturel
ou
ontologique
entre
l'islam
et
la
République,
selon
eux
:
ii
y
a
juste
un
processus
de
trans
formation
mutuel
qui
doit
se
mettre
en
place.
Avec
une
seule
obligation
:
respecter
le
vivre
ensemble.
Ce
sont
ces
mêmes
positions
que
défend,
de
manière
encore
plus
forte,
N'ora
Mîssaoui.
Cette jeune
femme
Mohamed,
îl ans,
est
animateur
de
l'association
Caravane
islam-
Occident.
dans
une
famille
peu
pratiquante,
il
cherche
à
a
développer
non
pas
une
pratique,
mais
plutôt
une
manière
d'être
musulman
■■>.
32
septembre-octobre
2009
Le
Monde
des
Religions
de
34
ans,
attachée
de
communication,
très
engagée
dans
le
monde
associatif
et
politique
(elle
est
encartée
au
Modem
depuis
2007),
a
une
vision
très
sereine
et
distancée
des
questions
liées
à
l'islam
en
France.
Elle
connaît
de
près
toutes
les
tendances,
puisque
sa
propre
sœur,
très
pratiquante
et
voilée,
est
«
vraiment
impliquée
dans
la
vit
asso
ciative
et
religieuse
de
la
communauté
musulmane
en
Belgique
elle
vit
et
travaille
».
À
la
maison,
l'islam
n'est
pas
une
question
centrale,
même
s'ils
pratiquent
tous
le
jeûne
pendant
le
mois de ramadan.
Il
ne
régit
pas
la
vie
quotidienne,
toutes
les
opinions
sont
tolérées,
et
chacun
pratique
de
manière
plus
ou
moins
souple,
sans
que
cela
ne
pose
le
moindre
problème.
Une
sensibilité
parfois
malmenée
Même
si
sa
sceur
est
voilée,
Nora
affirme
soutenir
l'interdiction
du
port
du
foulard
à
l'école:
-
Nous
ne
sommes
pas
dam
un
pays
musulman,
nous
devons
respecter des
principes,
dont
la
laïcité.
De
plus,
je
pense
aussi
qu'il
n'est
pas
utile
de
rajouter
un
critère
de
discrimi
nation
supplémentaire.
■>
Quant
à
ses
choix
politiques,
ils
ne sont
aucune
ment
influencés
par
son
appartenance
religieuse.
Pour
preuve,
même
si
sa
sensibilité
musulmane
a
été
malmenée
avec
I
affaire
des
caricatures,
elle
a
rejoint
le
camp
de
François
BajTOU
qui
avait
pourtant
soutenu
leur
publi
cation
:
*
l'ai
estimé
que
son
programme
était
le
meilleur,
pour
la
France
et
les
Français.
Ma
sensibilité
musulmane
n'avait
pas
à
déterminer
mon
choix
politique:
sur
ce
terrain-là,
je
raisonne
en
citoyenne,
selon
ce
que
je
pense
être
le
mieux
pour
mon
pays
»,
explique
[-elle.
Pour
elle,
comme
pour
tous
les
autres,
les
musulmans
aspirent
d
abord
et
avant
tout
aux
mêmes
choses
que
tour
le
monde
:
-
Nous
avons
les
mêmes
préoccupations:
réussir
nos
études,
nous
sentir
en
sécurité,
avoir
un
travail...
partir
en
vacances!
»
Une
manière
de
rappeler
que
finalement,
un
musulman
français
est
d'abord...
un
Français
comme
les
autres!
Majida
Dabbagh
Sciences
Humaines
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-
en
France
métropolitaine
YAYAV
ihumi
unes.com
Comprendre
L'homme
et
la
société
septembre-octobre
2009
-
Le
Monde
des
Religions
33
REPORTflHE
ETRE
MUSULMAN
EN
FRANCE
;jni
OujjIicu.
la
quarantaine,
d'origine
marocaine,
est
désarmais
pasteur
évangélique.
Malgré
le
rejet
d'une
partie
de
sa
famille,
il
revendique
cette
double
identité.
Nés
musulmans,
Considérée
comme
une
offense
suprême
dans
les
États
islamiques,
la
«
sortie
de
religion
»
concerne
un
nombre
croissant
de
musulmans
en
France.
Athées
ou
convertis
à
une
autre
religion,
ils
sont
de
moins
en
moins
en
rupture
avec
leur
milieu
culturel
d'origine.
Cela
ne
>e
dit
qu'entre
amis,
dans
certains
milieux
»,
avertir
Khalid,
marocain,
la
cinquantaine.
Pour
cause:
renoncer
à
Allah
constitue
une
offense
suprême
à
la
religion
musulmane.
Mentionnée
dans
le
Coran,
l'apostasie
{al-riMah
ou
al-irtidâd,
qui
signifient
«
recul
-,
ii
défection
»)
concerne
aussi
bien
l'athée,
l'agnostique
que
le
converti
à
une
autre
religion.
La
jurisprudence
sunnite
considère
qu'un
apostat
doit
être
exécute.
D'aucuns
expliquent
que
si
l'apostasie
est
punie
ce
mort,
c'est
qu'elle
esr.
associée
à
une
trahison
poli-
tique,
dangereuse
pour
la
stabilité
d'un
Etat
musulman.
Des
exécutions
ont
été
recensées
au
Soudan,
en
Arabie
Saoudite,
en
Afghanistan,
en
Iran.
Un
nouvel
espace
de
tolérance
Au
Maroc,
l'article
6
a
l'article
19
de
la
Constitution
font
de
l'islam
la
religion d'État, et
du
roi
le
Commandeur
des
croyants.
Mais
le
droit
marocain
ne
punit
pas
explicitement
le
renon
cement
à
la foi
musulmane.
Khalid
y
a
grandi
dans
les
années
1960-1970,
dans
une
famille
de
lettrés,
«
débat
tre
de
l'existence
de
Dieu
nétait
pas
un
crime
-
et
aller
à
la
mosquée
repré
sentait
une
exception]
pour
les
moments
traditionnels
fores,
les
deuils
ou
l'Aïd
».
«
Vers
10
ans,
je
trouvais parfois
un
peu
ridicule
l'islam
de
ma
grand-mère
»,
une
foi
superstitieuse
et
populaire,
bien
veillance
:
«
Que
Dieu
te
mette sur
la
bonne
voie
»,
lui
répétait-elle.
Khalid
doute
mais
reste
bercé
par
les
appels
à
la
prière
quotidiens,
les
leçons
de
théologie
à
la
radio
ce
à
la
télé.
Sa
mère
meurt
lorsqu'il
a
16
ans.
Comment
expliquer
une
telle
injustice
?
C'en
est
fini
de
son
agnosticisme
tiède,
il
sera
athée.
a
Hélas
»,
insiste-t-il.
Et
de
se
délecter:
«
Se
priver
du
Paradis
musul
man
quand
on
est
un homme,
c'est
un
peu
maso!
»
Malgré
cette
décontraction
goguenarde,
Khalid
mesure
l'ampleur
du
tabou
-
d'où
le
départ
pour
la
France,
en
1979,
en
quête
d'un
nouvel
espace
34
septembre-octobre
2009
Le
Monde
tics
Religions
de
colérance
-
et
reste
discret
sur
sa
désaffection
religieuse,
lorsqu'il
revient
au
pays
pour
les
vacances.
Fort
d'un
bagage
philosophique
éprouvé,
ce
«
musulman
du
libre-choix
»,
selon
l'expression
de
l'intellectuel
franco-
tunisien
Abdel
wahhab
Meddeb
{Pari
de
civilisation,
Seuil,
2009),
a
su
s'ap
proprier
les
codes
et
les
références
culturelles
que
lui
proposait
la
France.
Ceux
pour
qui
l'exil
s'esr
résumé
à
une
assimilation
malaisée
ne
racontent
pas
la
même
histoire.
Arrivé
très
jeune
ou
née
en
France
il
y a
une
quarantaine
d'années,
Said
Oujibou
et
Noura
font
la
même
chronique
désenchantée
du
choc
culturel
qu'ont
vécu
leurs
parents
musulmans
au
sein
de
la
société fran
çaise
:
une mère
au
foyer
souvent
illet
trée,
soumise
à
l'omnipotence
du
père,
qui
travaille
dur
pour
nourrir
la
fratrie
et
trouve
quelque
réconfort
à
fréquen
ter
la
mosquée
aux
côtés
des
siens
les
jours
de
congés.
Des
pratiques
métisses
Said,
né au
Maroc,
a
grandi
dans
les
Vosges
:
»
Je
vivais
une
violence
perma
nente
de
Li
pan
des
voisins
racistes,
de
la
police,
à
l'école,
se
souvient-il.
L'islam
était
naturellement
un
refiige.
Je
m'y
suis
vraiment
intéressé,
en
étudiant
les
textes.
••
Mais
il
ne
ressent
aucune
intimité
avec
Dieu:
«
Mes
prières
ne
dépassaient
pas
le
plafond...
»
II
croise
des
bonnes
sœurs
dans
la
cité.
Qui
sont-elles?
«
Des
infi
dèles
»,
dament
les
copains.
Pourtant,
* la
première
fois
que
je
me
suis senti
aimé
en
France
»,
c'est
bien
dans
une
église,
quelques
années
plus
tard.
L'y
a
conduit
sa
sœur,
baptisée
au
défi
de
l'extrême
pression
de
sa
fratrie.
Après
sa
conver-
cinq
ans
déjà,
je
me
méfiais
du
Paradis
et
de
l'enfer
des
mollahs.
Aujourd'hui, tout
me
porte à
croire
que
je
n'avais
pas
tort.
Instincti-
vemen
t
antirelig
ieuse,
je
n
'ai
même
pas
eu
à
abjurer:
avant
qu'on
ne
me
décrétât
musulmane,
j'étais
génétiquement
athée
»
:
c'est
là la
profession
defoi
d'unejeune
Iranienne
qui
vit
ahurie
la
Révolution islamique
et
la
violence
qu'institue
le
régime
de
Khomeyni
en
1979. Cette
femme
sans
nom
et
sans
visage
-
puisqu'in-
tégralement
voilée
-
est
la
narratrice
de
Je
viens
d'ailleurs, le
premier
roman
de
Chahdortt
Djavann
(Autrement,
2002):
une
protagoniste
révoltée,
rageuse,
qui
dénonce
la
dictature
des mollahs
et
la
cruauté
de
leurs
sbires.
Ce
premier
roman,
aux
échos
autobiographiques
peu
nostalgiques,
a été
suivi
en
2006
de
Bas
tes
voiles!
(Gallimard),
une
diatribe
incendiaire
contre
« la
maltraitance
physique,
psychique,
sociale
et
sexuelle
«
qu'est
le
port
du
voile
imposé
aux
mineures.
Parfois
huée
sur
les
plateaux
de
télévision,
l'écrivaine
ne
s'encombre
pas
de
nuances
quand
il
s'agit
de
condamner
n
l'idéologie
fasciste
»
des
États
islamistes.
Elle
rejette
ainsi
tout
héritage
spirituel
musulman,
damant
que
Dieu
est nie
cadet
de
[ses!
soucis».
Chahdortt
Djavann
a
grandi
à
Téhéran,
avant
d'atterrir
à
Paris
en
1993,
sans
parler
un
mot
de
français. Petits
boulots,
études:
elle
s'éprend
de
la
liberté
retrouvée.
Mais
ses
démons
la
guettent:
c'est
«sur
le
divan psycha-
nalytique»
qu'elle
finit
par
maîtriser
la
langue
de
Molière.
Treize
ans
et
sept
livres
plus
tard,
elle
n'a
de
cesse
de
panser,
à
l'aide
de
sa
plume,
les
stigmates
de
la
«
barbarie
religieuse
»
Le
mot
qu'elle
abhorre:
«Soumission.»
M.
D.
ma
mère.
Dans
certains
pays,
des
gens
sont
tués
pour
ça.
»
Mais
pas
en
France:
■<
En
Europe,
le
ternie
d'apostasie
est
désormais
désuet,
on
parle
de
"sortie
de
religion"ou
de
conver
sion,
car
de
fait,
personne
n'est
condamné
«
C'est
la
honte
maximaie
pour
ma
mère.
Dans
certains
pays,
des
gens
sont tués
pour
ça.
sion,
Sakl,
désormais
pasteur
évangé-
lique
itinérant,
dit
avoir
subi
une
«
vraie
persécution
psychologique
despotes
».
Son
grand
frère,
proche
des
Frères
musul
mans,
coupe
les
ponts.
Mêmes
réactions
quand
Noura,
d'origine
algérienne,
se
déclare:
«
C'est
la
honte
maximale
pour
pour
ça,
constate
Olivier
Roy,
polito
logue
spécialiste
de
l'islam.
Les
tensions
sont
essentiellement
familiales,
même
si
ça
reste
très
mal
vu.
D'autant
que
ce
n'est
plus
un
phénomène
marginal
»
-
d'après
Said,
près
de
10000
chrétiens
ex-musul
mans
vivraient
dans
l'Hexagone.
Bien
que
leur
parcours
y
fut
chaotique,
lui
et
Noura
savent
qu'il
leur
serait
difficile
de
vivre leur
nouvelle
foi
dans
les
pays
de
leurs
parents,
marqueurs
religieux
et
marqueurs
culturels
sont
encore
intimement
liés.
«
En
France,
les
Maghrébins
ont
du
mai
à abandonner
la
référence
culturelle
musulmane:
même
si
on ne
croit
pas,
on
entretient
une
solidarité,
explique
Olivier
Roy.
Cela
donne
lieu
à
des
pratiques
métisses
car
les
marqueurs
culturels
et
religieux
se
dépla
cent
en
permanence,
se
déconnectent,
se
reconnectent.
»
Et Said
d'ainsi
marteler,
comme
une
évidence:
■•
Je
suis
fier
d'être
arabe,
je
suis
fier
d'être
marocain
et
je
suis
fier
d'être
chrétien!
»
Maïté
Darnault
septembre-octobre
2009
-
Le
Monde
des Religions
35
REPORTAGE
UoULJv
lAN
EN
FRANCE
Dans
la
majorité
des
cas,
l'endoc
trinement
se
fait
par
un
moyen
de
communication
virtuel:
Internet.
Les
internautes
ne
se
rencontrent
qu'une
fois
endoctrinés.
salafiste
Constitué
il
y
a
un
peu
plus
de
soixante-dix
ans
pour
moderniser
l'islam,
le
salafisme
fait
aujourd'hui
référence
au
courant
wahhabite
réactionnaire
d'Arabie
Saoudite.
Son
discours
sectaire
et
radical
séduit
des
jeunes
en
rupture
avec
leur
environnement
social
et
familial,
endoctrinés
via
Internet.
Ia
génération
de
jeunes
nés
en
France
est
souvent
retour
née
au
Coran
pour
se
foire
une
idée
de
["interprétation
qui
conviendrait
le
mieux
à
leur
nouveau
contexte
de
pluralisme
laïc.
Maïs,
à
leurs
cotés,
grandit
un
autre
type
de
musulmans,
qui
utilisent
la
religion
non
pas
pour
trouver
une
place
au
sein
de
la
société,
mais
pour
s'auto-exclure
et
exclure
les
autres.
Vivant
dans
une
sorte
de
bulle,
ces
groupuscules
qui
se
disent
«
salafistes
»
mènent
leurs
membres
à
la
rupture
totale
avec
l'environnement
social
et
familial.
Les
jeunes
de
cette
mouvance
sont
tout
aussi
bien
issus
d'une
culture
musulmane
qu'athée,
agnostique
ou
encore
chrétienne.
Le
terme
« salafis
tes
»,
de
salafiyya,
désigne
la
référence
aux
pieux
ancêtres.
11
est
aujourd'hui
utilisé
pour
désigner
le
courant
wahha
bite
réactionnaire
d'Arabie
Saoudite.
Mais
cette
dénomination
était
aussi
utilisée
par
les
réformistes
pour
moder
niser
l'islam.
En
effet,
en
1930,
devant
l'effondré
mène
de
l'empire
ottoman
et
le
renforcement
de
la
puissance
coloniale,
les
musulmans
se
posent
la
question
:
pourquoi
avons-nous
ete
colonisables
?
Pour
retrouver
la
grandeur
d'antan,
certains
intellectuels
veulent
instaurer
un
fonctionnement
sembla
ble
à
celui
de
l'Occident,
basé
sur
la
sécularisation
et
l'Etat
nationaltn,
La
thèse
du
complot
D'autres
estiment
que
la
renaissance
ne
peut
s'accomplir
que
par
une
réforme
de
l'islam.
C'est
le
cas
des
salafistes
réformistes,
qui
retournent
aux
fonde
ments
religieux
afin
d'en
moderniser
les
interprétations.
Mais
dans
un
monde
arabe
en
déliquescence
politique,
l'Ara
bie
offre alors
l'image
d'un
des
seuls
pays
musulmans
ayant
pu
échapper
aux
dominations
étrangères.
Le
régime
saoudien
fascine
certains,
qui
vont
adhérer
à
son
idéologie
conservatrice
et
rigoriste,
de
stricte
observance
wahha
bite,
du
nom
de
Muhammad
B.
'Ahd
al-Wahhib
(mort en
1792).
Les
héritiers
de
cette
petite partie
de
«
salafistes
»,
plus
du
tout
réformistes,
prônent
ce
discours
secraire
et
radical
dont
il
est
question
ici.
Le
niqab
est
rentré
avec
eux
dans
l'histoire
de
l'islam
il
y
a
un
peu
plus
de
soixante-dix
ans,
alors
que
36
septembre-octobre
2009
Le
Monde
des
Religii.m
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