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LE LE RENOUVEAU RENOUVEAU DES ANTICORPS DES ANTICORPS MONOCLONAUXMONOCLONAUX
Par les étudiants du Comité Editorial
HISTORIQUEHISTORIQUE
Les premières générations
d’anticorps monoclonaux (Acm) sont
réalisées en 1975 par Kohler et Mils-
tein (prix Nobel 1980), à partir de
cellules murines. Ces Acm dérivent
d’hybridomes provenant de la fusion
d'une cellule normale de souris et
d’une cellule cancéreuse. A partir de
1980, des essais cliniques
d’utilisation thérapeutique des Acm
aboutissent dès 1982 à un premier
succès: l'application d'un anticorps
anti-idiotype dans le traitement du
lymphome. Ce succès suscite alors un
vif intérêt économique et commercial
pour l'utilisation des Acm. En 1986,
la FDA (US Food and Drugs Admi-
nistration) approuve l'anticorps mo-
noclonal OKT3 (anti-CD3) dans le
traitement des rejets des allogreffes.
Puis dès 1987, démarrent les premiers
essais cliniques avec des Acm chimé-
riques souris/humains (voir chapitre
suivant). Cependant, à l'orée des
années 90, on observe une baisse
d’enthousiasme pour l’utilisation
thérapeutique des Acm. A cela plu-
sieurs raisons: leur toxicité
(essentiellement due à leur origine
murine), leur manque d’efficacité et
leur coût élevé. Des essais avec des
Acm produits cette fois par fusion de
cellules d'origine humaine com-
mencent alors à être réalisés mais les
problèmes d’instabilité posés par ces
cellules humaines ne permettent de
produire qu’un petit nombre de ce
type d'anticorps.
Entre 1980 et 1992, la principale
production d’Acm testés en essais
cliniques correspond à des anticorps
murins, avec huit produits pour la
seule année 1991. Par contre, seule-
ment deux à quatre Acm chimériques
sont développés chaque année de
1988 à 1994. En 1994 de graves ef-
fets secondaires sont observés lors de
l’utilisation aux Etats-Unis de l'anti-
corps chimérique Campath 1H (déve-
loppé pour le traitement de l’arthrite
rhumatoïde). Cet échec thérapeutique
va entraîner alors un ralentissement
important dans la production de ce
type d'Acm.
Malgré tout, entre 1980 et 2001,
dix Acm ont été approuvés et mis sur
le marché : 1 murin, 5 chimériques et
4 humains/humanisés (voir tableau
domaines d'application et traite-
ments)… Et plus de 200 produits,
toutes formes et pathologies confon-
dues, ont été introduits par des com-
pagnies dans des études cliniques.
Depuis 1995, ce nombre a surtout
augmenté grâce aux progrès du génie
génétique, qui ont permis le dévelop-
pement d’Acm chimériques humani-
sés et d’Acm humains produits par la
transgénèse. Les premières phases
d'essai de ce type d'Acm ont montré
une demi-vie longue, de faibles capa-
cités à induire une réponse anti-
anticorps, et une interaction efficace
avec des effecteurs naturels.
TROIS GENERATIONS D’TROIS GENERATIONS D’ANTICORPSANTICORPS ::
DE L’ANTICORPS DE DE L’ANTICORPS DE SOURISSOURIS
A A L’ANTICORPSL’ANTICORPS HUMANISE HUMANISE
L'utilisation des premières généra-
tions d’Acm de souris (obtenus par
hybridation lymphocytaire après
immunisation de cet animal) ne fut
pas à la hauteur des espérances en
matière de thérapeutique chez
l’homme. En effet, l’injection d’Acm
de souris à l’homme entraîne chez lui
une réponse contre ces protéines
étrangères. Cette réponse est appelée
HAMA : réponse humaine contre les
Acm murins. Cet effet conduit à limi-
ter le nombre d’injections, et entraîne
une perte de l’efficacité au cours de
l’administration de ces Acm.
Les limites des Acm murins ont
ainsi motivé la recherche pour les
rendre mieux utilisables chez
l’homme.
Des tentatives d’« humanisation »
de ces Acm ont été réalisées sur la
base des meilleures connaissances de
la structure des Immunoglobulines.
Cela aboutît à la création de la se-
conde génération d’Acm, grâce aux
techniques d’ingénierie des protéines,
à savoir la réalisation d’Acm chimé-
riques où 33% de la molécule
(correspondant aux domaines dits
variables) restent d’origine murine,
les domaines dits constants étant
d’origine humaine. Cette transforma-
tion permet de lever l’obstacle lié à la
réponse HAMA. Toutefois, on a
observé que l’affinité des Acm chi-
mériques pour l’antigène, n’atteint
pas celle des Acm murins parentaux.
Cela est dû en grande partie à une
région intermédiaire de l’Acm (dite
charpente) qui n’intervient pas direc-
tement dans l’interaction Antigène -
Anticorps mais semble jouer un rôle
de premier plan quant au positionne-
ment optimal de la zone de reconnais-
sance de l'antigène. L'étape ultime de
cet ingénierie des Acm est l'obtention
d'Acm humanisés, où seul 10 % de la
molécule est d'origine murine,
correspondant à la zone stricte de
reconnaissance de l'antigène, combi-
née au hasard (technique de "shuf-
fling").