Dictionnaire des astronomes français (1850-1950)
Philippe Véron
Observatoire de Haute Provence
APERÇU HISTORIQUE
La révolution de février 1848 entraîna l’abdication de Louis-Philippe et la proclamation de
la IIe République. Les insurrections de mai et surtout de juin 1848 furent violemment réprimées.
Le conflit qui opposa ensuite le prince président Louis Napoléon Bonaparte et l'Assemblée
législative qui mena une politique de réaction, aboutit finalement au coup d’État du 2 décembre
1851. En 1852, le prince président se faisait décerner le titre d'empereur par un sénatus-consulte
(c’est-à-dire un acte voté par le Sénat et ayant la valeur d’une loi). Le Second Empire (1852-
1870) fut d'abord pour la France une période de prodigieux essor économique. Cette phase
d'expansion du capitalisme libéral eut pour contrepartie la formation d'un prolétariat de plus en
plus important et défavorisé.
Le monde scientifique français, sous le Second Empire, fut soumis à un régime fortement
centralisé et autoritaire. Le grand maître de l'Université de 1852 à 1856, Fortoul, introduisit des
réformes qui avaient pour but de tenir en main une institution livrée à de dangereux libres
penseurs : il supprima l'agrégation de philosophie et institua dans les lycées la « bifurcation »,
c'est-à-dire le choix entre une filière scientifique et une filière classique. Mais son œuvre eut des
retombées positives pour l'essor des sciences exactes : la bifurcation permettait aux élèves de se
spécialiser plus tôt dans cette direction (et sa suppression par Duruy fut néfaste). De plus, il
introduisit au sein du corps universitaire un état d'esprit favorable à des spécialités telles que
l'histoire naturelle, l'astronomie, la chimie et la physique expérimentale. Quelques savants furent
honorés par le régime et s'y rallièrent sans hésitation ; ce fut le cas de Le Verrier.
Le Second Empire s'effondra après de cuisants échecs militaires, en particulier la
capitulation de Sedan le 2 septembre 1870 qui fut suivie de la journée insurrectionnelle du 4
septembre et de la proclamation de la IIIe République qui fut marquée à ses débuts par la guerre
franco-allemande (1870-1871) et la Commune de Paris. La défaite de 1870 fut subie comme une
humiliation ; elle exigeait que chacun se ressaisisse. Elle fut désir de revanche, mais aussi source
de réflexion et volonté de résurrection : le projet de l'école laïque est d'abord un projet patriotique,
au même titre que le projet de restauration scientifique.
Malgré les secousses provoquées par le boulangisme (1885-1889), le scandale de Panama
(1888-1893) et l'affaire Dreyfus (1894-1899), la République se maintint ; ses chefs firent aboutir
un programme de réformes démocratiques : liberté de presse et de réunion, instruction laïque et
obligatoire, séparation de l'Église et de l'État. Sous la pression du socialisme, ils dotèrent la
France d'une législation ouvrière. À l'extérieur, la politique est caractérisée par la conclusion
d'une alliance avec la Russie (1894), d'une entente cordiale avec l'Angleterre (1904) et par le
développement de l'expansion coloniale. La France participe au formidable essor de l'économie
industrielle et des techniques, mais elle souffre des faiblesses de sa démographie. En 1914, elle
est engagée dans une guerre provoquée par l'Allemagne ; elle en sort victorieuse, mais épuisée.
Tandis que la politique extérieure française, sous l'influence de Briand, est caractérisée par son
attachement à la Société des Nations et par son désir de réconciliation avec l'Allemagne, la
politique intérieure est marquée par les luttes de partis et l'instabilité ministérielle. En 1925, une
crise de confiance déclenche une grave crise monétaire ; en avril, la livre sterling bondit à 100
francs. Le 21 juillet 1926, le cabinet qu'Édouard Herriot vient de former sur les instances
pressantes du président de la République est renversé dès sa présentation : la livre est à 244
francs ; la panique gagne les épargnants, l'agitation gronde dans la rue. Gaston Doumergue fait
appel pour dénouer la crise, redresser la monnaie, ramener le calme à Raymond Poincaré. Le
retour de Poincaré ramène immédiatement le calme ; la fièvre tombe comme par miracle ; la livre
redescend le lendemain de la présentation du gouvernement, le 23 juillet, à 208 francs ; elle
repasse au-dessous de 200 francs le 26 et à 196 le 27. La confiance revient et la remontée du franc
se poursuit : à la fin de l'année, la livre est redescendue autour de 125 francs (Rémond, 1988). La