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Au cours de tous ces sommets et de bien d’autres, nous avons adopté des déclarations
constituées de mots solennels et émouvants qui traduisaient notre profonde prise de
conscience devant la gravité des défis auxquels le monde moderne est confronté, en nous
engageant très clairement dans la lutte contre toutes les conditions misérables et
déshumanisantes vécues par une grande partie de l’humanité.
Dans sa Déclaration du Millénaire, cette assemblée a affirmé :
« Nous ne reculerons devant aucun effort destiné à libérer nos compatriotes hommes,
femmes et enfants, des conditions abjectes et déshumanisantes de l’extrême pauvreté.
Nous nous engageons à faire du droit au développement une réalité pour tous et à libérer
l’humanité toute entière du besoin. »
Et pourtant, les pauvres chez qui nous avons tant de fois fait naître l’espoir en faisant
déclaration après déclaration contre la pauvreté et le sous-développement, tout comme
nous le faisons aujourd’hui sur le changement climatique, peuvent bien être pardonnés
quand ils pensent que cette importante instance dirigeante mondiale s’apparente bien des
fois à une coquille vide.
Nul doute que cette assemblée soit capable de décrire, et cela toujours en termes
éloquents, les effroyables conditions dans lesquelles vivent les pauvres de ce monde.
Toutefois, cette organisation, qui devrait tirer sa fierté de résultats et actions visibles en
matière de lutte contre le réchauffement climatique et la pauvreté, aurait bien du mal à
montrer les progrès décisifs accomplis à cet égard.
Les raisons n’en sont pas difficiles à trouver. Bien que les concepts de liberté, de justice et
d’égalité soient universels et bien que les Nations Unies y adhèrent pleinement, cette
organisation n’a pas subi de réforme et n’a pas désigné les institutions de gouvernance
nécessaires compatibles avec les noble idéaux qui guident les sociétés démocratiques
modernes.
Parce que les nations du monde sont divisées en deux catégories, les dominantes et les
dominées, les dominantes sont aussi devenues celles qui prennent les décisions dans les
forums mondiaux importants, y compris dans cette enceinte, siège de la gouvernance
mondiale.
De la même manière, la répartition biaisée de pouvoir dans les sphères politique,
économique, militaire, technologique et sociale, est reproduite dans les institutions
internationales, au grand désavantage de la majorité des déshérités de ce monde.
En vérité, même si nous sommes d’accord sur les programmes importants susceptibles
d’améliorer les conditions de vie de milliards de pauvres dans le monde, les puissants et les
riches cherchent toujours invariablement à assurer que, quoi qu’il arrive, les relations de
pouvoir existantes ne changent pas et donc que le statut quo demeure.
Il en résulte que les Nations Unies peuvent identifier, et le font correctement, les problèmes
et les solutions appropriées de manière à ce que le monde devienne un monde meilleur
pour l’humanité toute entière. Toutefois, les puissants et les dominants répondent, bien
naturellement, très souvent positivement aux programmes approuvés lorsque ces derniers
servent à promouvoir leurs propres petits intérêts.
Dans le même temps, les pauvres continuent de se battre pour obtenir une amélioration de
leurs misérables conditions de vie. Ils voient donc les Nations Unies comme l’instrument
naturel permettant d’accélérer le changement vers un mieux. A partir de là, la mise en
oeuvre de tous les programmes des Nations Unies est, à juste titre, considérée par eux