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Le cadre primitif de cette Rome royale est constitué par les
Gentes, ou clans de tous ceux qui se rattachent à un même
ancêtre et ont en commun le sang, le nom, la religion, ainsi
que l’assistance des clientèles qui dépendent d’eux. La
société est divisée en deux strates : patriciens, membres
des familles les plus riches, et plébéiens qui constituent les
couches les plus humbles de la population. Le roi cumule
les fonctions judiciaires, religieuses, politiques et militaires,
mais une certaine autorité est laissée à deux organes
consultatifs : le sénat, formé des chefs des familles les plus
importantes, et les comices curiates ou assemblée générale
des citoyens ; ces derniers, contrôlés par les patriciens,
étaient subdivisés en trente curies regroupées en trois tribus.
Postérieurement, Servius Tullius tentera de limiter le pouvoir
des patriciens et de favoriser l’ascension sociale des nouveaux
riches en instituant des comices centuriates, fondées sur la
division en centuries selon le cens.
La République
La royauté étrusque se termine tragiquement, avec le tyran
Tarquin le Superbe. Un de ses neveux, en violant Lucrèce,
épouse du noble Collatinus, provoque la révolte des
Romains : dirigés par Brutus, ils renversent la monarchie
et installent une nouvelle forme de gouvernement, la
République, en 509 av. J.-C.
Le premier siècle de la République romaine est marqué par
l’affrontement de deux groupes des habitants de Rome :
les patriciens et les plébéiens. À l’époque, Rome n’était pas
une cité pourvue d’institutions communes à tous ses
habitants. Les patriciens détenaient le monopole des
magistratures, des pouvoirs militaires, des actes religieux
et du sénat ; face à eux se trouvait la plèbe, qui était
inorganisée et ne possédait aucun droit. Petit à petit, la
plèbe prend conscience de sa capacité politique et des
instruments dont elle dispose pour s’affirmer. Les patriciens
refusant de partager leurs privilèges, les plébéiens se retirent
sur le mont Aventin en 494 ou 493 et menacent de se
séparer définitivement des patriciens pour fonder leur propre
ville. Le consul Ménénius Agrippa les convainc de renoncer
à leur projet. En échange, ils obtiennent la création des
«tribuns de la plèbe», représentants et défenseurs des
plébéiens qui pourront exprimer leur volonté en votant des
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«plébiscites». Les revendications des plébéiens ne s’arrêtent
pas là. Les lois étant secrètes et connues uniquement des
pontifes et des magistrats patriciens, ils réclament la
publication d’un code de lois écrites, la loi des Douze Tables.
Progressivement, les plébéiens obtiennent également l’accès
aux charges politiques. Ainsi, Rome progresse d’un pouvoir
royal unique à un État républicain bâti sur des charges
partagées. Par leurs luttes, les plébéiens sont
progressivement intégrés dans la cité. Cependant, seule une
minorité bénéficie de cette ouverture politique. Le clivage
originel patriciens-plébéiens disparaît, mais une nouvelle
fissure fait son apparition entre ceux qui détiennent pouvoir
et richesse (patriciens et plébéiens aisés) et le reste du
peuple romain.
À peine consolidée, la jeune république doit aussitôt se
défendre contre les attaques de ses voisins et se découvre
très vite une vocation expansionniste qui l’amènera, en
l’espace de deux siècles, à dominer toute la péninsule.
L’ascension politique et militaire de Rome est double. Elle
s’affirme d’abord dans le Latium, puis dans toute la péninsule,
contre les Étrusques au nord, contre les Sabelles, les
Ombriens, les Samnites, les Campaniens et les villes grecques
du sud. Au moment de la chute de la royauté, Rome se
trouve à la tête d’une ligue de peuples latins. Ces peuples
sont environnés d’ennemis : les Volsques, établis dans les
monts Albains ; les Eques, installés dans la région de Tibur
et de Prénestre, et les Sabins, occupant le nord du Latium.
Des conflits provoqués par l’occupation d’un terrain ou par
des razzias menées sur les troupeaux ou les biens d’un voisin
ne cessent de se produire, jusqu’à ce que, vers 430, les
Latins et les Romains parviennent à contrôler les Volsques
et les Eques. Un autre problème de voisinage se pose à
Rome par la présence des Étrusques au nord du Tibre, et
plus précisément par l’existence des villes de Fidènes et de
Véies, qui contrôlent le passage du fleuve et contrarient le
commerce romain. Rome détruit Fidènes et 425 et, après
un difficile siège de dix ans, anéantit Véies en 396, obtenant
ainsi le monopole du trafic sur le Tibre.
Une fois les adversaires du Nord éliminés, Rome se tourne
vers le Sud, où se trouvent les Samnites, puissant peuple
du sud des Apennins. Entre 343 et 290, elle livre trois
guerres contre les Samnites, qui aboutissent à la formation
d’un État fédéral romain-latin, contrôlant un vaste territoire
où prospèrent de nombreuses colonies. Les victoires sur les
Samnites ouvrent la voie vers le Sud de l’Italie, la Grande
LA SOCIÉTÉ EST
DIVISÉE EN
DEUX STRATES :
PATRICIENS,
MEMBRES
DES FAMILLES
LES PLUS
RICHES, ET
PLÉBÉIENS QUI
CONSTITUENT
LES COUCHES
LES PLUS
HUMBLES
DE LA
POPULATION.