Troubles du comportement dans les maladies rares Etat des connaissances génétiques Pierre Sarda Troubles du comportement dans les Anomalies du Développement • Les anomalies du développement touchent le développement de la personne – Développement physique : malformation, troubles de la croissance, sensorialité,… – Développement « cérébral » : problèmes neurologiques, difficultés cognitives (problèmes des apprentissages), troubles des comportements – Concernent des pathologies présentes dés la naissance et qui durent toute la vie Les troubles du comportement sont fréquents dans les anomalies du développement • Enquête nationale CNSA 2012 706 enfants avec une anomalie chromosomique (plus de 200 diagnostics différents) : 50% présentent des troubles du comportement • Origine? Implication des facteurs génétiques Implication des facteurs d’environnement • On est parfois tenté de penser que l’identification d’un facteur génétique a automatiquement une influence sur l’apparition de déficiences précises et que les troubles du comportement font obligatoirement partie de la maladie. • En réalité, la découverte des anomalies génétiques nous a montré depuis de nombreuses années que pour une même maladie, pour une même anomalie chromosomique ou d’un gène, dans une même famille, l’expression de la maladie était le plus souvent très variable d’un sujet à un autre. • Une anomalie génétique n’est pas toute puissante, il existe le plus souvent d’autres facteurs, génétiques ou autres, qui interviennent dans l’expression de la maladie • Cette réalité est encore plus vraie quand on parle des troubles du comportement En pratique • En tenant compte de l’absence actuelle de connaissances concernant le « pourquoi ? » il existe des troubles du comportement dans de nombreuses maladies génétiques en particulier dans les anomalies du développement • On peut essayer d’envisager plusieurs situations 1/ Les troubles du comportement en lien direct avec une maladie génétique • Dans certaines maladies, on sait que les troubles du comportement sont constants, liés à l’anomalie qui altère le fonctionnement du cerveau. • Modification d’une protéine cérébrale – Syndrome de Lesch-Nyhan, maladie métabolique s’accompagne d’automutilation chez la quasi-totalité des enfants – Syndrome de Smith-Magenis s’accompagne de troubles du sommeil – Le syndrome de Prader-Willi s’accompagne de troubles de l’alimentation • Mais comprendre, expliquer n’est pas guérir • Cependant pour ces maladies rares, la connaissance d’un mécanisme va permettre à la recherche de progresser 2/ Dans d’autres maladies, les troubles du comportement sont non constants mais très fréquents et peuvent être * directement liés aux conséquences de l’anomalie génétique sur le cerveau, encore faut il découvrir l’anomalie neurobiologique en cause * ou à des conséquences de certaines déficiences (rôle de la déficience intellectuelle?) * ou a des « difficultés » d’éducation ou de prise en charge c’est le cas encore de la plupart des maladies qui touchent le neurodéveloppement de l’enfant • • Colères clastiques dans le syndrome de PraderWilli liées à la frustration ? Ou d’une origine spécifique au syndrome ? Hyperactivité chez les enfants X-fragile, cause inconnue, – Les enfants sont submergés par les stimuli, incapacité du cerveau a intégrer les données sensorielles – Perturbation de certains métabolites cérébraux • Troubles de l’anxiété, difficultés dans les relations sociales, déficits de reconnaissance des émotions et de perception des visages chez les patients avec délétion 22q11. Une atrophie du vermis : c'est une région du cervelet. Le vermis joue un rôle dans la cognition sociale • Intolérance à la frustration chez les hommes 47 XYY, rôle du chromosome Y ? 3/ Le trouble du comportement peut aussi être uniquement secondaire à une déficience mal prise en charge et non pas faire « partie » d’une anomalie génétique • Colères, agressivité chez les enfants sans communication orale pour lesquels aucune communication n’est mise en place • L’hyperactivité secondaire à des difficultés « d’éducation » par la famille • La prévention a toute sa place dans ces situations • Rôle majeur de l’accompagnement des familles, des structures de prise en charge et des psychologues Qu’apporte la génétique dans les troubles du comportement associés aux anomalies du développement • Pour certaines pathologies une compréhension des troubles – Rarement un traitement efficace (mélatonine) • Pour d’autres pathologies le diagnostic précoce peut alerter sur des risques et fait mettre en place une prévention – Attention à ne pas angoisser la famille mais accompagner la prise en charge – Problème éthique • Dans le futur la recherche peut mettre au point des thérapeutiques spécifiques à certaines maladies Un exemple actuel • Essais thérapeutiques existent déjà dans le syndrome x-fragile pour essayer d’améliorer l’anxiété, les troubles de l’humeur et améliorer les relations sociales des patients P glutamate Protéine x-fragile Récepteur du glutamate P glutamate Protéine x-fragile Récepteur du glutamate P Inhibiteur du récepteur au glutamate glutamate Protéine x-fragile Récepteur du glutamate conclusion • Un diagnostic précoce permet de savoir s’il existe un risque de voir apparaitre un trouble du comportement • Un accompagnement de la famille doit aider à minimiser si possible le trouble du comportement. – Compréhension des troubles par la famille – Déculpabiliser la famille – Aide à une prise en charge, conseils – Rôle majeur des structures d’accompagnement et des psychologues Conclusion Il faut croire en la recherche • Dans certains cas encore trop rares, il peut exister une thérapeutique efficace • De la connaissance des altérations des mécanismes neurobiologiques impliquées dans chacune des maladies génétiques viendra progressivement une meilleure connaissance des liens entre l’anomalie génétique et ses conséquences sur la pathologie du neuro développement cérébral (protéine par exemple) et des essais thérapeutiques spécifiques pourront être envisagés • Mais cela prendra du temps et en attendant il y a toujours une aide à apporter