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LE MOIS D’AOUT 1914
le dossier
(la Triple Entente entre la France, la Grande-Bretagne et la Russie, d’un côté, et
la Triple Alliance entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie, de l’autre),
lui déclare la guerre le 1er aout. Dans son objectif de prendre l’armée française
en tenaille, elle attaque la Belgique selon un plan militaire établi en 1905 et
ajusté aux circonstances et projections (le plan Schlieffen-Moltke).
L’exécution du plan imposait de réduire rapidement la résistance de Liège
et de sa ceinture de douze forts qui empêchait le passage de la Meuse et bar-
rait la route de Paris. La résistance de l’armée belge, forte de 30 000 hommes
contre les effectifs ennemis qui en comptaient le double, est une surprise pour
les Allemands. Ils ont alors recours à l’artillerie lourde en plus de l’artillerie
classique : deux obusiers de 420 mm, connus sous le nom de « Grosse Bertha »,
viennent à bout des derniers forts de Liège, notamment Pontisse et Loncin où
s’était replié, dès le 6 aout, le lieutenant-général Leman (1851-1920), com-
mandant de la division de l’armée défendant Liège. Le fort de Hollogne se rend
le 16 aout. La voie était libre pour les troupes allemandes. Bruxelles tombe
le 20 aout. La position fortifiée de Namur, pilonnée par l’artillerie lourde, se
rend le 24 aout.
L’armée allemande atteint la frontière française après les batailles de
Charleroi du 21 au 23 aout, de Mons où s’illustre la British Expeditionary
Force les 23 et 24 aout et celle des frontières (du 10 au 28 aout) dans le Sud
Luxembourg où elle fait reculer les Français. L’avancée allemande se poursuit
jusqu’à la bataille d’arrêt de la Marne du 6 au 9 septembre 1914. L’armée belge
s’était, quant à elle, repliée dès le 20 aout sur Anvers, où se trouvaient le roi
Albert, sa famille et le gouvernement, une place considérée comme imprenable.
Elle réalise néanmoins quelques sorties en renfort des armées britanniques
et françaises. Après la défaite de la Marne, les Allemands se retirèrent vers
l’Aisne : commença alors ce que l’on a appelé ultérieurement la « course à la
mer » : elle désigne ces combats, le plus souvent à l’initiative des Allemands,
qui remontent progressivement vers la frontière belge, en traversant les plaines
de Picardie, d’Artois et de Flandre entre le 19 septembre et le 17 novembre
1914. À cette date, le front de l’Ouest se stabilise : il trace une ligne sinueuse
allant de la mer du Nord à la frontière suisse sur près de 680 kilomètres. Dès ce
moment, on passe de la guerre de mouvement à la guerre de position. Celle-ci
durera quatre ans et sera ponctuée de plusieurs offensives bien plus couteuses
en pertes humaines qu’en territoire gagné (et parfois repris par l’adversaire),
comme lors de la bataille de Verdun lancée par les Allemands en 1916 et celle
du Chemin des Dames par les Français en 1917.
À côté de l’affrontement entre les armées, une autre guerre est menée
d’aout à octobre 1914 : la répression et les massacres contre les civils qui coutent
la vie à 6 500 personnes (hommes, femmes, enfants et nourrissons) en Belgique
et dans le Nord de la France. Cette seconde guerre, qu’évoque Benoît Lechat
dans son analyse, a fait l’objet d’une étude historique remarquable par deux
historiens irlandais, John Horne et Alan Kramer : 1914, les atrocités allemandes
4.
4 Voir la référence mentionnée dans l’introduction.