Cancers gynécologiques Bilan préthérapeutique, bon usage des examens Surveillance des cancers traités Denis Querleu, Institut Claudius Regaud Les standards régionalement (Oncomip) et nationalement (Société Française d’Oncologie Gynécologique) établis pour le bilan, le traitement, la surveillance des cancers gynécologiques sont disponibles sur le site Internet d’Oncomip. Ils reflètent un consensus international et ont la caractéristique d’une grande simplicité et économie de moyens. Pour cette raison, ils seront présentés de manière très synthétique. BILAN PRETHERAPEUTIQUE Ce bilan sert à conforter le diagnostic et obtenir l’indispensable biopsie, à évaluer l’extension tumorale loco-régionale, à établir les possibilités d’application des différentes méthodes thérapeutiques. La clinique reste un élément majeur, mais chaque localisation fait l’objet de spécificités. Si un examen paraclinique est demandé, il devra être interprété par un spécialiste expérimenté, idéalement membre de la RCP. • Cancer de la vulve : clinique (extension locale et inguinale) et biopsie suffisent ; le bilan ganglionnaire définitif sera réalisé au cours de l’acte chirurgical. Les examens paracliniques (scanner, TEP) sont réservés au bilan d’opérabilité des cas avancés. • Cancers du col et du vagin : la clinique reste la base de la classification internationale ; pour le diagnostic, la biopsie pour les formes cliniquement apparentes ou la conisation pour les formes infracliniques sont obligatoires avant tout acte chirurgical. L’ IRM pelvienne est l’examen clé pour les stades initiaux. Elle mesure le diamètre tumoral et explore les aires ganglionnaires, dont l’étude définitive est obtenue chirurgicalement par lymphadénectomie pelvienne coelioscopique. Pour les gros volumes tumoraux, l’IRM doit être abdomino-pelvienne et la TEP peut être indiquée, ainsi qu’un curage ganglionnaire aortique endoscopique. • Cancers de l’endomètre : la clinique est pauvre car souvent normale et participe surtout du bilan d’opérabilité. La biopsie est obtenue au cabinet ou peut nécessiter hystéroscopie ou curetage. Le bilan d’extension pré-opératoire se résume à l’IRM pelvienne qui mesure le diamètre tumoral, l’infiltration myométriale et l’atteinte cervicale et explore les aires ganglionnaires • Cancers de l’ovaire : la clinique, en présence d’une masse pelvienne ou pelvi-abdominale avec ou sans ascite, est utile, mais la prescription d’une échographie abdominale devant tout signe abdominal vague mais récent et tenace chez une femme de plus de 40 ans est la clé pour éviter les diagnostics tardifs. Toute suspicion impose un dosage préopératoire au moins du marqueur Ca-125. Le dosage du Ca 19-9 et de l’ACE peuvent être envisagés, de même, chez la très jeune femme, des marqueurs de tumeurs germinales (alpha-foetoprotéine, hCG). Le scanner thoraco-abdomino-pelvien est le seul examen d’extension à demander en routine. L’évaluation clinique de l’état nutritionnel est capitale si une chirurgie lourde est programmée SURVEILLANCE Elle se caractérise par la très grande place de la clinique, largement prédominante pour les cancers utérins, vaginaux et vulvaires. Le rythme de base à retenir est de 3 consultations par an dans les deux premières années (où surviennent le maximum de récidives), puis 1 à 2 par an entre 2 et 5 ans. Elle ne nécessite pas obligatoirement un cancérologue, sous réserve que le responsable du traitement soit tenu au courant de l’évolution et des séquelles. Après 5 ans, les récidives sont rares mais souvent curables et méritent une attention dans le cadre de la prise en charge globale de la patiente. • Cancer de la vulve : la clinique (extension locale et inguinale) est le seul examen de routine • Cancers du col et du vagin : la clinique reste la base, sous la forme d’un examen pelvien complet et d’un examen des aires ganglionnaires ; le frottis et les autres examens complémentaires ne sont pas utiles après chirurgie, sauf dans le cas particulier rare de la chirurgie conservatrice (trachélectomie élargie). Après radiothérapie exclusive, l’IRM peut se discuter sur orientation clinique. Le dosage du marqueur SCC est peu pratiqué, sauf en cas de suspicion de récidive • Cancers de l’endomètre : la clinique est le moyen exclusif de surveillance ; le frottis et les autres examens complémentaires ne sont pas utiles. • Cancers de l’ovaire : la clinique a un fort impact sur la décision d’examens complémentaires sur signe d’appel. Le marqueur CA 125 est optionnel mais en pratique souvent demandé. Les autres marqueurs sont sans intérêt sauf cas spéficique. L’imagerie n’est pas recommandée à titre systématique en l’absence de signe d’appel clinique sauf chez les patientes ayant eu un traitement conservateur