V Quéré VL2 - Université de Rennes 1

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REVUE
16/01/12
RELATION ENTRE METABOLISME ENERGETIQUE,
CANCER ET VIEILLISSEMENT.
Université de Rennes 1
UFR SVE
Master Biologie Gestion
Vincent Quéré
M. Yves Le Dréan
Enseignant chercheur à
l’UMR CNRS 6026
Remerciements
A M. Yves le Dréan, enseignant-chercheur à l’UMR CNRS 6026, pour son aide ainsi que ses
précieux conseils
Note des responsables du diplôme : «Le tuteur chercheur a pour rôle de conseiller
l'étudiant, l'orienter dans ses recherches bibliographiques, l'aider à comprendre les articles,
en faire une synthèse de manière logique et rigoureuse. Il ne peut vérifier toutes les citations
et interprétations de l'étudiant. Il ne peut donc s'engager vis à vis d'éventuelles erreurs ».
Master Biologie Gestion - Revue - « Relation entre métabolisme énergétique, cancer, et vieillissement »
Mars 2012
1
Relation
entre
Métabolisme
Energétique,
Cancer,
et
Vieillissement
V. Quéré
Master Biologie gestion, Université de Rennes 1
263 Avenue du General Leclerc 35042 Rennes cedex
Résumé
Aujourd’hui, la recherche sur le cancer et le vieillissement s’oriente vers de nouveaux horizons. Elle
est guidée par une vision plus globale des différents processus métaboliques. Siège du métabolisme
énergétique cellulaire, la mitochondrie pourrait être placée au centre de cette nouvelle vision Elle
permet la synthèse de l’adénosine-5'-triphosphate (ATP), cette molécule essentielle fournit l’énergie
nécessaire au métabolisme. Elle est impliquée dans la régulation de bon nombre de processus
moléculaires et cellulaires. En parallèle de l’ATP, la mitochondrie produit également des éléments
réactifs de l’oxygène (ROS). Selon leur concentration ils peuvent avoir des conséquences directes ou
indirectes sur l’expression ou la répression de gènes, l’inhibition ou l’activation de voies de
signalisation ou encore de la vie ou de la mort cellulaire. Ils sont impliqués dans la régulation du
cancer et du vieillissement, mais pas seulement. Les ROS sont à la croisée de chemins menant à une
régulation énergétique, génétique mais aussi épigénétique.
Certaines illustrations de cette synthèse ont été réalisées à l’aide de la banque d’images de Servier
Medical Art (http://www.servier.fr/servier-medical-art/banque-dimages-powerpoint)
Introduction ............................................................................................................................................ 4
I. Altérations du métabolisme des mitochondries et conséquences sur le vieillissement et le
cancer. ..................................................................................................................................................... 5
A.
L’origine mitochondriale du vieillissement cellulaire .................................................................. 5
1.
L’impact des ROS sur l’ADN mitochondrial ............................................................................. 5
2.
L’impact des ROS sur les lipides et les protéines .................................................................... 7
B.
Le cancer et son origine mitochondriale ..................................................................................... 9
1.
Contrôle mitochondriale de l’apoptose .................................................................................. 9
2.
Dérégulation de l’apoptose et cancer ................................................................................... 11
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II.
L’effet Warburg ............................................................................................................................. 12
A.
Description de l’effet Warburg .................................................................................................. 12
B.
Origine des altérations possibles conduisant à l’effet Warburg ............................................... 15
C.
Effets des altérations liées à l’effet Warburg sur la cellule ....................................................... 19
D.
1.
La migration cellulaire et systèmes de défense immunitaire ............................................... 19
2.
Régulations épigénétiques .................................................................................................... 20
Le métabolisme, possible lien entre le cancer et le vieillissement ......................................... 21
Conclusion ............................................................................................................................................. 23
Bibliographie ......................................................................................................................................... 24
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Introduction
La mitochondrie est un organite intracellulaire présent dans les cellules eucaryotes. Sa
fonction principale et indispensable à la vie cellulaire est la production d’adénosine-5'-triphosphate
(ATP). Cette molécule essentielle fournit par hydrolyse l’énergie nécessaire au métabolisme. Elle est
impliquée dans la régulation de bon nombre de processus moléculaires et cellulaires.
Cet organite possède son propre ADN ainsi qu’une double membrane comprenant une
membrane externe et une interne composée de nombreux replis. C’est, fichés dans cette dernière
que se situent les complexes protéiques de la chaîne respiratoire indispensables à la phosphorylation
oxydative. Cette réaction est à la base de la synthèse d’ATP au sein de la mitochondrie.
Ces complexes sont au nombre de 5, ils se composent de plusieurs sous-unités codées soit
par l'ADN nucléaire, soit par l'ADN mitochondrial. Ils catalysent le transfert d’électrons issus
d’intermédiaires réduits du catabolisme (NADH/FADH2) vers l’oxygène, l’accepteur final. Il arrive que
cette réaction aboutisse à la formation d’éléments réactifs de l’oxygène (ROS). De leur accumulation
résulte un stress oxydatif plus ou moins important capable d’endommager lipides, ADN ou encore
protéines. En cas de dégâts trop importants infligés par les ROS à la machinerie cellulaire, la
mitochondrie peut alors déclencher un processus de mort cellulaire : l’apoptose. Véritable garant de
l’homéostasie tissulaire, l’apoptose permet de supprimer les cellules défaillantes avant qu’elles ne
deviennent invasives.
Des dérégulations dans les différents processus impliqués dans la chaîne respiratoire et
l’apoptose sembleraient être à l’origine de plusieurs maladies. Ils pourraient être impliqués dans le
phénomène du vieillissement et l’apparition de cancers.
L’objectif de cette synthèse est d’étudier les possibles relations existantes entre le
métabolisme énergétique et les différents processus de vieillissement et de cancer. Dans un premier
temps, il sera étudié les conséquences des altérations du métabolisme sur les processus conduisant
au vieillissement et au cancer.
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I.
Altérations du métabolisme des mitochondries et conséquences
sur le vieillissement et le cancer.
Les mitochondries produisent environ 90% des besoins énergétiques nécessaires au
fonctionnement de l’organisme. Elles synthétisent de l’ATP par la phosphorylation oxydative qui
génère en continue des ROS. Environ 1 à 4% de l’oxygène réduit est transformé en éléments réactifs
de l’oxygène (Beckman and Ames, 1998). Les plus communs sont l’anion superoxyde (02-), le
peroxyde d’hydrogène (H202) et les radicaux hydroxyles (OH-). La plupart de ces ROS et des radicaux
libres sont produits par le complexe I et le coenzyme Q du complexe III de la chaîne respiratoire
(Beckman and Ames, 1998). Ce coenzyme a une fonction majeure dans la chaine respiratoire, il
permet le passage des électrons provenant des complexes I et II au troisième complexe.
A.
L’origine mitochondriale du vieillissement cellulaire
Selon la théorie du vieillissement communément admise, la production de ROS par la
mitochondrie est un composant essentiel du processus de vieillissement cellulaire. Selon cette
théorie, les ROS sont capables de provoquer des dommages oxydatifs à l’ADN ainsi qu’aux protéines
et lipides de la cellule. Ce sont ces dommages qui sont considérés comme étant à l’origine du
vieillissement et des nombreuses pathologies qui lui sont associées (Harman, 2001).
1.
L’impact des ROS sur l’ADN mitochondrial
L’ADN mitochondrial (ADNmt) code pour 13 protéines impliquées dans le fonctionnement de
la chaîne respiratoire (Shen et al., 2010). Il est localisé dans la matrice intra-mitochondriale, le
rendant particulièrement exposé aux dommages oxydatifs dus à sa proximité avec la chaîne
respiratoire émettrice de ROS (García-Ruiz et al., 1995). L’ADNmt est d’autant plus sensible qu’il ne
possède pas d’intron ni d’histone et peu de protéines protectrices et réparatrices de l’ADN (Clayton
et al., 1974). De nombreuses mutations somatiques de l’ADNmt ont été identifiées dans différents
types de cancers (Higami and Shimokawa, 2000). Les délétions sont les types de modifications les
plus communes. Elles ont souvent lieu dans la boucle D de l’ADNmt, région non codante et contenant
des séquences reconnues par des promoteurs de la transcription. Cette région est riche en cystéines,
la rendant plus sensible aux attaques oxydatives que les autres régions de l’ADN (Beckman and
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Ames, 1998). Les altérations de l’ADNmt ont de nombreuses conséquences sur divers processus
biologiques, à commencer par la phosphorylation oxydative. Ces altérations vont de pair avec le
vieillissement des tissus et un métabolisme énergétique altéré (figure 1). La production de ROS est
inversement proportionnelle à l’efficacité de la chaîne de transport d’électrons (ETC). Elle augmente
exponentiellement quand les complexes I ou III sont altérés (Shigenaga et al., 1994). Des mécanismes
de défense contre l’oxydation induite par le stress oxydatif existent. Des enzymes jouant le rôle
d’antioxydants comme la Superoxydase Dismutase (SOD) sont capables de neutraliser la production
de ROS dans la mitochondrie.
Figure 1 : Représentation schématique de la théorie du vieillissement mitochondriale et de ses
conséquences sur la cellule et l’organisme (d’après Wei et al., 1998).
L’activité de la chaîne respiratoire produit en permanence des éléments réactifs de l’oxygène (ROS). Ceux-ci
peuvent être neutralisés par des antioxydants tels que la Superoxydase Dismutase (SOD). Ils peuvent induire
des dommages à l’ADN mitochondriale (ADNmt) pouvant amener à la synthèse de protéines défaillantes
impliquées dans la phosphorylation oxydative. Cette altération de la fonction de la chaîne respiratoire
conduit à davantage de ROS émis, une baisse d’activité de la chaîne de transport des électrons (ETC), un
vieillissement accéléré et dans certains cas, à l’apparition de cancers.
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2.
L’impact des ROS sur les lipides et les protéines
La chaîne respiratoire est très exposée aux modifications oxydatives induites par sa proximité
avec le site de production des ROS. Ses divers complexes sont très sensibles aux agents oxydants, ils
peuvent provoquer une baisse de son activité ou un dysfonctionnement généralisé. Des dommages
au niveau d’un ou plusieurs complexes peuvent conduire à une baisse de la production d’ATP, une
augmentation de la synthèse de ROS et donc à une intensification du stress oxydatif (Harper et al.,
1998).
Les lipides peuvent aussi être la cible d’attaques oxydatives. Les acides gras polyinsaturés des
membranes mitochondriales y sont sensibles. La fluidité de la membrane cellulaire décroit avec l’âge,
un changement qui peut être attribué en partie par l’oxydation des lipides composant les
membranes de la mitochondrie. Il apparait un déclin progressif des acides linoléiques (18:2). Ce
changement est accompagné par une augmentation du nombre d’acides gras à longues chaînes (22:4
et 22:5). La plupart de ces substitutions semblent apparaître dans la constitution du cardiolipide
(Shigenaga et al., 1994). Ce lipide joue un rôle majeur dans la facilitation des activités enzymatiques
clés de la membrane interne de la mitochondrie, notamment de la chaîne respiratoire. Une fois le
cardiolipide oxydé, la perméabilité aux ions de la membrane interne mitochondriale est augmentée.
Il en résulte une baisse de l’activité oxydative du cytochrome C de la chaîne de transport d’électrons
(Shigenaga et al., 1994).
La concentration de protéines oxydées présentes au sein des mitochondries augmente avec
l’âge. Une protéine oxydée est le plus souvent rendue inactive et doit être éliminée ou réparée. Deux
protéines au sein des mitochondries semblent être une cible privilégiée de ces oxydations, l’Adénine
Nucléotide Transferase (ANT) et l’aconitase (Yan and Sohal, 1998) (Yan et al., 1997). L’ATP est
importé dans la cellule via la membrane interne par le complexe ANT en échange d’ADP cytosolique.
Si une des protéines du complexe est oxydée, l’échange ne se fait plus, conduisant à une inhibition
de la chaîne respiratoire. Comme vu précédemment, une inhibition de la chaîne respiratoire entraine
l’émission de davantage de ROS, des réarrangements au niveau de l’ADNmt et l’oxydation de
protéines. L’aconitase quant à elle, intervient dans le cycle de Krebs. Elle catalyse la seconde réaction
transformant le Citrate en Isocitrate. Elle est également capable de se lier et de compacter l’ADNmt
de façon similaire à des histones (Ngo and Davies, 2007). Les génomes ainsi empaquetés sont plus
stables dans des conditions métaboliques stressantes, en particulier lors de l’augmentation
d’éléments oxydés dans la cellule.
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La protéase Lon est capable de dégrader les protéines oxydées, elle joue un rôle majeur au
sein de la mitochondrie. Elle a le potentiel de réguler l’homéostasie de la mitochondrie au travers des
différentes interactions avec les protéines et l’ADN mitochondrial. L’association de 4 à 8 polypeptides
Lon forme un complexe homo-oligomérique capable de se lier au promoteur de l’ADNmt. Il est
localisé dans la matrice externe mitochondriale (Bota et al., 2005). Son affinité est moins forte pour
l’ADNmt en présence de protéines oxydées. Avec de l’ATP, les réactions d’hydrolyse peuvent avoir
lieu conduisant à leur élimination (Ngo and Davies, 2007). Son rôle quant à sa la liaison à l’ADN n’est
pas entièrement élucidé.
Parmi les protéines oxydées, Lon possède une affinité plus importante pour les aconitases
moyennement oxydées et plus faible pour celles fortement oxydées (Bota and Davies, 2002). Le
complexe se chargerait de dégrader les aconitases oxydées qui perdent leur affinité pour l’ADNmt et
donc leur rôle de protection de l’ADN (figure 2).
Figure 2 : Représentation schématique de la relation entre la protéine Lon et l’Aconitase en
conditions normales dans la mitochondrie.
L’aconitase liée à l’ADN mitochondriale lui confère une protection contre le stress oxydant. Sous l’effet des
éléments réactifs de l’oxygènes (ROS), celle-ci peut être oxydée perdant ainsi son affinité avec l’ADN. En
présence d’ATP, elle peut être dégradée par la protéase Lon dans le protéasome.
Avec l’âge, des études ont montré que la synthèse d’ATP diminuait en partie à cause de
l’oxydation induite par les ROS sur la chaîne respiratoire. L’ATP étant un important cofacteur de Lon,
l’activité de la protéase diminue entraînant une inactivation de l’aconitase (figure 3).
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Figure 3 : Représentation sous forme schématique de la relation entre la protéine Lon et Aconitase
en conditions de stress oxydatif élevé dans la mitochondrie
L’aconitase liée à l’ADN mitochondriale lui confère une protection contre le stress oxydant. Sous l’effet des
éléments réactifs de l’oxygènes (ROS), celle-ci peut être oxydée perdant ainsi son affinité avec l’ADN. En
présence d’ATP, elle peut être dégradée par la protéase Lon dans le protéasome. Cependant, si l’aconitase
est fortement oxydée, Lon perd son affinité pour l’aconitase et n’est plus en mesure de la dégrader.
L’aconitase oxydée s’accumule dans la cellule avec les autres protéines oxydées accélérant le phénomène de
vieillissement. L’ADN mitochondriale n’étant plus protégé, il est la cible d’attaques oxydatives conduisant à
la production de nouveaux ROS et réduisant l’activité de la chaîne respiratoire via les mutations.
Cette inactivation favorise l’apparition de dommages à l’ADN, l’apparition de ROS et
l’accumulation de protéines oxydées dans le cytoplasme, accentuant le phénomène de vieillissement
(Bota et al., 2002).
B.
Le cancer et son origine mitochondriale
Les ROS peuvent induire le développement de cancers via l’apparition de mutations au
niveau de l’ADN mitochondriale mais aussi cellulaire. D’autre part, en modifiant certaines voies
métaboliques et l’expression de certains gènes, ils peuvent préparer un terrain favorable à
l’apparition de cancers.
1.
Contrôle mitochondriale de l’apoptose
L’apoptose est un processus indispensable au maintien de l’homéostasie tissulaire. Si une
cellule est endommagée et non fonctionnelle, l’apoptose est alors déclenchée pour l’éliminer et
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laisser place à sa remplaçante. Si le processus apoptotique ne fonctionne pas correctement,
l’accumulation de cellules endommagées peut contribuer significativement au vieillissement et aux
dégénérations associées telles que le cancer, les maladies cardiovasculaires ou encore le
dysfonctionnement du système nerveux (Miyoshi et al., 2006).
Plusieurs voies métaboliques ont été identifiées dans le déclenchement de l’apoptose. Ici,
seule la voie intrinsèque correspondant à l’influence du stress oxydatif sur la mitochondrie sera
développée. Cette voie d’activation est contrôlée par différentes familles de protéines pro et anti
apoptotiques comme Bax et Bcl2 (Wallace, 2005). Les ROS peuvent induire l’activation de Bax et Bak,
provoquant de nombreuses altérations dans la mitochondrie. Ces altérations conduisent à la
péroxydation du cardiolipide, facilitant la libération du cytochrome C dans la membrane interne
mitochondriale (Petrosillo et al., 2001). C’est une étape clé des changements proapoptotiques de la
mitochondrie, elle conduit à l’activation d’Apaf-1 et des caspases dans le cytoplasme. La perméabilité
de la membrane interne est elle aussi augmentée par l’oxydation d’un complexe. La structure de cet
ensemble protéique responsable de la perméabilité membranaire est appelée pore de transition de
perméabilité mitochondriale (mtPTP) (figure 4) (Mather and Rottenberg, 2000) .
Figure 4 : Représentation sous forme schématique de l'induction par les ROS de l'apoptose via le
pore mtPTP dans la mitochondrie.
Les éléments réactifs de l’oxygène (ROS) sont capables d’oxyder le pore de transition de perméabilité
mitochondriale (mtPTP) provoquant son ouverture. Une fois le complexe ouvert, le Cytochrome C (Cyt C) est
relâché dans le cytoplasme déclenchant l’apoptose.
Ce pore est une des cibles principales des ROS. Son oxydation peut entraîner son ouverture, il
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module de façon importante les échanges ioniques conduisant à la mort cellulaire via l’apoptose
(Zoratti and Szabò, 1995).
2.
Dérégulation de l’apoptose et cancer
Les télomères sont des structures qui protègent l’extrémité des chromosomes de la
dégradation. Ils sont composés de séquences nucléotidiques répétées, la séquence TTAGGG en est
l’unité centrale. La télomérase est une enzyme essentielle pour la maintenance des télomères. Elle
est constituée de deux composants majeurs. Le premier est la sous unité catalytique hTERT et le
second un ARN complémentaire à la séquence TTAGGG. Celui-ci sert de matrice à la synthèse de
nouveaux nucléotides (Del Bufalo et al., 2005). Il a été démontré que les ROS régulaient hTERT à
différents niveaux. Ils sont capables d’induire sa surexpression ainsi que sa relocalisation dans la
cellule. La surexpression de hTERT modulerait l’apparition de ROS et jouerait le rôle d’antioxydant
protégeant la cellule du stress-oxydatif (figure 5) (Del Bufalo et al., 2005).
Figure 5 : Représentation sous forme schématique de l'inhibition de l'apoptose par la télomérase
hTERT dans la mitochondrie.
En présence de la télomérase hTERT, les ROS se voient régulés par son activité antioxydante. hTERT peut
activer davantage la chaîne de transport d’électrons (ETC), induisant une plus forte synthèse d’ATP. Ce
métabolisme accru a pour conséquence une croissance cellulaire mais aussi un risque de prolifération non
contrôlée en raison de l’inhibition de l’apoptose.
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Sa relocalisation mitochondriale a été identifiée comme augmentant l’activité de la chaîne
respiratoire et en particulier du cytochrome C. Elle inhibe l’acidification du cytosol, la translocation
de Bax, la baisse de potentiel transmembranaire et le relargage du cytochrome C dans le cytosol. Elle
favorise donc le maintien du mtPTP. La surexpression de hTERT pourrait fournir aux cellules un
avantage vers la survie en réduisant l’impact des ROS par l’augmentation du pouvoir antioxydant et
de ce fait, favoriser le cancer via l’inhibition des signaux de mort cellulaire et de l’apoptose.
D’autres protéines, comme les protéines chaperons HSP (Heat Shock Proteine), sont
impliquées dans la dérégulation de l’apoptose. Elles sont en général exprimées en réponse à des
rayons ionisants, à un stress oxydatif, chimique, thermique, ischémique et à bien d’autres facteurs. Il
existe différents types de protéines HSP. Elles possèdent un très haut degré d’homologie entre elles.
Elles peuvent entre autre réparer des protéines endommagées et réguler l’expression de certains
gènes. La protéine HSP70 par exemple, a été identifiée comme inhibitrice de l’apoptose. Son mode
d’action reste cependant à préciser. Il semblerait qu’elle soit capable d’inhiber l’apoptose en
empêchant l’activation des caspases et la libération du cytochrome C (Ciocca and Calderwood, 2005).
Dans beaucoup de types de cancer, le niveau d’expression des protéines HSP est élevé. Cette
surexpression serait due en partie au microenvironnement de la cellule cancéreuse (faible
concentration en glucose, faible pH et niveau en oxygène). Les protéines HSP peuvent servir de
marqueurs tumoraux pour établir un diagnostic. Des études complémentaires pour comprendre
comment la dérégulation de ces protéines affecte la croissance tumorale et le développement de
cancers sont nécessaires.
II.
L’effet Warburg
A.
Description de l’effet Warburg
Otto Warburg, en 1924, a observé pour la première fois que des cellules différenciées
cancéreuses avaient un taux de lactate bien plus important que celles dites saines. En conditions
physiologiques normales, la plupart des cellules différenciées privilégient la
phosphorylation
oxydative pour générer leur énergie (Warburg O., 1956). Pour se faire, elles métabolisent dans la
mitochondrie, au cours du cycle de Krebs, le glucose en dioxyde de carbone. Cette réaction produit
du Nicotinamide Adénine Disnucléotide (NADH) qui maximise la production d’ATP lors de la
phosphorylation oxydative avec une faible production de lactate. Elle est très efficiente, avec une
molécule de glucose cette réaction génère 36 molécules d’ATP. En conditions anaérobiques, le mode
de production d’énergie des cellules différenciées change. Elles vont produire de grandes quantités
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de lactate via la réaction de glycolyse. Cette réaction est peu productrice d’énergie avec seulement 2
molécules d’ATP formées pour 1 molécule de glucose consommée (figure 6) (Rich, 2003).
Figure 6 : Représentation sous forme schématique des différentes voies métaboliques
énergétiques dans des cellules normales et cancéreuses en conditions normoxique ou hypoxique
(d’après Vander Heiden et al., 2009).
On note cependant que les cellules cancéreuses, malgré un rendement énergétique plus faible,
vont favoriser la glycolyse augmentant ainsi la quantité de lactate produit par la lactate
déshydrogénase (LDH) à partir du pyruvate émis par la glycolyse, caractérisant l’effet Warburg.
Des études récentes portées sur le métabolisme des cellules cancéreuses ont montré que la
croissance de ces dernières n’était pas limitée par un manque d’ATP induit par un métabolisme
glycolytique (Christofk et al., 2008). Ne constituant pas un inconvénient, ce passage à la glycolyse
aérobie pourrait même être un avantage pour des cellules en prolifération. Ces cellules peuvent vivre
dans un environnement où les apports en oxygène fluctuent grâce à un métabolisme glycolytique.
Ces changements d’apports pourraient être létaux pour des cellules ayant un métabolisme reposant
sur la phosphorylation oxydative pour générer de l’ATP (Pouysségur et al., 2006). Les besoins de ce
type de cellules s’étendent au-delà des ressources en énergie. En effet elles ont également besoin de
ressources en nucléotides, lipides et acides aminés. A ce titre, il faut considérer la réaction de
glycolyse dans son ensemble avec ses sous-produits de réaction. Par exemple, une cellule en division
a besoin de nucléotides principalement lors de la phase S de la division mitotique. Le point de départ
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de la synthèse nucléotidique dans la voie des pentoses phosphates (ou voie PPP) est le ribose-5phosphate, qui est également un dérivé d’un métabolite glycolytique, le ribose-6-phosphate. Ce
dernier est aussi un précurseur dans la synthèse de nombreux acides-aminés (Gatenby and Gillies,
2004).
Figure 7 Représentation sous forme schématique des conséquences de l’effet Warburg sur la
synthèse de métabolites
En conditions hypoxiques, la glycolyse permet de synthétiser de nouveaux nucléotides. Via la glutaminolyse
des acides aminés et des lipides peuvent être synthétisés et ainsi favoriser la croissance cellulaire. Le facteur
de transcription HIF-1 active la glycolyse et inhibe le cycle de Krebs en empêchant la conversion du pyruvate
en Acetyl-CoA via la Pyruvate Déshydrogénase Kinases (PDK)
Un autre nutriment clé différent du glucose aurait un rôle prépondérant dans le développement
du cancer. Il s’agit de la glutamine (DeBerardinis et al., 2007) (figure 7). C’est un acide-aminé qui a
été identifié comme essentiel à la croissance des cellules cancéreuses. Il peut servir de précurseur
pour la synthèse d’autres acides aminés, de nucléotides et peut également contribuer à la synthèse
des lipides. Une voie possible de la synthèse des lipides par la glutamine passe par la transformation
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en glutamate par la glutaminase. Ce glutamate est à son tour converti en α-cetoglutarate par la
glutamate deshydrogenase (DeBerardinis and Cheng, 2010). En conditions hypoxiques, la conversion
du pyruvate en acétyl-CoA dans la mitochondrie est inhibée par HIF-1 (dont le rôle est détaillé ciaprès) provoquant une baisse de la synthèse de nouveaux lipides (Kim et al., 2006). La cellule grâce
au métabolisme de la glutamine peut utiliser l’ α-ceteglutarate comme source de carbone dans le
cycle de Krebs et rétablir la synthèse des lipides (DeBerardinis et al., 2007) (figure 7).
B.
Origine des altérations possibles conduisant à l’effet Warburg
L’effet Warburg n’a pas une mais plusieurs origines possibles. Expérimentalement, diverses
hypothèses ont pu être identifiées comme sa cause probable. La toute première a été mentionnée
par Warburg lui-même lors de sa découverte. Il a supposé que le phénomène avait pour origine une
anomalie irréversible de la chaîne respiratoire (Warburg O., 1956). Cette hypothèse a été confirmée
par la suite avec la mise en évidence de protéines défaillantes impliquées dans la phosphorylation
oxydative dans certains cancers (Cuezva et al., 2002). D’autres hypothèses n’impliquant pas une
défaillance irréversible de la chaîne respiratoire ont depuis été formulées.
Environ la moitié des tumeurs d’un stade avancé sont caractérisées par des régions hypoxiques
dues à un dérèglement au niveau du rapport consommation / approvisionnement en oxygène
(Vaupel and Mayer, 2007). L’apport en oxygène est d’autant plus difficile suite à une mauvaise
vascularisation induite par un développement tumoral rapide. Ces particularités peuvent conduire la
cellule vers une croissance accrue, invasive voire à une métastase (Lartigau et al., 1997). Ces
conditions hypoxiques seraient la cause du passage de la cellule à un métabolisme glycolytique
aérobie (Gatenby and Gillies, 2004). En conditions normoxiques, l’oxygène permet la synthèse d’ATP
via la chaîne respiratoire. La phosphorylation oxydative inhibe la phosphofructokinase (PFK),
induisant l’inhibition de la glycolyse (Tyson, 2002). En condition hypoxique, la chaîne respiratoire
produit moins d’ATP. La PFK n’étant plus inhibée, le passage à la glycolyse est alors possible mais
nécessite l’activation d’autres éléments. Ce passage est principalement initié par un facteur de
transcription induit par l’hypoxie (HIF-1) (Taylor and Pouyssegur, 2007). C’est est un hétérodimère
protéique composé de 2 sous-unités, une α et une β, appartenant à la famille des facteurs de
transcription dits hélice boucle hélice. En présence d’oxygène, la sous unité HIF-1α est hydroxylée via
la prolyl-hydroxylase. Pour être dégradé, HIF-1α est ubiquitiné par la protéine VHL conduisant à son
élimination par le protéasome. En condition hypoxique les réactions d’hydroxylations sont inhibées,
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HIF-1α est stabilisé et peut se dymériser avec la sous unité β pour activer la transcription de gènes
cibles (figure 8). HIF-1 peut activer des enzymes glycolytiques, des facteurs de mobilités, des
récepteurs membranaires. Il régule de nombreux processus tels que l’angiogenèse et la glycolyse et
réduit l’activité de la chaîne respiratoire, renforçant son rôle prépondérant dans l’effet Warburg
(Papandreou et al., 2006).
Figure 8 : Représentation sous forme schématique de l'activation ou de la répression du facteur de
transcription HIF-1 dans la mitochondrie et de ses conséquences sur la transcription et la
régulation du métabolisme (d’après Lopez-Lazaro, 2009).
Des expériences ont montré que ce facteur de transcription régulait l’expression de la pyruvate
déshydrogénase kinase (PDK). L’activation de la PDK inhibe la pyruvate déshydrogénase (PDH),
diminuant la conversion du pyruvate en acétyl-COA. Cette inhibition entraîne une baisse de l’activité
du cycle de Krebs, qui normalement fournit les donneurs d’électrons (NADH et FADH2) aux
complexes I et II de la chaîne respiratoire (Papandreou et al., 2006). HIF-1 contrôle la conversion du
pyruvate en dehors de la mitochondrie en activant la lactate déshydrogénase. Il résulte de ces
phénomènes une baisse d’activité du processus de phosphorylation oxydative. Parallèlement à cette
baisse d’activité, HIF-1 conduit à une augmentation d’apport en glucose dans la cellule et stimule la
glycolyse via l’expression du transporteur du glucose Glut-1 et l’hexokinase 2. Cette dernière est une
enzyme cytosolique qui catalyse la réaction de phosphorylation des hexoses sur leur carbone no 6,
formant le glucose 6 phosphate à partir du glucose (Semenza, 2007). Cette réaction constitue la
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première étape de la glycolyse, conférant à l’hexokinase un rôle d’initiation de la réaction.
Mais les conditions hypoxiques ne sont pas nécessairement à l’origine de l’apparition de cancer
(Moreno-Sánchez et al., 2007). De nombreuses tumeurs non hypoxiques sont aussi caractérisées par
l’activation de HIF-1. Ces cellules ont un métabolisme altéré, avec une hausse intracellulaire de la
concentration de l’ion superoxyde O2- (López-Lázaro, 2007). Dans le processus de synthèse d’ATP par
la chaîne respiratoire, l’oxygène est réduit en H20. Mais dans les cellules cancéreuses, l’oxygène peut
être réduit en H202 en présence de l’ion superoxyde. En la présence d’O2-, le pHi intracellulaire
augmente pouvant provoquer des alcalinisations (López-Lázaro, 2006). Cette alcalinisation augmente
le pH intracellulaire entrainant l’inactivation du gène suppresseur de tumeur p53, pouvant amener à
l’effet Warburg. En effet ce dernier régule négativement la glycolyse, de plus il active la transcription
de la protéine TIGAR (TP53-induced Glycolysis and Apoptosis Regulator) qui inhibe la
phosphofructokinase (PFK) (Matoba et al., 2006).
Figure 9 : Représentation sous forme schématique du détournement du métabolisme de l'oxygène
induit par l'ion peroxyde et de ses conséquences sur la glycolyse (d’après López-Lázaro, 2008).
-
En la présence d’O2 l’oxygène peut être directement réduit en H2O2, induisant une augmentation du pHi intra
mitochondriale, augmentant l’activité de la phosphofructokinase (PFK). H2O2 peut activer le facteur de
transcription HIF-1 déclenchant la synthèse de transporteurs du glucose et d’enzymes glycolytiques. En
présence de tous ces éléments la glycolyse peut être alors activée.
Cette dernière est également très sensible au niveau d’alcalinisation du milieu cellulaire, elle voit
son activité augmenter à un pHi élevé (figure 9) (Erecińska et al., 1995). Pour induire la glycolyse,
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outre une enzyme PFK active, il faut également que l’expression de certains transporteurs du glucose
et d’enzymes impliquées dans la glycolyse soient actifs, tels que l’hexokinase et la pyruvate kinase.
Cette activation peut avoir lieu notamment en présence d’une concentration élevée en H202
intracellulaire activant le facteur de transcription HIF-1 (Wang et al., 2011).
Le peroxyde d’hydrogène peut également activer des oncogènes (Cooper et al., 1984). Les
oncogènes sont des gènes qui, une fois actifs, sont capables de favoriser l’apparition de cancers ou
de tumeurs. Les gènes suppresseurs de tumeur mais aussi les oncogènes ont tous des liens étroits
avec les voies métaboliques. En ce qui concerne la glycolyse aérobie, certains oncogènes ont été
identifiés en lien avec l’expression de cette voie métabolique (figure 10).
Figure 10 : Représentation schématique de la régulation du métabolisme énergétique de la cellule
par les oncogènes MYC AKT et le facteur de transcriptions HIF-1 activés par H202 ainsi que
l'inhibition de p53 (d’après Vander Heiden et al., 2009).
Les oncogènes MYC et AKT peuvent être activés par H202. Myc peut induire la synthèse de nouveaux
transporteurs membranaires du glucose. Il active également la pyruvate kinase (PK) et la lactate
déshydrogénase (LDH) renforçant la conversion du pyruvate en lactate. Il est capable d’activer la
glutaminolyse en activant la glutaminase convertissant la glutamine en glutamate. AKT stimule
principalement la glycolyse en activant la phosphofructokinase (PFK) ainsi que l’hexokinase . HIF-1 peut
activer la PK, LDH, HK, PDK et stimuler la synthèse de transporteurs du glucose. Enfin p53 est inhibée par la
présence de H202.
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L’oncogène SRC codant pour une protéine du même nom, est notamment une fois activé capable
de phosphoryler des enzymes impliquées dans la glycolyse. Elle est également impliquée dans
l’activation de HIF-1α dans certains types cellulaires uniquement (Gleadle and Ratcliffe, 1997).
L’oncogène MYC induit notamment le facteur d’épissage alternatif de l’ARNm codant pour la
pyruvate kinase M2 qui convertit le phosphoenolpyruvate en pyruvate, favorisant ainsi la glycolyse
aérobie. MYC partage beaucoup de gènes glycolytiques cibles communs avec HIF-1. Ils ont toutefois
des rôles différents, HIF-1 peut induire la glycolyse, alors que MYC peut davantage la stimuler une
fois déclenchée. Il peut également activer la glutaminolyse (Osthus et al., 2000).
AKT est activé par la présence du peroxyde d’hydrogène. La protéine correspondante est capable
d’induire la glycolyse aérobie sans passer par HIF-1 en augmentant la synthèse du transporteur du
glucose Glut1, en activant l’hexokinase 2 et la phosphofructokinase 1. Etant indépendant de HIF-1,
elle peut toutefois augmenter son niveau d’expression (Elstrom et al., 2004).
C.
Effets des altérations liées à l’effet Warburg sur la cellule
1.
La migration cellulaire et systèmes de défense immunitaire
La glycolyse aérobie a pour conséquence une acidification du milieu extracellulaire en partie
causée par des enzymes qui favorisent la sortie de protons (Counillon and Pouysségur, 2000). Des
transporteurs comme MCT1 et MCT4 qui co-transportent H+ avec le lactate sont activés lors de
conditions hypoxiques, avec un pH interne faible ou encore par des facteurs de croissance. Cette
acidité du milieu extérieur favorise le développement de la tumeur en augmentant la mobilité
cellulaire et ses capacités d’invasion (Swietach et al., 2007). De plus, un tel environnement lui
confère une protection vis-à-vis des réactions immunitaires. L’acidification du milieu pourrait inhiber
les lymphocytes natural killer par la présence de lactate dans le milieu extracellulaire. En outre, le
lactate supprimerait la prolifération et la production de cytokines. Il inhiberait également l’activité
cytolytique des lymphocytes T (Lardner, 2001).
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2.
Régulations épigénétiques
Chez les eucaryotes, la transcription des gènes est principalement régulée au niveau de la
chromatine. L’unité de base formant la chromatine est le nucléosome, l’ADN y est enroulé autour
d’octamères protéiques appelés histones. Il existe 5 types d’histones différents, H1 H2A H2B H3 et
H4, qui selon leur état, vont moduler l’accès à l’ADN aux divers processus biologiques nucléaires.
Deux types d’activités enzymatiques peuvent modifier l’état de la chromatine (Sterner and Berger,
2000). La première peut altérer les liens entre histone-ADN, la deuxième peut modifier de façon
covalente des résidus des histones conduisant à une compaction plus ou moins importante de l’ADN.
Les différentes modifications post-traductionnelles des histones forment un « code », interprété par
les protéines régulatrices (Sterner and Berger, 2000). Ces modifications peuvent être des
acétylations, méthylations, phosphorylations et ubiquitinations. Dans le cas de l’acétylation,
différentes enzymes ciblent spécifiquement certains acides aminés. Les histones acetyl-transferases
utilisent l’acetyl-CoA pour ajouter un groupement lysine en queue d’histone. En général, l’acétylation
est synonyme de décondensation de la chromatine et d’activation transcriptionnelle des gènes. Cette
acétylation des queues d’histones n’est que temporaire, d’autres enzymes comme les désacétylases
peuvent retirer les groupements acétyles. Il existe différents groupes d’enzymes capables de
désacétyler les histones telles que les Sirtuines (Bosch-Presegue and Vaquero, 2011). Cette famille
d’enzymes comporte 7 membres, de SIRT1 à SIRT7, pouvant lier 2 types de substrat. Le premier est
une protéine ou un peptide comprenant une lysine acétylé, l’autre le NAD+ qu’elles utilisent comme
cofacteur. Elles possèdent différentes activités, elles peuvent avoir une fonction de désacétylase ou
une fonction de ribose ADP transférase. Elles ont toutes un noyau commun qui comprend le site de
liaison au NAD+ et un site catalytique. Les 7 enzymes ont des substrats différents ainsi qu’une
localisation cellulaire différente. Trois d’entre elles sont localisées dans le noyau (Sirt1, Sirt6 et sirt 7),
trois autres dans les mitochondries (Sirt3, Sirt4 et Sirt5) et enfin la dernière (Sirt2) dans le cytosol.
Avec une augmentation du NAD+ cellulaire, elles ont plus d’aptitudes à désacétyler les histones ou
certaines protéines (Fraga and Esteller, 2007). Les méthylations des queues d’histone sont catalysées
par différents types d’histone méthyltransférase. Toutes les réactions de méthylation nécessitent de
la S-adenosylmethionine (SAMe) synthétisée à partir de la méthionine et d’ATP. Il existe également
des déméthylases spécifiques de la lysine telles que LSD1 (lysine-specific demethylase 1) et jumonji C
(JmjC) (Hitchler and Domann, 2009). Cette dernière nécessite la présence de nombreux éléments
pour être active, notamment de l’ α-cétoglutarate.
Pour désacétyler ou déméthyler les histones il faut la présence de certains cofacteurs dépendants du
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métabolisme glycolytique et respiratoire de la cellule. La désacétylation par les sirtuines nécessite du
NAD+ pour retirer le groupement acétyl de la lysine, tout comme les déméthylases JmjC qui
nécessitent la présence α-cétoglutarate pour déméthyler les histones. Comme montré
précédemment, l’effet Warburg a pour conséquence une modification du ratio NAD+/NADH,
diminuant l’activité des sirtuines pouvant conduire à l’expression de gènes normalement silencieux
dû à une hypo-acétylation. Il y a également une augmentation de la consommation du glutamate
comme étudié précédemment, produisant de
l’α-cétoglutarate
cofacteur entrainant la
déméthylation des histones. Ceci montre bien comment le métabolisme mitochondrial peut
influencer la transcription de gènes dans le nucléus et dans la mitochondrie (figure 11).
Figure 11 : Représentation schématique de l'impact du ratio NAD+/NADH sur l'activité acétyltransferase des sirtuines (a) et l'impact de l’α-cétoglutarate sur l’activité méthyl-transférase de
JmJc sur la condensation de l’ADN.
D.
Le métabolisme,
vieillissement
possible
lien
entre
le
cancer
et
le
La protéine p53 et le facteur HIF-1 étudiés précédemment jouent un rôle dans l’effet
Warburg, mais pas seulement. Plusieurs études laissent suggérer qu’ils pourraient être également au
centre de la relation entre le métabolisme, le vieillissement et le cancer. Le gène Trp53 codant la
protéine p53 est altéré dans plus de la moitié des cancers humains (Matoba et al., 2006). Un niveau
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d’activité élevé du gène p53 peut également accélérer le processus de vieillissement (Tyner et al.,
2002). Son implication dans le métabolisme est également importante. Comme vu précédemment,
p53 régule l’expression de la protéine TIGAR impliquée dans la régulation de la glycolyse.
L’étude d’une tumeur rare, le paranglyome, a montré qu’elle avait pour origine une mutation
sur l’allèle d’un gène codant pour la succinate deshydrogénase (SDH) (Baysal et al., 2000). Cette
enzyme est impliquée dans le métabolisme de deux façons différentes. En premier lieu, elle
intervient dans le cycle de Krebs. Elle convertit le succinate en fumarate, elle est également
impliquée dans le transport des électrons via le complexe 2 de la chaîne respiratoire (Baysal et al.,
2000). Dans ce type de tumeur, la production d’intermédiaires métaboliques tels que le fumarate et
le succinate augmente. Ces derniers inhibent la prolyl-hydroxylase, qui comme décrit
précédemment, contrôle la dégradation du facteur HIF-1 (Boulahbel et al., 2009). Chez d’autres
espèces dites inférieures comme la drosophile Drosophila melanogaster et le ver C. elegans, il a été
observé que des mutations sur le même complexe de la SDH pouvaient accélérer le vieillissement
(Ishii et al., 1998).
La voie de signalisation TOR (Target Of Rapamycin) est capable de réguler le métabolisme et
la croissance cellulaire en fonction de facteurs environnementaux (Wullschleger et al., 2006). La voie
TOR est activée en présence de quantité suffisante en nutriments dans l’environnement cellulaire, et
est inactivée en leur absence. Des facteurs qui régulent la voie TOR en amont tels que AKT sont
souvent altérés lors de la présence de tumeurs (Hay, 2011). Un inhibiteur de cette voie est d’ailleurs
utilisé dans les traitements anti-tumoraux, il s’agit de la rapamycine (Sabatini, 2006). La voie TOR
aurait également un lien avec le processus de vieillissement. En effet, une inhibition de cette voie est
souvent associée avec une augmentation de la durée de vie chez C. elegans (Vellai et al., 2003). De
plus, elle serait aussi en mesure de réguler le métabolisme mitochondriale (Schieke et al., 2006).
Au travers de ces différents exemples, nous pouvons constater que les voies de signalisation
et les différents facteurs décrits précédemment sont souvent interconnectés. Leur niveau
d’implication dans le métabolisme, le vieillissement et le cancer restent à définir précisément.
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Conclusion
Dans le passé il était considéré que le cancer pouvait s’expliquer par quelques mutations
génétiques. Aujourd’hui cette vision est dépassée. Le vieillissement et le cancer ne sont pas des
processus indépendants pouvant être résumés simplement. Ils partagent beaucoup d’origines
communes. Ils sont entre autre, associés à des défaillances du métabolisme énergétique, à une
augmentation du stress oxydatif et à l’accumulation d’éléments oxydés (ADNmt, lipides et protéines).
La production de ROS par la mitochondrie est une des clés de la régulation de ces processus
plaçant le métabolisme énergétique au centre de ces phénomènes. Les ROS ont une importance
fondamentale au sein de la cellule, ils sont capables de contrôler le processus apoptotique faisant
pencher la balance vers la survie ou la mort cellulaire.
Parfois la survie implique l’activation d’oncogènes tels que ceux étudiés, Myc, Akt, Src, ou de
facteurs de transcription comme HIF-1 en conditions hypoxiques. En plus de déclencher la survie et la
prolifération, ils induisent également des modifications métaboliques entretenant et favorisant la
croissance cellulaire. Cette vision impliquant à la fois les facteurs génétiques et énergétiques dans
l’apparition et la régulation du cancer, du vieillissement et d’autres processus est assez récente. Elle
ne serait être complète sans inclure la dimension épigénétique, où comme étudié dans le cas du
cancer (mais aussi du vieillissement), elle est présente. Au cœur de ce contrôle épigénétique, les
Sirtuines sont à la croisée des chemins entre l’expression génétique et le métabolisme énergétique
cellulaire.
L’étude des Sirtuines ne fait que commencer et pourrait s’avérer déterminante dans la
compréhension et peut être, dans la découverte de nouvelles voies thérapeutiques contre le cancer
et le vieillissement.
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