Presse // 04. Les formes journalistiques
Le journaliste produit de l’inf ormation avec ce qu’il voit et ce qu’il entend. Mais quand il transmet les f aits
qu’il observe, il donne une f orme à son exposé. C’est la déf inition même de l’inf ormation: mettre en f orme,
du latin in f ormatio, in-f orme … La production de « nouvelles » ne se limite donc pas à la relation des f aits.
Il y a dans le champ de l’inf ormation un éventail de f ormes journalistiques aussi large que la distance entre
l’observation et l’ interprétation.
Questions élémentaires, ponses émentaires
Le premier travail du journaliste consiste à communiquer au public les réponses aux questions que tout le
monde se pose quand survient un événement. Ces questions sont toujours les mêmes et appellent
toujours les mêmes réponses. Les f ormes du journalisme élémentaire varient uniquement selon la quantité
des éléments de réponse.
Inf ormer, c’est donner des renseignements
Il y a toujours quatre questions élémentaires: Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? La réponse du journaliste est
aussi émentaire que chacune de ces interrogations. Elle tient en une phrase composée d’un sujet (qui ?),
d’un verbe (quoi ?), d’un compment circonstanciel de lieu (?) et d’un complément circonstanciel de
temps (quand ?). Exemple: Jules César a débarqué en Bretagne hier matin.
On renseigne en racontant, c’est la narration
La Brève est la f orme inf ormative minimale. Une phrase suf f it: Jules César, proconsul de Rome en Gaule, a
barq en Grande-Bretagne, hier matin, vers 6 heures 30, par temps de brume et mer calme, après avoir
traver la Manche, à la te de deux légions et d’un contingent de cavaliers germains qui ont aussitôt pris la
route de Londres, à marche forcée, sans avoir rencontré la moindre résistance de la part des habitants des
villages travers. Ce genre inf ormatif impose la plus grande sobrté d’écriture. Conseil: éviter les adverbes
et les adjectif s.
Le cit est la f orme inf ormative maximale. C’est l’exposé détaillé d’une suite de f aits enchaîs l’un à
l’autre dans l’ordre chronologique ou logique pour transmettre au public ce que l’on sait de l’événement de
la f açon la plus claire. Une addition de phrases élémentaires suf f it: Jules César a débarqué en Grande-
Bretagne, hier matin, à la te de deux légions et d’un contingent de cavaliers germains. Il était 6 heures 30
quand le proconsul de Rome a po le pied sur la plage de Douvres après avoir traver la Manche dans la
nuit. Le temps était brumeux, la mer calme. Les vigiles bretons qui ont donné l’alerte ont dénombré une
cinquante de galères et une centaine de bateaux de transport de troupes… Etc . Appartiennent à ce genre
inf ormatif de base toutes les f ormes de narration: le compte-rendu, le traitement ordinaire des faits
divers, l’annonce d’énements.
On renseigne encrivant , c’est le reportage
Le Report age est la f orme inf ormative optimale. C’est uncit complété par la description des f aits
rapportés. Cette descript ion ajoute à l’exposé destails tout ce qui les caractérise: couleurs, sons,
émotions, témoignages, scènes de vie, scènes de mort, etc. Le reportage donne à voir. Le recours aux
adverbes, aux adjectif s, aux choses vues et entendues donne aux f aits une consistance concrète: Jules
César a spectaculairement barq en Grande-Bretagne hier matin. Il était en tenue de combat, rade
près, parfumé à l’eau de Cologne. Sa cuirasse brillait au soleil levant. Selon les vigiles bretons qui ont rappor
la scène le proconsul de Rome, à peine parvenu sur la plage de Douvres, a claré d’un ton joyeux: « Alea
jacta est… », « Le sort en est je». Quelle que soit la longueur de l’article toutes les descriptions ont
valeur de reportage.
Questions complémentaires, ponses complémentaires
Il y a parf ois, selon les f aits, deux questions complémentaires: Comment? Pourquoi? Ces questions se
posent quand les f aits ne sont pas spontament compréhensibles. Pour qu’on les comprenne mieux, le
journaliste inclut des éclaircissements dans sa mise en f orme de l’inf ormation.
Inf ormer, c’est donner des explications
Répondre au «comment » et au « pourquoi » des f aits observés, c’est renseigner sur les origines, les
causes, les motif s, les raisons qui les provoquent. C’est observer les f aits de plus près, à la loupe,
crypter leur réelle nature sous leurs apparences f ormelles, déchif f rer leur vrai sens.
On explique en analysant, c’est lenquête
L’enquête est la f orme inf ormative analytique. Elle donne à comprendre. C’est la décomposition des f aits
dans leurs éléments constituants. Jules César a débarqué en Grande-Bretagne hier matin? Le journaliste
enquêteur rassemble toutes les données disponibles puis explique quelles sont ou peuvent être les
intentions du proconsul de Rome, comment il a préparé son barquement, quelles sont les f orces dont il
dispose, quel est ou peut être son plan de bataille, etc. Ce travail d’analyse implique une bonne
connaissance du sujet à traiter, une documentation appropriée, des sources f iables, des témoignages
précis, un temps de réf lexion. Il arrive que l’enquête analytique n’explique pas certaines choses à cause de
données invisibles, camouf es ou occultées. Le journaliste engage donc des recherches au-dedes
données connues. C’est l‘enquête dinvestigat ion, f orme inf ormative la plus approf ondie.
On explique en faisant analyser, c’est l’int erview
L’interview est un prodé analytique de substitution. Quand le journaliste n’est pas en mesure de f ournir
lui-même les explications qu’on attend de lui il sollicite l’avis d’un scialiste du sujet. Julessar vient de
débarquer en Grande-Bretagne! Vous qui connaissez bien le proconsul de Rome en Gaule, Monsieur Brutus,
pouvez-vous nous expliquer pourquoi? L’interview publiée sous f orme de questions-ponses est la plus
éclairante.
Inf ormer, c’est fournir des interpt ations
Quand la narration, la description et l’analyse laissent subsister des zones d’ombre autour des f aits
obsers le journaliste peut se poser en interprète de l’actualité: f aute de pouvoir exposer les f aits dans
toute leur réalité, il tente de les déchiffrer à travers les f ragments à sa disposition.
On int erprète en évaluant, c’est le commentaire
Il y a plusieurs f açons de partager ses réflexions personnelles avec ses lecteurs mais toutes sont des
f ormes de commentaire: billet, chronique, dessin: Jules César a débarqué en Grande-Bretagne hier
matin? Les forces qui l’accompagnent sont si importantes qu’il est peu probable que le proconsul de Rome en
Gaule ait traver la Manche pour une visite touristique C’est le lecteur qui juge de la pertinence de
l’interprétation.
On int erprète en concluant , cest l’éditorial
Si, au terme de sesf lexions personnelles, le journaliste porte un jugement de valeur sur les f aits
obsers, analysés, évalués, il signe un éditorial: Jules César a débarqué en Grande-Bretagne. God Save
The Queen! Le lecteur est libre d’épouser ou non ce point de vue mais celui-ci, de toute f on, l’éclaire sur
la pensée de l’éditorialiste et constitue donc, en soi, une inf ormation.
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