Type de publication : Plante du mois Nom scientifique : Ruta

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Rue
le 02/06/2007
Type de publication : Plante du mois
Nom scientifique : Ruta graveolens L. Famille : Rutacées
Ruta graveolens est une élégante plante vivace qui forme des touffes compactes aux petites feuilles dentelées, vert bleuté, très
aromatiques, surtout en fin de soirée après une chaude journée ensoleillée. Ce végétal pousse principalement dans le midi de la
France et en Corse sur les coteaux arides et les vieux murs. Elle avait une renommée non usurpée, ayant sa place dans les jardins
des simples, à tel point qu'elle a fini par se développer naturellement en Basse-Normandie. Mais les temps ont changé et elle est
aujourd'hui classée comme plante menacée dans la région.
La rue est une plante herbacée vivace, de 60 cm de haut, à odeur si forte que l'on peut la sentir avant de la voir. La tige est
ramifiée, glauque, couverte de glandes à essence, odorantes au froissement. Les feuilles sont alternes, profondément découpées
et généralement très odorantes également. Les fleurs à 5 pétales sont jaunes et groupées en inflorescences lâches.
Bien des légendes sont rattachées à la rue, et cela semble évident, puisqu'elle était aussi bien utilisée comme plante médicinale
que culinaire. On pensait par exemple qu'elle combattait les poisons et que la belette se roulait dedans avant d'aller combattre les
serpents venimeux. La rue faisait également partie d'une composition mise au point par le médecin de Mithridate (roi d'Asie
Mineure), afin de préserver le roi des tentatives d'empoisonnement, monnaie courante à sa cour.
Mais elle a de réelles qualités : elle est stimulante et a souvent été employée, depuis l'antiquité, comme agent puissant sur le
système nerveux en général et sur l'utérus en particulier. On la considérait ainsi comme remède à l'épilepsie et emménagogue des
désordres de la menstruation. A très forte dose, la rue est abortive : appelée d'ailleurs "l'herbe à la fille", elle tuait si souvent la mère
avec l'enfant que l'on en abandonna son usage, même condimentaire. Autre utilité, on appliquait du vinaigre de rue contre la gale et
les poux, et pour éloigner les insectes. Mais il faut l'employer avec discernement : chez certaines personnes, la plante fraîche peut
être photosensiblisante et provoquer des irritations de la peau après toucher et exposition au soleil. Souvenez-vous : "la rue rend
chaste, éclaircit l'?il et fait prendre de sages décisions" professait l'Ecole de Salernes à son sujet.
Elle était aussi cuisinée, surtout les feuilles. Certains pensent que seule la rue des jardins (Ruta graveolens var. hortensis) était
utilisée dans la nourriture, la rue de Chalep (R. chapelensis) et la rue des montagnes (R. montana) entraînant des réactions trop
fortes, notamment dans la sphère du c?ur. Chez les romains, on l'utilisait comme condiment (le moretum) qui aromatisait de
nombreux plats. Ils l'utilisaient comme les américains utilisent le ketchup, c'est vous dire si elle était populaire. Encore de nos jours,
les italiens en parfument la grappa. Cependant, en quantité modérée, les feuilles sont bonnes en salade : une fois séchées, leur
saveur s'adoucit et rappelle celle de l'estragon. La rue était mêlée au vin "pour l'empêcher de nuire".
Alors si vous en trouvez et désirez l'utiliser, renseignez-vous auprès d'un pharmacien pour ne pas perdre votre chemin.
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