LE ROYAUME DE BOURGOGNE AUTOUR DE LÀN
MIL
Depuis la seconde moitié du XVIe siècle, les historiens de la mai-
son de Savoie ont recouru aux sources écrites dans l'espoir d'améliorer et
de corriger la tradition orale qui avait permis aux moines d'Hautecombe
d' établir leur généalogie des comtes de Savoie. Ils parvinrent aisément
à retrouver le premier comte Humbert, qui apparaissait, sans porter le
cognomen
de «Blanches-Mains», dans une vingtaine d'actes de la prati-
que donnés entre 1000 et 1042, entre le Rhône et la chaîne alpineê, Mal-
gré de multiples tentatives, ils ne parvinrent toutefois pas à identifier les
parents de ce comte Humbert et illeur fallut renoncer, comme l'avaient
déjà fait les moines d'Hautecombe, à remonter la généalogie princière
au-delà de la barrière de l'an Mil.
Sans doute purent-ils trouver une consolation en constatant que
dans le Dauphiné rival, les érudits ne parvenaient pas non plus à remon-
ter leur généalogie au-delà d'un certain Guigues, qui était cité pour la
première fois dans un acte de 996'. Il en allait de même en Genevois,
puisque les comtes de Genève n'apparaissaient guère qu'en 1001-10024,
mais aussi en Diois et en Valentinois, dont la dynastie comtale n'est attes-
tée qu'à partir de 985
5•
Quant aux comtes lyonnais du Forez, leur généa-
logie ne pouvait pas non plus remonter au delà d'une charte donnée aux
environs de 9906•Comme l'avaient écrit les moines d'Hautecombe, les
2 Liste et édition de ces actes dans L. RIPART,
us fondements idtologiques du pouvoir
des comtes de
Ja
maison de Savoie (de
Ja
fin du ~ au dtbut du XIII siècle),
thèse d'histoire
dactyl., Université de Nice-Sophia-Antipolis, 1999, r, II, p.496-695.
3 Camdair« de l'abbaye de
Saint-André-le-Bas
de Vienne {ordre de saint Benoit} suivi
d'un appendice de chartes intdites sur le diocès« de Vienne (I~-XII sitcks),
U. Chevalier
éd.,
Vienne-Lyon, 1869
(Co/kction des careulaire: dauphinois,
I), n° 37*, p.248-249. Sur
les origines des Dauphins du Viennois,
cf
G. de MANTEYER,«Les origines du Dauphiné
de Viennois. La première race des comtes d'Albon (843-1228)
»,
Bulletin de
la
Sodtt/
d'ttudes des Haum-A/pes,
44
[=
5' série, 4], 1925, p.50-140 et C. MAURD,
«À
l'origine
d'une principauté médiévale: le Dauphiné,
Xc-XII'
siècle. Le temps des châteaux et des
selgneurs», dans
Dauphint, France. De
la
prindpautl indlptndanu ~
Ja
province (XI1-
XVIII sitcles),
V.
Chomel dir., Grenoble, 1999, p.7-33. .
4 Die Urkunden der Burgundischen Rudolfinger,
T.
Schieffer éd. (MGH,
Regum
BurgundÏl~ e stirpe rudolfina diplomata
et
acta),
1977, n091, p.242-244. Sur les origines
des comtes de Genève,
cf
P. DUPARC,
Le
comt/ de Gentve (I~-XY siècle),
Genève, 1978
2
(Mtmoim et documents publi/s par
la
Socittt d'histoire et d'arch/ologie de Gentve,
39),
p.51-87.
5 Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny,
A
Bernard et A. Bruel éd., Paris, 6 vol., 1876-
1903
(Documents in/dits sur l'histoire de France),
II, n° 1715, p.735-738.
6 Cartulaire de l'abbaye de Savigny suivi du petit cartulaire de
I
'abbayed'Ainay,
A. Bernard
éd., Paris, 2 vol., 1853, I, nO437, p. 237-238. Datée du règne de Conrad
(t
993), la charre
est adressée à l'abbé Hugues (984-1007), ce qui permet de la situer entre 984 et 993.
Sur les origines des comtes du Lyonnais,
cf
E.
FOURNIAL.«Recherches sur les comtes
de Lyon aux IX"et
X"
siècles",
Le
MoyenAge,
58, 1952, p.221-252; H. GERNER,
Lyon im
248