Prédication du pasteur Gordon Margery à Faremoutiers, le 19 février 2017 1
Construire l’Église
Introduction : 1 Corinthiens 1.1-2
Dans cette grande ville de 700.000 habitants, il y a une Église. Non pas un
ramassis de sans-grade, mais l’Église de Dieu. C’est l’apôtre Paul qui en est à
l’origine. Il n’est plus sur place, mais une délégation est venue le trouver à Éphèse
pour évoquer un certain nombre de problèmes, des questions précises et un problème
de fond, qui est celui de la division.
Ce n’est pas seulement pour Corinthe que Paul a écrit. Il s’adresse à « tous
ceux qui, en quelque lieu que ce soit, font appel à notre Seigneur Jésus-Christ. » C’est
donc mieux qu’une lettre ouverte, c’est une encyclique, faisant autorité partout. Y
compris pour nous.
Nous allons lire ce matin le chapitre 3 qui continue à traiter le thème de la
division. C’est la preuve que c’était grave. Il n’y avait pas seulement des conflits de
personnes, pouvant aller jusqu’au procès, mais de véritables clans se réclamant de
trois grandes personnalités : Pierre, Apollos et Paul. Ils représentaient trois villes,
trois cultures, trois types de piété. Pierre, l’héritage du judaïsme traditionnel de
Jérusalem. Apollos, l’héritage du judaïsme grec d’Alexandrie. Paul, le christianisme
missionnaire issu du paganisme, comme à Éphèse ou Corinthe même. Je simplifie un
peu en disant cela, mais cela explique le lien entre ces chefs de file et les différentes
controverses qui traversent l’Église.
Pour éviter de redire ce que vous avez déjà entendu, je vais essayer de relever
ce matin des éléments nouveaux et de voir pourquoi Corinthe rime avec cacophonie.
Lecture 1 Corinthiens 3.1-4
Chacun des partisans de Pierre, Apollos et Paul estime qu’il a la meilleure
doctrine, la meilleure piété, la sagesse la plus affinée. Chacun pense sans doute qu’il
est de son devoir de ramener les autres vers un christianisme plus pur, plus fidèle,
plus élevé. Mais pour l’apôtre Paul, ces jalousies et ces disputes, verset 3, prouvent
une chose : les chrétiens de Corinthe manquent de maturité. Ils se croient spirituels,
au verset 1, ils se réclament de dons spirituels supérieurs, chapitres 12 et 14, mais ils
sont en fait charnels, pour utiliser le mot des anciennes traductions. « Charnels » ici
ne signifie pas qu’ils sont portés sur ce qu’on appelle les plaisirs de la chair – le lit ou
la table mais qu’ils se comportent comme des êtres livrés à eux-mêmes, sans
l’Esprit de Christ. Certains chrétiens de Corinthe estiment qu’ils sont déjà arrivés à
un haut niveau de sagesse, alors qu’ils se comportent comme des bébés. Ce sont des
enfants spirituels qui ont besoin d’être éduqués et de recevoir une nourriture
Reproduction uniquement à usage privé. Merci.
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d’adultes. Il n’y a pas de mal à être un enfant en Christ, sauf quand cela dure. Si on
estime qu’on n’a plus rien à apprendre et si on fait le fier devant tout le monde, c’est
grave, c’est de l’orgueil. « Vous êtes le temple de Dieu », dira Paul plus loin.
Lisons la suite.
Lecture 1 Corinthiens 3.5-9
Nous avons déjà vu que le message de la croix est un puissant remède contre
toute forme d’orgueil dans l’Église. Jésus-Christ est venu comme un serviteur, et il a
appelé ses disciples à suivre son exemple. « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour
être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour plusieurs. » Paul et
Apollos, donc, ce ne sont pas des maîtres et des chefs, mais des serviteurs. Ils ont eu
chacun une mission que Dieu leur a confiée, et c’est ainsi que de nombreux
Corinthiens sont devenus chrétiens. L’implantation de l’Église, c’était Paul, mais
l’implantation d’Église, ce n’est pas la fin de l’histoire. L’Église doit se développer,
les chrétiens doivent grandir en maturité et en connaissances, le témoignage doit
rayonner encore plus loin. À Corinthe, le développement de l’Église, au moins
pendant un certain temps, c’était Apollos. Paul et Apollos ont eu donc chacun son
rôle. Le ministère de l’un sans le ministère de l’autre n’aurait pas porté de fruits
durables. Ils sont complémentaires. L’important n’est pas Apollos et Paul, c’est Dieu.
C’est Dieu qui les appelés et envoyés ; c’est lui qui donne la croissance spirituelle
suite à leur enseignement ; et c’est lui qui va évaluer leur travail et le récompenser.
La piété de certains Corinthiens doit regarder plus loin et plus haut quel tel
serviteur de Dieu, aussi remarquable soit-il. C’est Dieu qui fait croître l’Église, c’est
Dieu qui la construit.
Soyons réalistes. Tous ceux qui se disent serviteurs de Dieu ne le sont pas. Tous
les ministères ne sont pas forcément compatibles et complémentaires. Il faut parfois
se battre pour la vérité, et Paul le fait dans ses lettres. C’est le devoir que nous avons
envers les générations à venir, transmettre la foi intacte à ceux qui vont nous suivre.
Un membre du conseil qui affirme que Jésus n’a pas donné sa vie pour nous en
sacrifice, un ancien qui dit aux chrétiens de ne pas prendre leurs médicaments s’ils
veulent que Dieu les guérisse, un collègue qui fait la promotion de la bénédiction de
Toronto, je l’ai vu, et parfois de très près, dans des Églises comme la nôtre. Nous
devons enseigner la vérité et, dans certains cas, ce sera tolérance zéro pour l’erreur.
Mais quand les chrétiens se divisent pour des broutilles, quand des convictions
secondaires, des approches culturelles différentes, des luttes d’influence nous
empoisonnent, alors nous devrions écouter Paul aux Corinthiens. L’esprit partisan est
un signe d’immaturité, pas de sainteté.
Reproduction uniquement à usage privé. Merci.
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La suite du chapitre passe du cas particulier de certains chefs de file au cas
général des chrétiens que nous sommes.
Lecture 1 Corinthiens 3.10-17
« Que chacun prenne garde. » Nous passons du cas de Paul et d’Apollos à celui
de toute personne qui contribue aux progrès d’une Église. Elle est comparée ici à un
temple spirituel qui se construit. Bien évidemment, le passage vise d’abord les
responsables d’une communauté. Mais Paul dira au chapitre 12 que l’Esprit est donné
à tout chrétien pour le bien commun, pour l’édification du corps de Christ. Nous
sommes donc tous concernés. D’une manière ou d’une autre, nous apportons tous
notre pierre à l’édifice. J’ai amené deux ou trois pierres meulières de mon jardin pour
un mur qui s’est élevé à deux pas d’ici. Le dimanche et en semaine, quand nous
venons, prions, chantons, donnons, servons, tendons la main et encourageons les
autres, nous participons à la construction de la communauté. Notre influence n’est
jamais nulle. Il faut donc prendre garde à notre façon de faire.
On peut penser que Paul n’aurait pas été à sa place le samedi matin à
Faremoutiers. De l’or et de l’argent, allez, pour le Temple de Jérusalem, je veux bien.
Il devait y en avoir aussi dans les grands temples païens. Mais des diamants et des
rubis ? Un commentateur sérieux, Robert Somerville, estime que ces pierres
coûteuses, c’est plutôt du marbre et du granit. Un autre1 dit : marbre, porphyre et
jaspe. L’idée, c’est qu’à partir du seul fondement qu’est Jésus-Christ on peut
construire avec des matériaux qui ont de la valeur, des matières nobles, ou alors avec
des éléments sans valeur. Et en effet, dans différentes parties du monde, et me en
France, on peut construire avec du bois, du chaume et du torchis de paille. Autrefois,
c’était courant, et quand une maison flambait, c’est tout un quartier qui s’embrasait.
Comme à Rennes entre le 23 et le 29 décembre 1720.
Ce serait quoi pour nous, dans l’image spirituelle qu’emploie l’apôtre ? Une
construction sans valeur et sans résistance au feu, ce serait tout ce qui est motivé par
la jalousie et l’esprit de parti, tout enseignement fondé ailleurs qu’en Christ crucifié,
tout ce qui repose plus sur une prétendue sagesse que sur Dieu, tout ce qui reflète une
fausse spiritualité. Cela détruit l’Église, selon le verset 14. Et ce que résiste à
l’épreuve ? Le contraire, à savoir l’humilité, la recherche de l’unité en Christ, un
enseignement sain, une vie selon l’Esprit et donnant toute sa place à Christ crucifié.
Qu’est-ce qui dure vraiment, selon l’apôtre ? Vous avez la réponse en 1 Corinthiens
13 : ce qui dure toujours, c’est la foi, l’espérance et l’amour. Et le plus grand des
trois, c’est l’amour.
1 Alford, cf 1 R 7.9-11
Reproduction uniquement à usage privé. Merci.
Prédication du pasteur Gordon Margery à Faremoutiers, le 19 février 2017 4
Beaucoup de ce qui se fait pour le Seigneur reste caché. L’humilité s’impose.
Nous ne pouvons pas nous comparer aux autres, car nous ne savons pas comment ils
vivent. Personne ne voit si nous prions, si nous passons un coup de fil. Nous n’aurons
pas toujours des remerciements ici-bas, nous pouvons me souffrir de ne pas être
reconnus. Mais le Jour, le Jour du jugement, révélera tout et donnera à chacun son
juste salaire. Non pas le salut, mais la récompense.
Il y a ici un double enjeu. D’une part, Dieu honorera ceux qui ont construit
avec des matériaux nobles. Comme dans certaines paraboles de Jésus, il s’agit d’une
récompense. Ceux qui auront construit de façon indigne seront personnellement
sauvés, et heureux de l’être, mais ils ne s’entendront pas dire : « Bien fait, bon et
fidèle serviteur. » Comme le brigand, ils seront avec Christ dans le paradis, mais ils
ne tireront aucune satisfaction de ce qu’il auront fait sur terre. C’est un enjeu
individuel.
D’autre part, il y a un enjeu pour l’Église, qui est le temple de Dieu, saint,
habité par l’Esprit. Vous êtes ce temple, dit Paul. Certaines actions le construisent ;
d’autres tendent à le détruire. Torpiller une association, un parti politique, cela se fait
tout le temps. Torpiller l’Église de Dieu, ce serait vraiment très grave, parce que c’est
l’Église de Dieu. Vous êtes le temple de Dieu !
Ces conflits à Corinthe sont totalement déplacés. Pourquoi ? La suite le dira.
Lecture 1 Corinthiens 3.18-23
La sagesse de Dieu c’est la folie de la croix. Nous l’avons lu et médité déjà. La
sagesse de ce monde, la sagesse d’Alexandrie ou d’Athènes, ne nous conduira pas
loin dans la vie chrétienne. L’apôtre Paul était un homme cultivé, capable de citer les
poètes grecs au beau milieu d’un sermon. C’était un penseur remarquable, la lettre
aux Romains en est la preuve. De plus, il maîtrisait toutes les subtilités de la sagesse
d’Israël, la Torah écrite comme la Torah orale. Mais pour lui, tout cela était
secondaire, car la croix de Christ était au centre. C’est en Christ que nous avons tout,
pleinement, dira-t-il.
« Tout est à vous. » Se battre pour avoir des honneurs, pour paraître plus sage
et plus spirituel que les autres, cela n’a aucun sens. Paul et Apollos sont là pour vous,
pour vous servir. Le monde est à vous, ses biens vous sont offerts par Dieu en cadeau.
La vie et la mort sont à vous, car vous êtes ressuscités avec Christ et vous vivez déjà
ici-bas les prémices de la vie éternelle. Le présent et l’avenir sont à vous, car rien ne
peut vous arracher à l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Et vous feriez
comme si vous deviez courir après des privilèges ? Mais vous les avez déjà !
Reproduction uniquement à usage privé. Merci.
Prédication du pasteur Gordon Margery à Faremoutiers, le 19 février 2017 5
Pas pour vivre comme des rois, mais pour vivre dans la soumission à Jésus-
Christ, pour sa gloire. Comme lui vit dans la soumission au Père et pour sa gloire.
« Vous êtes le temple de Dieu ! »
Amen.
Temps de prière et temps de questions
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