L`OCCIDENT FÉODAL XIème

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L'OCCIDENT FÉODAL
XIème - XVème siècles
THEME 1
PAYSANS ET SEIGNEURS
RESSOURCES POUR FAIRE LA CLASSE
L'objectif de la leçon est de comprendre le dominium, soit la dépendance entre un seigneur et ses
« vilains »:
En 5ème, traduire la notion de « seigneurie territoriale »: TERRITOIRE ET HOMMES SUR QUI
PESENT LES POUVOIRS D'UN SEIGNEUR.
PROBLÉMATIQUES:
Qu'est-ce que vivre en seigneur et qu'est-ce que vivre en vilain?
Le Seigneur, laïc ou religieux vit des ressources de sa seigneurie:
– prélèvements sur ses vilains et leurs productions.
– organisation seigneuriale pour y parvenir.
– son mode de vie.
Les paysans (aux XIIème – XIIIème, tous sont soumis, au-delà des différences de statuts).
– vivre en dépendance.
– vivre en communauté.
Qu'est-ce que le château-fort?
4 fonctions: organisation de la seigneurie / fonction politique et sociale (contrôle des hommes –
tribunal) / fonction symbolique de domination / fonction militaire de protection.
SUPPORTS D'ÉTUDE:
1. Étude d'une seigneurie particulière (dépendance, prélèvements, violence des rapports sociaux)
Prendre l'exemple d'une seigneurie réelle avec le château fort, un village et son organisation.
Capacités: Décrire un village médiéval.
2. Le mode de vie seigneurial
Textes d'historiens.
Capacités: Décrire le mode de vie noble.
3. Mode de vie des vilains.
Récit fondé sur l'historiographie / Textes littéraires et images
Capacités: Décrire le travail paysan au Moyen Age.
CHOIX PÉDAGOGIQUES
Le travail peut se dérouler en trois activités autour desquelles les élèves passent environ 30
minutes.
Ces activités peuvent être organisées au Mont, avec le Service Éducatif, ou en classe.
Une fois les réponses validées, les compléments d'informations y sont ajoutés.
Activité 1 : La seigneurie (constitution, évolution, pouvoirs, défense)
Activité 2: Les travaux paysans et les relations avec le seigneur (complainte de Verson et
miniatures).
Activité 3: La vie seigneuriale
Les réponses attendues et les compléments suivent chaque partie
Travail complété par une visite du village du Mont-Saint-Michel (dont le parcours-découverte
est en cours de réécriture).
S.A.E. Abbaye du Mont-Saint-Michel, F. Ferté, décembre 2010
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1. LA SEIGNEURIE, TERRITOIRE SUR LEQUEL S'EXERCE L'AUTORITE D'UN
SEIGNEUR.
Qu'est-ce qu'une seigneurie?
ACTIVITE N°1
(commentaire de documents, recherche, mise en relation de documents)
A. LES DÉBUTS DE LA SEIGNEURIE DU MONT-SAINT-MICHEL.
Dès le début, Rollon1 puis ses successeurs au duché de Normandie furent attentifs à doter les abbayes de
terres et de droits qui leur permettraient de vivre et de participer à l'établissement d'une « paix normande ».
[…]
Le Mont reçut ainsi la plus grande part de ses domaines, des ducs normands et de leur famille […]. Aux
villages de Genêts, de Dragey, Huisnes, Ardevon, Beauvoir, Les Pas, Montrouault vont s'adjoindre entre
1015 et 1040, grâce à la veuve du Richard I er 2, Domjean et Bretteville / Odon. Richard II 3 y ajoutera Verson
près de Caen. En 1022, l'abbaye reçoit les vastes domaines de l'ancienne abbaye de Saint-Pair...
Jean-Luc Legros, Le Mont-Saint-Michel dans l'histoire, Tome 1, Les éditions du Phare, juillet 2001
1. Rollon: chef viking ayant, le 1er, reçu des terres en Normandie. Considéré comme le 1er duc normand en 911.
2. Richard Ier: petit-fils de Rollon et duc de Normandie de 945 à 996.
3. Richard II: duc de Normandie de 996 à 1026.
1. Quelles sont les premières personnes à avoir fait des donations à l'abbaye du Mont-SaintMichel, en faisant ainsi une seigneurie?
2. D'après le texte, de quand peut-on dater les débuts de la seigneurie du Mont?
3. Quels sont les objectifs de ces premières donations?
4. Sur votre carte, surlignez les villages que vous pouvez localiser, ayant ainsi fait partie des
premières possessions montoises. Cela vous permettra de visualiser le 1er territoire de la
seigneurie.
B. L'ÉVOLUTION DE LA SEIGNEURIE PAR LES DONATIONS.
Exemples de donations:
- Guillaume le conquérant, duc des Normands reprend ce que son père avait donné en l'île de [Guernesey] et
donne à la place les îles de [Serk et d'Aurigny] (en 1035).
- Edouard, roi d'Angleterre, donne à ce monastère l'église St-Michel, près la mer, et quantité de possessions
dans son royaume, l'an 1064.
- Donation du marché d'Ardevon et d'une place dans la ville de Rouen pour y bâtir une maison par Robert II,
après avoir confirmé les biens de ce monastère légués précédemment, l'an 1087.
- Donation de plusieurs terres en Beauvoir et Les Pas par Hamon, pour leur seigneur du lieu, et par ses frères
Guillaume et Thomas, l'an 1174.
- Donation de la foire de Gohéry, du jour St-Michel en septembre, aux moines du Mont, par Geoffroy,
vicomte (seigneur) de Châteaudun, l'an 1223.
- Donation d'un moulin et d'un pré à Montrouault (1238) par Allain, chevalier, seigneur de Beaufort.
Extraits de Dom Thomas Le Roy, Le livre des curieuses recherches du Mont Saint Michel, XVIIème siècle,
réédité par la Société des Antiquaires de Normandie, sous la direction de Henry Decaëns,décembre 2009.
5. Quelles sont les différentes sortes de donations apparaissant dans ces extraits?
6. Comment se répartissent progressivement les terres de la seigneurie, par rapport aux
premières possessions observées dans la question 4 ?
7. Regardez les dates de donations. Quelle remarque peut-on formuler sur l'évolution de la
constitution du territoire d'une seigneurie au cours du temps ?
S.A.E. Abbaye du Mont-Saint-Michel, F. Ferté, décembre 2010
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C. LE SEIGNEUR ET LA JUSTICE.
Parmi les fonctions accaparées par les [seigneurs], il n'en est pas qui soit plus lourde […] que la
fonction judiciaire.
[Toute la seigneurie est soumise] aux verdicts1 du seigneur, pour les délits si le seigneur n'a droit
que de basse justice, pour les crimes si la haute justice lui revient. Dans ce cas, la prison, le gibet 2
et le pilori3, sinistres prolongements du tribunal seigneurial, sont les symboles, plus de l'oppression
que de la justice.
Jacques LE GOFF, La civilisation de l'Occident médiéval, Flammarion, collec. Champs histoire, 2008
1. Verdict: décision de justice.
2. Gibet: potence pour les condamnés à la pendaison.
3. Pilori: poteau où étaient exposés des criminels.
8. A l'aide du plan de l'abbaye et d'après le texte, cherchez les constructions (salles) de l'abbaye
qui prouvent que l'abbé disposait de la haute justice sur sa seigneurie. Citez-les ci-dessous:
 __________________________________

__________________________________
Question possible si le travail s'effectue dans la salle Belle-Chaise.
En fait, dans quelle salle vous trouvez-vous? _________________________________
D. LA DÉFENSE DE LA SEIGNEURIE: LE CHÂTEAU-FORT.
Indication pour les élèves:
La forteresse du Mont est le château fort de la seigneurie représentée par l'abbé, propriétaire au
nom de la communauté des moines, de nombreuses terres. L'abbaye, mais également le village,
ont été fortifiés progressivement entre le XIIIème et le XVIème siècles.
9. Observez attentivement les photographies qui vous sont proposées, puis associez-leur la
définition de l'élément défensif correspondant:
Réponses:
Photographie 1: mâchicoulis, Photographie 2: créneau, Photographie 3: tour, Photographie 4: meurtrière,
Photographie 5: pont-levis, Photographie 6: merlon, Photographie 7: mur d'enceinte, Photographie 8:
chemin de ronde
Définitions:
– Chemin de ronde: chemin de circulation au sommet d'un rempart..
– Créneau: entaille rectangulaire au somme d'un mur d'enceinte, permettant le tir.
– Mâchicoulis: désigne le trou pour le tir plongeant aménagé dans le sol des chemins de ronde
afin d'atteindre les assaillants se trouvant au pied du mur d'enceinte.
– Merlon: partie pleine entre deux créneaux.
– Meurtrière: baie ouverte dans un mur. Quand c'est une archère (pour le tir à l'arc) la
meurtrière a la forme d'une fente verticale.
– Mur d'enceinte: mur disposé entre deux tours, souvent épais de plusieurs mètres (appelé
aussi courtine).
– Pont-levis: pont dont le tablier en bois se relève, fermant l'entrée d'une forteresse, en
empêchant le franchissement du fossé.
– Tour: édifice pouvant être de forme cylindrique, en fer à cheval ou carrée, dominant les
murs d'enceinte.
S.A.E. Abbaye du Mont-Saint-Michel, F. Ferté, décembre 2010
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Compléments et correction de l'atelier n°1
1. L'ORGANISATION D'UNE SEIGNEURIE.
A. Les débuts de la seigneurie du Mont-Saint-Michel / LA FORMATION D'UNE SEIGNEURIE.
1. Rollon, 1er Duc de Normandie et ses successeurs sont les premiers à avoir fait des donations de
terres à l'abbaye du Mont-Saint-Michel.
2. La seigneurie du Mont-Saint-Michel naît au début du Xème siècle (Rollon étant duc de Normandie
à partir de 911).
3. Ces donations sont faites aux abbayes pour leur permettre de vivre.
4. (voir carte) / Plusieurs villages constituent une seigneurie (un ex. d'organisation par la visite du
village du Mont)
COMPLEMENT:
Une seigneurie est composée de terres qui, par leur exploitation agricole, apportent des revenus à
leurs propriétaires, les seigneurs. Ces seigneuries peuvent être des terres sous le contrôle d'une
abbaye, mais sont le plus souvent des territoires dominés par un seigneur qui n'est pas un religieux.
B. Des exemples de donations / LE TERRITOIRE DE LA SEIGNEURIE.
5. Dans ces extraits, on constate que les donations sont des îles, un marché, une place de Rouen, des
terres, une journée de foire, un moulin et un pré..
6. L'observation des cartes (domaine autour de la baie, domaine en France et possessions en
Angleterre) permet de constater que les terres possédées par l'abbaye du Mont-Saint-Michel sont
dispersées à travers la France et même en Angleterre.
7. Le fait que les donations qui sont présentées dans le document s'étalent sur deux siècles montre
que le territoire d'une seigneurie est constitué progressivement dans le temps.
COMPLEMENT:
Les possessions d'une seigneurie sont très diverses (ce ne sont pas que des champs)! Un marché,
une journée de foire... permettent à une seigneurie de contrôler une grande partie de l'économie.
Constituée progressivement, une seigneurie est souvent un territoire très fragmenté. Les cartes des
possessions seigneuriales sont ainsi très complexes.
C. La justice du seigneur / LE SEIGNEUR ET LA JUSTICE.
8. L'existence d'un tribunal (« Belle-Chaise ») et de cachots dans l'abbaye du Mont-SaintMichel prouve que l'abbé disposait de la haute-justice sur sa seigneurie.
Si le travail des classes a lieu dans « Belle-Chaise », les élèves se trouvent donc dans le tribunal.
COMPLEMENT:
Alors qu'un tribunal et des cachots ont été aménagés à l'intérieur de l'abbaye, un gibet se trouvait à
l'entrée du village. Ce droit de justice démontrait la puissance du seigneur, les plus puissants
d'entre-eux disposant ainsi du droit de vie et de mort sur leurs terres.
D. LA DÉFENSE DE LA SEIGNEURIE: LE CHÂTEAU-FORT.
Le seigneur n'est pas seulement un juge. Il est aussi protecteur. Son habitation, le château-fort,
symbole de son pouvoir, est également l'endroit où peuvent se réfugier les populations de la
seigneurie en cas de danger. Les premiers étaient en bois, puis la pierre est utilisée (à partir du
XIIIème siècle au Mont). Au fil du temps, les fortifications se modernisent, jusqu'à intégrer le canon.
9.
Chemin de ronde
N°7
Créneau
N°2
Mâchicoulis
N°6
Merlon
N°1
Meurtrière
N°4
Mur d'enceinte
N°3
Pont-Levis
N°8
Tour
N°5
S.A.E. Abbaye du Mont-Saint-Michel, F. Ferté, décembre 2010
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2. ETRE PAYSAN DANS LA SEIGNEURIE: L'EXEMPLE DE VERSON.
Qu'est-ce que vivre en paysan (vilain)?
ACTIVITE N°2
(lecture, recherche, mise en relation de documents)
Documents à disposition des élèves:
– Une carte de la seigneurie du Mont.
– Une feuille comportant le vocabulaire important (seigneurie, conte, miniature...).
– Le conte des paysans de Verson, décomposé en plusieurs parties pour faciliter les
recherches.
– Des miniatures sur les travaux des champs.
 Lire le conte, dans son intégralité avant de commencer le travail.
1. Présentez et localisez Verson sur la carte des possessions du Mont-Saint-Michel. (qu'est-ce
que Verson? Position géographique par rapport au Mont? près de quelle ville ? Distance?...)
2. Le seigneur de Verson est l'abbé du Mont-Saint-Michel. Relevez dans la deuxième moitié du
conte (à partir de la partie VII) deux passages le confirmant.
3. D'une manière générale, de quoi parle ce conte?
 La vie des paysans est rythmée tout au long de l'année par les travaux des champs et par
les prélèvements effectués par le seigneur.
4. Associez aux différentes miniatures qui vous sont présentées le travail paysan
correspondant, présenté dans le conte.
TRAVAIL AGRICOLE
EXTRAIT DU CONTE
La FENAISON
I
Les LABOURS
VI
La MOISSON
II
Les SEMAILLES
VI
MINIATURE
CORRESPONDANTE
5. Les paysans ont également à faire à plusieurs personnes travaillant pour le seigneur, les
AGENTS SEIGNEURIAUX. Il y en a quatre de présents dans ce conte. Trouve les (parties
III, VIII et XI) et explique ce que les paysans leur doivent.
6. D'autres prélèvements ou travaux sont exigés, lesquels? (citez-en trois au moins)
7. A plusieurs reprises, ce conte montre la violence des rapports entre les paysans (vilains) et le
seigneur ou ses représentants. Relevez deux extraits confirmant ces rapports sociaux tendus.
S.A.E. Abbaye du Mont-Saint-Michel, F. Ferté, décembre 2010
5
Compléments et corrections de l'atelier n°2
2. ETRE PAYSAN DANS LA SEIGNEURIE: L'EXEMPLE DE VERSON.
A. LA VIE DES PAYSANS.
1. Verson est un village situé au Nord-Est du Mont-Saint-Michel, entre Bayeux et Caen (dans
l'actuel Calvados) à 100 kms du Mont!
2. Dans le conte, il est question (partie VII) de « livrer l'abbé dans le Montois » (le Montois est la
région du Mont). Partie XII, les paysans doivent « apporter des pierres au monastère ».
3. Ce conte parle de la vie des paysans. Il présente les travaux des champs, ainsi que leurs
obligations tout au long de l'année. Il est également question des relations entre les paysans et le
seigneur (ou ses représentants).
COMPLEMENT:
La plupart des paysans de l'époque féodale vit sur un domaine agricole appartenant à un seigneur.
En échange de la protection du seigneur, ces paysans, des vilains (comme à Verson) doivent des
travaux agricoles (labours, semailles, récoltes, entretiens...) sur le domaine qu'exploite directement
le seigneur (la réserve) et doivent également des redevances (impôts) sur leurs exploitations (les
tenures).
La lecture du conte permet également de se rendre compte de l'importance de la religion dans la vie
de tous les jours. Les moments de l'année évoqués pour les travaux des champs sont des fêtes
religieuses (saint Jean, Notre-Dame, saint Denis...).
4. La fenaison (faucher les prés/assembler l'herbe coupée/faire des meules): miniature 1.
Les labours (préparer la terre en la retournant): miniature 3.
La moisson (couper les blés): miniature 2.
Les semailles (semer les grains): miniature 4
B. LES RELATIONS AVEC LE SEIGNEUR ET SES REPRESENTANTS.
5. Les agents seigneuriaux présentés ici sont:
- le champarteur: celui qui est chargé de récupérer la part des récoltes due au seigneur.
- le prévôt: qui prélève des animaux.
- le meunier: celui qui tient le moulin du seigneur.
- le fournier: celui qui tient le four du seigneur.
6. Parmi les autres prélèvements ou travaux, il y a le porçage (donner des porcs) (IV), le cens
(impôt en argent) (V), le charroi (livraisons en charrettes au seigneur) (VII), le moutonnage (IX),
des participations aux travaux (XII).
7. La « colère » du champarteur (extrait III), « ils sont effrayés » (V), « ils sont à la merci du
seigneur » (IX) sont des extraits montrant que les rapports sont tendus entre les paysans et leur
seigneur.
COMPLEMENT:
Les paysans n'ont pas d'autre choix que de subir la loi d'un seigneur. Cependant, les difficultés des
paysans à l'époque féodale varient beaucoup d'une région à l'autre et également en fonction des
saisons: un été très sec ou un hiver très froid ont des conséquences catastrophiques sur la quantité
et la qualité des récoltes.
S.A.E. Abbaye du Mont-Saint-Michel, F. Ferté, décembre 2010
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3. VIVRE EN NOBLE.
Qu'est-ce que vivre en seigneur? (partie complétée ensuite par la féodalité)
ACTIVITE N°3
(lecture, recherche, écriture)
 Lire les textes suivants, puis noter quels sont les éléments présentés ici qui, au travers de
personnages ou de lieux du Mont-Saint-Michel, définissent le mode de vie noble des seigneurs
(logement, niveau de richesse, obligations, la chevalerie et ses valeurs)
Au fur et à mesure que les structures féodales s'affirment et que la puissance économique des
abbayes grandit, l'abbé a tendance à devenir le chef d'une seigneurie-abbaye.
Cette évolution est particulièrement lisible dans les constructions au Mont-Saint-Michel. Au XI ème
siècle, l'abbé vit avec ses moines, au nord, dans une cellule attenante au dortoir. Au XII ème siècle,
l'abbé Robert de Torigni se fait construire un logis à l'ouest, en communication avec l'hôtellerie. Au
XIIIème siècle, on édifie au sud le palais abbatial. « Il est normal qu'au Moyen Âge, l'abbé […] fasse
figure […] de grand seigneur: il est, en principe, le seul qui ait des relations avec l'extérieur »..
Jean-Luc Legros, Le Mont-Saint-Michel, architecture et civilisation, Sceren – CRDP Basse Normandie, 2005.
1. Au fil du temps, l'abbé, seigneur du Mont, a changé de lieu de vie dans l'abbaye. Coloriez en
rouge le premier logement de l'abbé, en vert le second et en jaune le dernier.
2. Pourquoi l'abbé change-t-il ainsi progressivement de logement au cours du temps?
Au second niveau du bâtiment de la « Merveille », précédée par la chapelle Sainte Madeleine, la
« Salle des Hôtes », par la finesse de ses colonnes, la sobriété des sculptures des chapiteaux,
l'élévation des fenêtres et la lumière qui y pénètre, constitue le volume le plus extraordinaire de
l'abbaye […]. Tout devait contribuer au faste 1 des repas princiers: voûtes et colonnes peintes,
vitraux colorés, tentures sur les murs, carrelages vernissés aux armes de France et de Castille. Les
cheminées monumentales de la cuisine séparées de la salle par une tenture répondaient à des
appétits pantagruéliques2. Les hôtes de marque reçus ici bénéficiaient de la chaleur d'une troisième
cheminée. [Parmi ces hôtes, plusieurs rois de France dont Louis IX, Philippe le Bel, Louis XI,
François 1er... des ducs normands et bretons, sont venus au Mont. ]
Jean-Luc Legros, Le Mont-Saint-Michel dans l'histoire, tome 1, Éditions du phare, 2001
1. faste: déploiement de luxe.
2. pantagruélique: énormité de l'appétit.
3. Que nous apprend ce texte sur la manière de vivre des nobles?
S.A.E. Abbaye du Mont-Saint-Michel, F. Ferté, décembre 2010
7
A partir de 1337, la guerre de Cent Ans va peser sur l'économie de la France [et de la Normandie]
[…] En 1356, les Anglais parvinrent à occuper Tombelaine durant quelque temps. Pour faire face
au danger, [l'abbé] Nicolas le Vitrier se fit nommer capitaine du Mont par [le fils du roi de France].
L'abbé n'exerça pas lui-même ces nouvelles attributions, mais il les délègue immédiatement à un
professionnel de la guerre, Bertrand Du Guesclin.
Henry Decaens, Le Mont-Saint-Michel, 13 siècles d'histoire, Éditions Ouest France, 2008.
[…] Les succès de Du Guesclin furent ceux du harcèlement « sans combattre en plein champ », une
guérilla éloignée des conventions chevaleresques, s'appuyant sur la ruse: il déguisa ses hommes en
charbonniers, vignerons ou même en paysannes. Il ne combat pas comme un chevalier avec l'épée
ou la lance: ses armes favorites sont la hache ou la masse d'armes 1. Pour intimider ou vaincre la
volonté de résistance des villes, il utilise la terreur. A Mantes2, ses troupes pillent et massacrent les
habitants qui refusaient de les laisser entrer; à Valognes toute la garnison est décapitée […].
Sa brutalité, sa cruauté coexistent avec certaines valeurs chevaleresques: loyauté, fidélité à son
suzerain3, coutume de déterminer à l'avance avec l'adversaire le lieu et la date du combat, respect
de la parole donnée. [Courageux, soldat d'instinct], de « basse venue », Bertrand Du Guesclin est
l'exemple d'une réussite sociale remarquable. […] Après la mort de Tiphaine Raguenel, son
remariage avec Jeanne de Laval le fait entrer dans une des grandes familles du duché de Bretagne.
1. Masse d'armes: arme composée d'une masse lourde accrochée au bout d'un bâton.
2. Ville de la région parisienne.
3. Seigneur supérieur.
Jean-Luc Legros, Le Mont-Saint-Michel dans l'histoire, Tome 2, Éditions du Phare, 2001
4. Du Guesclin est à la fois l'exemple de ce que doit et ne doit pas être un chevalier. Faites,
d'après ce texte, le portrait le plus complet d'un « bon chevalier » du Moyen Âge.
REPRÉSENTATION DE DU GUESCLIN
 Retrouvez ici quelques éléments de l'armement du chevalier.
CUVELIER, Chronique de Bertrand Du Guesclin, d'après l'édition originale du XV ème siècle, Source Gallica.bnf.fr
S.A.E. Abbaye du Mont-Saint-Michel, F. Ferté, décembre 2010
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Compléments et corrections de l'atelier n°3
3. VIVRE EN NOBLE DANS LA SEIGNEURIE.
A. Le logement de l'abbé / PUISSANCE ET CHÂTEAU.
1. L'abbé logeait tout d'abord dans une cellule à côté du dortoir des moines. Puis, Robert de Torigni
a fait construire un logement plus grand à l'ouest. Enfin, c'est un palais abbatial édifié au XIII ème
siècle qui sert de résidence à l'abbé.
2. L'abbé change de logement pour « faire figure de grand seigneur ». Son logement est d'autant
plus grand que sa puissance augmente.
COMPLEMENT:
Le logement du seigneur, son château, est l'un des symboles de sa puissance. Plus la seigneurie est
puissante, plus le seigneur le démontre en se faisant bâtir un logement imposant. Au Mont-SaintMichel, ce logement de l'abbé a suivi le passage d'une abbaye, simple lieu religieux, à une abbayeseigneurie, détentrice de nombreux domaines.
B. La salle des Hôtes et la vie de noble / NOBLESSE ET RICHESSE.
3. Les nobles recherchent la richesse et le luxe. Leurs repas témoignent également de leur richesse.
COMPLEMENT:
Une salle de réception était particulièrement dédiée aux réceptions des seigneurs: les membres de
la noblesse. Ceux-ci ne se mélangent pas avec les non-nobles (même si leur objectif commun est le
pèlerinage religieux – vu dans un travail ultérieur).
Cependant, tous les seigneurs ne vivaient pas dans le luxe. Ceux qui étaient à la tête de petites
seigneuries avaient tout juste les moyens de subsister.
C. Le Mont et la chevalerie / LE SEIGNEUR CHEVALIER.
4. D'après la description de Du Guesclin, un chevalier doit suivre les conventions
chevaleresques:
– combattre en plein champ.
– ne pas utiliser la ruse contre son adversaire
– combattre avec l'épée et la lance (et pas une hache ou une masse d'armes).
– ne pas terroriser les populations, ne pas être cruel ou brute.
– ne pas s'en prendre aux populations.
– faire preuve de loyauté, de fidélité.
– déterminer à l'avance le lieu d'un combat avec l'adversaire et tenir parole.
COMPLEMENT:
Le comportement chevaleresque fait partie de la vie du noble. Les valeurs défendues par les
chevaliers n'ont cependant pas toujours été respectées. Du Guesclin en est un exemple.
Un jeune homme devient chevalier par la cérémonie de l'adoubement.
S.A.E. Abbaye du Mont-Saint-Michel, F. Ferté, décembre 2010
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 Retrouvez ici quelques éléments de l'armement du chevalier.
Heaume
Haubert / Cotte de maille
Lance
Épée
Bouclier / Écu
CUVELIER, Chronique de Bertrand Du Guesclin, d'après l'édition originale du XV ème siècle, Source Gallica.bnf.fr
S.A.E. Abbaye du Mont-Saint-Michel, F. Ferté, décembre 2010
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Compléments et corrections du parcours village (en cours de réécriture).
4. VIVRE DANS UN VILLAGE MÉDIÉVAL.
Réponses aux questions du parcours-village / disponible auprès du Service des Actions Éducatives..
Objectifs du parcours en autonomie:
– Réutilisation (ou découverte, en fonction de l'ordre du travail) d'éléments travaillés dans les ateliers
(fortifications essentiellement).
– Une rue du Moyen Âge / commerces et artisans.
– Les matériaux / les formes de construction.
– La place de la religion.
Réponses au parcours actuel:
1. Le Mont et sa baie sont classés patrimoine mondial de l'U.N.E.S.C.O. depuis 1979.
Des bombardes anglaises (des canons) témoignent de la guerre de Cent Ans.
2. La grille de fer qui ferme la deuxième entrée est une HERSE. La maison de l'Arcade est faite de
bois et de torchis.
3. Les toits des maisons sont en bois et en ardoise.
4. Des cheminées apparaissent dans la Tour de la Liberté, montrant plusieurs niveaux de plancher
(et donc plusieurs étages). Des ouvertures témoignent également de son utilisation militaire.
5. Les meurtrières sont situées au milieu du mur (pour le tir à l'arc, ou à arbalète) alors que les
mâchicoulis se trouvent dans le sol (pour le jet vertical d'objet au pied des fortifications).
6. Les ouvertures sont très larges. Elles étaient destinées aux canons.
Les problèmes pour les Anglais sont la distance entre les deux rochers, et la marée, qui les
empêchaient de tenir une position de tir de façon prolongée devant les remparts du Mont.
7. Il y a des remparts avec créneaux, deux grandes tours et une entrée étroite. C'est impressionnant.
On se sent tout petit devant cette entrée.
8. Il s'agit de l'église St Pierre. Jeanne d'Arc est représentée à l'entrée.
9. Dans le cimetière, il y a notamment la famille Poulard (présente depuis le XIX ème siècle, cela
permet de rappeler que le cimetière du village conserve ses habitants: village, lieu de vie et de mort,
surtout au Moyen Âge où les déplacements de population sont peu nombreux).
10. Rue étroite, pentue, animée, réservée aux piétons, pavée.
L'espace entre les maisons diminue plus on monte dans les étages. Cela permettait de gagner de la
place. Les maisons sont en bois, en torchis ou en granit. (on utilise les matériaux de la région).
11. La rampe du Poulain permettait de monter les marchandises dans l'abbaye (même système qu'au
Moyen Âge dans le cellier).
12. La Tour Gabriel était équipée de canons sur 3 niveaux.
Les dangers de la baie: marée, « sables mouvants ».
13. Les Fanils étaient une caserne (du temps de la prison).
14. Il existe plusieurs niveaux de remparts, et donc plusieurs périodes de fortifications.
S.A.E. Abbaye du Mont-Saint-Michel, F. Ferté, décembre 2010
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