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C’est l’exposition, « La magie, les démons et les anges dans le judaïsme »,
présentée au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MahJ) à Paris (lire p. 50),
qui a inspiré ce dossier sur les forces invisibles et intrigantes. Mais de quoi ou
de qui parlons-nous exactement ? Évoquer les démons, les anges et autres entités,
c’est d’abord poser un certain nombre de questions : Depuis quand les connait-on, les
invoque-t-on, s’en protège-t-on ? L’Ancien Testament en parle-t-il, et si oui comment ?
Les pratiques juives anciennes diffèrent-elles de ce qu’enseigne la Torah ? Comment le
christianisme et l’islam parlent d’eux et quels rôles leur assignent-ils ? Enn, notre monde
contemporain, loin de les reléguer dans les arrière-salles obscures de l’Histoire, semble
au contraire leur faire la part belle : comment interpréter ces « retours des anges » ?
Depuis aussi loin que nous puissions remonter dans l’histoire des religions antiques, les
hommes et leurs dieux ont vécu leur relation via les services d’êtres invisibles, bienfaisants
ou malfaisants : esprits, fantômes, démons, anges… Qui étaient-ils ? L’assyriologue
Lionel Marti (CNRS) y répond en brossant le paysage spirituel de la Mésopotamie
dans lequel évoluent ces êtres hybrides, mi-bêtes mi-hommes, souvent ailés, qui tantôt
protègent tantôt menacent hommes, femmes et enfants (p. 30). De tels êtres, peuplant un
univers situé entre les dieux et les hommes, sont également répertoriés dans le monde
gréco-romain, avant et après Jésus-Christ. Philippe Borgeaud (université de Genève)
nous les présente (p. 36).
Ils ont également une existence dans la Bible Hébraïque qu’a relue pour nous Sophie
Ramond (Institut catholique de Paris) [p. 40]. Certains y semblent plus importants
que d’autres. Dans le judaïsme ancien, outre ce qu’en dit la Torah, David Hamidovic
(université de Lausanne) raconte leur évolution, jusqu’à leur nomination et leur
distinction selon leurs rôles et leurs missions (p. 46). Le christianisme semble poursuivre
cette évolution et y ajoute quelques nouveautés et précisions, selon Michel Quesnel
(université catholique de Lyon) [p. 56]. Quant à l’islam, reprend-il cet héritage biblique ?
Jacqueline Chabbi, historienne arabisante, répond sans détour à la question (p. 62).
Enn, nous avons demandé au philosophe Olivier Abel son analyse sur le « retour des
anges » dans notre société contemporaine (p.64).
Benoît de Sagazan
Quelles sont
ces forces invisibles ?
Anges et démons
Les chérubins, « abondance de
science » ou « effusion de sa-
gesse », ont le pouvoir de faire
connaître et de faire voir Dieu…
Les séraphins, « échauffants » ou
« incendiaires », sont au plus près
des réalités divines. Ils enseignent
l’amour enflammé de Dieu et sa
lumière qui jamais ne s’éteint.
Les trônes, leur nom signifie qu’ils
siègent de façon stable et équili-
brée dans la totalité de leur puis-
sance, autour du Très-Haut. Ils
témoignent de la justice divine.
Les dominations, êtres déiformes
à l’imitation de Dieu, maîtrisent tout
ce qui mène à une avilissante ser-
vitude… Elles sont libres des pas-
sions et des dépravations.
Les puissances « élèvent avec
bonté les esprits de rang inférieur
vers les réalités divines ». Elles
œuvrent au rapprochement des
êtres humains avec Dieu.
Les vertus, « courage viril et in-
flexible », interviennent auprès
de ceux qui cherchent Dieu
et accordent courage et force
lorsqu’elles sont invoquées.
Les principautés célestes, déi-
formes, exercent dans un ordre
sacré. Elles éclairent les archanges
et les anges.
Les archanges, messagers ex-
traordinaires de Dieu auprès des
hommes, sont les seuls à être nom-
més individuellement : saint Michel,
saint Gabriel, saint Raphaël.
Les anges sont les messagers
ordinaires de Dieu vers les
hommes (figurés ci-dessous). Ils
sont aussi les anges gardiens.
Source : La hiérarchie céleste selon Pseudo-Denys l’Aréopagite (vers l’an 500), moine syrien et auteur de traités
de théologie chrétienne mystique, et selon Thomas d’Aquin (1224/1225-1274), dominicain, philosophe,
théologien et « docteur angélique ». © Marie-Josée Duprez pour Le Monde de la Bible
Première hiérarchie
Hiérarchie intermédiaire
Dernière hiérarchie