Être musicien chez GRÜSS
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Sylvain Rolland est à la fois batteur et chef d’orchestre au sein de l’orchestre du Cirque
national Alexis Grüss. Cette année marquera sa huitième saison sous le chapiteau du Bois
de Boulogne. Un métier très exigeant et atypique dans le monde de la musique.
« C’est vraiment par hasard que je suis arrivé chez Alexis Grüss », confie Sylvain Rolland.
Rien, dans ses origines, ne laissait en effet présager que ce batteur, aujourd’hui âgé de 37
ans, marié et père de deux enfants, jouerait un jour sous le chapiteau. Il n’était pas né dans
le monde du cirque, ne l’avait pas non plus côtoyé petit. Par ailleurs, s’il existe une école du
cirque, il n’existe pas d’école de la musique de cirque, pas de filière particulière.
La formation musicale de Sylvain Rolland est tout ce qu’il y a de plus classique, dans tous
les sens du terme : il a appris les percussions classiques et la guitare au conservatoire
d’Amiens, puis au Conservatoire National de Région (CNR) de Versailles. Il jouait
parallèlement dans des formations de jazz/funk, de reggae et de rock, touchait un peu au
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métal. Mais quand on a 25 ans et qu’on vient de finir des études de percussions classiques,
les débouchés de carrière sont minces. « Le choix se limitait à devenir, soit percussionniste
d’orchestre et jouer du xylophone ou des timbales, soit percussionniste soliste dans la
musique contemporaine, un monde qui est toujours resté obscur pour moi. » Refusant cette
alternative, Sylvain choisit alors d’améliorer sa façon de jouer à la meilleure école qui soit :
celle du terrain. Il tourne avec divers groupes et court le cachet, jusqu’à ce qu’un
trompettiste de ses amis lui apprenne que le cirque Alexis Grüss cherche un batteur. « La
musique d’orchestre de cirque, je ne connaissais pas. On m’avait seulement dit que ce serait
dur, mais je ne pensais pas que ce serait aussi exigeant. Ma naïveté m’a servi. »
Arrivé en pleine nuit devant le chapiteau, notre jeune batteur ne sait pas encore à quelle
sauce il sera mangé. Il va très vite le comprendre. Dès 7h30, première répétition. En fait de
répétition, c’est une audition improvisée qui commence, et Sylvain Rolland entre tout de
suite en contact avec l’atmosphère particulière du cirque : « Au cours de la répét’, alors que
je joue sur la batterie, je sens comme une grosse masse juste dans mon dos. Je me retourne,
c’était un éléphant ! » Une prise de contact que notre percussionniste ne regrettera pas :
commence une aventure de huit ans, qui continue encore.
La musique marque le spectacle
Avec l’orchestre d’une douzaine de musiciens auquel il est intégré, Sylvain assure désormais
le son du spectacle. Bien plus qu’une musique d’ambiance : « Ce n’est pas de l’orchestre de
bal amélioré, insiste-t-il. Dans un groupe de compo’, on a en général une vingtaine de
morceaux au répertoire, qu’on enchaîne à chaque représentation. Au cirque, c’est 70 à 80
morceaux qu’il faut bosser. A tous les tempos : on enchaîne du funk à la salsa, en passant
par la musique de film. Cela demande beaucoup de mémoire. »
Et un suivi du spectacle de tous les instants. « La musique, dans un cirque, c’est un
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marquage du spectacle, il faut ponctuer les réceptions, les chutes aussi. Si un écuyer
tombe, il faut reprendre le même morceau au moment exact où s’est produit la chute.
Particularité du cirque Alexis Grüss, il n’y pas de Monsieur Loyal pour annoncer les
numéros. C’est aux musiciens de faire attention à ce qui se passe. »
Pendant quatre mois de l’année, période où le cirque Alexis Grüss plante son chapiteau au
Bois de Boulogne, il faut assurer la partie musicale d’un spectacle d’une durée variant entre
2h20 et 2h45. Certains jours, ce sont trois spectacles qui s’enchaînent. Autant dire qu’on vit
sur les chapeaux de roues.
« Au bout d’une centaine de spectacles, on est bien orienté et on sait ce qu’on fait. Mon ami
trompettiste m’avait dit : une fois que tu auras fait le cirque, tu n’auras plus peur de rien ! »
Sylvain avoue d’ailleurs qu’une fois la saison terminée, revenant à des ambiances musicales
plus conventionnelles, il « trouve le tempo un peu lent ».
Et les autres musiciens, comment considèrent-ils un batteur d’orchestre de cirque ?
« La plupart trouvent ça atypique, mais ils sont intéressés, répond-il. Ça les intrigue. Alors
ils viennent au spectacle et ils n’y entendent pas de musique de flonflons, comme on se
l’imagine encore s’agissant de la musique de cirque. Il se crée un certain respect de leur
part. » D’autant que, comme l’explique Sylvain, la créativité musicale a aussi droit de cité : «
Les Grüss sont très attachés à l’orchestre. Stéphane Grüss le directeur artistique, est
écuyer, mais aussi trompettiste. Chaque année, le spectacle change, et la musique aussi.
Cette année le programme s’intitule Pampa, donc
ce sera du tango, de la salsa, de la samba. L’an dernier, c’était de la musique des Balkans. »
Cet éclectisme musical tient une grande part dans la fidélité des musiciens, qui reviennent
souvent d’une année sur l’autre.
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L’autre secret, c’est l’ambiance, et l’excitation qu’elle procure, avoue Sylvain Rolland : « Le
cirque, c’est fait de bruit et de fureur, et par sa présence, un orchestre sera toujours
supérieur à une bande son. Tous les cirques qui ont un orchestre tiennent à le garder. »
C’est aussi un univers que Sylvain Rolland recommande expressément à tous ceux qui en
ont l’opportunité tout en étant conscients de leurs limites : « C’est une super école, où l’on
n’a pas peur de passer du temps. Ça oblige à être attentif et polyvalent. En clair, ça
entretient la jeunesse cérébrale ! »
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