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Introduction : rappel
En 751 les mérovingiens cèdent la place au Carolingiens. Car après avoir assuré la paix du royaume et
relégué dans un monastère Childeric III, le dernier Mérovingien, Pépin le Bref, fils de Charles Martel, se fait
élire roi de Francs par une assemblée de grands, et pour la première fois en France, sacrer avec le saint chrême
par le saint Boniface. Mais sa légitimité paraissant douteuse son sacre est recommenen présence de la reine et
de ses deux fils Carloman et le future Charlemagne, à Saint-Denis en 754 par le Pape Etienne II.
Ce dernier interdira par la même aux autres lignées de recevoir la couronne, et recevra en récompense
en 756 un territoire conquis sur les lombards.La mort de Pepin en 768 conduit pourtant à un nouveau partage du
royaume entre ses fils, partage qui prend fin à la mort prématurée de Carlomane (771), et laisse à Charlemagne
l'entière possession du royaume.
Charlemagne "Charles le Grand" règne alors sans partage, et malgré sa cruauté et une vie dissolue, ses
contemporains étaient frappés par sa piété. En 774 il conquis la Lombardie dont il se proclame roi, puis fait
sacrer par le pape ses fils Pepin et Louis, et en 778, année du désastre de Roncevaux, il conquit la Bavière. Il
suit sa lancé sur L'Espagne (future Catalogne), la Bretagne et la Saxe. Charlemagne est alors maître de tout
l'occident chrétien, hormis l'Angleterre. Alors le Pape Léon III pour mieux l'attacher à la bonne cause le
couronne empereur le 25 décembre 800, pour le plus grand mécontentement de la cour de Bysance ( qui ne le
reconnaîtra qu'après sa mort).
A sa mort en 814, Charlemagne ne laisse qu'un fils, Louis le Pieux, mais ce dernier confie le titre
impérial à son fils aîné Lothaire, en ne laissant au deux autres, Pépin et Louis, que de petits royaumes. Mais la
seconde épouse de Louis lui donne un quatrième fils, le future Charles le Chauve, et il décide de l'avantager par
rapport à ses trois frères aînés. Les trois fils font détrôner le père en 833, puis il est rétablit sur le trône, mais à
sa mort en 840 une guerre de succession éclate entre les fils restants.
En 843 est signé le traité de Verdun ; Lothaire garde le titre d'Empereur en recevant la France médiane
(de la mer du nord à Rome), Louis reçoit la partie orientale (de l'est du Rhin au nord des Alpes), et Charles le
Chauve la partie occidentale ( à l'est d'une ligne Escaut, Meuse, Saône, Rhône). Mais après la mort de Lothaire
en 855, et plusieurs partages du royaume, Charles le Chauve qui, pour son propre compte avait réussi à pacifier
l'Aquitaine, réussit à récupérer la couronne impériale (875 ) peut de temps avant sa mort (877). A la mort de
Charles le Chauve, son fils Louis II le Bègue contribuera fortement à l'affaiblissement du pouvoir royal en
distribuant des bénéfices. La couronne impérial lui échappe ainsi qu'à ses deux fils Louis III et Carloman , qui
se partagent le royaume.
A la mort de Carloman en 884 (dernier survivant) les grands appellent l'empereur Charles le Gros (fils
de Louis le Germanique) à gner sur la France. Mais son incapacité lui valut d'être posé en 887. Dès 888 les
grands choisissent alors comme roi un non carolingien, Eude comte de Paris, fils de Robert le Fort (ancêtre des
futures capétiens), que Charles le Chauve avait jadis charde défendre la région située entre la Loire et la
Seine contre les Normands. A la tête de l'une de ses principautés qui affaiblissait le pouvoir royal, Eude ne
pouvait que combattre le carolingien légitime, Charles le Simple qui réussit à se faire sacrer en 893, mais qui ne
peut régner qu'à la mort de Eudes (898), lequel avant de mourir reconnaît ses droits. Charles le simple fait
l'erreur de s'emparer de la Lotharingie dont il avait été élu roi en 911, et les grands élisent à sa place en Francie
occidentale Robert I, le frère de Eude qui est tué au combat en 923 par Charles le simple, avant que ce dernier
ne soit lui même mis en route par Hugues le Grand (fils de Robert I), qui dès lors devient l'arbitre du jeu
politique. Il fait élire en 923 comme roi Raoul de Bourgogne qui n'est autre que son gendre.
A la fin de son règne en 936, Hugues le Grand continuant son le d'arbitre et ne voulant pas lui même
de la couronne (la réservant peut être pour son fils Hugues Capet) eut l'idée de faire appel au fils même de
Charles le Simple, Louis IV, donc un carolingien, qui vit en Angleterre, d'où son surnom Louis d'Outremer. Le
nouveau roi étant âgé de 15 ans, Hugues le Grand pensa le manipuler, mais Louis IV se révolte contre son
1
D’après Histoire des Capétiens, L’internaute magazine. Etc.
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protecteur, et tout son règne ne fut qu'une tentative d'échapper à son emprise croissante qui après sa mort (954)
s'exerça aussi sur son fils Lothaire. Hugues le Grand avait d'ailleurs exigé en compensation de son accord à
l'élection de ce dernier, l'Aquitaine et le Duché de Bourgogne. Mais Lothaire ne se laisse pas manipuler.
Hugues le Grand meurt en 956, et Lothaire veut récupérer la Lotharingie, provoquant une réaction de
l'Empereur Othon II qui arrive en 978 aux portes de Paris. L'engrenage qui allait provoquer la chute des
Carolingiens était enclenchée. A la mort de Lothaire (986) son fils Louis V, qu'il avait jugé prudent de faire
sacre de son vivant lui succéda, mais son règne au cours duquel il s'opposa à l'archevêque Adalbéron de Reims
(ami de Hugues Capet) fut trop bref pour qu'il puisse arrêter l'ascension des futures capétiens. Et comme il
meurt en 987 sans enfants, l'archevêque Adalbéron pousse à l'élection Hugues Capet.
I. H
UGUES
C
APET
(Né en 946, + 996, règne de 987 à 996)
Les Carolingiens s'éteignent à la mort de Louis V dit "Le faiant". Un an après son avènement au
trône, ce dernier meurt d'une chute de cheval en 987. Logiquement, l'ritier devrait être l'oncle du funt roi,
Charles le fils de Louis IV. Mais ce dernier a hérité du Duché de Basse-Lotharingie (Brabant), et à ce titre il est
le vassal de l'empire germanique. Comment les barons francs pourraient ils élire un roi vassal de l'Empire ?
Très vite, un homme fait figure de favori : Hugues Capet, le fils de Hugues le grand dit "Duc des Francs",
et descendant de Robert le Fort. Son surnom de Capet vient de chappet, désignant celui qui porte une chappe
d'Abbé, et Hugues est propriétaire de plusieurs abbayes. De plus, Hugues est assuré du concours de l'Archevêque
de Reims, Adalbéron qui est le premier prélat du royaume. Ce dernier convoque l'assemblée qui doit élire le roi à
Senlis où il fait un discours on ne peut plus éloquent en la faveur de Hugues :
"Nous n'ignorons pas que Charles a ses partisans qui soutiennent qu'il est digne du royaume parce que
ses parents le lui ont transmis. Pourtant, si l'on examine la question, on sait que le royaume ne s'acquiert
pas par droit héréditaire et que l'on ne doit élever à la royauté que celui qui s'illustre, non seulement par
la noblesse de son corps, mais aussi par la sagesse de son esprit, celui que sa loyauprotège et que sa
magnanimité fortifie. Choisissez le Duc, le plus illustre par ses actions, sa noblesse et sa puissance
militaire..."
Hugues Capet est élu puis sacré roi de France à Noyon. Ce couronnement marque à jamais la fin de la
dynastie carolingienne.
Il n'existe aucun portrait historique de Hugues Capet, il reste un roi sans visage et énigmatique. Les
appréciations de ces contemporains sont contradictoires ; pour certain il était un homme aimant la vie simple, pour
d'autre, sa bonté était immense... Il semblerait qu'il fut un roi pieux, ennemi du luxe, habile en politique plutôt que
combatif, et surtout doté d'une patience à toute épreuve et d'une volonté de durer qui lui ont permis de surmonter
des erreurs de jugement et des choix peu judicieux.
C'est un fait, sans son obstination, sa lignée déjà éminente n'aurait pu devenir une dynastie royale.
Son père, Hugues le Grand, était le duc des Francs et surtout l'arbitre du jeu politique entre l'empereur
d'Allemagne et les Carolingiens. Les possessions de Hugues Capet sont duites aux comté d'Orléans et de Senlis,
ainsi que quelques lieux mineurs et des Abbayes dont St Martin de la Tour il était l'abbé laïque et était
conservée la Chape du Saint, d'où son surnom de Capet. Sa primauté politique entre Seine et Loire s'exerce sur de
nombreux vassaux et lui permet, après avoir pratiquer un jeu de bascule entre l'empereur d'Allemagne et les
derniers Carolingiens, d'être presque régent du royaume dès mars 987. Elu à Compiègne, il est sacré roi le 3 juillet
987 à Noyon.
Le principe qui a élu Hugues, c'est à dire l'élection par les grands (bien que de plus en plus formel par la
suite), subsistera jusqu'à Philippe Auguste. A noter que ce principe reste impuissant à remettre en question le
principe héréditaire, rapidement remis en avant par Hugues Capet. Hugues Capet lors de son sacre prononce un
serment qui sera repris par tous les rois de France à venir :
"Moi Hugues, qui dans un instant vais devenir roi des Francs par la faveur divine, au jour de mon sacre,
en présence de Dieu et des Saints, je promets à chacun de vous de lui conserver le privilège canonique,
la loi, la justice qui lui sont dus et de vous défendre autant que je le pourrai, avec l'aide du seigneur,
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comme il est juste qu'un roi agisse, en son royaume, envers chaque évêque et l'Eglise qui lui est commise.
Je promet aussi de faire justice, selon ses droits, au peuple qui nous est confié."
Ce serment met en avant la carte de protecteur des églises et des monastères, donc adversaire de
l'anarchie naissante de la société féodale que les moines combattaient autant que les princes.
Quant à la justice envers les seigneurs et le peuple, qui à l'époque ne dépassait pas le stade des voeux pieux, elle
deviendra peu à peu l'idée force qui permettra à la monarchie capétienne de s'affirmer à la fois au sommet et en
face de la féodalité pour mieux la dominer.
Une fois sacré, Hugues Capet éprouve le besoin de mieux asseoir son pouvoir, bien que son élection n'ait
provoqué que de rares protestations. Pour cela il lui faut être sur que son fils lui succède. Hugues reprend une
coutume byzantine et demande à Adalbéron de sacrer de son vivant son fils Robert.
L'archevêque commence par refuser, mais le roi lui présente une lettre du Duc Borel (d'Espagne) lui
demandant secours contre les arabes. Le roi invoque la nécessité de la défense du royaume et du risque de la
disparition d'un chef unique. Adalbéron cède à ce que certain ont considéré comme un subterfuge pour imposer
son hérédité, bien que le jeune Robert était loin d'être dénué de mérite. Il fut sacré par l'Archevêque le jour de
Noël 987 à Orléans, et son père le marie à Rozala (la riche veuve du comte de Flandre), qu'il répudie rapidement
tout en conservant la dot (Montreuil sur mer). Mais Charles de Lorraine ne pouvait pas en rester là, surtout qu'il a
mal accepté d'être évincé du trône qui lui revenait de droit.
En 988, il s'empare de Laon par trahison, ainsi que d'Adalbéron de Reims, qui réussit à s'évader après le
deuxième siège et meurt en janvier 989. Alors qu'il avait désigné un successeur, Gerbert, le roi fait élire, comme
archevêque de Reims, Arnoul (un bâtard de Lothaire) qui s'engage à abandonner la cause de son oncle Charles de
Lorraine. Mais aussitôt investi, ce dernier trahit ses serments et livre Reims à Charles. Finalement Charles et
Arnoul finissent par être capturés. Arnoul est remplacé par Gerbert dont la fidélité est également douteuse
puisqu'il rallie la cause de l'empereur Othon III. Cependant, les évêques français se refusèrent à le condamner en
affirmant l'indépendance totale du clergé des Gaules.
Eudes I le comte de Blois, vassal de Hugues Capet, était un des grands féodaux à pouvoir rivaliser avec
lui. Mais prudemment, il choisit de s'attaquer aux alliés du roi notamment Bouchard (comte de Paris) et son
gendre Foulques Nerra (duc d'Anjou). Eudes s'empare de Melun (tenu par un vassal de Bouchard). L'affaire
échoue et provoque une guérilla de deux ans entre Eudes et Foulque Nerra. Le duc d'Anjou en profite pour
s'emparer de Nantes en juin 992, ce qui n'empêche pas en 994 et 995 une reprise des hostilités.
Eudes finit par assiéger au cours de l'hiver 995-996 le Château de Langeais, Foulques s'était enfermé ; mais
heureusement le roi vient à son secours, et Eudes se voit contraint d'implorer une trêve avant de mourir en mars 996. Il
laisse une veuve, Berthe, qui épousera Robert II pour conserver l'héritage de ses fils. C'est à cause d'elle que les
derniers mois du règne de Hugues furent ternis par une discorde, car Robert II s'était épris de Berthe. De plus ce
mariage était canoniquement impossible (parenté au troisième degré), et Gerbert s'y oppose. Robert devra attendre
la mort du roi pour concrétiser une union qui s'avéra funeste.
Pour bien comprendre le règne de Hugues Capet il faut évoquer la France qu'il eut à gouverner.
Déjà la distinction entre les limites théoriques de son royaume, plus étendues au sud (comté de Barcelone) et plus
limité à l'est (par les royaumes de Lorraine et de Bourgogne) que la France actuelle ; et celle d'un pouvoir réel
n'excédant pas l'Ile de France et les régions voisines, l'hommage des grands féodaux étant resté théorique.
De plus le roi a été victime d'un double phénomène ; le relâchement des liens vassaliques entre le roi et
les grands féodaux (qui se résumait à la non hostilité envers le roi) ; et l'émiettement du pouvoir en de multiples
seigneuries où le pouvoir n'est plus exercé au nom du roi ou du comte, car son possesseur l'avait reçu en héritage
ou usurpé. Comme fondateur d'une nouvelle dynastie, Hugues Capet à su s'imposer habilement, en dépit de
certaines erreurs de jugement.
Dès son règne on peut discerner certaines constantes de la monarchie capétienne, comme le
gouvernement avec un conseil de fidèles où dominaient les évêques. Pourtant cela n'empêche pas le roi de
marquer son indépendance et celle de l'Eglise franque à l'égard de la papauté et de l'empire, ce qui donne une
ébauche de l'identité nationale.
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II. R
OBERT
II
LE
P
IEUX
(970 à Orléans, + 1031 à Melun, règne de 996 à 1031)
Robert II est décrit par ses contemporains comme étant un homme séduisant. Grand, belle
chevelure, barbe fournie et épaule haute. Mais la caractéristique qui prédomine parmi les témoignages c'est
une piété digne d'un moine. Elève de Gerbert à l'école de Reims, il connaît le latin et s'intéresse fortement à
la théologie et à la musique. Mais sa générosité et sa piété n'excluent pas une vie privée fortement
mouvementée.
Après avoir épousé Rozala en 987, puis l'avoir répudié en 988, il s'éprend de Berthe, la veuve du Comte
Eudes de Blois au grand dam de Hugues Capet. Dès la mort de son père il l'épouse et s'écarte des lois de l'église,
ce mariage étant prohibé par le droit canonique. Il arrive avec l'aide de Gerbert à convaincre Archambaud,
l'êveque de Tours, de le marier. Cependant, le pape Grégoire V n'accepta pas cette union malgles concessions
de Robert II, comme la libération de Arnoul (ancien Archevêque de Reims). Il excommunie le roi et son épouse
en 998 et leur impose une pénitence de 7 ans. Craignant la damnation, et Gerbert étant devenu pape en 999,
Robert II cède et répudie Berthe qui vient de perdre son enfant. Il épouse en 1003 Constance, la fille du comte
d'Arles Guillaume I. Mais après avoir envahie la cour de méridionaux elle se révèle être avare et acariâtre.
Elle donne deux fils à Robert qui lassé d'elle, emmène Berthe à Rome pour demander au pape la rupture
de son mariage et par même la légitimation de son union avec Berthe. Mais le pape ne peut que refuser et le roi
reprend la vie commune avec Constance. En 1017, Robert II, tout comme son père, décide de faire sacrer son fils
aîné Hugues de son vivant. Mais l'acharnement de Constance, qui souhaite voir son troisième fils Robert sur le
trône aura raison de Hugues. Il commence par se révolter puis meurt prématurément en 1025. Malgré la farouche
volonté de la reine, c'est Henri, le deuxième fils, qui est sacré roi en 1026. Malgré sa grande piété, Robert II ne fut
pas le jouet de l'église. Déjà il s'était opposé au pape pour son mariage, et il n'hésita pas à imposer ses propres
candidats aux évêchés.
Robert II fut tenté par de grandes entreprises comme la conquête du duché de Bourgogne, (différent du
Duché ou du Royaume de Bourgogne), que la mort de son oncle Henri en 1002 fait passer entre les mains du
comte de Bourgogne, plus attaché à l'empire qu'à la France. Avec l'aide de l'Abbé Cluny, de l'Evêque d'Autun et
des Ducs de Normandie, il met plus de douze ans à conquérir le duché dont il confie l'administration nominal à
Henri. Voulant limiter le pouvoir de ses voisins les plus puissants, Robert II s'allie avec l'empereur Henri II
d'Allemagne et le comte de Flandre Baudoin IV à qui il donne sa fille Adèle en mariage. Son grand et principal
ennemi reste l'empereur qu'il rencontre pourtant à Ivois en 1023. Rencontre destinée à rétablir la paix dans l'église
et à soutenir la réforme du clergé, qui à la mort de l'empereur en 1024 n'aboutit à aucune entente durable.
Malgré son envie de fendre les lombards dans leur lutte contre l'empereur Conrad II, le roi refuse en
1024 la couronne de Lombardie qu'on lui offre. En fait Robert II mesure son impuissance politique, qui de plus est
aggravé par ses querelles domestiques qui assombrissent la fin de son règne et le pousse à trouver refuge dans la
religion. Il meurt en 1031 comme un saint aimé de son peuple, et laisse le royaume en grand péril à cause de la
rivalité de ses fils, fortement attisée par leur mère Constance.
Robert II consolide la jeune dynastie en conquérant le duché de Bourgogne (auquel Henri renoncera),
mais il n'eut pas les moyens d'une grande politique. A cette époque il importait avant tout de durer, et on le voit
surtout entouré de petit châtelains d'Ile-de-France à défaut des grands qui auraient dut lui rendre hommage.
Par contre on peut lui faire reproche d'avoir persécuté les juifs en 1010 et d'avoir brûlé en 1022 les premiers
cathares à Orléans.
III. HENRI I (1008, + 1060 à Vitry-aux-Loges. Règne de 1031 à 1060)
Henri I a un début de règne difficile. Il doit affronter la volte de son frère Robert soutenu par
sa mère Constance et le comte Eudes II de Blois. Ce dernier s'empare de Sens et oblige Henri à trouver
refuge auprès de Robert le Diable, son allié avec Conrad II l'empereur d'Allemagne, le comte d'Anjou et
le comte de Flandre.
Heureusement, Constance meurt en 1034 et Henri vient à bout de ses adversaires. Mais ce n'est pas sans
amputer son domaine ; il donne à Robert le Diable le Vexin français et à son frère Robert le Duché de
Bourgogne.
Son principal adversaire Eudes II ne désarme pas, et il s'adresse au plus jeune frère du roi, Eudes, pour former
Les Capétiens
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une nouvelle coalition. Cependant elle tourne à l'avantage du roi avec la prise de Sens, la capture de son frère
Eudes et la conquête de la Touraine par le comte Geoffroy-Martel.
Mais l'alliance de Henri I et des normands finit par se rompre. Parti en Terre Sainte, Robert le Diable
confie au roi son bâtard, futur Guillaume le Conquérant, et après sa mort en 1031, le roi aide Guillaume à
vaincre les barons normands à la bataille de de Val-ès-Dunes en 1047. Cependant la Normandie est trop
puissante et un conflit éclate entre le roi et Guillaume.
En 1053, le roi noue contre Guillaume une vaste coalition avec l'Anjou, la Bourgogne, l'Auvergne, la
Champagne et l'Aquitaine. Le roi essuie une défaite à Mortemer en 1054, puis une autre à Varaville en 1058, ce
qui consolide la Normandie. Bien que Henri I fut un roi pieux et irréprochable au niveau de sa vie religieuse, il
se heurta à une papauté voulant purger l'Eglise des pratiques simoniques (trafic d'objets sacrés, de biens
spirituels ou de charges ecclésiastique), et de réformer l'image des clercs.
L'hostilité du roi pour la papauté s'explique par les liens privilégiés de cette dernière avec Conrad II
l'empereur germanique. Conrad ayant acquit le royaume de Bourgogne pour son fils (1039), le roi obtient en
compensation de conserver un pouvoir nominal sur ce royaume. Après l'échec en 1044 d'un vassal de l'empereur
Henri III, le Duc Godefroy encourapar le roi n'hésite pas à faire de grands préparatifs militaires en 1046. Il
réclame en "vertu de son droit héréditaire" le Palais d'Aix-la-Chapelle et le royaume de Lorraine. Mais faute de
moyens réels, ces menaces restent sans lendemain.
Après la mort de sa fiane, fille de Conrad II, le roi épouse en 1043 Mathilde de Frise, la fille de Henri
III, mais elle meurt sans ritier après un an de mariage. Henri I décide de chercher une "lointaine princesse", et il
envoie Roger II, l'Evêque de Châlon à Kiev. Il lui ramène Anne, la fille du grand Duc Iaroslav le Boiteux, qu'il
épouse et fait sacrer à Reims en 1059. Elle lui donne l'année suivante le futur Philippe I, qui est sacré à Reims en
1059.
Le bilan territorial de Henri I est plutôt négatif ; il perd le Duché de Bourgogne et le Vexin français, et
ce n'est pas l'acquisition du Comté de Sens 1055 qui compense cette perte. Mais il réussit à asseoir son pouvoir,
comme lorsqu'il contraint en 1056 son allié Geoffroy-Martel à restituer le Vendômois à Foulques l'Oison.
La dynastie Capétienne commence à s'affermir, malgré sa faiblesse intrinsèque, que la ténacité des capétiens à
venir transformera en autorité incontestable.
IV. P
HILIPPE
I (1053, + 1108 à Melun, règne de 1060 à 1108.
Philippe I a souvent été décrit d'une façon peu flatteuse. Paresseux, gras et plus occupé par son estomac
que par le combat. Mais c'est probablement à l'Eglise qu'il doit cette réputation, car à l'époque seuls les
clercs écrivaient l'histoire. Son règne, qui devait durer quarante-huit ans, débute calmement après la
régence de son oncle Baudoin V, comte de Flandre, mis à part le scandale causé par Anne de Kiev qui,
après enlèvement, épouse Raoul de Crépy.
Après l'annexion au domaine royal du Gâtinais et du Valentinois (1068), il soutient les droit de la
Comtesse de Flandre Rachilde, contre Robert I le Frison. Mais battu par ce dernier près du mont Cassel en
1071, il s'allie à lui et épouse sa nièce Berthe de Hollande. Cela ne l'empêche pas en 1074, de lui prendre la ville
de Corbie.
Si en 1066 Philippe était trop jeune, treize ans, pour contrer Guillaume le Conquérant dans sa
conquête de l'Angleterre, il fit tout pour l'affaiblir sur le continent. Il l'oblige à lever le siège de Dol en 1076 ce
qui rend difficile à Guillaume l'annexion de la péninsule Bretonne à la Normandie, puis il sème la zizanie entre
le nouveau roi d'Angleterre et ses barons continentaux, puis entre lui et ses fils. Ainsi il soutient la révolte de
Robert Courteheuse contre son père (Guillaume). Ce dernier est battu à Gerberoy en 1079, ce qui permet à
Philippe I d'obtenir Gisors du fils, comme récompense pour son aide, et de l'argent du père pour lever le siège
d'un château.
A la mort de Guillaume en 1087, Philippe continue sa politique de division en soutenant alors Robert
Courteheuse (nouveau duc de Normandie) contre son frère Guillaume le Roux, devenu roi d'Angleterre.
Guillaume revendique le Vexin français et allié au Duc d'Aquitaine, il menace même le royaume, qui est sauvé
par Louis, le prince héritier et l'héroïsme des défenseurs de Pontois puis de Chaumont en 1098. La principale
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