développer ce sujet. Il n’y a pas encore de subvention publique pour ce genre de
réflexion…
Les premiers enjeux astrologiques du déclassement de Pluton
Bien que l’affaire ne soit peut-être pas close, la décision de l’UAI montre une nouvelle fois
que la communauté scientifique est capable de revenir sur ses choix même lorsque c’est
douloureux. Pluton pose vraiment problème sur le plan des classements astronomiques.
Dès l’annonce de son déclassement, quelques critiques ont été émises spontanément par
les sceptiques, mais sans réussir toujours à pénétrer ses problématiques réelles,
notamment techniques. Chose que nous allons tenter de faire ci-dessous. Pour la critique
bien sûr, l’affaire est simple : puisque Pluton a été renvoyé des planètes traditionnelles par
les astronomes, l’astrologie devrait faire de même. Pourtant ceci n’est évident ni dans la
forme, ni sur le fond.
Nous parlions plus haut de traduction en termes astrologiques, or les critères de
classement des corps du système solaire diffèrent de l’astronomie à l’astrologie, d’où des
catégories distinctes qui empêchent de transposer directement les conclusions de
l’astronomie à celles de l’astrologie. La catégorie des planètes naines illustre très bien ce
propos. En effet, cette catégorie regroupe (au moins) des corps de tailles allant de Cérès à
Eris, mais dont les paramètres cinématiques sont suffisamment épars pour que le système
astrologique ne puisse les intégrer tels quels : le critère de taille n’est pas un critère de
classement en astrologie. De plus, l’astrologie ne se réfère en rien à la nature des astres
pour construire ses interprétations, et à peine à leur apparence (autrement Pluton n’aurait
pas encore de symbolisme…) : le paramètre majeur en astrologie est encore le
mouvement apparent. Autrement dit, c’est plutôt la vitesse de déplacement dans le
zodiaque qui permet des regroupements astrologiques parmi les astres, non la taille des
objets à proprement parler, et encore moins leur constitution. Ainsi les planètes naines ne
peuvent-elles pas constituer une catégorie astrologique, Cérès (et ses collègues de la
ceinture d’astéroïdes) et Sedna s’en démarquant. En effet, la durée de révolution de Cérès
(4,6 années) est comprise entre celles de Mars et Jupiter, donc bien inférieure à celles de
Pluton (248 ans) ou Eris (557 ans). A l’autre extrême, celle de Sedna (11.000 ans environ)
est de l’ordre des durées en jeu pour la précession des équinoxes ! Cérès ne saurait donc
constituer une « planète de génération » comme le sont pour l’astrologie les trans-
saturniennes traditionnelles (Uranus, Neptune et Pluton), pas plus que Sedna. Il n’est donc
pas évident d’appliquer les catégories de l’astronomie à celles de l’astrologie…
Pourquoi les mouvements apparents sont-ils si importants dans la théorisation de
l’astrologie ? Parce qu’ils sont conçus comme des déplacements dans le zodiaque
astrologique. En astrologie de naissance, au plus un astre est rapide, au plus sa position en
signes change souvent, ce qui lui donne un caractère personnalisant pour le natif.
Réciproquement, au plus un astre est lent, au moins il différencie un individu d’un autre de
la même génération (durant 7 années en moyenne tous les individus ont Uranus dans le
même signe astrologique, environ 20 pour que Pluton traverse un seul signe astrologique).
Pour l’astrologie judiciaire, si utile dans le cadre de la consultation astrologique, au plus un
astre est lent, au plus ses « transits » (périodes pendant lesquelles il peut donner lieu à
interprétation astrologique de ce qui se produit à l’intérieur (ressentis, prises de décision)
et/ou à l’extérieur (événements à proprement parler) de l’individu), sont longs. Donc en
théorie plus présents, plus importants, plus signifiants.
Ainsi la notion de mouvement apparent rend-elle compte du fait que le Soleil et la Lune
coexistent déjà avec les planètes depuis les origines de l’astrologie (et les y ont même
précédées). Ceci montre à quel point il est absurde de pousser les astrologues au rejet de
Pluton pour la seule raison que l’UAI en a décidé ainsi pour l’astronomie. Ou alors il faudrait
aussi réclamer parallèlement (mais avec beaucoup de retard…) qu’il en soit de même pour
les deux luminaires…