R. Kacem Terminale S - SVT : Corps Humain et Santé 2015/2016 Les vaccins varient selon leur mode de fabrication. Il peut s’agir de préparations contenant : - l’agent infectieux entier dont la virulence est réduite après mutation (vaccins vivants ou LATEX Chapitre 3 - Le phénotype immunitaire au cours de la vie Un individu est confronté, tout au long de sa vie, à de multiples pathogènes. Chaque rencontre déclenche une réponse immunitaire qui aboutit à l’élimination éventuelle du pathogène et à la formation de lymphocytes mémoires. Cette mémoire immunitaire permet une réponse plus rapide et plus efficace lors d’une rencontre ultérieure avec le même pathogène. La vaccination provoque une mémorisation équivalente et participe à la protection de l’individu mais aussi de la population à laquelle il appartient. 1 La mémoire immunitaire 1.1 Réponse primaire et secondaire La réponse secondaire contre un agent infectieux se traduit par une production d’anticorps et de lymphocytes TC spécifiques plus rapide et plus importante que lors de la réponse primaire ; ceci traduit l’existence d’une mémoire immunitaire. Au cours de la réponse secondaire, les LB et LT mémoires sont immédiatement opérationnels. Ils se multiplient et se différencient plus rapidement en cellule effectrices, ce qui rend la réaction plus efficace. Ces caractéristiques montrent l’existence d’une mémoire immunitaire, le système immunitaire semble se souvenir des antigènes préalablement rencontrés. Une réponse secondaire élimine un pathogène en quelques jours seulement, et souvent sans symptômes apparents. 1.2 Les mécanismes de la mémoire immunitaire Lors de l’expansion clonale des lymphocytes (phase de multiplication) , certains ne se différencient pas et sont stockées dans les ganglions lymphatiques : ce sont des LB mémoires et des LT mémoires à longue durée de vie. Ces cellules mémoires partagent des propriétés communes : - un délai d’activation très réduit ; - une capacité de prolifération supérieure aux lymphocytes naı̈fs ; - une très longue durée de vie (souvent plusieurs années à dizaines d’années). Les cellules mémoires dérivent de la différenciation d’une partie des cellules naı̈ves activées. La longue capacité de vie des cellules mémoires s’explique par leur capacité d’autorenouvellement au cours du temps ainsi que par la reformation d’un nouveau stock de cellules lors de chaque nouvelle rencontre avec un même antigène. 2 La vaccination 2.1 Un peu d’histoire 1798 Edward Jenner : vaccination contre la variole grâce à la vaccine 1885 Louis Pasteur : vaccination contre la rage 1921 Albert Calmette et Camille Guérin : mise au point (B.C.G), vaccin atténué contre la tuberculose 1954 Jonas Salk : vaccin anti-poliomyélite inactivé (injectable) 2.2 Différents type de vaccins Le principe de la vaccination a été découvert par Jenner au XVIIIe siècle puis amélioré par Pasteur un siècle plus tard. Il consiste en l’injection à un individu de préparations antigéniques produites à partir d’agents immunogènes mais non dangereuses pour l’organisme. atténués), - l’agent infectieux entier inapte à la multiplication du fait d’un traitement physique ou chimique préalable (vaccins inactivés ou tués), - des antigènes spécifiques de l’agent infectieux après extraction et modification. Un vaccin peut nécessiter une ou plusieurs injections rapprochées afin de permettre une protection efficace contre un agent pathogène donné. Les manipulations génétiques permettent de faire perdre leur caractère pathogène aux microorganismes injectés, mais les marqueurs moléculaires antigéniques spécifiques demeurent présents. Les virus étant des micro-organismes qui mutent très facilement, la vaccination peut être difficile à mettre en oeuvre. 2.3 Les adjuvants Afin de renforcer la réponse immunitaire, les préparations vaccinales sont injectées en même temps qu’un adjuvant. Ces adjuvants sont le plus souvent des sels d’aluminium qui créent une réaction inflammatoire locale. La réaction déclenchée par la présence de ce corps étranger reproduit artificiellement une réponse inflammatoire qui favorise la mise en place d’une réponse immunitaire adaptative vis-à-vis de l’antigène injecté en même temps. De nombreuses études sur les nouveaux adjuvants sont en cours. Les adjuvants classiques augmentent la production d’anticorps et favorise l’interaction de l’antigène avec les cellules dendritiques. Les adjuvants modernes sont critiqués car ils déclenchent des allergies. Les molécules des adjuvants ont des structures analogues aux PAMPs. Ces molécules stimulent le développement de la réaction inflammatoire. Actuellement, l’utilisation de ces adjuvants fait débat : les études récentes semblent mettre en évidence dans de rares cas, l’existence de maladies auto-immunes où l’organisme développe une réponse immunitaire contre ses propres marqueurs. 2.4 Vaccination et protection de la population L’augmentation du nombre d’individus vaccinés contre un agent pathogène au sein d’une population assure la protection de la population entière. La vaccination a permis de faire disparaitre certains virus (variole) ou de diminuer l’incidence de la maladie (rougeole), mais toute diminution de la couverture vaccinale peut entraı̂ner une résurgence de maladies devenues rares. 3 L’évolution du phénotype immunitaire au cours de la vie Le phénotype immunitaire d’un individu évolue au fur et à mesure des infections et des vaccinations ; il résulte d’une interaction complexe entre le génotype et l’environnement et conduit à une adaptation immunitaire de l’individu à l’environnement dans lequel il évolue. Les caractéristiques du système immunitaire définissent le phénotype immunitaire, variable au cours de la vie et d’un individu à l’autre. Durant la grossesse, il y a transmission par le placenta d’anticorps maternels au foetus. Le foetus ne produit pas de cellules ou de molécules de l’immunité adaptative. Le nouveau-né possède uniquement ces anticorps pendant les premiers mois de sa vie. Ils forment l’immunité passive. Quelques mois après la naissance, l’organisme se met à produire ses propres cellules et molécules : c’est l’immunité active. Les antigènes auxquels l’organisme est confronté au cours de la vie sélectionnent des clones de lymphocyte : cela signifie que certaines populations lymphocytaire voient leur effectif augmenter et qu’apparaissent des lymphocytes mémoire spécifiques des antigènes ”rencontrés”. Le phénotype immunitaire évolue donc au cours de la vie. La vaccination a une conséquence comparable : elle fait évoluer artificiellement le phénotype immunitaire de l’individu. 3.1 Rencontres successives avec des antigènes A la naissance, un individu possède une grande diversité potentielle de récepteurs membranaires des lymphocytes B et des lymphocytes T. Ce répertoire est directement lié au génotype de chaque individu. Toutefois, à un instant donné, seule une partie du répertoire potentiel est exprimée : c’est le phénotype immunitaire de l’individu à l’instant considéré. L’entrée d’antigènes chez un individu conduit à la sélection et à la prolifération de certains clones du répertoire à l’origine des effecteurs de la réponse immunitaire spécifique et des lymphocytes mémoires : chaque rencontre avec un antigène modifie donc légèrement le phénotype immunitaire de l’individu. Le phénotype immunitaire observé chez un individu évolue donc avec l’environnement antigénique. Il résulte ainsi d’une interaction complexe entre le génotype et l’environnement et conduit à une adaptation immunitaire de l’individu à l’environnement dans lequel il évolue. 3.2 Lymphocytes naı̈fs et lymphocytes mémoires au cours de la vie La production de lymphocytes naı̈fs est continue tout au long de la vie grâce à la présence de cellules souches dans la moelle osseuse. Toutefois, cette production n’est pas constante au cours de la vie mais diminue lentement avec l’âge. Chez l’enfant, la proportion de lymphocytes naı̈fs est importante et le répertoire exprimé très divers. A l’inverse, plus un individu est âgé, plus il a rencontré d’antigènes. Ce phénomène se traduit par une augmentation progressive de la proportion de lymphocytes mémoires par rapport aux lymphocytes naı̈fs avec l’âge. Par conséquent, chez les personnes âgées, la diversité du répertoire lymphocytes naı̈fs est beaucoup plus faible que chez l’enfant. Figure 1 – Schéma bilan