Espace Culturel des Terreaux
Lausanne
Jeudi 13 février 2014
A l’issue de la première représentation de « Lapidée », de Jean Naguel,
prix du Club de la Presse – Avignon 2013 :
DEBAT
animé par Manuela Salvi (Radio Télévision Suisse), avec :
Mme Aissa Safwy, Union Vaudoise des Associations Mulsulmanes
M. Sami Adleeb, Institut Suisse de Droit Comparé
Me Marc Bonnant, avocat, Genève
Sous réserve : M. Hani Ramadan, directeur Mosquée de Genève
Contact : Espace Culturel des Terreaux – Jean Chollet directeur
021 320 00 42 / 079 216 86 27
Ils ont dit ou ils ont écrit …
Aissa Safwa
Après sa formation elle a travaillé comme journaliste pendant plusieurs
années en Tunisie. En 1999, suite à des circonstances privées, elle doit
quitter son pays. Arrivée en Suisse, elle travaille dans la migration inter-
culturelle dans le canton de Vaud, puis a repris des études et obtient un
master en communication interculturelle à l’université de Lugano. Elle
est aujourd’hui vice-présidente de l’Union Vaudoise des Associations Mu-
sulmanes.
« Ce qui m’a le plus marquée tout au long de ma vie est cette phrase d’un collègue qui
disait : « Pourquoi engage-t-on des femmes qui nous rappellent le Moyen Âge ? ». Pour
moi, le foulard c’est le témoignage de ma foi en Dieu. Mes collèges ont fini par com-
prendre que je suis une femme ordinaire. Au final, j’ai fait un Master en communication
interculturelle à l’Université de Lugano pour renforcer mes compétences dans le domaine
de la santé. Bref, grâce à ma persévérance, je suis parvenue à mon but. Aujourd’hui, je
suis fière d’être musulmane, de porter le foulard et déterminée à lutter pour promouvoir
l’égalité des musulmanes voilées par rapport aux autres femmes. »
« L’apostasie est une question sensible dans toutes les religions. En islam, elle est sujette
à interprétation : on ne peut pas admettre la liberté de choix d’un côté et de l’autre, de-
mander de tuer celui qui change de religion. Ce hadith était bien entendu assorti de con-
ditions comme le fait que le changement de confession représentait un danger pour la
communauté. Mais même cette condition n’est plus considérée aujourd’hui comme va-
lable pour justifier la peine de mort à l’encontre des apostats. Malheureusement on parle
peu des efforts d’interprétation en Islam
Sami Adleeb
est un juriste d’origine palestinienne et de nationalisuisse. De 1980 à
2009, il a été responsable du droit arabe et musulman à l’Institut Suisse
de Droit comparé. Il dirige enseigne dans différentes université. Auteur
d’un grand nombre d’ouvrages et d’articles, il a notamment publié en
2008 une édition bilingue du Coran (arabe-français) en classant les sou-
rates par ordre chronologique.
« Le Coran est une copie de l’Ancien Testament. On y trouve la même idéologie. Le refus
de la liberté individuelle, la violence, les sanctions prévues par la Bible, vous allez les re-
trouver dans le Coran. C’est la même chose. On a l’avantage avec les Juifs qu’ils ne sont
pas nombreux. S’il y avait autant de juifs que de Musulmans, on aurait probablement eu
des catastrophes, comme avec les Musulmans. »
« Le problème, avec Moïse et Mahomet, avec l’Ancien Testament et le Coran donc, c’est
que ce sont des textes législatifs. Et si vous leur donnez une légitimité divine, vous les
rendez imperméables à la société et il devient impossible de les adapter. Il faut désacra-
liser les textes ».
« La solution est simple et compliquée à la fois. Il faut désacraliser les textes. Si vous ne
balayez pas le concept traditionnel de la révélation, nous sommes foutus »
Marc Bonnant est fils de diplomate et ancien bâtonnier. Il est considéré
comme l’un des meilleurs orateurs de Suisse. Chevalier dans l’Ordre na-
tional de la Légion d’honneur. En 2012, Marc Bonnant se produit durant
trois soirs au Théâtre Boulimie à Lausanne avec des plaidoiries-
spectacles consacrées respectivement à Socrate, Jésus de Nazareth et
Charles Baudelaire, Marc Bonnant est régulièrement invité par les asso-
ciations étudiantes d'arts oratoires: notamment à Sciences Po Paris, et à
la première chambre de la Cour d'Appel de Paris.
« La critique du christianisme est critique ; celle de l’islam, provocation. Pour l’islam, il
n’y a que les croyants et les infidèles. Infidèles, nous le sommes, certes. Tolérer l’islam,
ce n’est pas l’accueillir. Il est même légitime d’être islamophobe. La testation est salu-
taire. Elle divise, mais elle soude aussi autour d’une identité revendiquée. »
« Le blasphème ne peut être que le fait du croyant. L’athée, l’agnostique, le sectateur
d’un autre credo ne blasphème pas, il exerce son esprit critique et analytique. La foi de
l’autre n’est qu’une opinion, une représentation du monde qu’il peut juger et récuser li-
brement. »
« L’islam est viril non seulement par le sort détestable qu’il réserve aux femmes, mais
parce qu’il est conquérant, dominateur, arrogant, expansionniste et prosélyte. Autant de
raisons d’armer notre résistance. »
Marc Bonnant, LE MATIN DIMANCHE, 6 novembre 2011
Hani Ramadan. Licencié en lettres, philosophie arabe et islamologie,
Hani Ramadan tient régulièrement des conférences au sujet de l'islam.
En 1995 il reprend la place de son re décédé, en tant que directeur du
centre islamique de Genève. En 2002, il publie dans le quotidien français
Le Monde un article intitulé "La charia incomprise", dans lequel il revient
sur la condamnation à mort de Amina Lawal par lapidation au Nigéria,
qu'il décrit comme étant la volonté de Dieu.
« La lapidation prévue en cas d'adultère n'est envisageable que si quatre personnes ont
été des témoins oculaires du délit. Ce qui est pratiquement irréalisable, à moins que le
musulman choisisse d'avouer sa faute. Avant l'exécution de la sentence, les juristes pré-
cisent qu'il lui est toujours possible de revenir sur son aveu. (…) Le prophète Mohamed
lui-même faisait tout pour en repousser l'application. Ainsi, lorsque Mâ'iz se présenta au
Messager de Dieu en lui demandant de le purifier parce qu'il avait commis l'adultère, ce
dernier se détourna de lui. Mais Mâ'iz confessa son erreur à quatre reprises. Dès lors, le
Prophète ne pouvait qu'ordonner sa lapidation. »
« Parce qu'il s'agit d'une injonction divine, la rigueur de cette loi est éprouvante pour les
musulmans eux-mêmes. Elle constitue une punition, mais aussi une forme de purifica-
tion. Il est interdit d'insulter le coupable. Après sa mort, on prie pour lui. Ce que fit le
Prophète pour une femme qui s'était livrée après avoir accouché d'un enfant adultérin, et
dont le repentir avait été sincère. »
« En clair, que ceux qui nient qu'un Dieu d'amour ait ordonné ou maintenu la lapidation
de l'homme et de la femme adultères se souviennent que le virus du sida n'est pas issu
du néant. »
Hani Ramadan est directeur du Centre islamique de Genève, in « LE MONDE », édition du
10.09.2002
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