Un islam pour notre temps
Postface inédite
Abdennour Bidar
Éditions du Seuil, 2004,
2017, pour la postface.
Le titre lui-même invite à une réforme.
Mais est-elle légitime? S'impose-t-elle? De quel droit allons-nous toucher à la tradition? (« Je ne
suis ni saint ni prophète! »).
Si oui, avec quels moyens? Le sacré ne peut être transformé que par du sacré: où trouver cette
puissance sacrée? (B12).
La référence au Coran n'est plus désormais la seule source de réflexion, de valeurs et d'espoir pour
les musulmans. L'influence de la civilisation moderne a gagné des espaces immenses dans les
esprits et les cœurs. Partout l'âme est partagée entre deux visions du monde et deux systèmes de
valeurs: la paradis d'Allâh et le bonheur matériel, le respect de la loi islamique et le désir de choisir
sa vie soi-même, l'attachement à la tradition et le besoin de s'en libérer.
Nous, musulmans, sommes devenus des citoyens du monde: il faut accueillir les valeurs de la
modernité et notamment les valeurs humanistes( liberté, égalité, tolérance). D'où deux tâches:
sacrifier ce qui est incompatible avec les droits de l'homme; contribuer à résoudre le principal
problème de l'homme moderne, le "désenchantement du monde".
Que modernité et islam échangent leurs lumières!(B14).
Le monde musulman, un aveugle entre les mains du présent.
Il y a des islams mais l’islam entier soufre du même mal: il ne parvient pas à trouver sa place dans
la modernité. L’islam s’est toujours considéré comme une civilisation auto-suffisante. Elle a intégré
et uni dans une même vision du monde les cultures arabe, persane, indienne,1...Mais il est
aujourd’hui aspiré dans une sorte d’hyper-civilisation à l’échelle planétaire . Et c ‘est ce que son
orgueil de grande civilisation l’empêche d’accepter. On peut comprendre cette nostalgie de l’islam
pour cette autonomie perdue et le sentiment d’humiliation qui en découle.
Mais il s’enferme dans une logique insensée de résistance. Combien de temps pourra-t-il refuser le
présent?(B19). La violence des composantes extrémistes exprime tragiquement une agonie
douloureuse. Il y a certes une tradition guerrière de l’islam qui a conquis d’ immense territoires par
l’épée. Crime moral de ceux qui s’imaginent le perpétuer mais aussi contresens historique. Un
intellectuel marocain regrette cette focalisation occidentale (recherches, media,…) sur cette
violence. Car l’islam c’est plus que cette violence : des courants animés d’esprit critique, de
tolérance et d’ouverture, ne produisant pas de violence…. semblent n’intéresser personne (B22).
Pour reprendre Braudel, il faut faire la différence entre une histoire événementielle (telle que les
contemporains la vivent, la souffrent, au jour le jour) et une « histoire lentement rythmée » , celle
des « vagues de fond » qui transforme lentement et durablement une civilisation.
Le monde musulman se convertit lentement mais sûrement à la modernité. Un mouvement de fond.
En témoignent, les réformes d’Atatürk en Turquie2, de Bourguiba en Tunisie3. Un État veut se
fonder sur l’islam:il se proclame « république islamique ». « République ! ». Le mot a son
importance! Au Maroc, un nouveau code de la famille améliore la condition féminine ! Ce sujet est
aussi à l’ordre du jour en Inde.
Les mentalités changent aussi. Le droit au bonheur, le désir de liberté individuelle, l’amour de
1 Africaine (c’est moi qui l’ajoute!)
2 Un califat (incarnation d’un règne politique de l’islam) définitivement enterré.
3 Sans doute une exception s’agissant du succès des révolutions arabes.
l’égalité sont de plus en plus revendiqués. Une jeune fille qui porte le voile expliquera qu’elle le fait
non seulement parce que « c’est la tradition » mais plutôt parce que c’est une démarche personnelle.
Un partage des consciences et des héritages, des conflits entre fascination et répulsion pour la
modernité, entre fidélité et révolte contre l’ordre ancien.Transformations difficiles à vivre (B32).
La raison? La pensée dite « réformatrice » est à la peine, à la traîne. Elle est d’une incroyable
timidité. On reconnaît qu’il y a une ligne rouge à ne pas dépasser. Les théologiens refusent qu’il y
ait seulement problème4. Ils s’enferment dans une théologie statique.Il faudrait au contraire une
« théologie de la libération ».
La censure n’est pas seulement le fait des oulémas ou des mollahs. Elle est aussi intérieure.Un
exemple : « n’avoir pas jeûné un jour de Ramadan, sans excuse ! » .Un sentiment de culpabilité
qui demeure alors d’une puissance extrême(B34).
Dans la civilisation musulmane, la raison humaine n’a jamais été définie comme « esprit
critique ».La Révélation : il est hors de question de la critiquer. Mohamed Arkoum parle d’une sorte
de « clôture idéologique ». Les « interprétations » du texte sacré ont la même valeur que le texte lui-
même. Le Coran devient un instrument de domination politique.D’autres mots viennent sous la
plume : « totalitarisme, pouvoir clérical ».
Comment fonder un autre islam ou quelle est la tâche des réformateurs ? Il faut passer d’une
religion rituelle à une religion de l’intériorité qui implique l’appropriation personnelle des vérités
religieuses par chaque croyant. Pour les intellectuels, il ne s’agit pas de dire aux musulmans ce
qu’ils doivent croire ou faire, ni comment trouver leur place dans le « vrai islam » (comme s’il n’ y
en avait qu’un !) .
L’islam est une réalité spirituelle avant d’être un fait culturel et social. Il veut donner un sens à la
vie et à la mort. La question devient : « quel est le sens spirituel de ce que nous vivons ? ». Toute la
difficulté est là : arriver à voir dans le monde moderne un événement spirituel sans précédent.
Montrer Dieu dans le présent. Tout en faisant confiance dans la modernité.
De l’Occident, l’islam a gardé le souvenir d’un monde méprisant pour ses valeurs. Cela s’est vécu
lors des guerres coloniales. Il faisait partie du Tiers-Monde, exploité économiquement, soumis
politiquement.
Comment se réformer? L’auteur refuse une réforme à la Tariq Ramadan. Selon ce penseur, la
réforme ne peut venir que de l’intérieur. La réforme , ce sera comme un vêtement , un nouveau
cadre… avec seulement quelques concessions superficielles ? Pas de rencontre profonde entre la
modernité et l’islam.
Ou au contraire, envisager la modernité comme un événement spirituel pour repenser l’islam ?
(43).Tel est le point de vue de l’auteur.
Le nouvel islam: une réforme selon les droits de l’homme.
Quels seraient les nouveaux fondements de l’islam ? Affirmation de la liberté de choix spirituel
pour toutes les pratiques et croyances, égalité stricte en valeur de tous ces choix, création d’une
communauté accueillant la différence (B47).
Quant à la modernité : il n’ y a rien au-dessus de l’homme dont la dignité est la seule valeur absolue
existant dans notre monde. Et cela par la présence du sacré dans l’humain lui-même. Et ce citer E.
Levinas, le grand philosophe juif : « dans l’accès au visage, il y a certainement aussi un accès à
l’idée même de Dieu »(B49).
Les images les plus fondamentales de notre imaginaire spirituel sont celles de l’exil, du voyage , du
cheminement, du secret, du voile. De tout temps, il nous a fallu mener une vie d’ascèse, se purifier,
se repentir, s’éveiller pour finalement renaître, accéder à l’absolu présent en nous. Pour cette raison,
le respect de toute existence est un devoir absolu : elle a une valeur absolue.
Frédéric Lenoir est l’auteur d’un livre dont le titre est révélateur : « les Métamorphoses de Dieu ».
Notre rapport au divin repose sur une intériorisation du sacré : on cherche à intérioriser le sacré, à
4 Comme ce Etat tchétchène qui maltraite les homosexuels tout en niant leur présence dans le pays.(avril 2017).
vérifier la manifestation de Dieu en nous(B55).C’est donc la seule conscience spirituelle de chaque
homme qui est juge du sacré: l’individu est la mesure du vrai, du bien, du beau.Il n’est plus non
plus soumis aux normes du groupe, il se construit lui-même.
Emmanuel Kant : « la loi morale en moi, le ciel étoilé au-dessus de moi ».La parole du Coran n’est
pas loin : « Il est avec vous où que vous soyez »5.
La modernité fait surgir le sacré de l’individu. Un islam moderne est celui où chaque croyant choisit
le contenu de sa démarche spirituelle(B57). Il y a en islam autant de voies droites, vraies et justes,
qu’il a de choix spirituels réfléchis et sincères... Le Coran : « Dieu marche avec vous tous, où que
vous soyez6 ». Il dit aussi : « Dieu n’impose à chaque homme que ce qu’il peut porter7 ».. Encore :
« il y a pour chacun une direction vers laquelle il se tourne »8.
Il faut remettre le Coran dans les mains de chaque musulman. Comme le soulignait Aristote, le
choix de l’individu doit être délibéré, en connaissance de cause. Mais comment bien choisir ?
Le choix est difficile, le juste milieu à trouver entre la soumission passive à des oulémas et
l’originalité sans contrôle. De toute manière, le choix personnel ne pourra se faire qu’à l’intérieur
du cadre de la Révélation, dans l’éventail des possibilités ouvertes par le texte sacré.
Responsabilité donc quand il faut définir le contenu de son islam. Art de choisir : « dans la mer des
sagesses du Coran, je puiserai uniquement ce qui m’est utile pour ouvrir ma conscience à la
présence de Dieu ».
Un exemple, ne plus faire le ramadan par habitude sociale mais seulement parce si on y trouve un
moyen nécessaire de purification.
Il faut dialoguer (B64). Dialoguer avec sa propre conscience, dialoguer avec autrui. Le prix de la
communauté , c’est la solidarité de tous dans la formation du jugement. La communauté c’est aussi
cette assemblée spirituelle au sein de laquelle se transmettent l’amour et l’étude du Coran. Sa
présence structurante évite l’éparpillement de l’individu, la navigation tous azimuths. Une
communauté du juste milieu.
Il y a finalement 3 conditions du choix libre : une condition d’authenticité (conformité au Coran),
une condition de responsabilité (conformité à un besoin spirituel profond), une condition de
dialogue (rôle pédagogique de la communauté). B67).
Intérioriser la loi religieuse.
La loi religieuse (sharî’a) ne disparaît pas dans l’islam du temps présent : elle s’intériorise, elle ne
commande plus du dehors mais du dedans. Elle devient une loi personnelle, une exigence profonde.
On passe du règne de la contrainte à celui de l’obligation. La voix de Dieu parvient de l’intérieur
même de la conscience et non plus à travers l’interprétation des docteurs : l’islam est une religion
sans clergé ! « La religion , c’est la sincérité ».
Des hiérarchies à abolir. Dans un souci d’égalité.
Les spécialistes du Coran: un rôle de conseil.
La tutelle masculine sur les femmes.
La supériorité de l’islam sur les juifs, les non-musulmans en général.
Ghazzali (XIème siècle : « n’établir aucune différence entre la vérité découverte par toi et celle qui
serait découverte par un autre ».
Que m’importe que l’homme qui est en face de moi soit musulman, juif ou athée ? Je l’aime comme
visage de Dieu. Nous serons désormais en demande de différence et par là, résolument contre tout
communautarisme ou repli sur soi communautaire.
Et donc, pas de religion d’État. On ne trouve, dans les paroles du Prophète pas le moindre projet
d’un État politique(B81). Le rôle du Prophète est clairement défini comme celui d’un envoyé et non
d’un chef politique, celui d’un avertisseur et non celui d’un berger : « ô vous les hommes, je ne suis
5 Coran, 57,4.
6 Coran, 2,148.
7 Coran, 2, 286.
8 Coran, 2, 148.
qu’un avertisseur explicite9 ».
Ne faut-il pas que les états musulmans deviennent laïques ? Les états du monde musulman doivent
choisir. S’ils conservent une référence à l’islam dans les textes fondateurs d’un pays, ils ouvrent la
porte à une domination de l’islam sur les autres droits moraux et spirituels.Le notion de
« République islamique »(voir plus haut) révèle un processus de laïcisation qui n’a pas encore
atteint un stade d’ouverture aux droits de l’homme.Toute discrimination positive(favorisant les
citoyens musulmans) ou négative (pénalisant un individu pour ses convictions religieuses) doit être
bannie de ces sociétés (B85).
« Ce livre s’adresse en priorité à mes frères et sœurs en Dieu mais je serais tout aussi heureux qu’il
soit lu par des non-musulmans10et reçu par eux comme un signe de changement profond et
d’ouverture sincère de l’islam » (B86).
Une culture du sens profond de la modernité doit éclore en islam.Nous ne pouvons pas laisser les
jeunes de culture islamique à l’abandon sur ce plan-là. Ils ne doivent surtout pas être prisonniers
d’une vision primaire ou manichéenne: l’islam contre la modernité, -c’est-à-dire-j’exagère à peine-
Dieu contre Satan, le bien contre le mal, la pureté contre la tentation, l’identité contre l’oubli de soi,
« Que chacun cherche le sacré dans la variété du monde11 : le changement de ses propres états
intérieurs, la différence des hommes entre eux, et la multiplicité des êtres de l’univers » (B89).
Le chaos moderne à la lumière du Coran.
Quelle place les différentes traditions spirituelles peuvent-elles revendiquer dans la construction des
valeurs modernes ?
Mais l’humanisme est en crise. De mille et une façons, la personne humaine est bafouée par cette
modernité qui devait lui faire toucher l’absolu. Notre civilisation se caractérise surtout par sa
capacité à inventer des formes toujours plus basses ou révoltantes d’inhumanité. Notre monde
théoriquement fondé sur le principe d’égalité, est en fait, celui des plus terribles esclavages,
injustices et inégalités.
De l’issue de cette crise générale de civilisation dépend donc sincèrement le succès ou l’échec de la
réforme de l’islam(B95).
Nous devons trouver le moyen de sacrer tout être humain comme jadis, on sacrait les rois.Mais
quelle ressource l’islam peut-il offrir à la modernité pour construire le « sanctuaire de la vie
humaine ? » (B96). Comment peut-il nous aider dans cette confrontation qui est la nôtre avec un
désordre intérieur impossible à dépasser et avec le monde sans but que nous avons construit dessus?
(B97).
Le Coran et le Chaos.
La lecture du Coran provoque souvent chez tout lecteur un sentiment de perplexité. Il est dérouté
par son foisonnement. Une parole toute en ruptures qui font se succéder ses récits sans ordre visible.
Pour un esprit moderne habitué à suivre une démonstration, une évocation, une description, un récit
de textes composés selon un plan rigoureux, le Coran est particulièrement rebutant par sa
présentation désordonnée,….(Mohamed Arkoum)(B98).
Désordre du monde contemporain, désordre du Coran. « Pour éclairer le désordre du monde
contemporain, il faut méditer sur ce modèle de désordre que nous offre le Coran ».
Une Parole divine bâtie sur le principe du Chaos.
Une providence absolument extraordinaire.Le Coran nous fournit le modèle sacré de ce que nous
sommes et nous vivons, c’est pour cela qu’il peut secourir notre modernité.Comme nous-mêmes, il
se reconstruit sans arrêt sur les décombres de l’instant présent.Il est l’errance en chacun de nous et
en même temps, il est Parole de Dieu.Chacun doit trouver le fil unique qui relie la multiplicité de
son moi, celle du Coran et celle de Dieu, qui est le Multiple par excellence parce que son unité a
9 Coran, 22,49.
10 Voilà qui est fait (NDLR).
11 « Chaque jour, Dieu est dans un autre état » (Rûmi cite ici le Coran,55,29). (B88).
tous les visages de tous les mondes issus de lui (B100).
Qu’est-ce que le monde pour un esprit moderne, au-delà de sa dérive aveugle et de son
désenchantement ?Vient à l’esprit l’image du « mirage ». Tout nous semble vide et vain. On est
désabusé : les hommes sont « sans illusions », « ne se fient plus aux discours », « ne croient plus en
rien »,…
Les droits de l’homme restent une abstraction,...Dieu, le bien,la justice,. des mots creux,.. . Les
ténèbres de l’inconscient se sont installés en dedans de nous,...Injustices, oppressions, inégalités
sont le lot de classes sociales, de pays entiers,…
Vient le Coran : : « Celui qui est altéré croit voir de l’eau ; mais quand il arrive, il ne trouve rien 12;
il y trouve Dieu auprès de lui 13».
Ibn Arabi va dans le même sens : « C’est lorsque tu ne trouves rien que tu trouves Dieu. Dieu ne
peut être trouvé que dans l’absence des choses sur lesquelles nous prenons appui » (B103).
C’est quand l’homme renonce à ses propres forces que Dieu transforme sa faiblesse en force.
Le mirage est le lieu d’apparition privilégié de l’absolu.Le vide de l’existence moderne se renverse
en absolu.
Un jour viendra , il sera sans chemins, sans montagnes à gravir, sans gouffres où tomber, sans voie
« droite ». Autrement dit, la possibilité de s’égarer aura complètement disparu.Il n’ y a plus de route
ni vers le bien ni vers le mal. La distinction entre l’orient et l’occident aura disparu...(B109).
Ce qui était le but de ces chemins, la rencontre de l’absolu, est maintenant tout près de nous.Le
chemin cesse quand nous sommes arrivés à destination.L’absolu ne se manifeste plus loin de
l’homme, dans un au-delà religieux ou philosophique, mais en lui-même immédiatement. Le temps
du cheminement s’est changé en un temps de la Présence. 14
Le jihad(celui du combat spirituel) est terminé.Au jour du jugement : « lorsque la vue sera éblouie,
lorsque la lune disparaîtra, lorsque le soleil et la lune seront réunis »..lorsque la Révélation de la
présence de Dieu deviendra évidente… La proximité immédiate d’Allâh transforme le présent en
présence (B113).
Conclusion
Sur la prière : par la prière, la vie de l’homme entre en Dieu. Par le Témoignage, la vie de Dieu
entre en l’homme.La présence de Dieu pénètre à travers lui, la vie toute entière. L’existence n’ a
jamais cessé d’abriter la Présence suprême (B118).
12 Voir dans le même sens, "Paul se releva de terre et, les yeux ouverts, il vit le néant"(Actes des Apôtres,9,8).Et le
commentaire de Maître Eckhart, sermon 71. "Il me semble que ce petit mot a quatre significations. L'une d'elles
est: quand il se releva de terre, les yeux ouverts, il vit le néant et ce néant était dieu, car lorsqu'il tait Dieu, il le
nomme un Néant.La seconde signification:lorsqu'il se releva, il ne vit rien que Dieu. La troisième: en toutes
choses, il ne vit rien que Dieu.La quatrième: quand il vit Dieu, il vit toutes choses comme un néant".
Un autre commentaire (carnet philosophique.blogspot.com/2012).
« Paul se releva de terre et, les yeux ouverts, il vit le néant» . Je ne peux pas voir ce qui est Un. Il vit le Néant, c'était
Dieu. Dieu est un Néant et Dieu est un Quelque chose. Ce qui est Quelque chose est aussi Néant. Ce que Dieu est,
il l'est absolument. Quand il écrit sur Dieu, le lumineux Denys dit : il est au-dessus de l'être, il est au-dessus de la
vie, il est au-dessus de la lumière; il ne lui attribue ni ceci ni cela et il veut dire qu'il est on ne sait quoi, très loin
au-dessus. Si quelqu'un voit quelque chose ou si quelque chose s'introduit dans ta connaissance, ce n'est pas Dieu
pour la raison qu'il n'est ni ceci ni cela. Si quelqu'un dit que Dieu est ici ou là, ne le croyez pas. …... C'est
pourquoi il dit : « Il (Paul) se releva de terre et, les yeux ouverts, il vit le néant. » Il vit Dieu en qui toutes les
créatures sont néant. Il vit toutes les créatures comme un néant car il (Dieu) a en lui l'être de toutes les créatures.
Il est un être qui en a lui la totalité de l'être».
13 Coran, 25,39.
14 On ne m’accusera pas de syncrétisme, j’espère, si je me permets de faire mention de la lettre récente de Frère
Philippe (Communauté des frênes, Warnach, 6637, Fauvillers,B) qui écrit : « faire de notre vie l’œuvre de Dieu et
pas seulement des œuvres pour Dieu. L’être humain portant la présence a pour tâche de permettre à l’esprit de
vitaliser l’expérience humaine et de l’orienter ». Je reviens à Bidar : « Le temps du cheminement s’est changé en un
temps de la Présence ». Un peu plus loin: la proximité immédiate d’Allâh transforme le présent en présence.
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