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Fiches réalisées par Arnaud LEONARD
(Lycée français de Varsovie, Pologne)
à partir de sources diverses, notamment des excellents « livres du professeur »
des éditions Nathan (dir. Guillaume LE QUINTREC)
2
HA – L’Egypte
Approche scientifique Approche didactique
Définition du sujet (termes et concepts liés, temps court et temps long, amplitude
spatiale) :
Deux cents ans après l'Expédition d'Égypte menée par Bonaparte, comment
arriver à rendre compte d'une histoire moderne de l'Égypte ancienne, de ses
empires, de ses trente dynasties, de ses règnes innombrables ?
Insertion dans les programmes (avant, après) :
Le chapitre consacré à l'Egypte antique est
fondamental car c'est la première fois, pour les
élèves de Sixième, que l'on aborde l'élude
d'une civilisation.
C'est aussi l'occasion de mettre en place
quelques notions fondamentales (monarchie
absolue, polythéisme, salut et jugement,
notions d’architecture sacrée) très utiles pour
la suite du programme.
Par ailleurs, cette partie, selon les textes, ne
peut dépasser cinq heures. Nous sommes
obliges de faire des choix drastiques et
d'insister sur certains aspects ou savoir-faire.
Ce chapitre s'appuie donc sur un nombre
important de documents iconographiques que
les élèves peuvent confronter à quelques textes
emblématiques.
Sources et muséographie : Les recherches actuelles largement basées sur les analyses des fouilles archéologiques s'intéressent de
plus en plus à la vie quotidienne. Cet aspect relativement nouveau doit donc s'intégrer dans un ensemble déjà vaste.
Exposition "Pharaons", 2004-2005 (IMA) / Bonaparte et l’Egypte, 2008-2009 (IMA)
Ouvrages généraux :
Voir les ouvrages des professeurs au Collège de France dans la chaire d'égyptologie : Georges Posener (1906-1988) de 1961 à
1978, Jean Yoyotte de 1991 a 1997 et Nicolas Grimal depuis 1997.
Posener G., Dictionnaire de la civilisation égyptienne, Hazan, 1998. Fondamental, d'une richesse exceptionnelle.
Dictionnaire des pharaons / Pascal Vernus et Jean Yoyotte, Éd. Agnès Viénot, Paris, 1996. Ce guide de référence permet de
découvrir de façon concrète et précise la vie et la personnalité des reines et des rois d'Egypte.
Histoire de l'Egypte ancienne / Nicolas Grimal, Fayard, Paris, 1988
Voir les ouvrages des égyptologues de l'Institut Français d'Archéologie Orientale (ou IFAO) : Claire Lalouette, Guillemette
Andreu-Lanoë (chef du département des antiquités égyptiennes du musée du Louvre depuis mai 2007), Jean Vercoutter, Jean-Pierre
Corteggiani
Les Grandes Pyramides, Chronique d'un mythe / Jean-Pierre Corteggiani, Découvertes Gallimard, Paris, 2006
Dictionnaire de la religion égyptienne / Jean-Pierre Corteggiani, Fayard, Paris, 2007
Histoire de la civilisation pharaonique / Claire Lalouette, Fayard, Paris, 1985-1991, Réédition Flammarion 1995
L'Égypte et la vallée du Nil, Tome 1 : Des origines à la fin de l'Ancien Empire (12000-2000 avant J.C.) / Jean Vercoutter, Nouvelle
Clio, PUF, Paris, 1992
L'Egypte et la vallée du Nil, tome 2 : De la fin de l'Ancien Empire à la fin du Nouvel Empire / Claude Vandersleyen, Nouvelle
Clio, PUF, Paris, 1995
Andreu G., Les Égyptiens au temps des pharaons, Hachette Pluriel, 1997. Une bonne mise au point (vie quotidienne).
L'Egypte ancienne / Desplancques Sophie, Que sais-je ?, PUF, Paris, 2005
Atlas historique de l'Egypte ancienne / Bill Manley, 1998, Autrement
La Civilisation de l'Egypte pharaonique / François Daumas, Les grandes civilisations, Arthaud, Paris, 1993 (1967)
Dieux et hommes en Égypte - 3000 av. J.-C.-395 apr. J.-C. / Françoise Dunand et Christiane Zivie-Coche, U, Armand Colin, Paris,
2001 (1991)
Documentation Photographique et diapos :
Villes et campagnes de l'Égypte ancienne - n°6080 (1985) / Danièle Valbelle
L’Egypte antique : le pays, les dieux et les hommes. Diapofilm, 1974. 12 diapo. + 1 livret
L’Egypte antique : le temple et la liturgie. Diapofilm, 1977. 12 diapo. + 1 livret
Revues :
Les dieux de l’Égypte, TDC N° 950, du 15 au 29 février 2008
La campagne d'Égypte, TDC N° 865 du 1er au 15 décembre 2003
L'Histoire, numéro spécial n° 190, « Les mystères de l'Egypte », juillet/août 1995.
Des Hiéroglyphes au numérique : L'écriture depuis 5000 ans / Collectif, in LES COLLECTIONS DE L'HISTOIRE, Supplément
trimestriel de "L'Histoire", N° 29, Octobre 2005
Carte murale : La vallée du Nil
Enjeux scientifiques (épistémologie, historiographie et renouvellement des
savoirs, concepts, problématique) :
L’égyptologie : "Don du Nil" et mère de toutes les sagesses, l'Égypte est dans
l'imaginaire hébreu le creuset où prit forme le peuple élu. Isis fascina les Romains
et son culte dépassa largement les frontières de l’Égypte. La chrétienté aussi y
cherchera ses racines les plus profondes. Mais, pendant des siècles, l'Europe n'a
perçu cette mère nourricière qu'à travers le miroir déformant des anciens auteurs
Enjeux didactiques (repères, notions et
méthodes) :
BO actuel : « L’essentiel (« le pharaon, les
dieux et les hommes ») est de faire découvrir,
sans s’attarder sur une approche
chronologique, les permanences d’une
civilisation (un territoire, une société agraire,
3
grecs. L’égyptologie est une science récente, née en 1822 avec le déchiffrement
de l’écriture hiéroglyphique par Champollion. Même dans des endroits très
peuplés, très connus, dans le Delta, en Moyenne-Egypte, on sait que des sites
existent mais qu’on n’a jamais fouillés (fouiller trois millénaires de civilisation
pour une science qui n’a même pas deux siècles...).
Exemple : on a fini de réunir la documentation complète sur Ramsès II dans le
milieu des années 80. C’est relativement récent. Et les synthèses historiques que
l’on peut faire maintenant sont, pour la préhistoire, totalement différentes de ce
qu’elles étaient il y a 10 / 15 ans, tant nos connaissances ont changé. Il y a 30 ans,
on avait une description de la préhistoire égyptienne qui était dans un modèle très
conforme à une origine sémitique, mésopotamienne, etc. On a totalement revu les
relations avec l’Afrique en particulier. On a également totalement revu la durée :
c’est-à-dire qu’aujourd’hui on est capable, non pas de dire que l’histoire
commence vers 3 200 avant notre ère, on la fait commencer presque un millénaire
plus tôt. On peut la décrire, on connaît mieux les acteurs, on connaît mieux les
intervenants. Tout ça parce que, grâce à la climatologie, grâce à beaucoup de
données nouvelles, on peut mieux rendre compte du devenir de l’environnement,
et donc aussi par les fouilles – des fouilles ont apporté des choses nouvelles –
donc, on décrit beaucoup mieux et ça a beaucoup changé (cf. Aux origines de
l'Egypte. Du Néolithique à l'émergence de l'Etat, Béatrix Midant-Reynes, Fayard,
2003). Les trous à combler concernent paradoxalement, les époques les mieux
connues. Le premier millénaire, par exemple, est une époque pour laquelle on a
une documentation tellement foisonnante que la description qu’on en fait est
difficile à faire parce qu’il faut débroussailler toute cette documentation. De
même, on connaît bien la religion, mais, par exemple, on ne connaît pas très bien
la liturgie d’un grand temple comme celui de Karnak.
Exemple : polémique autour de la « chambre de Kheops » fin 2004 entre ceux qui
soutiennent la thèse architecturale de Gilles Dormion (dont Nicolas Grimal,
chaire d’égyptologie du Collège de France depuis 1997) et ceux qui prennent
leurs distances avec l'affaire (comme Jean Yoyotte, son prédécesseur) ; cf
L'Histoire, 05/2005, n°298, Entretien.
Les écritures : elles avaient pour première fonction de garder traces des échanges
et du commerce : comptabiliser les biens, ou encore conserver des informations,
et constituer les premières « archives » de l’Humanité. On ne peut parler
véritablement d'écriture que lorsque celle-ci est organisée en un système cohérent
de signes qui permettent aux hommes d'exprimer leurs pensées. Les premières
tablettes découvertes dans le pays de Sumer, dites « tablettes d'Uruk » se
présentent comme une sorte de liste comptable de sacs de grains et de têtes de
bétail. L'écriture ne constituait donc au départ qu'une sorte d'aide-mémoire utile à
l'homme. Un pictogramme différent représentait chaque objet, chaque personne,
chaque animal. Puis sont apparus les signes cunéiformes et les hiéroglyphes en
Egypte. Les signes commencent à former des sons et à tirer leur sens du contexte.
L'écriture, par sa complexité, reste le privilège d'une élite. Mais c'est l'invention
de l'alphabet par les Phéniciens vers 1 200 av. J.-C. qui révolutionne l'écriture :
une trentaine de signes suffisent pour tout écrire. L'écriture peut se démocratiser.
Les scribes conservent les premières connaissances administratives, mais aussi
les récits de faits guerriers, de victoires, d’annales royales ou encore des poèmes,
des textes religieux ou des rituels. L’invention de l’écriture permet de mieux
comprendre une civilisation à la fois dans son organisation économique
(documents de comptabilité), dans son organisation politique (décret, loi…) et
dans son organisation culturelle (littérature profane et sacrée). Elle vient donc
compléter et éclairer les découvertes archéologiques. L’égyptien hiéroglyphique
est apparu vers 3100 av. JC. Les égyptologues distinguent traditionnellement
dans l’écriture hiéroglyphique trois catégories de signes : les logogrammes, qui
représentent un objet (pictogramme) ou un concept (idéogramme) ; les
phonogrammes, qui correspondent à une consonne isolée ou à une série de
consonnes ; les déterminatifs, signes « muets » qui indiquent le champ lexical
auquel appartient le mot. Un hiéroglyphe peut exprimer un son, un mot, une
action, une idée. Par exemple, le dessin d'une bouche peut aussi signifier le son r
ou l'action de parler. Parmi les phonogrammes, 24 signes consonnes auraient pu
constituer un alphabet mais les Égyptiens se souciaient peu de réduire le nombre
de signes. Ils voulaient au contraire garder les signes représentant des êtres
animés car ils croyaient à leur efficacité magique. Évoquer une personne
permettait de la conduire à l'immortalité. Cependant ce système complexe était
réservé à une élite restreinte. On estime que moins de 1 % de la population
un pouvoir, des croyances) et de faire
apprendre les mots qui disent la vie des
hommes, leurs croyances, leur organisation
politique et sociale. » L'étude de l'Egypte
antique est aussi un prétexte à l'étude d'un État,
puissant, organisé. Comment concilier
l'apprentissage de l'analyse d'une civilisation
aussi complexe en si peu de temps avec des
élèves de 11 à 12 ans ? La compréhension
qu'une civilisation s'appuie sur un espace et
s'inscrit dans le temps est fondamentale.
Certains éléments des croyances des Égyptiens
sont, eux aussi, majeurs dans le cadre de
l'étude de l'évolution spirituelle des sociétés de
l'Antiquité : l'idée de jugement dernier, de vie
après la mort par exemple. Enfin les
monuments encore présents aujourd'hui
attestent de l'extraordinaire vitalité de cette
civilisation, leur étude pose les bases de
l'analyse historique de l'architecture et amène
les élèves à décrypter les symboles afin de
donner du sens à leurs observations. Le fil
conducteur suggéré par les documents
patrimoniaux est le fait religieux qui fait
l’unité de cette civilisation millénaire : le
mythe d’Osiris, le temple, la pyramide. Il ne
s’agit pas d’évacuer la dimension politique et
sociale, mais, dans l’esprit du programme, de
partir de ces documents pour découvrir la forte
trame religieuse qui structure tous les aspects
de cette civilisation de l’Égypte antique.
Au contraire, le futur programme se centre sur
les hiéroglyphes ; l’Egypte est vue comme une
des « premières civilisations » et le programme
lie premières écritures et premiers Etats pour
faire saisir aux élèves comment l’humanité est
entrée dans l’histoire en élaborant des
organisations sociales différenciées et une
meilleure communication. Le rôle du pharaon
et celui de son administration peuvent y être
présentés dans le cadre de la gestion de
l’économie et de la société, selon des
structures étatisées et centralisatrices. Toutes
les productions, mêmes celles liées à
l’architecture et à l’art, sont étroitement liées à
des fonctions indispensables à l’État. Les
aspects de la religion quotidienne et funéraire
peuvent être abordés à travers un petit nombre
de documents significatifs.
Dans les nouveaux programmes (« premier
contact avec une civilisation de l’Orient »), on
n’étudie plus les 2
e
et 1
er
millénaires (d’où pb
car parmi les sites et monuments, les temples
de l’ancienne Thèbes datent du Moyen Empire
pour Karnak et au Nouvel Empire au XV-
XIIIe s on trouve les temple de Louxor et
d'Abou Simbel,le tribunal d’Osiris dans le
Livre des Morts, Toutânkhamon et Ramsès II ;
sans parler du temple d’Edfou du IIIe siècle av
JC) : volonté d’en « finir avec l’Egypte » pour
se recentrer sur les fondements anciens de la
culture européenne ?
4
égyptienne était « alphabétisée ». Au départ, les hiéroglyphes (« gravures
sacrées ») étalent inscrits sur la pierre. L'écriture évolua ensuite vers des formes
plus cursives. Les signes, simplifiés et non figuratifs, permettent une copie à la
fols plus rapide et mieux adaptée aux matières plus fragiles comme le papyrus. Ils
sont inscrits à l'encre noire ou rouge. Cette forme d'écriture devient celle des
textes administratifs, des transactions commerciales, des textes scientifiques et
littéraires. Ce sont les signes représentant humains et animaux qui indiquent le
sens de la lecture. Le mot papyrus est polysémique. C'est une plante (cypéracée),
c'est un papier (papyros en grec) et c'est un manuscrit. L'invention du papier,
support de l'écriture, est un moyen de transmission des traditions ou des décisions
de l'État particulièrement efficace (mais cher).
Archéologues et historiens fournissent aujourd'hui une vision rénovée des
rapports entre la société de l'Egypte ancienne et le Nil. L'Egypte ancienne n'était
pas une civilisation hydraulique. La crue annuelle qui recouvrait la plaine et
surtout le delta du Nil n'eut pas l'importance qu'on lui a prêté naguère. La
monarchie n'avait d'ailleurs pas un rôle très important dans le contrôle ou
l'organisation de l'irrigation. La vallée du Nil est le lieu d'émergence de cette
civilisation. On peut évidemment citer Hérodote présentant l'Egypte comme « un
don du Nil ». Mais aujourd'hui on sait que sans le travail des hommes dans le
cadre d'une société organisée, l'Egypte serait restée un marécage perdu dans le
désert et la crue - cet aléa naturel - serait restée une catastrophe. Le rôle de l'État
et de son représentant, le pharaon, assure la permanence d'une civilisation
trimillénaire.
Plan, entrées originales (événements, acteurs, lieux, œuvres d’art), supports
documentaires et productions graphiques :
I. L'Egypte émerge de deux civilisations préhistoriques de la vallée du Nil : la
Haute et la Basse-Egypte. Le roi Narmer unifie ces deux territoires vers 3100
avant J.-C. Memphis devient la première capitale en même temps se met en place
une solide administration. Une période de grande richesse s’ensuit. L'Ancien
Empire couvre une période de cinq siècles (d'environ -2700 à -2200) et se
compose de quatre dynasties (IIIe- VIe dynastie). Le pays enfin unifié, cohérent,
sous l'emprise d'une administration forte réalise d'immenses ouvrages, que ce soit
dans l'architecture ou la sculpture. Saqqarah et Gizeh abritent les cimetières de
Memphis, la capitale (avant Thèbes). À cette époque de grande stabilité politique,
sont construites les premières pyramides et tout d'abord la pyramide à degrés de
Saqqarah, par Imhotep sous le règne du roi Djéser. Auguste Mariette avait
toujours pensé que, à l'instar des pyramides de Gizeh, les pyramides étaient
vierges de toute inscription. À l'inverse Gaston Maspero était convaincu de leur
présence et, en 1881, il découvrit des textes dans la pyramide du roi Ounas (vers -
2350) à Saqqarah qui lui donnèrent raison. Les Textes des pyramides sont les
écrits religieux les plus anciens au monde. Ces textes sont gravés en colonnes sur
les murs du corridor, de l'antichambre, du passage allant de cette dernière à la
chambre funéraire de la pyramide. Les trois pyramides monumentales du plateau
de Gizeh (celles de Khéops, Khéphren et Mykérinos). La construction de la
grande pyramide de Gizeh prit vingt années, nécessitant 20 000 ouvriers. De
récentes découvertes y ont révélé une ville des artisans et ouvriers. Il apparaît que
ceux-ci étaient bien nourris, soignés. À ces artisans et ouvriers spécialisés
venaient se joindre une main-d'œuvre venue des villages de toute l'Égypte, sans
doute de façon non permanente (paysans durant les crues du Nil), et les villages
contribuaient également à ce grand projet religieux en envoyant des vivres. C'est
sous le règne fastueux de Khéops (ou Khoufou) vers 2500 que les mastabas se
développent de manière significative autour du complexe funéraire royal, ce qui
montrerait que la constitution de l'Etat est achevée et touche presque déjà à son
apogée. Le privilège de pouvoir se faire inhumer aux côtés de son maître
représenta alors la meilleure manière d'afficher sa réussite. L'origine du tombeau
pyramidal remonte au tertre de sable qui recouvrait la sépulture. Ce tertre est
sûrement une évocation de la colline primordiale qui émergea lors de la naissance
de la terre. Le mastaba qui entoure le tertre est la maison du mort. Pour les rois, la
symbolique de la pyramide émane aussi d'une conception nouvelle liée au culte
solaire dont le centre est à Héliopolis. Le roi est aussi un dieu et donc une fois
mort, il vit avec les dieux, il se confond même avec le dieu-soleil. Il fallait donc
évoquer cette ascension. On peut penser que la pyramide de Djeser représente des
escaliers vers le ciel. Imhotep, l'architecte de cette pyramide, est un prêtre
d'Héliopolis. La pyramide à degrés marque une évolution majeure : elle permet
aussi une distinction nouvelle entre les tombes des rois et celles des autres
Activités, consignes et productions des élèves :
Raconter le mythe d’Osiris est plus important
qu’énumérer les dieux de l’Egypte.
Le scribe accroupi (IVe ou Ve dynastie, 2600-
2350 avant JC, musée du Louvre) : cf Analyse
multimedia sur le site du Louvre. Il fut
découvert à Saqqarah en 1850 par Auguste
Mariette alors engagé par le musée du Louvre.
Il représente probablement un très haut
dignitaire sans doute de l’époque des grandes
pyramides. La statue était placée dans la
chapelle funéraire d’une tombe et recevait les
offrandes pour le défunt, en particulier les
aliments dont se nourrissait le mort. Sa posture
est un peu hiératique, son attitude est raide.
Les détails sont très développés au niveau du
visage ; mais il n’est pas idéalisé, vu son
surpoids ce qui est assez rare à cette époque. Il
s'agit d'un véritable portrait, plein de finesse.
Son seul vêtement, le pagne, sert de support au
rouleau de papyrus, en partie déroulé, qu’il
tient de la main gauche. De la main droite, il
serrait un instrument d’écriture, sans doute un
roseau. Sur un papyrus, les hiéroglyphes sont
écrits de droite à gauche. Les signes sont en
lignes ou en colonnes. Au fur et à mesure que
l’on écrit, on déroule une zone vierge à
gauche. Les yeux rendent les caractéristiques
anatomiques réelles de l’œil humain, grâce à
un procédé technique d’une ingéniosité
exceptionnelle découvert par l’accélérateur de
particules AGLAE en 1996 : yeux composés
d’un bloc de magnésite blanche veinée de
rouge, dans lequel est enchâssé un disque de
cristal de roche dont la partie avant est
soigneusement polie et la face postérieure est
dépolie et couverte d’une couche de matière
organique, donnant à l’iris sa couleur et
servant probablement d’adhésif. Une
perforation de quelques millimètres de
profondeur et légèrement décentrée est
pratiquée dans la face postérieure du disque :
5
dignitaires de l'État qui, eux, conservent le mastaba. On pense que la pyramide
pure, aux faces lisses, représente des rayons du soleil descendant vers la terre. Le
roi mort pouvait ainsi monter et descendre entre ciel et terre. L'étude des
pyramides permet une étude à la fois architecturale et « idéologique ».
L'administration est omniprésente dans l'Egypte pharaonique. Elle contrôle les
activités des sujets, règle la vie du palais, organise l'économie. Elle est au service
exclusif du pharaon. Cette administration est divisée en services très hiérarchisés
qui quadrillent tout le pays : de l'attribution des champs à la construction des
monuments, de la guerre à la justice. Au sommet se trouve la Résidence royale
qui est représentée dans chaque région administrative (nomes). C'est une véritable
bureaucratie, lourde et complexe, qui régit le pays et ses habitants. A sa tête se
trouve un tjaty (appelé aussi vizir) auquel le pharaon délègue le pouvoir
d'administrer le pays. L'invention de cette administration fut un facteur essentiel
qui explique que l'Egypte a connu une civilisation évoluée et prospère.
Une période de troubles met fin à l'Ancien Empire, le pouvoir central disparaît.
Vers 2000 avant J.-C, les princes de Thèbes réunifient le pays, cette ville ainsi
que son dieu Amon sont au centre de cette reconstruction étatique (Moyen
Empire).
Les croyances des Égyptiens sont le résultat de plusieurs couches de croyances
qui, à l'origine, n'avaient pas de lien commun. On assiste donc à une
superposition de mythes régionaux qui vont constituer une doctrine hybride. Les
historiens sont, en fait, obligés de décrypter leur progressive complexification. La
religion égyptienne est polythéiste et s'appuie sur le culte des dieux. Les dieux
sont désignés par un nom, ils ont des apparences humaines et animales et
disposent d'un domaine d'action propre. Ce qui explique pourquoi la religion
pénètre chacune des activités humaines. Hérodote n'affirme-t-il pas que les
Égyptiens sont les plus religieux des hommes. Le culte des morts est
fondamental. Les pyramides en sont un exemple exceptionnel. Les pratiques de
l'embaumement, les funérailles spectaculaires, les « pique-niques » que les
vivants vont faire chez les morts sont des aspects majeurs de cette religion.
Beaucoup d'aspects de la vie spirituelle de la masse égyptienne (religion intime)
ne sont encore que très imparfaitement connus. Les prêtres de l'Egypte
pharaonique sont des serviteurs du dieu et non des guides spirituels. Ils ne
prêchent pas, ne cherchent pas à endoctriner. Il s'agit d'un personnel en fonction
dans un sanctuaire. Le dieu est représenté par sa statue et les prêtres doivent
entretenir cette statue, la protéger de toute atteinte extérieure. Le mythe d'Osiris
est très célèbre car il est emblématique des croyances des Égyptiens. Ce mythe
est sans doute l'une des bases de la notion de résurrection qui influencera de
nombreuses religions plus tard. Il met en place l'idée de jugement après la mort,
son râle social en devient évident car les hommes doivent, de leur vivant,
rechercher leur salut. Par ailleurs, ce mythe justifie l'existence et le caractère
divin du pharaon. Ainsi Osiris, d'abord pharaon aimé de son peuple, a une double
image : l'une, très humaine, montrant un être bienfaisant qui triomphe de
l'épreuve de la mort, l'autre qui remonte beaucoup plus loin et qui incarne le
renouvellement annuel de la nature. Aucun récit égyptien ne nous raconte le
mythe en entier. Maïs il existe suffisamment d'éléments épars qui permettent de
valider les textes grecs qui seuls sont complets, comme celui de Plutarque. La
prière négative (ne pas tuer, ne pas voler, ne pas gaspiller l'eau…) est
particulièrement intéressante car elle indique bien le minimum de règles sociales
que doit suivre un Égyptien et permet de faire le lien avec les dix
commandements des Hébreux. L'Egypte antique est la seule civilisation à avoir
pratiqué la momification à grande échelle. La momification est un acte religieux,
première étape vers l'éternité. Pour les Égyptiens, la mort sépare le « ba » (l'âme)
du « ka » (l'énergie vitale). Pour permettre au mort d'avoir une nouvelle vie, le
corps doit les rassembler, d'où la nécessité de la momification.
II. Le mythe et l’égyptologie :
Avant l'expédition napoléonienne, personne n’avait encore entrepris des
recherches. On savait que la civilisation pharaonique existait : on la voyait et on
ne la comprenait pas parce qu’on ne savait pas lire les textes. Ça a amené une
vision totalement différente, c’est-à-dire : à partir de l’Edit de Théodose, donc au
moment où le christianisme devient la religion d’Etat à Rome, Rome – qui
domine l’Egypte, qui en est le maître – décide de fermer les temples païens : il
n’y a plus que la chrétienté. Cela se passe dans un bain de sang épouvantable. Or,
les temples étaient en même temps les universités, c’étaient les conservatoires du
elle note la pupille ; c’est ce décentrement qui
confère au regard une apparente mobilité.
Chaque œil est maintenu entre deux larges
griffes de cuivre ; leur rebord aplati cerne le
contour de l’œil (voir video D'Art D'Art !).
La satire des métiers est un texte qui date
vraisemblablement du début du Moyen Empire
(vers 2000 av. JC) et qui est connu, surtout,
par de multiples copies datant de la XIXe
dynastie (vers 1300-1200). Sous la forme
classique de l'enseignement d'un père à son fils
ce texte est, en réalité, une satire des métiers
autres que celui scribe, et une apologie de cette
profession. Il présente une véritable caricature
des difficultés que rencontraient les
travailleurs manuels de l' Egypte ancienne,
difficultés présentées avec humour et
sensibilité ; en opposition, l'importance et la
richesse du scribe son magnifiées. On y
apprend que le fellah travaille une terre qui ne
lui appartient pas le plus souvent et fait vivre
une société qui, en retour, lui permet tout juste
de subsister. Le scribe, représentant de l'État,
vient collecter la taxe sur la moisson avec des
gardes armés de gourdins. On aborde par
ailleurs les calamités naturelles (vers,
hippopotames, souris, sauterelles, moineaux)
ou sociales (voleurs) dont peut être victime le
paysan. Ce tableau pessimiste doit être nuancé
car les scribes méprisent les paysans et veulent
que leurs élèves n'abandonnent pas leurs
études pour la vie rurale.
Un temple égyptien ne peut être comparé à une
église ou à une mosquée. Les fidèles ne
peuvent y pénétrer. C'est un espace sacré et
secret qui abrite les relations entre le roi et les
dieux. C'est dans le temple que réside le dieu,
tous les rituels (en particulier celui de
l'ouverture de la bouche) doivent être protégés
de présences impures. C'est pourquoi le temple
ressemble à une forteresse. Les murs épais, en
pierre, les successions de pièces de plus en
plus petites et sombres sont les conditions
requises pour la manipulation du divin. Les
temples sont de véritables exploitations
agricoles employant du personnel. Ils
produisent tout ce qui est nécessaire au culte
du dieu. Des artisans sont directement
rattachés aux temples. Tout ceci est régi par
une administration hiérarchisée. En fonction
de l'importance du temple il y a entre quarante
et plusieurs centaines de prêtres. Au sommet
de ce clergé se trouve « les serviteurs du dieu »
ou « prophètes », les seuls à pouvoir, comme
le pharaon, rendre le culte au dieu.
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