page 1
U N I V E R S I T É D U Q U É B E C À M O N T R É A L
DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE
Biographie présentée à:
Monsieur Pierre Poirier
Dans le cadre du cours:
PHI-4214-10
La philosophie analytique
Sujet: Quine.
Patrick Jean
JEAP31036907
L E 1 E R D É C E M B R E 2 0 0 3
page 2
W I L L A R D V A N O R M A N Q U I N E
(Akron, É.-U., 1908-06-25 ~ Boston, É.-U., 2000-12-25)
Quine: à 19 ans à 27 ans couverture de son autobiographie 88 ans, à la
parue en 1985 cérémonie de Kyoto1
SOMMAIRE
Biographie .......................................................................................................................................................................................... 1
Biographie intellectuelle .................................................................................................................................................................. 10
Origines et influences.................................................................................................................................................................. 10
veloppement............................................................................................................................................................................ 11
Analycité ................................................................................................................................................................................ 11
Réductionnisme...................................................................................................................................................................... 14
L’empirisme sans les dogmes................................................................................................................................................. 15
Postérité ....................................................................................................................................................................................... 16
Willard Quine, géant logique (extraits) ................................................................................................................................. 17
Bibliographie: livres........................................................................................................................................................................ 19
Bibliographie: articles ..................................................................................................................................................................... 21
Liens ................................................................................................................................................................................................. 30
Références ........................................................................................................................................................................................ 31
BIOGRAPHIE2
1908 Naissance de Quine à Akron (mot grec «haut»), ville de l’Ohio (223 000 hab., 60 000 à
l’époque) faisant partie de l’agglomération de Cleveland (2 760 000 hab.)3.
1
1Sources photos: site internet Willard Van Orman Quine home page by Douglas Boyton Quine sauf pour la
couverture de l’autobiographie, site internet Atrium: Philosohie: Quine Willard Van Orman.
2
2Tous les numéros de pages indiqués entre parenthèses de cette section renvoient à l’autobiographie de Quine:
The Time of my Life, voir références pour détails. Toutes les notes portant sur les autres personnes que Quine ont
pour principale source les Dictionnaires Le Robert, 1999.
page 3
Son père, Cloyd Robert Quine, né aussi à Akron, est le fils de Robert Stanford Quine,
originaire de l’Isle de Man, et de Katherine Motz du village de Fronhofen dans le Palatinat
du Rhin. Sa mère, Harriet Ellis van Orman (à l’origine van Normans), est née à Wadsworth
(village au sud-ouest d’Akron) d’un père hollandais et d’une mère britannique.
1922 En janvier, Quine gradue du Portage Path et entre au West High School. Ses matières
favorites sont la grammaire de l’anglais, son introduction au latin et l’algèbre.
1923 Quine s’inscrit au cours scientifique parmi les quatre programmes disponibles à l’époque
(classique, scientifique, technique et commercial). Il songe à l'ingénierie civile. Il n’aime
pas le travail de laboratoire mais se plaît en mathématiques. Il se met à écrire, gagne un
concours de poésie et devient le directeur de la rédaction de l’album des finissants.
— Quine occupe différents emplois temporaires (ouvrier, commis) pendant les vacances
estivales et fait plusieurs excursions (auto-stop, canoé) avec des camarades dans plusieurs
états (et au Canada (chutes du Niagara) où les douaniers leur refusent l’entrée en 1928 parce
que son ami, sujet britannique, n’avait pas son passeport et parce que Quine avait inscrit
“athéisme” comme religion dans les formulaires de routine).
Il lit toute l’œuvre d’Edgard Poe4 et apprécie particulièrement ses poèmes. À la lecture
d’Eureka5, il développe un intérêt pour la philosophie. Il acquiert Things and Ideals de
Max Otto et Pragmatism de William James qu’il lit de façon compulsive en y adhérent
entièrement et en oubliant tout par la suite. Ibsen6, Young7 et Butler8 sont aussi au nombre
de ses lectures “prétentieuses”, comme il dit lui-même (p. 38).
3
3Les chiffres sont pour 1990. Source: Dictionnaires Le Robert, 1999.
4
4Edgard Allan Poe: écrivain américain (1809 ~ 1849); carrière de critique littéraire au Southern Literary
Messenger (1835-7) brisée par un alcoolisme précoce; sa vie fût abrégée par la misère, l’instabilité, l’alcool (p.-ê.
drogue aussi) et la mort des femmes qu’il aima (dont celle de sa femme et cousine Virginia Clemm en 1847,
épousée en 1835 à l’âge de 14 ans). Maître du conte de raisonnement (ratiocination) et d’horreur, les Américains,
qui le trouvent pédant, artificiel et mécanique, le considèrent avec réserve. Son œuvre qui fut traduite en français
par Baudelaire, devint l’objet d’un véritable culte en France, influençant la littérature, et est aujourd’hui classique.
Ses principaux écrits sont: Les Aventures d’Arthur Gordon Pym (The Narrative of Arthur Gordon Pym of
Nantucket, 1838), livre d’aventures maritimes; Histoires extraordinaire (Tales of the Grotesque and Arabesque,
1839) contenant notamment «La Chute de la Maison Usher»; Double crime dans la rue Morgue (1841), ancêtre
du roman policier moderne; Le Scarabée d’or (1843), conte fondé sur la cryptographie, Le Corbeau (The Raven,
1845), poème; et The Philosophy of Composition (1846).
5
5Eureka (1848): poème en prose où Poe prétendait avoir découvert le secret de l’univers.
6
6Henrik Ibsen: poète et dramaturge norvégien (1828 ~ 1906); publia dès 1848 des poèmes dédiés aux peuples
asservis, drames historiques et philosophiques, pièces à thèse soumettant les problèmes à discussion. Œuvres
principales: Brand (1866), Peer Gynt (1867), Maison de poupée (1879) et Le Canard sauvage (1884).
7
7Edward Young: poète britannique (1683 ~ 1765); il menait une vie très retirée, ses échecs littéraires l’avaient
rendu misanthrope. Son œuvre principale en vers blancs (sans rimes), The Complaint, or Night Thoughts on Life,
Death and Immortality (1742) en fait la source du courant de la mélancolie religieuse associée aux problèmes de
la mort et de la destinée, un romantique avant le titre-même.
8
8Samuel Butler: romancier britannique (1835 ~ 1902); écrivit des satyres sur les traditions religieuses et
morales appuyées sur les descriptions de civilisations imaginaires; produits des ouvrages aux thèses farfelues sur
page 4
1926 Quine gradue prématurément du West High School en janvier plutôt qu’en juin. Son intérêt
pour la philosophie est alors à la fois réel et simulé. Il se découvre une nouvelle fascination
pour l'étymologie (George H. McKnight, English Words and their Background). Il s’incrit
au Oberlin College en Ohio. Son frère Bob abandonne le même collège en 1927, à sa
troisième année alors que Quine en est à sa première.
1928 — Étudiant de 2ème année d’une majeure en mathématiques, Quine s’initie par loisir à la lecture
de Bertrand Russel9 avec Marriage and Morals (1927), ce qui le «disposa gentiment à son
nouveau maître»10. Il lit ensuite Skeptical Essays, Philosophy (1912), Our Knowledge of
the External World (1914), A-B-C of Relativity et Introduction to Mathematical Philosophy
(1919). «It was these books, and not my two survey courses in philosophy, that further
whetted my appetite for cosmic understanding.» (p. 58) Quine étudie aussi la littérature, le
grec et le français.
— Dans le cadre de sa majeure, il lit ensuite Symbolic Logic de Venn, Formulaire de
mathématiques (1895-1905) de Peano11, Algebra of Logic de Couturat12, Introduction to
Mathematic de Whitehead13, Mathematical Philosophy de Keyser, Principles of
tous les sujets (y compris la querelle de l’évolutionnisme). Œuvres principales: Erewhon, (anagramme de
Nowhere, 1872) et Ainsi va toute chair (posth., 1903).
9
9Bertrand Russel, 3e comte, mathématicien, logicien et philosophe britannique (1872 ~ 1970), prix Nobel de
littérature 1950: étudia à Cambridge (1890-4), sa dissertation Les Fondements de la géométrie (1894) témoigne
d’un vif intérêt pour la philosophie des mathématiques. À part que de dominer la philosophie anglaise pendant de
nombreuses années, Russel s’imposa aussi avec des prises de positions antireligieuses, éthiques, sociales et
politiques, en dépit de risques de scandales (il perdit son poste à Cambridge et fut condamné à six mois de
prison en 1916 pour avoir affirmé son antimilitarisme et son pacifisme pendant la Première Guerre mondiale).
Démocrate, individualiste et libéral, on le décrit comme un moraliste épris de liberté; il s’intéresse aux problèmes
de l’éducation et à des questions de morale conjugale (dénonce les tabous, se prononce en faveur de l’union libre).
Pacifiste, il le fut jusqu’à la fin de sa vie: il milita contre l’utilisation militaire de l’arme nucléaire, contre les
dangers du nationalisme, il créa un tribunal révolutionnaire (Tribunal Russel, 1961) pour juger des activités de
guerre des États-Unis au Vietnam et il fut l’interlocuteur direct de Khrouchtchev en Occident pendant la crise des
missiles de Cuba (1962).
1010Il est intéressant de remarquer que Russel a lui-aussi écrit une autobiographie (intellectuelle): Histoire de
mes idées philosophiques (1959).
1111Giuseppe Peano: logicien et mathématicien italien (1858 ~ 1932); mit au point un système de signes qui
permet d’exposer les principes de la logique et les résultats des différentes banches des mathématiques dans un
langage formalisé (Formulaire de mathématiques), ses notations ont été en partie conservées dans le langage
formalisé actuel. Il tenta aussi de réaliser une langue internationale.
1212Louis Couturat: mathématicien, logicien et philosophe français (1868 ~ 1914); tenta de d’élaborer un
langage symbolique universel fondé sur l’intuition rationnelle.
1313Alfred North Whitehead: mathématicien, logicien et philosophe britannique (1861 ~ 1947); professeur de
mathématiques appliquées et de mécanique à Cambridge (G.-B.) et à l’université de Londres, puis de philosophie
à Harvard (1924-37). Représentant du “néoréalisme”, il étendit sa réflexion à la sociologie culturelle, l’éducation,
la métaphysique et la religion. Refusant les oppositions traditionnelles d’une attitude critique devant une
interprétation exclusivement rationaliste du monde, il formula une philosophie dynamiste se présentant comme un
monisme panthéiste qui fait de Dieu une nécessité immanente de l’existence et de la connaissance. Œuvres
principales: Principe de la connaissance naturelle (1919), Le Concept de nature (1920), Le Devenir de la religion
page 5
Mathematics de Russel et le plus important («crowning glory», p. 59), les Principia
Mathematica14 de Whitehead et Russel.
1929 Voyage en Europe. Retour au collège en septembre. Cours d’allemand.
1930 Quine soumet sa thèse de licence portant sur les Principia Mathematica en janvier et gradue
(BA) du Oberlin College avec une moyenne inférieure à A– sur quatre ans. La preuve de sa
thèse comprend dix-huit pages de symboles qu’il réduira à trois pour le Journal of the
London Mathematical Society (1933) (p. 73).
Première publication professionnelle: Quine est invité à réviser Foundations of Geometry
and Induction de Jean Nicod pour l’American Mathematical Monthly.
Quine se marie avec Naomi Clayton, une finissante en latin de Toledo, en Ohio. Ils
emménagent à Cambridge, au Massachusetts. Les débuts sont difficiles: il étudie et elle
travaille dans un magasin à rayons de Boston; leur budget hebdomadaire pour la nourriture
est de cinq dollars.
— Quine est admit à l’université Harvard de Cambridge pour une formation de mathématicien
sous la direction de Lewis15 et de Whitehead qu’il admire; ce dernier dirige sa thèse de
doctorat. Il fréquente les Whitehead qui reçoivent chez eux, les dimanches, les étudiants
gradués en philosophie ainsi que leurs épouses. Bertie et Alfed Whitehead ont chacun leur
salon. Celle-ci désapprouve Russell pour des raisons superficielle et celui-ci commente:
«Bertie thinks I’m muddleheaded but I think Bertie’s simpleminded.» (p. 79).
Quine améliore ses notes (de A– à A+) et, préoccupé par l’insécurité financière de la
dépression ainsi qu’à la suggestion de Lewis, il entreprend un doctorat en philosophie en
deux ans plutôt qu’en trois, ce qui est rare.
1931 — Il obtient sa maîtrise ès arts en juin et gagne la bourse d’études James Walker pour l’année
suivante (800$, soit la moitié des frais de cours).
Octobre: Quine assiste à une lecture de Russell présentée par Whitehead qui introduit les
deux hommes. Russell se montre intéressé par les projets de Quine et répondra avec une
«éloge généreuse» et une discussion détaillée lorsque celui-ci lui enverra le résultat de ses
travaux en 1934 (p. 84).
(1926) et Les Buts de l’éducation (1929).
1414Principia mathematica: ouvrage majeur de Whitehead et Russel (1910-3), d’une grande influence aussi
bien en philosophie qu’en mathématiques. Il s’agit d’une tentative pour établir les fondements purement logiques
des mathématiques dans laquelle ils en donnèrent une nouvelle formulation en les réduisant à la théorie des
ensembles et en rejetant toute proposition intuitive. Le but était de faire de la logique la base des notions et
propositions mathématiques. Ce logicisme fut critiqué (entre autres par Kurt Gödel en 1931) mais apporta
néanmoins une méthode d’analyse et une langue symbolique rigoureuse aux travaux de logique mathématique
ultérieurs, permettant d’éviter les ambiguïtés du langage courant et de mettre en évidence l’existence d’énoncés
dépourvus de sens, notion qu’exploita le cercle de Vienne par la suite.
1515Clarence Irving Lewis: logicien américain (1883 ~ 1964); définit l’implication stricte et la distingua de
l’implication logistique ou matérielle de Russell qui conduisait à certains paradoxes. Il formula les bases des
logiques modales en introduisant la notion modale du possible et tenta aussi de lier une logique formalisée à une
conception pragmatique de l’épistémologie. Œuvres principales: A Survey of Symbolic Logic (1918) et Logique
symbolique (avec Langford, 1932).
1 / 53 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !