
Page 4 sur 39
l’Histoire et sa propre « histoire ». Or cette notion « histoire » recouvre, tout à la fois, la
réalité historique et le processus complexe de la connaissance historique.
Nous aurons à voir avec les deux sens du mot, mais nous allons d’abord évoquer la
problématique de la « connaissance historique », puisqu’elle a des répercutions sur la
philosophie, son histoire et ses notions.
En effet, le passage d’une réalité historique à une connaissance historique est une
opération qui comporte ses opérations propres (établissement du fait, présomptions, indices,
critique des faits, recherche des causes, interprétation, etc.). Nous allons tenter d’en illustrer
quelques-unes, particulièrement pour la philosophie approchée par son histoire.
Ainsi, sur ce point, on dira que, généralement, l’histoire entend étudier le passé des
hommes et donner un tableau raisonné de leurs actions et de leurs gestes. Elle est alors, dans
cette mesure, une réponse à une interrogation très profonde du sujet sur son passé, ses
origines, son évolution aussi.
Mais attention, le choix qui est fait de privilégier l’approche de quelques notions
philosophiques par le biais de la chronologie est, déjà, une construction de l’esprit ! Cela veut
dire que cette façon de travailler comportera toujours une d’arbitraire. Mais pourquoi parler
d’une « construction de l’esprit » ? En fait, dans cette approche des philosophies, des
philosophes (des hommes et des femmes), des philosophèmes, des thématiques, en un mot
dans notre historiographie des notions, si nous ne voulons pas sous-estimer la problématique
des dates et, plus largement, de la chronologie, on doit demeurer conscient qu’il reste, dans
toute approche chronologique, une opération calculée ou une intervention contrôlée sur des
dates.
En effet, qu’est-ce qu’une date en philosophie ? Remarquons tout d’abord que le
problème de la datation, surtout pour les débuts de la philosophie, est bien réel. Pour plusieurs
philosophes grecs, les dates de leur naissance et de leur mort sont souvent approximatives. Il y
a certes un problème lié à la critique des sources et même, antérieurement à cela, à l’accès aux
sources. Nous le verrons amplement.
S’ajoute à cela le fait que les Grecs pratiquent l’histoire d’une façon particulière qui
est plus une doxographie qu’une historiographie. C’est-à-dire que le personnage est situé
selon sa période de maturité telle que l’opinion la met en évidence, selon son acmé, et
fréquemment en référence à une « olympiade » (une période de quatre ans s’écoulant entre