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l’Histoire  et  sa  propre  « histoire ».  Or  cette notion  « histoire »  recouvre, tout  à  la  fois,  la 
réalité historique et le processus complexe de la connaissance historique. 
Nous aurons à voir avec les deux sens du mot, mais nous allons d’abord évoquer la 
problématique  de  la  « connaissance  historique »,  puisqu’elle  a  des  répercutions  sur  la 
philosophie, son histoire et ses notions. 
En  effet,  le  passage  d’une réalité  historique  à  une connaissance  historique  est  une 
opération qui comporte ses opérations propres (établissement du fait, présomptions, indices, 
critique des faits, recherche des causes, interprétation, etc.). Nous allons tenter d’en illustrer 
quelques-unes, particulièrement pour la philosophie approchée par son histoire. 
Ainsi, sur ce point, on dira que, généralement, l’histoire entend étudier le passé des 
hommes et donner un tableau raisonné de leurs actions et de leurs gestes. Elle est alors, dans 
cette  mesure,  une  réponse  à  une  interrogation  très  profonde  du  sujet  sur  son  passé,  ses 
origines, son évolution aussi. 
Mais  attention,  le  choix  qui  est  fait  de  privilégier  l’approche  de  quelques  notions 
philosophiques par le biais de la chronologie est, déjà, une construction de l’esprit ! Cela veut 
dire que cette façon de travailler comportera toujours une d’arbitraire. Mais pourquoi parler 
d’une  « construction  de  l’esprit » ?  En  fait,  dans  cette  approche  des  philosophies,  des 
philosophes (des hommes et des femmes), des philosophèmes, des thématiques, en un mot 
dans notre historiographie des notions, si nous ne voulons pas sous-estimer la problématique 
des dates et, plus largement, de la chronologie, on doit demeurer conscient qu’il reste, dans 
toute approche chronologique, une opération calculée ou une intervention contrôlée sur des 
dates. 
En  effet,  qu’est-ce  qu’une  date  en  philosophie ?  Remarquons  tout  d’abord  que  le 
problème de la datation, surtout pour les débuts de la philosophie, est bien réel. Pour plusieurs 
philosophes grecs, les dates de leur naissance et de leur mort sont souvent approximatives. Il y 
a certes un problème lié à la critique des sources et même, antérieurement à cela, à l’accès aux 
sources. Nous le verrons amplement. 
S’ajoute à cela le fait que les Grecs pratiquent l’histoire d’une façon particulière qui 
est  plus  une  doxographie  qu’une  historiographie.  C’est-à-dire  que  le  personnage  est  situé 
selon  sa  période  de  maturité  telle  que  l’opinion  la  met  en  évidence,  selon  son  acmé,  et 
fréquemment en référence à une « olympiade » (une période de quatre ans s’écoulant entre