Dépistage et cancer en 2014 - Fondation contre le Cancer

Matinée d'information
Dépistage et cancer en 2014
Samedi 15 novembre 2014
Diamant Center
Boulevard Auguste Reyers 80 - 1030 BRUXELLES
Cette matinée d'information est organisée par la:
Avec le soutien de
2
SOMMAIRE
Dépistages: quelques notions générales ........................................................................................ 3
Docteur Anne Boucquiau, Fondation contre le Cancer
Le dépistage du cancer colorectal ................................................................................................. 5
Docteur Marc Polus, CHU Sart-Tilman, Liège
Le dépistage du cancer du sein ..................................................................................................... 9
Docteur Jean-Benoît Burrion, Brumammo, Bruxelles
Le dépistage du cancer du col de l'utérus .................................................................................... 14
Professeur Philippe Simon, CHU Erasme, Bruxelles
Table ronde: d'autres dépistages systématiques pour l'avenir?.................................................... 17
CCR, SSMG, KCE
3
Dépistages des cancers : quelques notions générales
Docteur Anne Boucquiau
Fondation contre le Cancer
Quels cancers est-il possible de dépister ? Qui fait partie de la population concernée ? Les tests
sont-ils sans danger ? Peuvent-ils vraiment influencer les chances de guérison ? La Fondation
contre le Cancer a organisé une matinée d’information afin que chacun puisse faire un choix
éclairé.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il est intéressant de préciser quelques notions afin de bien
clarifier ce qu’on entend quand on parle de dépistage.
Des concepts bien différents : test diagnostic, dépistage systématique ou dépistage individuel.
Vous présentez un symptôme ou une anomalie qui vous inquiète. Vous en parlez à votre médecin qui
vous prescrit un examen complémentaire. Il s’agit dans ce cas d’un test diagnostic.
Vous n’avez pas de plainte particulière, ni d’anomalie. Vous ne présentez pas de risque particulier si
ce n’est d’être dans la tranche d’âge un certain type de cancer est plus fréquent. Les autorités de
santé vous invitent à participer à un programme de dépistage systématique. Pour la grande majorité
des gens, les résultats seront normaux. Grâce à ce test, quelques cancers seront dépistés plus tôt. Le
test proposé ne doit pas ou peu présenter de risque.
Certains dépistages peuvent également être indiqués à titre individuel. Cela concerne les personnes
qui présentent un profil de risque particulier : soit parce qu’elles ont des antécédents héréditaires ou
personnels, ou parce que leur mode de vie, comme le fait de fumer ou de fréquenter les bancs
solaires par exemple, les expose à un augmentation de risque. C’est le cas également d’expositions
professionnelles qui peuvent engendrer des risques particuliers.
Les médias annoncent régulièrement le résultat de recherches à propos de nouveaux tests de
dépistage simples à aliser et efficaces mais il faut rester prudent car ils sont encore à un stade
expérimental. Il faudra une période plus ou moins longue de validation avant de les recommander.
Ainsi avant de décider de l’intérêt ou non d’un dépistage, il faut analyser les avantages et les
inconvénients. En d’autres termes, évaluer la balance risques/bénéfices de ce dépistage. Celle-ci va
permettre de décider si tel ou tel dépistage doit être recommandé, accompagnée de quelles
informations ou si au contraire, il vaut mieux le déconseiller, la décision finale appartenant
cependant toujours à la personne elle-même.
Quels sont les avantages attendus d’un dépistage ?
Un dépistage a une utilité lorsqu’il permet de réduire la mortalité spécifique, c’est-à-dire la mortalité
liée à ce type de cancer. Il doit donc faire la preuve qu’il permet de gagner des années de vie.
Un diagnostic précoce est aussi souvent la clé pour que l’histoire se termine bien : le traitement sera
plus léger et vos chances de guérison bien meilleures.
Et lorsque le test de dépistage donne un résultat normal ; il permet de rassurer.
Quels en sont les inconvénients potentiels ?
Un risque qu’il faut réduire le plus possible, c’est de rassurer faussement une personne avec un
résultat erroné ; on parle alors de faux négatifs.
A l’inverse, si on avertit une personne que le test met en évidence une lésion et qu’en réalité il n’y en
a pas, on parle alors de faux positifs. Cela va engendrer des examens complémentaires et des
angoisses inutiles pour la personne ainsi que des coûts superflus pour la société.
4
Dans le cas de certains cancers, certaines tumeurs ne se développeront pas et ne seront jamais à
l’origine du décès du patient. Les dépister sans pouvoir les différencier engendre des traitements
avec effets secondaires éventuels qui n’auraient jamais été nécessaires. On parle alors de sur-
traitement et de sur-diagnostic. C’est un des problèmes rencontrés dans le cadre du dépistage du
cancer de la prostate par PSA.
Un autre effet secondaire important qui doit être éliminé avant de décider de systématiser un
dépistage, c’est la simple avance au diagnostic. Dans ce cas, avec le dépistage, le malade va
apprendre plus tôt qu’il est malade mais cela ne va pas lui permettre de gagner des années de vie.
Pour conclure, beaucoup d’éléments doivent être envisagés. La balance risques/bénéfices varie d’un
type de cancer à l’autre et donc d’un dépistage à l’autre. Ces notions permettent de comprendre que
la réponse à la question du dépistage pour certains types de cancer va être nuancée.
Dans les exposés suivants, nous allons maintenant envisager la question du dépistage par
localisation.
5
Le dépistage du cancer colorectal
Docteur Marc Polus
CHU Sart-Tilman, Liège
Le dépistage organisé du cancer colorectal en Belgique: une réalité en Fédération Wallonie-
Bruxelles
M. Polus
1;2
, M. Candeur
2
, A. Vandenbroucke
2
.
Résumé:
Le cancer colorectal est un véritable problème de santé publique. Un programme ambitieux de
dépistage de masse a été mis sur pied en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il vise à proposer la
recherche de sang occulte dans les selles aux sujets à risque moyen de la population générale. En cas
de positivité, un examen complet du côlon (coloscopie totale) sera proposé. La coloscopie en
première intention devra être réalisée chez les sujets à risque élevé et très élevé. Les médecins
généralistes sont la pierre angulaire de ce programme pluridisciplinaire.
Introduction:
Le cancer colorectal (CCR) représente en Belgique près de 8.000 nouveaux cas par an. Il s'agit du
cancer digestif le plus fréquent. Les caractéristiques épidémiologiques de ce cancer justifient la mise
en place d'un dépistage cohérent et efficace dans les pays à forte incidence comme la Belgique. Le
pronostic associé au CCR est en effet étroitement lié à son stade au moment du diagnostic. La survie
relative à 5 ans est de plus de 90% pour les cancers diagnostiqués à un stade précoce limité à la
muqueuse et à la sous-muqueuse (stade I); malheureusement moins de 20% des cancers sont
diagnostiqués à ce stade. A un stade plus avancé, la survie à 5 ans chute à 45% en cas d'atteinte
ganglionnaire (stade III) et est marginale en cas de métastases viscérales à distance (stade IV).
Pourtant, la grande majorité des CCR se développent à partir d'un polype (adénome) dont l'exérèse
permet de prévenir la transformation maligne. L'identification des individus atteints d'une lésion
précancéreuse (adénome) ou d'un cancer débutant est donc un enjeu essentiel.
Stratification des risques:
Dans la population générale, pour laquelle le risque est décrit comme moyen, le risque cumulé de
développer un CCR avant l'âge de 75 ans est de 3,5%. Certains individus sont à risque élevé ou très
élevé car leur risque est plus important que celui de la population générale. Le groupe à risque élevé
1
CHU Sart-Tilman, service d'Hépato-gastro-entérologie et d'Oncologie digestive.
2
Centre communautaire de référence pour le dépistage des cancers, Mont-Saint-Guibert.
1 / 24 100%