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Cancers d’origine professionnelle
en Belgique
DOSSIER
Sommaire
:
I. Introduction
II. Identification des agents cancérogènes
III. Classification des substances cancérogènes
IV. Principaux cancers professionnels
V. Surveillance de santé
VI. La prévention des cancers professionnels
VII. Repérer une origine professionnelle
VIII. Travail à horaire posté et risque de cancer
IX. Demande en réparation
X. Bibliographie
Cellule scientifique
Commission scientifique
D
r Cécile SURLERAUX
,
Conseiller en prévention – Médecin du travail
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I. Introduction
Le cancer est une pathologie d’origine multifactorielle. Dans la genèse du cancer, il existe
des facteurs héréditaires, comportementaux (mode de vie, habitudes alimentaires
consommation de tabac, d’alcool, etc.) et environnementaux. Parfois, le cancer est
clairement relié à une activité professionnelle ou un environnement de travail.
Le premier cancer professionnel a été décrit en 1775 : l’anglais, Sir Percival Pott établit un
lien entre le cancer du scrotum et l’activité de ramoneur par suite de l’exposition aux suies et
goudrons. Depuis lors, de nombreuses études ont révélé une fréquence plus élevée de
cancers parmi des groupes de travailleurs soumis à des expositions particulières comme
l’amiante, les poussières de bois, le chlorure de vinyle.
Selon les travaux réalisés par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) de
l’Organisation Mondiale de la Santé, la part attribuable aux facteurs de risque professionnels
représenterait 4 % des cancers chez l’homme et 0,5 % chez la femme. Les cancers broncho-
pulmonaires et le sothéliome pleural constituent les cancers professionnels les plus
fréquents.
Le lien avec le travail n’est pas toujours aisé à identifier et ce pour plusieurs raisons
:
sur le plan médical, rien ne distingue une tumeur due à une exposition professionnelle
d’une autre tumeur ;
les cancers présentent en général une longue période de latence entre l’exposition et
les premiers symptômes, ce qui complique la recherche du lien de cause à effet
d’autant plus que les travailleurs concernés ont souvent quitté la vie active lorsque le
cancer apparaît;
au moment du diagnostic, les médecins ne portent pas toujours attention au passé
professionnel du patient.
C’est notamment pourquoi, en Belgique, les cancers professionnels ne sont pas
suffisamment déclarés au Fonds des Maladies professionnelles.
Les cancers imputables à l’amiante, au benzène, aux rayonnements ionisants et aux
poussières de bois représentent la majorité des cancers d’origine professionnelle
indemnisés.
II. Identification des agents cancérogènes
Elle repose sur des études épidémiologiques et sur des tests expérimentaux.
2.1. Méthodes épidémiologiques
Les études de cohorte
Elles consistent à calculer les taux de mortalité par cancer du poumon ou d’incidence
de ce cancer dans une population exposée et à les comparer à ceux d’une population
non exposée ayant des caractéristiques et mode de vie relativement identiques, ce qui
permet de définir des risques relatifs de mortalité ou d’incidence.
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Les études cas-témoins
Elles consistent à comparer l’histoire professionnelle recueillie par entretiens auprès
de patients présentant un cancer déterminé à celles de sujets qui ne présentant pas
ce cancer au moment de l’étude et qui sont similaires par ailleurs (au niveau de l’âge,
du sexe, de la situation géographique, etc.)
Les thodes épidémiologiques ont cependant leurs limites ; elles s’étalent sur de
longues années ; il n’est pas toujours aisé d’identifier l’agent responsable quand
l’exposition professionnelle est multiple ; l’interférence de facteurs extra-
professionnels (alimentation, tabac, alcool) ne peut pas toujours être correctement
évaluée.
2.2. Méthodes expérimentales
Tests classiques in vivo
Ils consistent en l’administration prolongée de différentes doses d’une substance
chimique à des animaux de laboratoire. L’induction de cancer chez l’animal est
généralement reconnue comme un indicateur de la potentialité cancérogène pour
l’homme. La substance à tester est généralement administrée pendant toute la durée
de vie de l’animal. L’incidence des tumeurs dans le groupe exposé est comparée à un
groupe témoin. Ces études présentent des limites : l’espèce animale devrait utiliser la
même voie de métabolisation de la substance que celle qui est utilisée chez l’homme,
exigence très difficile à rencontrer ; la concordance d’une activité cancérogène entre le
rat et la souris n’étant que de 75 % , on est en droit de s’interroger sur la concordance
de l’activité cancérogène entre le rongeur et l’homme ; ces études demandent
également beaucoup de temps.
Tests rapides d’induction des tumeurs
Des techniques ont été mises au point dans le but de réduire le temps de latence
entre l’administration et l’apparition des tumeurs : l’emploi d’animaux transgéniques,
d’animaux nouveau-nés, la cancérogenèse transplacentaire.
Tests rapides prédictifs
Il s’agit de la recherche d’effets génotoxiques (lésions réparables de l’ADN) et
mutagènes (dommages irréversibles de l’ADN) par divers procédés. Le test d’Ames en
constitue un des plus connu ; ce test est basé sur l’induction de mutations parmi des
souches de salmonelles.
Ces tests peuvent également être réalisés in vitro sur des lignées de cellules animales
ou in vivo sur des rats et des souris exposés à une substance donnée ainsi que chez
l’homme exposé professionnellement.
III. Classification des substances cancérogènes
Il existe plusieurs classifications des agents susceptibles de provoquer l’apparition d’un
cancer. Elles ne sont pas limitatives et ne proposent pas de liste de cancers associés à
chaque agent. La classification du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC)
est la référence dans le monde scientifique.
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Classification du Centre International de recherche sur le Cancer (CIRC)
Le CIRC fait partie de l’Organisation Mondiale de la Santé. Il a pour mission de
coordonner et de mener des recherches sur les causes de cancer chez l’homme. Il
établit un répertoire régulièrement actualisé d’agents (produits chimiques, agents
physiques, agents biologiques), de situations d’exposition, d’activités professionnelles
et procédés industriels évalués pour leur risque de cancérogénicité chez l’homme.
Pour réaliser ces évaluations, le CIRC organise des groupes de travail constitués
d’experts qui effectuent un examen critique des données disponibles chez l’homme et
chez l’animal. A l’issue de ces évaluations, l’agent est classé dans un des cinq
groupes suivants :
Groupe 1
: l’agent est cancérogène pour l’homme
Groupe 2A : l’agent est probablement cancérogène pour l’homme
Groupe 2B
: l’agent est un cancérogène possible pour l’homme
Groupe 3 : l’agent ne peut être classé du point de vue de son caractère
cancérogène pour l’homme
Groupe 4 : l’agent est probablement non cancérogène pour l’homme
La classification est basée sur le caractère probant des indications de cancérogénicité
apportées par les données et non sur l’importance de l’activité cancérogène de
l’agent.
Un agent classé dans une catégorie pour un type de cancer peut être classé dans une
autre pour une autre localisation de cancer : c’est ainsi que le chlorure de vinyle est
classé dans le groupe 1 pour l’angiosarcome du foie et dans le groupe 2B pour le
cancer bronchopulmonaire.
Quelques exemples
- Groupe 1 : arsenic, cadmium, fumées d’échappement de moteur diesel, métier de
peintre, poussières de silice cristalline sous forme de quartz ou cristobalite,
rayonnements UV, rayonnements X et ɣ
- Groupe 2 A : poussières de cobalt associées au carbure de tungstène, travail en
équipes impliquant une perturbation du rythme circadien, exposition
professionnelle des coiffeurs et barbiers
- Groupe 2 B : fumées de soudage, styrène, toluène diisocyanate, champs
électromagnétiques de radiofréquences (téléphones portables), exposition
professionnelle en tant que pompier
- Groupe 3 : production de peinture, phénol, silice amorphe, toluène.
Classification de l’Union européenne
Cette classification qui a une portée réglementaire (obligation d’information et
d’étiquetage pour les fabricants et distributeurs, obligations pour l’employeur en
matière de prévention), ne porte que sur des substances chimiques. Elle reconnaît
trois catégories d’agents :
Première catégorie : substances reconnues cancérogènes pour l’homme ;
Deuxième catégorie : substances devant être assimilées à des substances
cancérogènes pour l’homme ; il existe une forte présomption du caractère
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cancérogène de la substance pour l’homme ; cette présomption est généralement
fondée sur des études appropriées à long terme sur l’animal
;
Troisième catégorie : substances préoccupantes pour l’homme en raison d’effets
cancérogènes possibles mais les informations disponibles à leur sujet ne
permettent pas une évaluation suffisante.
Le règlement CLP « classification, labelling, packaging » (CLP) va remplacer
progressivement cette ancienne classification en 2015, avec trois catégories
superposables : 1A, substance dont le caractère cancérogène pour l’être humain est
avéré ; 1B, substances dont le caractère cancérogène pour l’être humain est supposé
(données animales) et 2, substances suspectées d’être cancérogène pour l’homme.
IV. Principaux cancers professionnels
Cancers du poumon
Le poumon est la localisation la plus fréquente des cancers professionnels. La fraction des
cancers du poumon attribuable à une origine professionnelle est de l’ordre de 15 %.
L’amiante est en cause dans 5 à 7 % des cas. Les autres agents sont nombreux et
concernent divers secteurs d’activité. Il s’agit notamment du radon, de l’arsenic, du cadmium,
de certains composés du chrome, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, de la silice,
etc.
Cancers de la plèvre ou mésothéliome
Le mésothéliome est un cancer dont la survenue spontanée est très rare. Il touche
principalement la plèvre, mais aussi le péritoine et le péricarde. Il survient chez les
personnes qui ont inhalé des fibres d’asbeste 25 à 50 ans auparavant. Un risque existe,
même en cas d’exposition de courte durée ou de faible intensité.
Cancers de la vessie et des voies urinaires
Les deux principales catégories d’agents ayant un effet cancérogène sur la vessie sont les
amines aromatiques et les hydrocarbures aromatiques polycycliques. L’arsenic et ses
dérivés inorganiques sont également des cancérogènes certains pour cet organe. Les
activités à risque sont : la production de colorants ou de pigments, les travaux en cokerie, la
fabrication de l’aluminium, le ramonage et l’entretien des chaudières à charbon, les métiers
de la vigne (utilisation de dérivés de l’arsenic), l’industrie du caoutchouc et des matières
plastiques.
Cancers oto-rhino-laryngologiques (ORL)
Les principales localisations ORL sont les fosses nasales, le nasopharynx, l’ethmoïde et les
autres sinus de la face, le larynx. Les poussières de bois sont le plus souvent en cause, mais
également les composés du chrome, les dérivés du nickel et le formaldéhyde. Les
principales activités concernées sont les métiers du bois, la métallurgie du nickel, l’industrie
de la chaussure (poussières contenant des tannins), l’utilisation de colles ou de vernis à base
de résines contenant du formol, les laboratoires d’anatomopathologie, l’industrie de la
porcelaine, des émaux et des céramiques.
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