L’admirable échange entre la divinité et l'humanité
À Noël, le Christ est annoncé comme l'Emmanuel,
« Dieu-avec-nous ». C'est une expression ancienne
qui vient de l'Ancien Testament. Déjà les juifs
disaient : «Notre Dieu est un Dieu qui s'approche».
Mais une question demeurait, «Jusqu'où s'approche-
t-il?». Déjà, de tout temps, Dieu habite l'histoire des
hommes, il est dans la création. Mais avec Jésus,
Dieu se lie à l'histoire des hommes, il accepte de
subir l'histoire et de ne pas la dominer d'en haut. Il
n'est pas le Dieu du ciel, infiniment éloigné de nous.
Dieu est «pour-nous». Noël change l'identité de Dieu.
Noël montre combien nous comptons pour Dieu.
La nouveauté de Noël, c'est que Dieu, en nous
donnant ce fils, nous permet de devenir ses enfants,
c'est-à-dire de participer à sa vie éternelle. Voilà ce
que révèle l'image du ciel ouvert dans les récits de la
nativité. Dieu traverse le voile qui nous séparait de lui.
5. La spiritualité de Noël.
Noël ne change rien au cours des événements. Mais,
en même temps, le sens de l'histoire est retourné.
Avant, la vie qui venait de Dieu s'écoulait dans la
mort. Désormais cette vie s'écoule en Dieu.
Mais Noël ne change pas tout, comme par magie.
Parfois on met tellement l'accent sur l'incarnation
qu'il semble qu'il suffirait que Jésus naisse pour que
toute l'humanité change ! Cela ne respecte pas le jeu
de la liberté dans la foi. La spiritualité de Noël est la
spiritualité de l'adoption des fils de Dieu. Il ne s'agit
pas d'imiter le Christ «de l'extérieur», mais de vivre
du Christ qui est en nous et de témoigner de lui dans
sa virginité, sa pauvreté, son humilité, son obéissance.
En outre, puisque Dieu fait de nous ses fils dans le
Christ, en nous insérant comme membres dans le
corps de l'Église, la grâce de Noël nous demande d'y
répondre par une vie de communion fraternelle.
1. L'histoire de l'Épiphanie.
Dès le IIe siècle existait une fête chrétienne, le 6
janvier, et où l'on
commémorait le baptême de
Jésus. Dans la seconde
moitié du IVe siècle, on
trouve la première
attestation de la fête
orthodoxe de l'Épiphanie,
entendue comme la
célébration de la venue du
Seigneur, c'est-à-dire sa
naissance humaine et son incarnation parfaite. À
l'époque de St Jean Chrysostome, la fête se célébrait
à Antioche et en Égypte et avait pour objet la
naissance et le baptême du Christ. Quand elle
parvint en Occident, la fête de
l'Epiphanie changea de
signification : elle devint la
célébration de la «révélation de
Jésus au monde païen» et eut
pour prototype l'épisode des
mages venus à Bethléem pour
adorer le Rédempteur qui venait
de naître. À cet épisode se
rattachait aussi le souvenir du
baptême de Jésus et de son premier miracle à Cana.
En Orient, et particulièrement en Égypte, les païens
célébraient aussi la fête du solstice d'hiver. Pour leur
part, les chrétiens célébrèrent Noël treize jours
après le 25 décembre, le 6 janvier, quand l'augmentation
de la lumière est plus visible, pour souligner que Jésus en
naissant en ce jour, montre qu'il était la vraie lumière.
2. L'objet de la célébration actuelle de l'Epiphanie.
En acceptant l'Épiphanie venue de l'Orient, la plus
grande partie des Églises occidentales ont voulu
célébrer principalement la venue des mages, considérés
comme les «prémices des gentils» et la manifestation
de Jésus comme Seigneur de tous les peuples. De cette
manière, en Occident l'objet de la célébration des
deux fêtes s'est nettement distingué : à Noël la naissance
du Christ, à l'Épiphanie l'hommage des nations.
Depuis la réforme de Vatican II, le mystère est clairement
exprimé et résumé par l'embolisme de la préface :
« Aujourd'hui, tu as dévoilé dans le Christ le mystère de notre
salut pour que tous les peuples en soient illuminés ; et quand le
Christ s'est manifesté dans notre nature mortelle, tu nous as
recréés par la lumière éternelle de sa divinité ».
Tout le formulaire liturgique du Missel et de la
liturgie des Heures, souligne l'universalité du salut
dans le Christ. La célébration du Baptême du Seigneur
(dimanche après l'Épiphanie) et la fête de la
Présentation du Seigneur au temple font partie de ce
qu'on peut appeler les « fêtes épiphaniques ».
L'Épiphanie :
Le mot grec «épiphanie» ou « théophanie » signifie « apparition», manifestation glorieuse, et se référait à
l'arrivée solennelle d'un roi ou d'un empereur. Rien d'étonnant, dès lors, à ce que l'on ait employé en Orient le
nom d'« épiphanie » pour désigner la fête de la nativité du Seigneur, son « apparition » dans la chair.
L'origine de la fête de l'Épiphanie en Orient n'est pas très
différente de celle de la fête de Noël en Occident.