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RUOZZI PAOLA
Sujet n°3 : “L’ANALOGIE”
L-11 LLS (Ling) = Laurea triennale in Lingue e Letterature Straniere, curriculum Linguistico-didattico
3 LT- Corso: “Introduzione al cambiamento linguistico” (Linguistica d’area) – 36h – 6 CFU
LE ROLE COMPENSATOIRE DE L’ANALOGIE DANS L’HISTOIRE DU FRANÇAIS: INFLUENCE SUR LA
DÉCLINAISON ET SUR LA CONJUGAISON.
Les réfections analogiques ont concerné aussi bien la déclinaison que la conjugaison. Dans le domaine de la
déclinaison du nom, l’analogie n’a touché sporadiquement qu’au cas sujet, de sorte que, avec la disparition
de ce dernier, ses conséquences n’ont pas passé au français moderne ; un peu différent est le cas de la
déclinaison de l’adjectif, et en particulier de celle des adjectifs latins épicènes
(du tipe grandis, -e, ainsi
que les participes présents), refaits sur le modèle des adjectifs latins en –us, -a, (-um), et donc finalement
différenciés en genre (grantz, au début masc. et fém. passe à grantz vs. grande, c'est-à-dire masculin vs.
féminin, le neutre s’étant perdu en chemin). Mais c’est dans le domaine de la conjugaison verbale que
l’analogie a produit ses effets les plus remarquables ; son action, en particulier, a servi à uniformiser les
paradigmes des verbes latins qui, une fois passés au français sous l’effet des lois phonétiques, avaient
donné des conjugaisons rhizotoniques, c'est-à-dire des conjugaisons où l’on observait une alternance
radicale entre les personnes dont la voyelle radicale latine était accentuée (ex. ámo > j’aime) et celles dont
la voyelle radicale, grâce à un déplacement à droite de l’accent, dû à l’allongement du mot, était atone (ex.
amámus > nous amons > nous aimons) ; un développement phonétique différent ayant marqué les voyelles
latines atones et les voyelles toniques, les paradigmes romans qui en étaient issus avaient fini par afficher
une conjugaison « sur deux bases ». Les modifications analogiques, visant à rétablir le même radical tout au
long de la conjugaison (par extension du radical le plus fréquent aux six personnes), se sont donc
conservées, non sans quelques incohérences (ex. je meus vs. je veux), jusqu’en français moderne.
(1) L’ANALOGIE DANS LA DÉCLINAISON DES NOMS ET DES ADJECTIFS.
Pour comprendre les résultats que la flexion latine du nom a donné en AF il faut tenir compte et des
terminaisons latines originaires (présence ou non d’un –s de flexion), et des remaniements que ces
terminaisons ont connus en bas latin et en latin médiéval (par ex., le nominatif pluriel des masculins de la
3e décl. est refait de –es en –i, ex. canes > cani, ce qui explique l’absence de –s au CSP pour ce type de
noms, mais le maintien du –s au CRP :
cas sujet (nominatif) pluriel : canes > cani > li chien
cas régime (accusatif) pluriel : canes > les chiens ;
le CSP des féminins en –a de la 1re déclinaison, par contre, a connu le processus inverse : puisque le
nominatif pluriel latin a été refait de –ae en –as, cela explique qu’en AF ces noms aient un CSP avec –s de
flexion qui le rend de fait identique au CRP :
cas sujet (nominatif) pluriel : rosae > rosas > les roses
cas régime (accusatif) pluriel : rosas > les roses.
Il s’agit d’adjectifs qui présentent une seule forme pour le masculin et le féminin (ex. grandis, fortis, viridis) et une
forme distincte pour le neutre (ex. grande, forte, viride). Ils appartiennent à la 3e déclinaison latine. Les participes
présents latins, en –ans/–ens (ex. amans, videns, dormiens, réduits à une forme unique –ans > -antis aux Ve-VIe ss.),
qui présentent, au nominatif singulier au moins, une forme unique pour les trois genres, se rattachent également au
adjectifs épicènes. En effet, ils ne différencient le masc./fém. du neutre qu’au pluriel (ex. amantes vs. amantia).