
Etude stratégique sur « le développement durable et agriculture dans les cinq gouvernorats de Gabès, Sidi Bouzid,
Nabeul, Le Kef et Bizerte » : Cas du gouvernorat de Sidi Bouzid
CNEA / Rapport définitif de la 3ème phase : Orientations stratégiques et Plan d’action
naturelles et dans l'encadrement des producteurs. Or, le passage d'un cadre où les pouvoirs publics
jouaient un rôle dominant à un mode de gouvernance plus participatif n'a pas été complètement
réussi avec un cadre institutionnel qui souffre de plusieurs insuffisances, à la fois, en ce qui
concerne les organisations de base pour la gestion des ressources naturelles ou de celles qui
encadrent les agriculteurs dans le procès de production et dans leur intégration dans les filières de
production et notamment dans la mise sur le marché de leur production.
La projection des tendances à l'horizon 2017
Les tendances lourdes que nous venons de passer en revue et les orientations déjà engagées
devraient se traduire par une aggravation de la pression sur les ressources naturelles et accentuer
les menaces sur la durabilité des systèmes.
En effet, si l’on considère les problèmes de mondialisation et d’ouverture, nous voyons bien que
déjà sans l’ouverture des marchés aux produits agricoles et agro-alimentaires importés, la
mondialisation et la forte dépendance entre les marchés, touchent de plein fouet l’agriculture
tunisienne. En effet, suite à la flambée des prix du pétrole et des matières premières qui a fini par
toucher les matières premières agricoles et notamment les produits céréaliers et les aliments de
bétail, l’agriculture tunisienne se trouve confrontée à une crise due au renchérissement des coûts
de l’énergie et des engrais chimiques et, surtout depuis peu, à l’augmentation vertigineuse des prix
des aliments de bétail et notamment de l’orge. Cette situation remet en cause en partie le modèle
de développement de l’agriculture de la région basé sur des prix bas de l’eau (dont le coût
d’exhaure ne cesse d’augmenter du fait de la baisse du niveau des nappes et du prix du gasoil) et
sur des prix bas des céréales et des aliments de bétail.
L’évaluation de l’impact de la libéralisation des échanges et du changement climatique sur la
durabilité
Nous venons de voir que le prolongement des tendances est porteur de menaces graves pour la
durabilité de l’agriculture de la région. Or la région devrait faire face en plus à un processus de
libéralisation qui est à la fois porteur d’opportunités et de menaces, mais surtout au phénomène de
changements climatiques qui peuvent accentuer encore plus la rareté des ressources en eau et
remettre en cause les capacités de résilience de tous les systèmes.
Les changements climatiques devraient se traduire par une augmentation de la température, une
réduction des précipitations et une accentuation de la variabilité du climat et une plus grande
occurrence des années de sécheresse, mais aussi des risques d’inondation. L’impact de ces
changements sur le secteur agricole serait alors tragique et se traduirait globalement par une
aggravation des problèmes de l’eau, l’augmentation de la récurrence des sécheresses et leurs effets
dévastateurs sur les plantations arboricoles en sec et sur l’élevage.
En définitive, l’agriculture de la région devrait faire face à de grandes difficultés qui sont
notamment dues à la pression sur les ressources naturelles et à leur dégradation. Cette pression
devrait s’accentuer du fait que l’ouverture du marché devrait avantager les productions les plus
consommatrices d’eau. Or, les changements climatiques, en réduisant les ressources en eau
disponibles, vont aggraver la tendance à la surexploitation et donc à la dégradation des ressources
et remettre en cause la base même du développement agricole de la région.
L'efficacité des stratégies et la nécessité de nouvelles orientations stratégiques
En définitive, les prolongements des tendances, que confirment les orientations du XIème Plan,
risquent d’aggraver les menaces qui pèsent sur certains systèmes de production, notamment au
niveau des exploitations les plus fragiles et dont la production est faiblement diversifiée.
Il est vrai que le XIème Plan, comprend aussi des mesures de correction et la recherche d’une
gestion optimale de la demande en eau, mesures qui devraient atténuer les impacts du
prolongement des tendances sur les systèmes. Toutefois, ces mesures seraient-elles suffisantes