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RESUME
En 2005, 37413 nouveaux cas de cancer colorectal (CCR) étaient recensés en France,
un chiffre qui le propulse au troisième rang des cancers les plus fréquents et au second rang
des décès par cancer (Bouvier, Chauvenet, Jooste, & Faivre, 2010). Nonobstant ces faits
alarmants, le CCR se traite relativement bien grâce à des techniques thérapeutiques toujours
plus performantes, avec un taux de réussite avoisinant les 100% lorsqu’il est diagnostiqué à
un stade précoce. Fort de ce constat, un programme national de dépistage organisé du CCR a
été mis en place afin de diagnostiquer la maladie avant l’apparition de signes avant-coureurs.
Ce programme propose aux individus ayant un risque moyen de développer un CCR de
participer à un test de dépistage spécifique (Hemoccult-II®) tous les 2 ans à partir de 50 ans. Il
est aujourd’hui clairement établi que le dépistage de masse par ce type de test réduit
notablement la mortalité relative au CCR (Hewitson & al., 2007). Toutefois, le taux de
participation actuel (34%) reste encore en deçà des normes recommandées (Institut National
du Cancer, 2009). Dès lors, il apparaît nécessaire de mieux comprendre ce qui motive ou, au
contraire, freine les individus à s’investir activement dans une démarche de dépistage visant à
détecter précocement un CCR. Deux études consécutives ont été menées avec pour objectif
d'explorer et comprendre les principaux freins et leviers psychologiques à la démarche de
dépistage du CCR par Hemoccult-II®.
Une étude qualitative, basée sur la conduite de 7 focus groups non mixtes, a été menée
auprès de 69 individus âgés de 50 à 74 ans. À cette occasion, trois principaux thèmes ont été
évoqués avec les participants : les connaissances et croyances envers le dépistage du CCR, les
leviers au dépistage du CCR, et les freins au dépistage du CCR. Tous les groupes ont été
animés par deux psychologues, enregistrés et retranscrits dans leur intégralité, et traités avec
un logiciel d’analyse de données qualitatives. Les analyses factorielles des correspondances
effectuées à partir du corpus ainsi obtenu ont mis en évidence l’existence de trois dimensions
principales pour chacun des thèmes précités. Les leviers au dépistage du CCR étaient la
communication sur le dépistage du CCR, la simplicité perçue du test Hemoccult-II®, et la
perception du risque encouru. L’incertitude relative à la fiabilité du test Hemoccult-II®,
l’anxiété envers la santé, et l’embarras ont émergé comme principaux freins au dépistage du
CCR. Des analyses en tri-croisé ont également permis de dégager des différences de contenu
dans le discours des hommes et celui des femmes.