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ENVIRONNEMENT
ne cérémonie a eu lieu le 25 novembre dernier pour valoriser
les actions des villes adhérentes.
Interview de Jean Jouzel, climatologue, glaciologue, Prix
Nobel de la Paix, vice-président du groupe scientifique du
GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
Quelle est la mission du GIEC ?
Le GIEC, créé en 1988, a pour mission d’« évaluer, sans parti-pris et
de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre
scientifique, technique et socio-économique pour mieux comprendre
les risques liés au réchauffement climatique d’origine humaine, cerner
plus précisément les conséquences possibles de ce changement et
d’envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation ».
Est-il encore temps d’enrayer le réchauffement climatique ?
Il est encore temps, non pas d’arrêter le réchauffement climatique,
mais de le freiner. Tous les pays en ont reconnu la nécessité dans le
cadre de la convention climat signée à Rio en 1992. Depuis la COP de
Cancun en 2011, les pays se sont même accordés sur un objectif chiffré
: limiter le réchauffement climatique à 2° C par rapport à la période pré-
industrielle (1,5°C par rapport à aujourd’hui). Cet objectif fait sens car
l’espèce humaine pourra s’adapter à ce niveau de réchauffement, mais
ce sera difficile au-delà.
Est-ce techniquement réalisable ?
Certainement, si l’on s’en donne les moyens. Le premier levier pour
réussir, c’est d’investir dans l’efficacité énergétique et de désinvestir
dans l’extraction et l’utilisation des énergies fossiles. Cela passe aussi
par des investissements massifs dans les énergies renouvelables.
C’est donc techniquement possible, et c’est aussi économiquement
viable. À condition d’engager un véritable changement de modèle
de développement qui n’est pas une perspective négative. C’est au
contraire un défi mobilisateur à relever. C’est important de comprendre
qu’écologie et économie peuvent aller de pair.
Comment expliquer le décalage entre les alertes du milieu scientifique depuis
de nombreuses années et la prise de conscience, assez lente, de l’opinion pub-
lique et des politiques sur ce sujet ?
Les politiques ont d’une certaine façon réagi rapidement en mettant en
place la Convention Climat dès 1992 et en y inscrivant l’objectif d’un
réchauffement à long terme qui serait limité à 2°C. Là où le bât blesse,
c’est le passage à l’action. Quant à l’opinion publique, le message du
GIEC a longtemps été brouillé par les climato-sceptiques. Nous avons
collectivement une difficulté à accepter la réalité d’un réchauffement
à venir et la nécessité, pour y faire face, d’un changement de mode de
développement qui nous concerne tous.
La conférence de Paris va-t-elle permere d’amorcer un tournant ?
Je crois qu’aujourd’hui sa réussite s’impose. Les conclusions du
5e rapport du GIEC indiquent que si on ne fait rien, la température
moyenne sur la planète augmentera de 4-5°C d’ici la fin du siècle, ce
qui sera invivable. Et tandis que le protocole de Kyoto n’impliquait que
les pays développés, l’accord de Paris suppose l’engagement de tous, y
compris des pays émergents. Par ailleurs, l’innovation a montré que les
énergies renouvelables étaient de plus en plus opérationnelles, si bien
que l’idée de basculer dans un monde qui ne serait plus accroché aux
énergies fossiles n’est plus une utopie. Enfin, la prise de conscience
des citoyens peut provoquer un déclic : c’est important que tout le
monde se mobilise, les collectivités locales, les ONG, les politiques et
les citoyens. Que nous soyons tous sensibilisés à l’urgence de freiner le
réchauffement climatique peut contribuer à ce que la COP 21 marque
un tournant. n
COP 21
La réduction du réchauement climatique,
une urgence
« Si on ne fait rien d’ici à 2020
pour infléchir les émissions de gaz à
effet de serre, on ira vers un réchauffement
climatique de 3 degrés. Il y a donc urgence »
Dans le prolongement de ses actions en faveur
de l’environnement, la ville a récemment participé
à l’initiative du SDESM appelée « Les communes
du SDESM s’engagent pour la planète », symbole
de l’implication pour la transition énergétique
et la lutte contre le dérèglement climatique.
U
14 lysmag DÉCEMBRE 2015
SCOLAIRE
epuis juin 2015, l’établissement
a lancé l’opération « Incroyables
comestibles », tout droit inspirée
du modèle londonien. Des bacs
en bois ainsi que des panneaux explicatifs,
réalisés par les élèves de 4e et 3e de l’atelier
« habitat », ont été disposés devant
l’établissement dans la rue et sont une
invitation à venir cueillir aromates et légumes
en libre accès.
Mais c’est quoi au juste les « Incroyables
comestibles » ? C’est un mouvement citoyen
sans frontières qui vise l’autosuffisance
alimentaire des territoires par le biais de
coopérations solidaires. Le projet du collège
s’inscrit donc dans cette démarche de
développement responsable en permettant
à chacun de se servir en légumes et herbes
aromatiques, lesquels ont été jardinés
directement par les élèves. Chacun peut
également replanter à sa guise des légumes
dans les bacs. Cette initiative originale et
insolite semble fonctionner !
Cuisinons des produits bio et locaux
Tous les mardis, sept élèves du groupe
« hygiène, alimentation, service » de la SEGPA
se rendent au restaurant d’application (lieu
pédagogique où les plats et le service sont
effectués par des apprentis) pour proposer
un service de restauration de qualité.
Ils préparent et servent des repas pour
une vingtaine de personnes environ : en
majorité, les professeurs et le personnel
du collège. Les élèves sont donc formés
successivement au service en salle comme
en cuisine.
Mais avant de servir, les élèves, accompagnés
de leur professeur, apportent un regard
critique à ce qu’ils ont cuisiné en goûtant
eux-mêmes leur plat dont certains produits
utilisés issus du potager du collège, portent
le label local et biologique. Ce moment
de partage est aussi l’occasion de faire
découvrir à ces apprentis cuisiniers des
enVironnement
PÉDAGOGIE
D
Si pour certains la musique adoucit les mœurs, pour la Section d’Enseignement Général
et Professionnel Adapté (SEGPA) du collège Robert Doisneau, la cuisine est un véritable
outil pédagogique et civique. Plusieurs initiatives environnementales visant à valoriser les produits
locaux et biologiques ont ainsi vu le jour. Zoom sur ces actions citoyennes.
Quand une entreprise locale sengage auprès des plus jeunes
ans le cadre de son engagement en
faveur du développement durable,
les Laboratoires Galéniques
Vernin (LGV) ont accueilli des
élèves de l’école de Vosves pour une journée
d’animations autour du recyclage. L’objectif
des LVG : faire prendre conscience de notre
impact sur le monde qui nous entoure.
Profitant des toutes premières Journées
Nationales du Tri en France, les Laboratoires
Galéniques Vernin (LGV), situés dans la
zone Chamlys, ont ouvert leurs portes à
des élèves de l’école de Vosves, les 9 et 10
octobre dernier.
« Notre ingénieur Packaging,
Pierre Thébault, leur a fait découvrir les
procédés de fabrication de nos produits ainsi
que nos méthodes de tri. Pour lui qui est
personnellement très sensible à la démarche
de développement durable, c’est le travail
auprès des enfants qui peut faire changer
les mentalités »,
explique Fabien Michalletz,
responsable planification industrielle chez
LGV.
En parallèle, une action de sensibilisation
a aussi été menée auprès du personnel
des laboratoires sur sa pause déjeuner.
« Nous sommes 155 salariés sur le site de
Dammarie-lès-Lys. Il est primordial de leur
faire comprendre que leur tâche a un réel
impact sur l’environnement et peut s’inscrire
dans une démarche de développement
durable. »
La démarche responsable des LGV
Depuis 4 ans, les Laboratoires Galénique
Vernin travaillent et mettent en œuvre le
concept de Responsabilité Sociétale des
Entreprises*, qui reprend les fondamentaux
du développement durable.
« Pour remplir
pleinement les objectifs de ce concept, nous
sommes plus de 25 personnes issues de toutes
les strates de l’entreprise (production, contrôle
qualité, direction générale) à participer à
des groupes de travail. Nous réfléchissons,
ensemble, à demain. »
Mais les LGV ont
conscience du chemin qu’il reste à parcourir
D
Les actions culinaires du collège
Doisneau pour apprendre le partage
Lors de la visite du laboratoire Galéniques
Vernin, les élèves de l’école de Vosves ont
été sensibilisés au tri.
Quand une entreprise locale sengage auprès des plus jeunes
lysmag DÉCEMBRE 2015 15
légumes dont ils n’avaient jusqu’alors pas
connaissance.
Par ailleurs, chaque semaine un chef de
cuisine est désigné lors de ce challenge.
L’accent est mis sur la responsabilité
individuelle. Même si l’œil vigilant et
bienveillant du professeur n’est jamais très
loin, le but est de redonner confiance aux
élèves par une mise en situation concrète. Ils
acquièrent ainsi les connaissances pratiques
cessaires afin de poursuivre sereinement
leur formation scolaire. n
À LA DÉCOUVERTE DES FRUITS
ET DES LÉGUMES
Pour les élèves de l’école maternelle Jules
Verne, la vie végétale n’aura bientôt plus de
secrets ! Tout au long de l’année, sept classes,
soit 173 enfants âgés entre 3 et 6 ans, seront
sensibilisées à l’environnement. Une première
action en octobre autour de la cueillette de fruits
et légumes a eu lieu à Servigny. Chaque enfant de
Grande Section a cueilli 5 pommes. Les plus petits
ont récolté en plus des légumes : carottes, haricots
verts, courgettes, tomates, salades, aubergines,
pommes de terre, choux… De retour à l’école, les
classes ont préparé de la compote de pomme et
des soupes, qu’ils ont pu rapporter à leur maison
et déguster en famille : une bonne manière de
comprendre la transformation du fruit ou du
légume, des champs à l’assiette.
Pour faire suite à cette initiative, les institutrices
ont proposé divers travaux d’art plastique, de
langage et de litrature enfantine autour de
cette thématique végétale :
« c’est un projet
pluridisciplinaire. Prochaine étape : le jardinage !
Nous voulons leur faire prendre conscience du
travail et du temps nécessaires pour planter
et faire pousser la plante ou le comestible »
explique l’équipe enseignante. La ville de
Dammarie-lès-Lys va mettre à disposition de
l’école sept bacs qui accueilleront les cultures
notamment des aromates. En fin d’année,
courant juin, une exposition des différents
travaux réalisés durant l’année, sera organisée
pour les parents. En parallèle, l’école Juliette
George développe également son potager. n
Les actions culinaires du collège
Doisneau pour apprendre le partage
afin de sensibiliser pleinement ses employés et
le grand public.
« Il faut être réaliste, certaines
personnes n’ont pas encore les bons reflexes,
mais plus par manque de connaissance que
par manque de volonté. Il est important de
considérer le développement durable comme
une opportunité de s’améliorer, et non comme
une contrainte » !
n
Dans le cadre de la semaine du goût, la SEGPA
a animé un atelier de fabrication de cookies pour
l'école maternelle Saint-Exupéry. Les infirmières de
Doisneau ont travaillé avec les enfants sur l'équilibre
alimentaire et le goût à travers un jeu de l'oie.
LES LABORATOIRES GALÉNIQUES VERNIN
Fondés en 1909 par Louis-Charles Vernin, pharmacien, les Laboratoires Galéniques Vernin (LGV) orent
depuis plus de cent ans une expertise dans le domaine du façonnage pour les Industriels de la Santé et de
la Cosmétique. Il y a 23 ans, ils ont été rachetés par les laboratoires Mayoly Spindler.
En matière de développement durable, le site de Dammarie-lès-Lys se démarque. En plus de ses actions
de sensibilisation, il a obtenu la certication FSC* pour le packaging de ses articles de conditionnement
secondaires cosmétiques. Quant à ses prochaines actions en interne, elles porteront sur :
- le développement de l’éco-conduite en changeant le parc automobile des commerciaux (hybride) et en
limitant les allers-retours des camions à vide entre le site de Dammarie-lès-Lys et le siège social dans les
Yvelines
- la sensibilisation à la diminution du gâchis de papier en modiant le paramétrage de l’imprimante tout en
proposant une solution de tri à 100 %
- la récolte de bouchons et de capsules Nespresso pour les remettre à une association dont la réutilisation
permettra de nancer des actions sociales.
*Il s’agit d’un label environnemental, qui assure entre autres que la production de bois ou d’un produit à base de bois respecte les
procédures censées garantir la gestion durable des forêts. Il répond aux besoins sociaux, économiques, écologiques, culturels et
spirituels des générations actuelles et futures.
zoom sur…
*Pour être dans une démarche active de Responsabilité Sociétale
des Entreprises, il faut avoir engagé un processus
destiné à intégrer les préoccupations en matière sociale,
environnementale, éthique, de droits de l’homme et de
consommateurs dansles activités commerciales et la stratégie de
base de l’entreprise, en associant tous les acteurs de l’entreprise.
inFoS +
Un projet « Master chef » entre les élèves de la
SEGPA de Dammarie-lès-Lys et ceux des
établissements alentours est en cours de réexion.
Par groupes de 4, les élèves prépareront un plat
et un dessert en complète autonomie.
Un jury goûtera et notera les plats à l’aveugle.
À suivre… Le lancement de ce projet s’inscrirait dans
la dynamique de challenge des élèves de la SEGPA.
En octobre dernier, ils ont en eet participé au
concours de la tarte, lors de la Fête du Brie de Melun.
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