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Journal Identification = JPC Article Identification = 0261 Date: November 30, 2013 Time: 3:18 pm
244 J Pharm Clin, vol. 32 n◦4, décembre 2013
A. Ziane, et al.
L’analyse des évènements, la plupart évitables, montre
que les erreurs surviennent surtout au stade de la
prescription et de la surveillance [7]. Environ 10 % des hos-
pitalisations en gériatrie aiguë sont directement liées à des
problèmes d’iatrogénie médicamenteuse [8]. Les classes
médicamenteuses principalement impliquées sont les
anticoagulants, les antihypertenseurs et les médicaments
du système nerveux central [9]. Plusieurs publications
mentionnent également que les erreurs sont observées
lors de l’admission et lors de la sortie des patients
de l’hôpital [10, 11], et les retombées positives d’une
démarche de bilan comparatif des médicaments sur la
réduction des divergences médicamenteuses sont recon-
nues par plusieurs auteurs [12].
Les prescriptions médicamenteuses des unités de
gériatrie aiguë (UGA) et de soins de suite réadaptation
(SSR), ont été informatisées, dans notre établissement,
respectivement en septembre 2009 et juillet 2011.
L’informatisation des prescriptions a permis aux pharma-
ciens d’analyser toutes les ordonnances et de renforcer
la collaboration avec les gériatres et les infirmières afin
de lutter contre l’iatrogénie médicamenteuse. Dans le
cadre de cette analyse d’ordonnance, le pharmacien ayant
acquis une expérience en pharmacie clinique était amené
à rédiger une opinion pharmaceutique (OP) à destina-
tion des prescripteurs. Le contenu des interventions était
issu du groupe de travail «Standardisation et valorisa-
tion des activités de pharmacie clinique »de la Société
franc¸aise de pharmacie clinique de 2003 ; elles étaient
codifiées en problèmes liés à la thérapeutique et résolu-
tion de problèmes qu’ils avaient générés. Les interventions
du pharmacien pouvaient être acceptées ou rejetées par
les gériatres. Par ailleurs, le pharmacien participait régu-
lièrement aux transmissions matinales quotidiennes de
l’UGA où étaient prises les décisions thérapeutiques en
concertation avec l’équipe médicale et le personnel infir-
mier. L’objectif n’était pas de produire des OP mais de
valoriser les échanges entre professionnels relatifs à la
prise en charge médicamenteuse du sujet âgé de plus de
75 ans. Afin d’évaluer la pertinence et l’impact clinique
des interventions pharmaceutiques, et de déterminer les
classes les plus à risque, nous avons mené une étude sur
une période de trois mois chez les patients hospitalisés à
l’UGA et dans les 4 unités de SSR.
Méthodes
Cette étude prospective a été menée dans les 5 uni-
tés (1 UGA, 4 SSR) de 133 lits, dotées du logiciel de
prescription informatisée USV2/Crossway®(Mac Kesson,
Cestas, France), entre le 1er novembre 2011 et le 31 jan-
vier 2012. Le pharmacien référent de la gériatrie analysait
quotidiennement toutes les prescriptions tout au long
du séjour du patient sur le logiciel Pharma®(Computer
Engineering, Paris, France) transférées depuis le logiciel
USV2/Crossway®. Il était présent dans l’unité de soins une
heure par jour au moment des transmissions. Il validait les
nouvelles prescriptions correspondant soit à une prescrip-
tion d’entrée soit à une modification de l’ordonnance pour
un même patient. Au cours de l’analyse d’ordonnance de
niveau 2 [13], il était amené à rédiger des OP transmises
aux prescripteurs par voie informatique. Le pharmacien
avait accès au bilan biologique du patient. Chaque OP
portait sur la ligne du médicament concerné qui avait
occasionné l’intervention du pharmacien. Cette OP conte-
nait la nature du problème identifié et la proposition
du pharmacien pour y remédier. L’intervention du phar-
macien pouvait aboutir à la délivrance du médicament
d’emblée, ou à la délivrance après modification de la pres-
cription, ou à un refus de délivrance. Les interventions
relevant des substitutions des médicaments hors livret ont
été prises en compte dans l’étude. Les OP étaient enre-
gistrées et archivées dans les deux logiciels ; elles ont
été recueillies de fac¸on prospective sur une période de
3 mois, et ont été regroupées en 5 catégories selon une
classification issue de celle de Comer [14] (tableau 1).
L’impact clinique potentiel ou avéré de chaque OP a été
évalué rétrospectivement au moyen d’une échelle prove-
nant de la cotation de Hatoum [15] (tableau 2), par un
groupe expert, composé de deux gériatres et de deux
pharmaciens avec une expertise gériatrique, n’exerc¸ant
pas dans les services concernés. Ce groupe expert n’était
pas informé de la conduite du prescripteur en regard de
l’intervention, mais il avait connaissance de la survenue
d’un accident thérapeutique médicamenteux, suite à la
non-prise en compte de l’OP (impact clinique avéré).
Les variables quantitatives ont été décrites par leur
effectif et le pourcentage, et les variables quantitatives par
leur moyenne et écart type.
Le pharmacien référent a recueilli de fac¸on prospec-
tive les OP des patients sur une fiche, y compris les
week-ends et jours fériés. Les OP proposées aux méde-
cins ont été analysées par le groupe expert lors d’une
réunion présentielle ; les experts avaient accès au dossier
médical et à l’ensemble des prescriptions du séjour du
patient, ainsi qu’aux bilans biologiques correspondants.
Le groupe a ainsi déterminé après consensus, le carac-
tère pertinent ou non de l’OP et la cotation de l’impact
clinique. L’objectif était d’analyser au moins 300 OP.
Résultats
L’étude a permis, sur un trimestre, d’analyser 302 OP
auprès de 199 patients (76,9 % de femmes) dont l’âge et
le poids moyen étaient respectivement de 86,2 ±5,5 [75-
102] ans et 59,8 ±9,2 [33-98] kg. Les patients présentaient
un taux moyen de créatinine de 106,1 ±72,7 [25-666]
moles/L et une clairance de créatinine (Clcr) moyenne
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