Matériaux métalliques2 - Origine des métaux
H. Schyns2.1
2. Origine des métaux
2.1. Introduction
La genèse des éléments présents dans l’univers en général et sur la Terre en
particulier est une question à laquelle une réponse satisfaisante n’a été donnée que
très récemment.
Avec l'invention du spectromètre, les astrophysiciens ont pu étudier la composition
chimique du Soleil, des étoiles et des milieux interstellaires. Ils ont rapidement
constaté que plus la masse atomique d'un atome est grande, moins il est présent
dans la nature. Seuls trois éléments échappent à cette règle : le lithium, le béryllium
et le bore qui, bien qu’ayant de petites masses atomiques sont relativement rares.
Ce n’est qu’en 1957 que paraît un article qui va révolutionner l'astrophysique. Il
présente une théorie complète de la nucléosynthèse stellaire c’est-à-dire de
l’ensemble des processus physiques de synthèse de noyaux atomiques par fission
ou fusion nucléaire au sein des étoiles. Cet article est devenu tellement célèbre qu'il
est le plus souvent cité dans la littérature par les initiales de ses auteurs G.
Burbidge, M. Burbidge, F. Hoyle et W. Fowler : B2HF.
L’article brosse un panorama complet de l'origine des éléments, depuis la création
de l’hydrogène lors du Big Bang jusqu'à la production des éléments les plus lourds
dans les supernovae.
Les quatre types de base de nucléosynthèse sont :
-la nucléosynthèse primordiale qui a eu lieu durant les premières minutes de
l'univers, responsable de la formation des noyaux légers, principalement
hélium 4 mais également deutérium, lithium 7 et béryllium 7. Aucun élément de
masse atomique supérieure à 7 n'a été créé durant cette nucléosynthèse.
-la nucléosynthèse stellaire a lieu dans les étoiles et crée une grande partie de
la vingtaine d’éléments allant du lithium au fer.
-la nucléosynthèse dans les supernovae produit la plupart des éléments plus
gros que le fer.
-la spallation cosmique ou nucléosynthèse interstellaire qui produit des
éléments légers tels que le lithium et le bore, par bombardement de matière par
des rayons cosmiques.
2.2. Nucléosynthèse primordiale
Le modèle du Big Bang présuppose qu’il y a environ 13.7 milliards d’années,
l’univers a connu un état homogène, extrêmement dense et chaud (1).
Partant de cet état, l’univers a entrepris une expansion qui, telle une expansion
adiabatique, l’a progressivement refroidi. Différentes formes de la matière sont
apparues au cours de ce refroidissement (fig. 2.1).
Au cours de la première seconde (t<1s), la température est de l’ordre de 1010 K. La
matière est présente sous forme de neutrinos (νe) et antineutrinos (νe), de neutrons
(n) et protons (p ou 1H) ainsi que d’électrons (e–) et de positrons (e+). L’énergie pure
1Il est important de préciser que ce modèle ne préjuge en rien de l’existence d’un instant initial ou d’un
commencement de l'univers. Simplement, il est impossible de savoir ce qu’il y avait avant cet instant.