
1. Périurbanisation et Luxembourg rural
La périurbanisation (étalement urbain) est le résultat
d’un phénomène de sortie des actifs et autres urbains
des villes, pour des raisons diverses, de coût du fon-
cier, de recherche de l’espace, du grand air, de sché-
mas culturels…Elle aboutit à « vider les villes » et à
augmenter le nombre d’habitants à leurs périphéries,
qui deviennent alors des zones « dortoirs » ; progres-
sivement toutefois, cette nouvelle population souhaite
disposer à proximité d’autres services (enseignement,
commerces,…), ce qui tend alors à déstructurer
l’espace et à affaiblir les centralités urbaines (double
conséquence de perte de population et de services,
donc d’attractivité).
Ces inconvénients ont été relevés à juste titre dans les
Lignes directrices pour l’aménagement du aerritoire
au 21ème siècle et la nécessité de lutter contre le
phénomène de perte d’attractivité des villes s’impose,
quelle que soit la dimension de la ville considérée.
Mais il y a ruralité et ruralité…L’absence d’une
grande ville à une distance proche a placé la pro-
vince de Luxembourg et plus largement le Sud Est
wallon rural dans une situation spécifi que.
L’augmentation de population constatée depuis les
années ’70 en province de Luxembourg n’est pas
issue du phénomène de périurbanisation.
Jusqu’au milieu de ces années ‘70, un exode rural
important a sévi dans la province, par manque
d’accessibilité de celle-ci et par manque d’emplois
sur place dans un contexte socio-économique modi-
fi ant fondamentalement les données antérieures du
développement territorial (notamment l’émergence
du Marché commun agricole à partir de 1957, dans
une économie luxembourgeoise dominée par une
agriculture quasi autarcique, et avec la quasi absence
d’industries,…).
Un point d’infl exion apparaît à partir de cette décen-
nie ’70, résultat de différents facteurs:
* la prise de conscience d’un groupe de respon-
sables, qui se connaissent, des possibilités de
«prendre en main son avenir », et d’enfi n « trouver
un emploi sur place pour leurs enfants », évitant
ainsi l’exil (dans le sillon industriel, à Bruxelles,
dans les Colonies,…). On notera qu’un vrai projet
de territoire a donc déjà été porté à l’époque.
* l’obtention par lobbying consensuel auprès des au-
torités nationales d’une accessibilité très amélio-
rée du territoire, grâce à la construction du réseau
autoroutier dans la province achevé en 1988 (E25
et E411), rapprochant celle-ci de Bruxelles. Ce
réseau ouvrait en même temps la province à l’Eu-
rope, via les pays voisins, et singulièrement très tôt
vers Luxembourg. L’accessibilité par la voie ferrée
n’a, elle, pas connu d’amélioration depuis 1950,
selon certaines sources…Au contraire, l’un des
chefs-lieux d’arrondissement luxembourgeois (Bas-
togne) a perdu son accès à celui-ci, fait unique en
Belgique. Le désenclavement routier a permis aux
Luxembourgeois de trouver de l’emploi à l’exté-
rieur de la province, surtout au Grand-Duché, à
une distance raisonnable, sans plus devoir démé-
nager et quitter celle-ci, puisque le phénomène de
navette devenait possible.
* en parallèle à la construction de ces autoroutes,
une prospection active d’investisseurs étran-
gers a été mise sur pied au niveau provincial. Très
rapidement, grâce aux méthodes innovantes pour
les attirer déployées à l’époque, des résultats signi-
fi catifs ont été engrangés jusque dans les années
’90, concrétisés d’abord par les implantations de la
Cellulose des Ardennes (Virton), de L’Oréal (Libra-
mont), Archambel (Aubange),…Un tissu diversifi é
s’est construit progressivement sur la base de ces
implantations structurantes, permettant de fournir
un emploi sur place à une population luxembour-
geoise traditionnellement jeune, qui quittait la
province auparavant. Simultanément se concré-
tisait un vaste plan d’équipement en zones indus-
trielles des principales petites villes de la province,
bien reliées aux différentes viabilités nécessitées
par l’accueil des grandes unités manufacturières
ciblées. La fermeture de la sidérurgie d’Athus en
1977, séisme pour l’économie provinciale, a ren-
forcé la nécessité de repeupler le tissu industriel
(Mobil, …) du Sud de la province, efforts qui ont été
encore amplifi és avec le Pôle Européen de Déve-
loppement (PED) à partir de 1985 (Ferrero, Ampa-
cet,…). Après le Sud, puis le Centre et le Nord à
partir de la fi n des années ‘90, un nouvel équilibre
doit aujourd’hui être recherché.
Pour schématiser, plus de Luxembourgeois de-
meurent dans leur province et y fondent une famille,
ce qui permet à la population d’augmenter durable-
ment par solde naturel.
Texte rédigé par : Henry Demortier, Directeur du Département Partenariats à Idelux,
coordinateur Réseaulux sur base des séminaires organisés dans le cadre de Réseaulux
Les zones rurales,
partenaires du redressement de la Wallonie