Si le monde n'est pas informé de la Vérité, la faute n'en est peut-être pas tant à lui
qu'à ceux qui ont mission de l'instruire. « Vous êtes le sel de la terre », dit Jésus : et si le
monde est corrompu, c'est peut-être parce que « le sel de la terre » lui a manqué, parce
que « le sel de la terre » s'est dénaturé. « Vous êtes la lumière du monde », dit Jésus : et si
le monde est dans les ténèbres, c'est peut-être parce que nous n'avons pas osé placer notre
lampe sur le lampadaire.
« Que votre lumière brille devant les hommes », nous dit Jésus.
C'est clair : le témoignage de l’Eglise et des chrétiens doit se réaliser au grand
jour, à la face du monde.
C'est clair : il faut avoir le courage d'aller à contre-courant du milieu culturel
ambiant, sans complexe d'infériorité. Il faut avoir le courage d'être dans le monde un
« signe de contradiction » (cf. Lc 2, 34 ; Ac 28, 22).
Alors, en pratique, comment faire pour placer notre lampe sur le lampadaire ?
Pour cela, il s'agit d'abord et avant tout de rendre témoignage à la Vérité.
La première forme du service de la Vérité, c'est bien sûr le service de Celui qui a
dit : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). C'est le témoignage rendu à Jésus,
c'est l'affirmation de notre foi, l'annonce explicite de l'Evangile. Cela, nous le savons.
Mais cela implique aussi de rendre témoignage à la vérité dans tous les domaines.
Pensons à Saint Jean-Baptiste : c'est pour avoir rappelé la loi morale naturelle sur
le mariage, qu'il a été mis à mort par le roi Hérode (cf. Mc 6,17-29).
Pensons à la Pologne d'il y a vingt-cinq ans. C'est en refusant les mensonges de la
propagande officielle que les Polonais ont fini par ébranler le carcan totalitaire de leur
pays. Il s'agissait alors surtout de mensonges dans les domaines de l'histoire et des
réalités sociales et économiques.
Pour nous, aujourd'hui, le mensonge le plus urgent à rejeter, c'est peut-être, comme
pour Saint Jean-Baptiste, celui qui s'attaque à la loi morale naturelle.
C'est le mensonge qui prétend que les valeurs morales telles que le respect de la
vie, la dignité de l'homme, la nature de l'être humain, homme et femme, ne sont pas
inscrites en nous comme des obligations éternelles, mais ne sont que l'expression de
situations sociales et historiques déterminées, et que ces valeurs morales devraient donc
être rejetées maintenant que ces situations ont évolué.
Face à cette théorie, nous devons maintenir qu'il existe bien une loi naturelle, et
que cette loi naturelle, c'est le sens moral qui est gravé dans notre cœur, et qui nous
permet de discerner par la raison ce que sont le bien et le mal, la vérité et le mensonge (cf.
Jean-Paul II, Encyclique Veritatis Splendor du 6 août 1993, n°44 ; cf. CEC n°1954). « En tant qu'inscrite
dans la nature raisonnable de la personne, la loi naturelle » est universelle et immuable,
« elle s'impose à tous les hommes » et à toutes les époques (Veritatis Splendor n°51).
Cette loi naturelle s'obscurcit parfois chez certains, c'est vrai, et ses modalités
d'application peuvent varier, c'est vrai (cf. CECn°1957), mais cela n'empêche pas qu'elle
existe bien et qu'elle est universelle.
Et en outre, nous, croyants, nous savons que, puisque nous sommes créés à l'image