Les Gaules romaines (58 av. J.-C.- 212 ap. J.-C.) Les conquêtes de César ont contribué à définir et organiser un ensemble hétérogène de peuples que les Romains désignaient de façon générale comme gaulois. L’annexion de ces régions dans l’empire romain sous la forme de quatre provinces gauloises (Narbonnaise, Lyonnaise, Aquitaine et Belgique) est l’aboutissement d’un processus déjà engagé depuis le IIe s. av. J.-C., associant conquête militaire et pénétration commerciale. Si les opérations militaires menées par César marquent un tournant décisif dans ce processus, la période qui s’ouvre ensuite est celle de la pacification et de l’intégration. La date de 212 ap. J.-C., celle de la constitutio antoniniana qui octroie la citoyenneté romaine à tous les habitants libres de l’empire, peut en marquer symboliquement l’achèvement. Le programme défini pour la session 2013 invite donc à réfléchir plus particulièrement à la conquête et à l’intégration des territoires gaulois dans l’empire romain. L’ampleur chronologique de la question permet de prendre en compte la longue durée pour apprécier les modalités et les conséquences de cette intégration, sans pour autant obliger les candidats à maîtriser de trop riches données événementielles, qui, pour ces provinces, se concentrent surtout dans les périodes de crise. Les candidats devront toutefois être capables de replacer l’histoire de ces quatre provinces dans les évolutions générales de l’empire romain. L’histoire des Gaules est étroitement liée à l’évolution des Germanies, qui ne deviennent formellement de véritables provinces que sous Domitien ; les candidats devront donc connaître l’organisation romaine de la zone rhénane dans ses grandes lignes, afin de pouvoir en mesurer l’impact sur les régions gauloises au moins jusqu’à l’époque flavienne. Cinq thèmes seront privilégiés : 1) La conquête césarienne : aspects militaires et politiques 2) l’organisation territoriale et la municipalisation des Gaules 3) les relations avec le pouvoir central et le rôle des élites 4) l’essor économique et l’évolution des structures rurales 5) La « romanisation », aspects religieux et culturels Orientations bibliographiques : Après la publication de l’ouvrage monumental de C. Jullian au début du siècle dernier (Histoire de la Gaule, rééditée en 1993 chez Hachette, dans la collection Références), l’histoire des Gaules a été traitée de façon inégale ; depuis une vingtaine d’années, le fort renouvellement des études s’est traduit par un regain bibliographique, marqué notamment par le poids croissant de l’archéologie nationale. Les candidats disposent désormais de nombreuses publications récentes pour appréhender la question au programme. Loin de viser à l’exhaustivité, les références qui suivent s’en tiennent aux principaux aspects du programme et sont destinées à aider les candidats et leurs enseignants dans leur préparation. On a distingué les instruments de travail, à consulter pour une meilleure compréhension de la documentation, des principaux manuels, à maîtriser pour une appréhension complète du programme ; on a indiqué enfin quelques ouvrages ou contributions plus spécialisés, qui offrent des éclairages plus précis sur les thématiques envisagées et permettent d’approfondir l’étude de certains documents. Sources et instruments de travail Les candidats pourront se familiariser avec la question au programme par la lecture des auteurs antiques, aisément accessibles en éditions de poche pour la plupart, comme la Guerre des Gaules de César, ou les Annales et les Histoires de Tacite. Strabon et Dion Cassius, consultables dans des éditions bilingues ou en traduction simple, fournissent également des textes importants. Il existe des recueils de textes antiques consacrés à la Gaule : L. Lerat, La Gaule romaine. 249 textes traduits du latin et du grec, Paris, 1977 (réédité en 1986 chez Errance) ; La Gaule romaine d’après les auteurs antiques, Paris, 2003 (Errance). L’ouvrage de C. Goudineau, César et la Gaule, Paris, 1993 (Errance), complète utilement la lecture de la Guerre des Gaules. Pour la documentation épigraphique, plusieurs manuels récents permettent aux candidats d’avoir accès aux bases indispensables : des plus synthétiques, comme ceux de P. Corbier, L'épigraphie latine, Paris, 1998 (Campus. Histoire), ou de B. Rémy et Fr. Kayser, Initiation à l’épigraphie grecque et latine, Paris, 1999, jusqu’au plus complet, J.-M. Lassère, Manuel d’épigraphie romaine, Paris, 2007 (2 volumes). Des recueils thématiques de textes comme celui de F. Jacques sur Les cités de l’Occident romain, Paris, 1990, ou encore celui de L. Lerat déjà cité, donneront aux candidats une idée de la documentation existante, même s’ils couvrent des périodes et des aires géographiques plus amples que celle au programme. L’apport des données archéologiques est important ; on en trouvera un bon aperçu dans la synthèse de M. Monteil et L. Tranoy, La France gallo-romaine, Paris, 2008 (La Découverte). La revue des Dossiers d’archéologie publie régulièrement des numéros thématiques très utiles, on peut ainsi citer parmi les numéros récents : Les thermes en Gaule romaine (n° 323), Autun, une capitale gallo-romaine (n° 316), La Belgique romaine (n° 315) ou Alésia ( n° 305). Manuels Pour commencer, on ne saurait trop recommander aux candidats de lire un manuel général d’histoire romaine, afin de replacer les quatre provinces au programme dans leur contexte événementiel et institutionnel. Plus spécialisés, les volumes de la collection Nouvelle Clio sur Rome et l’intégration de l’empire (t. 1, F. Jacques et J. Scheid, Les structures de l’empire romain, Paris, 19963 ; t. 2. C. Lepelley (dir.) : Approches régionales, Paris, 1998) peuvent être consultés pour approfondir certains aspects thématiques. Deux manuels couvrent l’ensemble du programme : C. Delaplace, J. France, Histoire des Gaules (VIe s. av. J.-C.-VIe s. ap. J.-C.), Paris, 20053 (1re éd. 1995) (Armand Colin) A. Ferdière, Les Gaules (provinces des Gaules et Germanies, provinces alpines), IIe s. av. J.-C.–Ve s. ap. J.-C., Paris, 2005 (Armand Colin) Un troisième recoupe partiellement le programme : D. et Y. Roman, Histoire de la Gaule, VIe s. av. J.-C. – Ier s. ap. J.-C. Une confrontation culturelle, Paris, 1997 (Fayard) Approches spécialisées R. Bedon, Les villes des trois Gaules, de César à Néron, dans leur contexte historique, territorail et politique, Paris, 1999 (Picard) J.-P. Brun, Archéologie du vin et de l’huile en Gaule romaine, Paris, 2005 (Errance) Y. Burnand, Primores Galliarum. Sénateurs et chevaliers romains originaires de Gaule de la fin de la République au IIIe siècle. Bruxelles, 2005-2009 (plusieurs volumes dans la collection Latomus) M. Dondin-Payre, M.-T. Raepsaet-Charlier (éd.), Cités, municipes, colonies. Les processus de municipalisation en Gaule et en Germanie sous le Haut-Empire romain, 20092 (Presses Universitaires de la Sorbonne) M. Dondin-Payre, M.-T. Raepsaet-Charlier (éd.), Sanctuaires, pratiques cultuelles et territoires civiques dans l’Occident romain, Bruxelles, 2006 C. Goudineau, Regards sur la Gaule, Paris, 1998 (Errance) (rééd. Babel Actes Sud, 2007) P. Gros, La Gaule Narbonnaise. De la conquête romaine au IIIe siècle ap. J.-C., Paris, 2008 Y. Le Bohec, La Gaule Lyonnaise (Gallia Lugdunensis). Du Lyonnais au Finistère, Paris, 2008 P. Le Roux, « La romanisation en question », dans Annales. Histoire, sciences sociales, 2004, no 2, p. 287-311 P. Ouzoulias, L. Tranoy (dir.), Comment les Gaules devinrent romaines, Paris, 2010 (La Découverte) D. Paunier (dir.), Celtes et Gaulois. L’archéologie face à l’histoire. La romanisation et la question de l’héritage celtique (Lausanne, juin 2005), vol. 12/5, Glux-en-Glenne, 2006 M. Reddé, Alésia. L’archéologie face à l’imaginaire, Paris, 2003 (Errance) W. Van Andringa, La religion en Gaule romaine : piété et politique (Ier-IIIe siècle ap. J.-C.), Paris, 2002 (Errance) G. Woolf, Becoming Roman. The Origins of Provincial Civilization in Gaul, Cambridge, 1998