religieuse au comportement de secte, héritière d’un «anticommunisme militant, puissance
à la fois économique et politique», elle exerce une «influence multiforme sur l’Église mais
aussi sur les pouvoirs temporels qu’elle cherche à infiltrer. On retrouve ses proches jusque
dans le gouvernement de M. Alain Juppé.»
Et pour mieux viser l’Église tout entière, au-delà de l’Opus dei, le Diplo affirme que
cette institution a bénéficié du «soutien inconditionnel de Jean-Paul II». Et de celui de
hauts responsables politiques? Une insinuation en dit long: «Est-ce Jacques Chirac qui a
nommé des membres de l’Opus Dei dans le gouvernement Juppé? ». De nombreux minis-
tres d’alors, en particulier des femmes – Anne-Marie Idrac, mais aussi Élisabeth Dufourcq
ou Françoise de Veyrinas appartiendraient à la tradition catholique la plus réactionnaire et
même à l’Opus Dei. Le couple Gaymard en serait aussi. Vérification hélas impossible, nous
précise-t-on, car «le mouvement cultive le secret» ! Dans cette culture de l’ombre prolifè-
rent sociétés prête-noms et sociétés écrans. L’œuvre se prétend laïque alors que des prêtres
la dirigent. Son fondateur, Escriva de Balaguer, s’engagea contre les communistes mais
«minimisa l’horreur du nazisme». Ses membres furent ministres de Franco et leur idée
d’une «sanctification par le travail» a favorisé «le culte de la réussite matérielle et du capita-
lisme libéral». L’Opus? Un repère d’intégristes, une «sainte mafia» jonglant avec des
millions de dollars, s’implantant progressivement en Amérique du Nord où certains aumô-
niers universitaires se plaignent de ses «méthodes clandestines»… et tentant aujourd’hui
«d’infiltrer» les grandes organisations internationales: Nations unies, Unesco, OCDE,
Parlement européen.
Le journal s’intéresse aussi aux sectes chrétiennes, «cheval de Troie des États-Unis en
Europe», notamment à l’Église de scientologie, aux Témoins de Jéhovah et à la secte Moon,
affirmant que cette dernière, propriétaire du Washington Times ouvre sa presse à Hillary
Clinton. On ne compte plus les sénateurs ou membres du Congrès qui auraient été aidés
par la secte. Bush senior et Gerald Ford ont honoré de leur présence certaines de ses confé-
rences… L’horrible but de toutes ces sectes? «établir sur le monde un ordre libéral».
Une réflexion est menée aussi sur les évangélistes et leur influence dans le tiers monde, en
particulier en Afrique. Ainsi, dans la ville de Kinshasa, au Congo, dévastée par la misère, ce
sont les pentecôtistes qui sévissent. La population chante et prie dans les rues et les hangars.
Le pentecôtisme s’est répandu dans les Églises noires du Brésil, du Chili, de l’Afrique du Sud
et des États-Unis. Le Monde diplomatique supporte mal que ces grands rassemblements dans
les stades se réfèrent constamment à Israël («Dieu n’a jamais abandonné Israël», chantent-
ils). À l’entendre, il s’agirait d’une sorte de sionisme chrétien; alors, le pentecôtisme «instru-
ment de l’impérialisme ou culture populaire?» demande le journal, qui constate que dans ce
«supermarché de la foi», qui enrichit des prédicateurs vivant dans des palais et roulant dans
de grosses cylindrées, on dépouille les fidèles. Mais peut-on dire pour autant que ces fidèles
en transe accepteront plus facilement les méfaits du libéralisme?
LES EXTRÉMISMES RELIGIEUX: DEUX POIDS DEUX MESURES
N° 44
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DOSSIER