Bulletin d`Information sur la Sécurité Alimentaire, No. 1

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BULLETIN D’INFORMATION
sur la Sécurité Alimentaire en Afrique de l’Ouest
FEWS NET
FAMINE EARLY WARNING SYSTEMS NETWORK
Septembre 2013 MESSAGES CLÉS
En dépit de l’installation
tardive des cultures, leur
bon développement et le
prolongement
probable
des pluies jusqu’en octobre
augurent des perspectives de
récoltes moyennes à bonnes
dans la région avec toutefois
des baisses localisées par
endroits.
• Malgré le retard d’installation des cultures dans les pays du Sahel, la
régularité des pluies de mi-juillet à mi- septembre a permis dans l’ensemble
un bon développement des cultures.
• Les récoltes en vert débutées en août améliorent les disponibilités
alimentaires auprès des ménages et contribuent avec le déstockage par les
commerçants à la baisse saisonnière normale des prix.
• Excepté la partie Est du Sahel, des chances de poursuite des pluies jusqu’en
mi-octobre demeurent et pourront soutenir une production moyenne à
bonne dans la région, et ce, en dépit des pauses pluviométriques observées
en juillet et septembre dans certaines zones bimodales du Golfe de Guinée
(Nigeria, Cote d’Ivoire, Ghana, Bénin et Liberia).
• Les évaluations conjointes CILSS et partenaires, débutées depuis fin
septembre 2013 permettront à terme de fournir les premières estimations
chiffrées des différentes productions par pays, en début novembre 2013.
PROGRÈS DE LA CAMPAGNE AGROPASTORALE 2013/2014
Situation pluviométrique
La campagne agropastorale 2013/2014 a connu un démarrage précoce des pluies en avril/mai dans les zones
soudaniennes du Sahel, mais tardive dans la majorité du Sahel. Cette installation de la pluviométrie a été très
hétérogène avec des pluies irrégulières de mai à mi-juillet occasionnant de nombreux cas de ressemis et des
semis à sec. La reprise significative de la pluviométrie à partir de mi-juillet, son intensification en août et la bonne
distribution spatio-temporelle ont permis l’achèvement de la majorité des semis en juillet, voire début août au
nord Sénégal et par endroits au Niger, Tchad et Mali. Cependant, des baisses de superficies sont signalées au
Sénégal, au Mali et au Tchad par rapport à 2012. L’abondance des pluies au cours du mois août a occasionné
des inondations saisonnières dans plusieurs pays de la région, notamment au Niger, Bénin, Togo, Burkina Faso,
Mali, Guinée, Gambie, Mauritanie, Nigéria, Sénégal et Sierra Leone. Les dégâts qui englobent des pertes en vies
humaines, bétails, stocks alimentaires, destructions d’infrastructures, de cultures, etc. semblent plus marqués au
Niger où la production rizicole d’hivernage le long du fleuve Niger semble compromise.
Dans les pays du Golfe de Guinée, l’installation des pluies a été précoce à normal en avril/mai. Les quantités
enregistrées ont été auFigure 1: Anomalie du cumul saisonnier en pourcentage du 1er avril au 30
dessous de la moyenne
septembre 2013
en avril mais sont restées
régulières,
permettant
l’installation des cultures. Les
pluies modérées obtenues
en mai-août ont favorisé le
développement des cultures
malgré des déficits observés
en Côte d’Ivoire, Ghana, nord
Bénin et Togo, centre et ouest
du Nigeria et au sud Liberia.
Ces déficits prolongés dans
la zone bimodale au Ghana,
Togo, Bénin et Nigeria en
juillet et septembre pourraient
entrainer des baisses localisées
Source: FEWS NET / USGS de rendement des céréales.
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Les cumuls saisonniers dérivés des images d’estimation des pluies en fin septembre 2013 montrent une situation
proche de la moyenne des dix dernières années avec cependant des poches de déficits modérés au centre ouest
du Nigeria (Figure 1). La pluviométrie reste en général inférieure à 2012 qui fût exceptionnellement pluvieuse.
Situation des cultures et perspectives de récoltes
Les récoltes de maïs, tubercules, arachide, etc. sont en cours dans les pays côtiers (Nigeria, Ghana, Côte d’Ivoire,
Guinée, Liberia, et Sierra Leone) depuis le mois d’août tandis qu’au Sahel, seules des récoltes précoces de mil
sont signalées par endroits en septembre, en plus de celles du maïs en vert et de l’arachide débutées en août.
Dans l’ensemble des pays du Sahel, les cultures de céréales se développent normalement et sont au stade de
reproduction/maturation avec encore des phases végétatives pour les derniers semis.
Des pluies modérées à fortes sont attendues au cours des deux premières semaines d’octobre dans les pays du
Golfe de Guinée, au Sénégal et dans la zone soudanienne du Mali, au Burkina Faso, Bénin, au centre et nord
Nigeria et au sud Tchad ; elles permettront aux cultures de boucler convenablement leur cycle.
A l’issue de la concertation régionale d’évaluation à mi-parcours de la campagne agropastorale 2013/2014
(PREGEC) au Sahel et en Afrique de l’Ouest, tenue à Niamey du 17 au 19 septembre 2013, les productions
céréalières en Afrique de l’Ouest pourraient se situer entre 53 000 000 tonnes (-3% par rapport à 2012, une
année record) et 58 460 000 de tonnes (+7% par rapport à 2012). La réalisation des prévisions de pluies au cours
des deux premières semaines d’octobre suggère des récoltes moyennes dans les pays du Sahel et supérieures à la
moyenne dans les pays côtiers. Cependant, des baisses de productions sont attendues localement en Mauritanie,
dans le nord et l’ouest du Tchad, au Mali dans la bande du fleuve à Gao, à l’ouest et à l’est du Niger, au Sénégal
dans sa partie nord, Matam et par endroit à Diourbel, Kaffrine, Fatick, localement au nord Ghana et au centre et
ouest du Nigeria du fait des pauses et/ou insuffisances pluviométriques.
Des baisses de production de maïs sont aussi attendues au Ghana du fait de la réduction des superficies par les
producteurs qui détiennent encore des stocks importants, invendus de la précédente campagne agricole. Dans
ce pays, les superficies de manioc connaissent une expansion avec la découverte de nouveaux débouchés pour
ce produit ainsi que l’igname.
Situation pastorale
L’installation tardive des
pluies a prolongé la période Figure 2: Etat de la végétation en Afrique de l’ouest au 30 septembre 2013
de soudure des animaux
d’un mois (juillet au lieu de
juin). Mais avec la reprise
de la pluviométrie en
juillet, la régénération du
pâturage en août a permis
une bonne alimentation du
bétail dont l’embonpoint est
jugé satisfaisant. L’état des
pâturages est moyen à bon
dans l’ensemble de la région
sahélienne sauf au nord
Sénégal, dans les Wilaya du
Gorgol, Gudimakha, Trarza et
Brakna en Mauritanie, nordouest Tahoua, Nord Tillabéri,
Abalack et par endroits à
Diffa au Niger, et dans le sahel
Tchadien. Dans la région
Source: AGRHYMET
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de Diffa au Niger, les transhumants en provenance du nord-est du Nigeria pourraient créer une compétition
voire des conflits d’accès aux faibles pâturages. Les conflits communautaires au nord Nigeria et les vols de bétail
au nord-ouest favorisés par l’insécurité vont probablement modifier les zones d’accueil des transhumants. Les
mouvements de transhumance seront précoces dans les zones pastorales ayant accusé un déficit fourrager. Au
Tchad, la remontée des animaux au nord dans la zone pastorale n’a pas été complète ; les animaux ont été
contraints de rester au Batha du fait des inondations par les eaux venues du Soudan.
Le niveau de remplissage des points d’eau est normal à supérieur à la normale, offrant ainsi de bonnes disponibilités
en eau pour l’abreuvement du bétail mais aussi pour l’irrigation des cultures de saison sèche. Cependant, ces
niveaux sont jugés inférieurs à la normale au Sénégal et au Tchad.
Situation acridienne/ ennemis des cultures
La situation phytosanitaire est calme. Toutefois, la menace des sauteriaux et des oiseaux granivores sur les
cultures persistera jusqu’aux récoltes, notamment dans les pays de la ligne de front (Mauritanie, Mali, Niger et
Tchad). Des reproductions de très faibles intensités du criquet pèlerin ont été détectées en août, de la Mauritanie
à l’ouest de l’Erythrée à la faveur des pluies exceptionnelles enregistrées dans les aires grégarigènes. Avec le
dessèchement de la végétation en septembre, on assistera comme d’habitude à la formation de petits groupes
dans les oueds et inter-dunes abritant de la végétation verte.
Figure 3: Variation des prix moyens mensuels du maïs en Septembre
2013 par rapport à la moyenne quinquennale
Figure 4: Variation des prix moyens mensuels du mil en Septembre
2013 par rapport à la moyenne quinquennale
MARCHÉS ET COMMERCE
L’approvisionnement des marchés en
produits vivriers demeure satisfaisant
dans les principaux bassins avec toutefois
une baisse du rythme et du volume des
flux du Nigéria vers le Niger par rapport
aux niveaux habituels. Toutefois, un
renforcement des flux en provenance
d’autres pays comme le Burkina Faso, la
Côte d’Ivoire et le Ghana a été observé au
cours du mois de juillet. Il a également été
observé une persistance des tracasseries
relatives au commerce de denrées
alimentaires dans la région. Les flux
entre la Libye et le Tchad, et ceux entre
le Mali et l’Algérie se maintiennent à des
niveaux habituels malgré la fermeture des
frontières. Le niveau des stocks vivriers
demeure important dans la région,
particulièrement le maïs au Ghana, le
niébé, soja, arachide au Nigeria du fait
du bon niveau des stocks de report de la
précédente campagne agricole.
Excepté le bassin Est, précisément au
Niger et au Nigeria où les prix du mil
demeurent élevés malgré la baisse
saisonnière, dans le reste de la région,
les prix sont en général en dessous des
niveaux de l’an dernier mais proches voire
inférieurs à la moyenne quinquennale
(Figures 3 et 4). On assiste depuis la mi-
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août à la mise à marché des stocks commerçants au regard de la bonne reprise de la pluviométrie à partir de la
deuxième moitié de juillet. L’apparition des nouvelles récoltes de maïs, arachide, niébé, tubercules, mil précoce
réduisent la demande en aliment de base pour les ménages ruraux et contribue à la baisse saisonnière des prix
dans la région.
SITUATION NUTRITIONNELLE
En juin-juillet 2013, les prévalences nationales de la Malnutrition Aiguë Globale sont de 12,8% pour la Mauritanie
et de 13,3% pour le Niger. Ces prévalences sont en dessous du seuil d’urgence (15%) mais dépassent le seuil
d’alerte de 10%. Ces situations pourraient connaître une détérioration suite aux inondations qui favorisent une
recrudescence du paludisme, des maladies diarrhéiques, et des infections respiratoires aiguës, et un accès limité
aux structures de santé.
Cependant, l’apparition des nouvelles récoltes de maïs, arachide, niébé, tubercules et de mil précoce pourrait
réduire les déficits alimentaires au niveau des ménages ruraux et atténuer les effets de la soudure sur l’état
nutritionnel des enfants.
SITUATION ALIMENTAIRE PERSPECTIVES
La période de soudure 2013 (juin- août dans la zone sahélienne et avril-juin dans les zones bimodales du Golfe
de Guinée) a été moins pénible pour la majorité des ménages grâce au bon fonctionnement des marchés et aux
diverses interventions des Etats et des Humanitaires qui ont facilité l’accès aux aliments par les ménages pauvres
des zones vulnérables. En septembre, la situation alimentaire des ménages est globalement bonne dans la région
excepté au nord- est du Nigeria où le conflit armé a perturbé les activités agricoles, les moyens d’existence et le
commerce des denrées alimentaires dont les prix sont restés élevés par rapport à la moyenne. Les récoltes en
vert depuis le mois d’août améliorent les disponibilités alimentaires auprès des ménages et l’accès aux revenus à
travers la vente d’une partie de ces produits.
Dans les zones pastorales du Sahel, le bon niveau des prix des animaux permettent des termes de l’échange
bétail/céréales favorables aux éleveurs. Cette situation se maintiendra jusqu’à la fin des récoltes en décembre
avec la baisse saisonnière des prix des céréales et la hausse attendue des prix du bétail consécutive à la demande
importante pour la fête de Tabaski et les fêtes de fin d’année.
RECOMMANDATIONS
• En dépit de l’installation très hétérogène et tardive des cultures, et des pauses pluviométriques observées
en septembre dans des régions du Sahel, des espoirs de récoltes moyennes à bonnes restent attendues
dans la région au regard des bonnes perspectives de pluies jusqu’en mi-octobre et des niveaux d’infestations
parasitaires jusque-là moins inquiétantes. Toutefois la veille doit se poursuivre au niveau national et régional
afin de détecter les anomalies majeures pouvant affecter négativement les récoltes et la sécurité alimentaire
des ménages.
• Au regard de l’importance du Nigéria dans la région, il convient de mieux cerner les impacts des sécheresses et
du conflit armé au nord-est du pays sur la production, la demande locale de vivriers et les impacts probables
sur le commerce régional.
• Les missions conjointes d’évaluation préliminaire des récoltes qui sont en cours jusqu’en octobre ainsi que
la réunion de concertation technique régionale de novembre permettront d’affiner les perspectives de
production et de sécurité alimentaire dans la région pour l’année de consommation 2013/2014.
INFORMATION CADRE HARMONISÉ
La révision technique du manuel est achevée et il sera bientôt diffusé auprès des pays. Des analyses du Cadre
Harmonisé se tiendront en octobre en Côte d’Ivoire, Ghana, Togo et Burkina Faso; en novembre en Gambie,
Guinée, Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad; et en décembre au Mali et au Cap Vert.
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