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des circonstances dans lesquelles cette adaptation spontanée risque d’être insuffisante, voire
contreproductive. Une réflexion est nécessaire au cas par cas pour déterminer les champs dans
lesquels l’intervention de l’autorité publique est requise. Le rapport en identifie quatre.
En premier lieu, les pouvoirs publics ont un rôle clé à jouer dans la production et la diffusion de
l’information sur le changement climatique, ses impacts et les moyens de s’y adapter afin de
permettre aux acteurs privés de prendre leurs décisions en connaissance de cause. Transmettre
l’information sur l’incertitude et sur les outils à même de la prendre en compte est ici essentiel.
Un second type d’action publique vise à adapter les normes, les règlements et la fiscalité qui
encadrent l’action des acteurs publics et privés. Le rapport prend l’exemple des normes qui
affectent la demande en eau et celles qui concernent le capital fixe à longue durée de vie. A côté
des normes techniques stricto sensu, il peut s’avérer nécessaire d’adapter les normes
procédurales, ainsi que d’autres normes non directement liées au climat, mais qui impactent la
capacité à s’adapter, par exemple les normes architecturales dans le domaine du bâtiment.
Un troisième type d’action publique concerne les institutions. En modifiant de manière rapide et
imprévisible les circonstances, le changement climatique va exercer une tension croissante sur
les institutions et contrats existants. Il convient de s’assurer que les institutions sont capables
d’identifier les signaux précurseurs des tensions et des crises, d’équilibrer les intérêts des
différentes parties prenantes, et de mettre en œuvre, de manière crédible, les solutions qu’elles
proposent. L’histoire suggère que les institutions jouent un rôle essentiel dans l’adaptation. Par
exemple, le succès de la Hollande face aux inondations tient autant à la mise en place des
institutions nécessaires à la gestion du risque qu’à la capacité technique à ériger des digues.
Le quatrième type de mesures publiques face au changement climatique recouvre l’action
directe d’adaptation de l’Etat et des collectivités locales sur les infrastructures publiques, les
bâtiments publics et les espaces et écosystèmes dont les collectivités publiques ont la charge :
parcs naturels, forêts domaniales et communales par exemple. Plus largement, il s’agit
d’intégrer les impacts à venir du changement climatique dans les politiques d’aménagement de
l’espace et les grands investissements qui impactent le maillage du territoire.
Les méthodes à utiliser pour construire une stratégie d’adaptation
Un processus en sept étapes pour construire une stratégie d’adaptation est décrit dans le rapport.
Il commence par une identification large des mesures d’adaptation possibles ; ensemble qui est
ensuite réduit grâce à l’identification des mesures les plus urgentes : en particulier celles
prévenant des impacts imminents ou concernant des choix à faire aujourd’hui mais ayant des
conséquences à très longs termes. La plus ou moins grande pertinence économique permet de
restreindre un peu plus l’éventail initial des possibles.
Sur cette base, une stratégie d’adaptation peut être construite, notamment en recherchant des
mesures robustes et flexibles qui permettent de prendre en compte l’incertitude sur les climats
futurs, et en maximisant les co-bénéfices engendrés par l’adaptation. Les mesures dont les co-
bénéfices sont supérieurs aux coûts, souvent qualifiées de « sans regret », sont ici
particulièrement intéressantes. Se doter d’indicateurs permettant d’évaluer l’efficacité des
mesures retenues à mesure qu’elles sont mises en œuvre est aussi essentiel à la construction
d’une stratégie d’adaptation.
A condition d’intégrer correctement l’incertitude, le calcul économique constitue un outil
efficace pour évaluer l’opportunité économique des mesures d’adaptation envisagées. Mais
d’autres approches, notamment multicritères, sont aussi nécessaires pour informer au mieux les
choix individuels et collectifs en matière d’adaptation en tenant compte de la complexité des
conséquences du changement climatique et des actions d’adaptation.