La chute du Mur de Berlin

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La mise en place du rideau de fer.........................................................................................2
La fin de la Grande alliance et la rupture .............................................................................2
La première crise de Berlin (juin 1948-mai 1949).................................................................4
L’Europe de l’Ouest sous l’aile américaine ..........................................................................5
Les démocraties populaires d’Europe de l’Est .....................................................................5
La formation du bloc de l’Est ................................................................................................6
La formation des deux Allemagne ........................................................................................8
Le temps des deux Europe....................................................................................................9
L’Europe dans l’affrontement Est-Ouest ..............................................................................9
Le modèle soviétique .........................................................................................................12
Les Berlinois et la construction du mur ..............................................................................13
Le projet européen à l’Ouest ..............................................................................................14
L’échec des remises en cause à l’Est ................................................................................15
La RDA, démocratie populaire modèle ..............................................................................16
La fin du rideau de fer..........................................................................................................17
La Pologne sur la voie de la contestation...........................................................................17
La crise du communisme ...................................................................................................18
L’ouverture du mur de Berlin ..............................................................................................19
La fin des démocraties populaires......................................................................................20
La disparition de la RDA.....................................................................................................21
La fin de la tutelle soviétique en Europe ............................................................................22
La nouvelle Europe ..............................................................................................................23
La nouvelle géopolitique européenne ................................................................................24
L’Allemagne réunifiée.........................................................................................................25
La transformation de l’Europe de l’Est................................................................................25
La nouvelle place de l’Allemagne en Europe .....................................................................27
L’éclatement de la Yougoslavie..........................................................................................28
L’élargissement de l’Union européenne .............................................................................29
Enseigner la guerre froide...................................................................................................30
Au collège...........................................................................................................................30
Le thème dans les programmes .....................................................................................30
Pistes de travail ..............................................................................................................30
Au lycée..............................................................................................................................31
Le thème dans les programmes .....................................................................................31
Pistes de travail ..............................................................................................................32
En section européenne (allemand) ....................................................................................34
Présentation des sections européennes ou de langues orientales ................................34
Pistes de travail (PDF à télécharger)..............................................................................34
En histoire des arts.............................................................................................................34
Le thème dans les programmes .....................................................................................34
Pistes de travail ..............................................................................................................36
Ressources ...........................................................................................................................37
Livres..................................................................................................................................37
Sites ...................................................................................................................................37
Productions SCÉRÉN / CNDP ...........................................................................................37
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
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La chute du Mur de Berlin
Le 9 novembre 1989, l’ouverture du mur de Berlin apparaît comme un moment majeur de l’histoire du
XXe siècle. Il conduit à la disparition du « rideau de fer » qui, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale
et durant toute la période de la guerre froide, sépare l’Europe en deux blocs. La fin de plus de quarante ans
d’affrontement Est-Ouest conduit à une recomposition de l’espace européen qui permet la réunification de
l’Allemagne, l’affranchissement de la tutelle soviétique des démocraties populaires d’Europe centrale et
orientale et l’élargissement de l’Union européenne à l’Est. La collection « Pour mémoire », dans son
neuvième volet, propose aux enseignants et à leurs élèves un dossier qui replace l’événement que
constitue la chute du mur dans un temps historique plus long : celui de la guerre froide et de l’après-guerre
froide. De ce fait, ce dossier est utilisable en classe pour d’autres moments historiques que la seule date de
la chute du mur. Afin de diversifier les possibilités de mise en œuvre, des documents spécifiques pour les
sections européennes sont disponibles en téléchargement et le dossier offre des ressources pour
l’enseignement de l’histoire des arts, reprenant les entrées thématiques et chronologiques proposées pour
le collège et le lycée. La thématique choisie met l’espace européen au cœur de ce travail et nous conduit à
suivre l’histoire, parfois immédiate, de ses États, en particulier de l’Allemagne.
Auteur : Hugues Marquis, docteur en histoire, professeur agrégé à l’Institut universitaire de formation des
maîtres, université de Poitiers.
La mise en place du rideau de fer
La Seconde Guerre mondiale marque une rupture dans l’histoire du XXe siècle et dans l’histoire de
l’Europe. La poussée soviétique, l’affirmation de la suprématie américaine et l’affaiblissement des
puissances européennes conduisent à la division de l’Europe. Quelques mois après la fin de la guerre,
deux Europe se font face : une Europe orientale sous domination soviétique et une Europe occidentale
sous influence américaine. Au cœur des nouveaux enjeux, l’Allemagne se divise. Berlin, la capitale déchue
du nazisme, devient le symbole du conflit d’un genre nouveau qui s’annonce.
La fin de la Grande alliance et la rupture
Winston Churchill : « Le nerf de la paix », discours prononcé à Fulton, 5 mars 1946
[…] Une ombre est tombée sur les scènes qui avaient été si clairement illuminées récemment par la victoire
des Alliés. Personne ne sait ce que la Russie soviétique et son organisation communiste internationale ont
l’intention de faire dans l’avenir immédiat, ni où sont les limites, s’il en existe, de leurs tendances
expansionnistes et de leur prosélytisme.
[…] Il est de mon devoir […] de rappeler […] certains faits concernant la situation présente en Europe.
De Stettin dans la Baltique jusqu’à Trieste dans l’Adriatique, un rideau de fer est descendu à travers le
continent. Derrière cette ligne se trouvent toutes les capitales des anciens États de l’Europe centrale et
orientale. Varsovie, Berlin, Prague, Vienne, Budapest, Belgrade, Bucarest et Sofia, toutes ces villes
célèbres et les populations qui les entourent se trouvent dans ce que je dois appeler la sphère soviétique,
et toutes sont soumises, sous une forme ou sous une autre, non seulement à l’influence soviétique, mais
aussi à un degré très élevé et, dans beaucoup de cas, à un degré croissant, au contrôle de Moscou. Seule
Athènes – la Grèce et ses gloires immortelles – est libre de décider de son avenir dans des élections
contrôlées par des observateurs britanniques, américains et français. Le gouvernement polonais dominé
par la Russie a été encouragé à empiéter largement et de façon illégitime sur l’Allemagne, et nous
assistons actuellement à des expulsions massives de millions d’Allemands dans une mesure atroce et
inimaginable. Les partis communistes, qui étaient très faibles dans tous ces États de l’Est européen, se
sont vus élevés à une prédominance et un pouvoir bien au-delà de leur importance numérique et cherchent
partout à accéder à un contrôle totalitaire. Des gouvernements policiers dominent dans presque tous les
cas et, jusqu’à présent, à l’exception de la Tchécoslovaquie, il n’y a pas de vraie démocratie.
[…] Les Russes à Berlin tentent actuellement de mettre sur pied un parti quasi communiste dans leur zone
de l’Allemagne occupée en accordant des faveurs spéciales à des groupes de dirigeants allemands de
gauche. À la fin des combats en juin dernier, les armées américaines et britanniques se sont retirées vers
l’ouest, conformément à un accord conclu préalablement, jusqu’à une distance atteignant par endroits plus
de 200 kilomètres le long d’un front de près de 600 kilomètres, afin de permettre à nos alliés russes
d’occuper ce vaste territoire que les démocraties occidentales avaient conquis.
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
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Si le gouvernement soviétique tente maintenant, par une action séparée, de construire une Allemagne procommuniste dans les régions qu’il contrôle, cela va provoquer de nouvelles difficultés sérieuses dans les
zones britannique et américaine, et donner aux Allemands vaincus le pouvoir de se mettre eux-mêmes aux
enchères entre les Soviétiques et les démocraties occidentales. Quelles que soient les conclusions que l’on
peut tirer de ces faits – car ce sont des faits –, ce n’est certainement pas là l’Europe libérée pour la
construction de laquelle nous avons combattu. Ce n’est pas non plus une Europe qui présente les
caractéristiques essentielles d’une paix durable.
[…] Face au rideau de fer qui divise l’Europe, il y a d’autres causes d’inquiétude. En Italie, le parti
communiste se trouve sérieusement gêné parce qu’il doit soutenir les revendications du maréchal Tito,
formé par le communisme, sur l’ancien territoire italien au nord de l’Adriatique. Néanmoins, l’avenir de
l’Italie est en suspens.
[…] J’ai senti qu’il était de mon devoir d’attirer votre attention sur l’ombre qui, à l’Ouest comme à l’Est,
tombe sur le monde.
[…] Jusqu’en 1933 ou même jusqu’en 1935, l’Allemagne aurait peut-être pu être sauvée du terrible destin
qui s’est abattu sur elle et nous aurions peut-être pu échapper tous aux malheurs que Hitler a lâchés sur
l’humanité. Jamais dans toute l’histoire une guerre n’aurait pu être évitée plus facilement par une action
engagée au moment opportun que celle qui vient de ravager de si vastes étendues du globe. […] Nous
devons absolument faire en sorte, Mesdames et Messieurs, que cela ne se reproduise plus. Nous n’y
parviendrons que si nous réalisons aujourd’hui, en 1946, une bonne entente sur tous les points avec la
Russie sous l’autorité générale de l’Organisation des Nations unies et si nous maintenons cette bonne
entente pendant de longues années de paix grâce à cet instrument mondial soutenu par toute la force du
monde anglophone et de toutes ses connections. Voilà la solution que je vous offre respectueusement dans
ce discours auquel j’ai donné le titre « Le nerf de la paix ».
Source : www.britannia.com pour le texte original.
Le discours dit « du rideau de fer » est prononcé par Winston Churchill en présence du président Truman,
le 5 mars 1946, au Westminster College de Fulton (Missouri, États-Unis), cette institution l’ayant fait docteur
honoris causa. Churchill s’exprime quelques mois après la défaite électorale de son parti (le parti
conservateur) en juillet 1945, au lendemain de la victoire des Alliés sur l’Allemagne. Faisant une analyse de
la situation internationale en dénonçant la guerre, la pauvreté et la privation de libertés, Churchill propose
un vaste programme d’organisation du monde sous le titre « The Sinews of Peace » (« Le nerf de la
paix »).
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les relations entre États-Unis et URSS se détériorent. Les
oppositions idéologiques s’affirment et des conflits d’intérêt opposent les deux Grands, en particulier en
Europe. En février 1945, à Yalta, les Alliés se sont engagés à rétablir la démocratie sur la base d’élections
libres dans les pays de l’Europe en voie d’être libérés. Mais l’attitude de l’URSS qui, en libérant des
territoires d’Europe centrale et orientale y favorise l’installation de régimes communistes entre 1945 et
1948, inquiète Churchill.
En mars 1947, le président américain Truman qui veut faire barrage à l’expansion soviétique en Europe,
dénonce les régimes communistes basés sur « la volonté d’une minorité imposée à la majorité », appuyés
sur « la terreur et l’oppression, sur une radio et une presse contrôlées, sur des élections dirigées et sur la
suppression de la liberté personnelle ». Partant du principe que « les semences des régimes totalitaires
sont nourries par la misère et le dénuement », il propose une aide économique, financière et militaire aux
pays qui veulent résister au communisme : c’est le plan Marshall (du nom du secrétaire d’État américain
George Marshall). L’URSS et ses alliés refusent l’aide américaine.
En octobre de la même année, Andrei Jdanov, secrétaire du Parti communiste d’Union soviétique constate
que deux camps s’opposent : « le camp impérialiste et antidémocratique » qui a à sa tête les États-Unis, et
« le camp anti-impérialiste et démocratique » dirigé par l’URSS. Dans cette situation, l’URSS prévoit d’aider
les mouvements communistes (en particulier en France et en Italie) et les États en lutte contre
l’impérialisme américain.
L’Europe se divise alors en deux camps, séparés par un « rideau de fer ». À l’Ouest, les partenaires des
États-Unis et à l’Est, les démocraties populaires qui s’alignent sur l’URSS.
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La première crise de Berlin (juin 1948-mai 1949)
Berlinois guettant l’arrivée d’un avion-cargo ravitailleur pendant le blocus soviétique de la ville en
1948-1949
© Walter Sanders / Time & Life Pictures/Getty Images
Après la rupture de 1947, les États-Unis et l’URSS entrent dans une logique d’affrontement marquée par
des crises internationales, sans toutefois déboucher sur un conflit ouvert.
C’est à Berlin que se déroule une des crises majeures qui marquent les débuts de cette « guerre froide ».
En juin 1948, les Américains, les Britanniques et les Français fusionnent leurs zones d’occupation pour
bénéficier de l’aide Marshall. Les Soviétiques dénoncent une violation des accords de Postdam et décident
d’isoler les secteurs d’occupation occidentaux de Berlin pour les contraindre à se retirer et faire passer
toute la ville sous leur autorité. Les voies d’accès routières et ferroviaires aux zones d’occupations
occidentales sont coupées. Face à ce coup de force, les Américains adoptent une position ferme : « Nous
sommes à Berlin et nous y resterons » déclare le président Truman. Ils répondent au coup de force
soviétique par un pont aérien qui permet le ravitaillement des deux millions de personnes de Berlin-Ouest,
menacées de famine.
Entre le 25 juin 1948 et le mois de mai 1949, un million et demi de tonnes de marchandises parviennent à
Berlin-Ouest par les airs. Durant l’été 1948, toutes les huit minutes, de jour et de nuit, un avion atterrit sur la
piste de Tempelhof, dépose sa cargaison et repart. Ce pont aérien conduit à l’échec de l’initiative des
Soviétiques qui, le 12 mai 1949, lèvent le blocus.
Dans cette crise, l’attitude relativement modérée des deux Grands l’empêche de déboucher sur une
conflagration générale. Les Soviétiques n’ont pas empêché la circulation aérienne et les Américains n’ont
pas cherché à franchir les barrages soviétiques. Le monopole nucléaire américain et la supériorité
conventionnelle des Soviétiques constituent déjà des éléments dissuasifs.
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L’Europe de l’Ouest sous l’aile américaine
L’Europe de la guerre froide
Source : Philippe Rekacewicz, juin 2000. Le Monde diplomatique.
© Le Monde diplomatique.
http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/europeguerrefroide
Les pays européens acceptant l’aide financière et matérielle des Américains se regroupent dans l’OECE
(Organisation européenne de coopération économique), fondée à la demande des États-Unis en 1948. Cet
organisme, dont la mission première est de répartir les moyens prévus dans le cadre du plan Marshall, est
le véritable embryon de la construction européenne occidentale. L’aide Marshall est votée par le Congrès
américain en mars 1948 sous forme de crédits annuels, versés jusqu’en 1952. Elle facilite également la
pénétration des produits américains en Europe. En 1950, les Américains font naître l’Union européenne des
paiements qui facilite les échanges entre les pays de l’OCDE.
Pour contenir l’expansion communiste en Europe, les États-Unis favorisent la création de l’OTAN
(Organisation du traité de l’Atlantique Nord) en 1949. Cette alliance militaire et diplomatique regroupe les
États-Unis, le Canada, la France, la Grande-Bretagne, l’Islande, le Bénélux, l’Italie, la Norvège, le
Danemark et le Portugal, rejoints en 1952 par la Turquie et la Grèce et, en 1955, par la République fédérale
allemande. Les États-Unis placent l’Europe sous leur parapluie nucléaire. En intégrant leurs forces armées
dans un système de défense placé sous un commandement américain, les États d’Europe de l’Ouest
reconnaissent de fait la prépondérance politique et stratégique des États-Unis sur l’aire géographique de
l’Alliance et se placent sous la dépendance américaine. Seul le général de Gaulle critique le système
militaire intégré de l’OTAN qui prive la France de son indépendance en matière de défense et compromet
l’indépendance de sa politique étrangère.
L’Europe atlantique, qui naît au début des années 1950, est ainsi étroitement subordonnée aux États-Unis.
Les démocraties populaires d’Europe de l’Est
a. Extraits de la Constitution tchécoslovaque (1960)
Art. 1 : La République socialiste tchécoslovaque est un État socialiste, fondé sur l’alliance solide des
ouvriers, des paysans et des intellectuels avec la classe ouvrière à sa tête […]. Elle fait partie du système
socialiste mondial.
Art. 2 : Tout le pouvoir appartient au peuple travailleur qui exerce le pouvoir d’État par les Corps
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représentatifs, élus et contrôlés par lui et responsables devant lui.
Art. 4 : La force dirigeante dans la Société et dans l’État est l’avant-garde de la classe ouvrière, le Parti
communiste de Tchécoslovaquie, union volontaire de combat des citoyens les plus actifs et les plus
conscients des rangs des ouvriers, des paysans et des intellectuels.
b. Extraits de la Constitution de la RDA (1949)
Art. 9 : L’économie de la RDA trouve son fondement dans la propriété socialiste des moyens de production
[…]
Art. 12 : Les richesses du sous-sol, les mines, les centrales énergétiques, les barrages et les eaux, les
richesses naturelles du socle continental, les banques et les sociétés d’assurance, les fermes d’État, les
moyens de communication, les chemins de fer, les moyens de transport de la navigation aérienne et
maritime, les installations des postes et des télécommunications sont propriété du peuple.
La propriété privée de ces biens est inadmissible.
À la fin de la guerre, en Europe centrale et orientale libérée par l’armée rouge, l’URSS impose des
gouvernements dominés par les communistes. Ces derniers s’emparent des postes clés des
gouvernements et éliminent leurs partenaires non communistes, accusés d’être des « suppôts de
l’impérialisme américain ».
En Tchécoslovaquie, le « Coup de Prague » illustre cette politique. Le chef du parti communiste Klement
Gottwald, président du Conseil grâce aux 38 % de suffrages recueillis aux élections de 1946, organise dans
les villes, les campagnes et les villages, des Comités d’action révolutionnaire qui s’appuient sur des milices
armées. Il fait ainsi pression sur le président de la République, le modéré Edvard Benès, pour le
contraindre à accepter la démission de douze ministres qualifiés de « bourgeois » et former un
gouvernement « sans réactionnaires ». Affaibli, le président Benès cède et Gottwald forme un
gouvernement communiste. Le pluralisme disparaît rapidement de la politique des pays d’Europe de l’Est,
remplacé par le système du parti unique.
À l’image de la Tchécoslovaquie et de l’Allemagne de l’Est (RDA), entre 1947 et 1953, les pays d’Europe
de l’Est deviennent des démocraties populaires sur le modèle de l’URSS stalinienne. Les institutions sont
calquées sur celles de l’URSS. C’est le parti communiste, parti unique, qui impose l’idéologie et mène la
politique. Les dirigeants communistes non désignés par Staline sont victimes de purges et de procès. Il y a
100 000 déportations d’opposants en Bulgarie en 1947. L’économie est transformée, à l’image de
l’économie soviétique, par la collectivisation forcée des terres, la nationalisation de l’industrie et du
commerce, la priorité donnée au développement de l’industrie lourde et le choix de la planification. Il faut
être membre du parti communiste pour assumer des fonctions dirigeantes dans la vie économique,
politique et culturelle.
La formation du bloc de l’Est
Timbre soviétique commémorant le 30e anniversaire du COMECON (26 juin 1979)
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Source : Wikimedia Commons.
http://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Stamps_of_the_Soviet_Union,_1979
Timbre est-allemand célébrant les 20 ans du pacte de Varsovie en 1975
Source : Wikimedia Commons.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Trait%C3%A9_de_Varsovie_(timbre_RDA).jpg
Crédit : Domaine public.
En 1947, en réponse au plan Marshall, l’URSS crée le Kominform. Ce Bureau d’information des partis
communistes européens vise à contrôler étroitement l’évolution idéologique et politique des pays de l’Est et
des partis communistes d’Europe occidentale (français et italien). Le camp soviétique est rejoint en 1949
par la Chine communiste.
Sur le plan économique, le CAEM (Conseil d’aide économique mutuelle, en anglais COMECON, en russe :
СЭВ) est créé en janvier 1949 par Staline avec l’URSS, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Pologne, la
Bulgarie et la Roumanie. Ils sont rejoints en 1950 par la RDA, par Cuba en 1972 et par le Vietnam en
1978… La Yougoslavie avait le statut de membre associé. Le CAEM est une organisation d’entraide
économique entre différents pays du bloc communiste. Le timbre représente l’immeuble du COMECON à
Moscou (en forme de livre ouvert) et les drapeaux des participants. L’arrière-plan évoque les plus belles
réalisations des économies socialistes (dont un satellite qui fait référence à la compétition avec l’Ouest pour
la conquête de l’espace). L’organisme a pour but d’établir une meilleure planification et de mettre en place
la spécialisation des industries nationales des pays communistes. La création du CAEM peut être vue
comme une réaction au plan Marshall. Le CAEM provoque une dépendance économique accrue des pays
satellites d’Europe de l’Est envers l’Union soviétique. Il permet à l’URSS de peser sur les affaires
intérieures des démocraties populaires par un système de subventions et de prêts. Le CAEM se dissoudra
avec la chute de l’empire soviétique en juin 1991.
En 1955, l’URSS et ses alliés se regroupent dans une alliance militaire : le pacte de Varsovie. C’est une
réaction à la formation de l’OTAN à l’Ouest et à l’adhésion de la RFA à l’organisation atlantique en 1955. Le
pacte prévoit que les démocraties populaires s’accordent un secours mutuel en cas d’agression d’un des
pays membres. Sous l’emprise des Soviétiques, ce sont les forces du pacte de Varsovie qui interviennent
en 1968 en Tchécoslovaquie pour réprimer le « Printemps de Prague ». Les armées de la RDA sont
intégrées dans le Pacte en janvier 1956. Le timbre de 1975 met en avant la coopération germanosoviétique : la coopération militaire – par l’utilisation d’une même figure de soldat portant l’un l’uniforme
allemand, l’autre l’uniforme soviétique –, mais aussi les réalisations du socialisme en matière industrielle et
agricole (l’ouvrier et le paysan sont les deux piliers du socialisme), faisant ainsi référence aux échanges
réalisés dans le cadre du CAEM. Les procédés graphiques utilisés par les artistes pour les timbres-poste
sont les mêmes que ceux que l’on retrouve sur les affiches, ces dernières étant les armes de la
propagande de la guerre froide par excellence. On y retrouve des références explicites formalisées dans
une tentative de stylisation qui n’est pas sans rappeler le constructivisme de la Russie des années 1920.
Par la mise en place de ces organismes, l’URSS contrôle totalement la politique intérieure et étrangère des
démocraties populaires. La Yougoslavie, dirigée par Tito, est le seul pays communiste d’Europe de l’Est qui
refuse l’alignement sur l’URSS.
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La formation des deux Allemagne
Les drapeaux et symboles des deux Allemagne
RDA
Source : Wikipedia. http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Flag_of_East_Germany.svg#file
Crédit : Domaine public.
RFA
Source : Wikipedia.
http://de.wikipedia.org/w/index.php?title=Datei:Flag_of_Germany_(state).svg&filetimestamp=20060813153536
Crédit : Domaine public.
La partition de l’Allemagne est la conséquence directe des tensions de la guerre froide, en particulier la
question de Berlin. C’est à la suite de la première crise de Berlin (1948-1949) que la division de l’Allemagne
en deux États se concrétise. Le 13 mai 1949, la République fédérale allemande (RFA), démocratie
parlementaire, voit le jour. Cinq mois plus tard, en riposte, une République démocratique allemande
communiste est instituée à l’Est, limitée par la frontière Oder-Neisse.
Le choix des symboles des deux États montre qu’au-delà des spécificités liées à l’affrontement des deux
blocs, on maintient la tradition qui rappelle l’unité dans les deux pays.
L’origine du drapeau tricolore est l’étendard noir et rouge à franges d’or conçu au printemps 1813 pour un
« corps de francs-tireurs allemands », les corps-francs de Lützow, dont l’uniforme arborait ces couleurs.
L’étendard tricolore a été officiellement drapeau national de 1848 à 1866 (Confédération germanique), de
1919 à 1933 (république de Weimar), de 1949 à 1990 (RDA et RFA). Après la partition allemande, le noirrouge-or demeure le symbole officiel commun aux deux États. La RDA y adjoint en 1959 le marteau, le
compas et la couronne d’épis de blé qui rappellent que la RDA est la « patrie des ouvriers et des paysans »
(« Arbeiter und Bauernstaat »).
Les couleurs du drapeau de la République fédérale d’Allemagne d’après la réunification sont restées le
noir, le rouge et l’or. Le drapeau réservé aux services officiels de la République, lui aussi tricolore, est de
surcroît frappé de l’emblème fédéral : l’aigle noir aux griffes et à la langue rouges sur fond d’or.
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
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Le temps des deux Europe
À la fin des années 1940, aucune entente ne semble possible entre les États-Unis et l’URSS. La maîtrise
de l’arme nucléaire permet aux adversaires de se tenir en respect mais accroît les tensions en Europe. La
guerre froide voit s’ériger ce qui va devenir son symbole : le mur de Berlin. L’Europe coupée en deux est un
terrain d’affrontement, particulièrement sur le plan idéologique où tout est prétexte à soutenir une
propagande qui diabolise l’adversaire. Chaque camp suit son évolution. Alors que l’Ouest s’engage dans le
projet européen, les démocraties populaires suivent le modèle soviétique. La répression des différents
mouvements qui œuvrent pour un « socialisme à visage humain » montre l’impossibilité d’une réforme
politique de fond.
L’Europe dans l’affrontement Est-Ouest
André Fougeron, artiste engagé
a. Affiche d’André Fougeron, 1948
Il faut sauver la paix. Affiche d’André Fougeron, 1948.
© ADAGP, Paris, 2009 / The Bridgeman Art Library.
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
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b. André Fougeron, Hommage à André Houiller, militant communiste abattu à l’âge de 54 ans alors
qu’il procédait à l’affichage de tracts contre la guerre (huile sur toile 2,55 x 4,10 m), musée Pouchkine
Hommage à André Houiller. Huile sur toile, 1949. Collection du musée Pouchkine.
© The Pushkin Museum of Fine Arts / ADAGP, Paris 2009
L’affrontement Est-Ouest est marqué par des crises majeures : la guerre de Corée en 1950-1953, la
construction du mur de Berlin en 1961 et l’implantation de missiles nucléaires soviétiques à Cuba en 1962.
Cependant, la guerre froide est avant tout une guerre idéologique dans laquelle chaque camp cherche à
diaboliser l’adversaire en mettant en place une propagande politique intense et violente. Aux États-Unis, au
début des années 1950, le sénateur Mac Carthy anime une « chasse aux sorcières » pour démasquer les
communistes dans l’administration, l’armée et le cinéma. À l’Est, les intellectuels sont poursuivis. L’Europe
est au cœur de cet affrontement. Intellectuels et artistes sont mobilisés par l’un et l’autre camp.
Peintre autodidacte, André Fougeron devient un artiste engagé à l’occasion de la guerre d’Espagne qui lui
inspire deux tableaux, Espagne martyre et Mort et Faim, Espagne, présentés fin 1937 à Paris lors de
l’exposition Art cruel. Il adhère au parti communiste en 1939. Fait prisonnier en Belgique, il parvient à
rejoindre la zone libre, puis Paris, où il transforme son atelier en imprimerie clandestine. Dans les années
1941, 1942 et 1943, il participe aux expositions Jeunes peintres de la tradition française avec Pignon,
Bazaine, Estève, Lapicque, Manessier… Pendant et après la guerre, plusieurs peintres en France
s’engagent dans le communisme tel Picasso ou Léger : Matisse également sera, pour un temps, «
compagnon de route ».
En 1947, Fougeron expose Les Parisiennes au marché au Salon d’automne. Ce tableau, ainsi qu’un articlemanifeste, « Le peintre à son créneau » – où il affirme que face à l’abstraction – art pour l’art –, il veut un
art pour le peuple –, le rangent du côté des tenants du réalisme socialiste. C’est aussi la guerre froide dans
le domaine culturel et artistique qui est déclarée par Jdanov, porte-parole de Staline pour la culture, dans
son discours des deux camps à l’assemblée constitutive du Kominform en octobre 1947 (« doctrine
Jdanov »). De 1946 à 1953 surtout, Jdanov impose aux artistes soviétiques le « réalisme socialiste » dans
lequel la nécessité d’exalter l’édification du socialisme prime sur les innovations artistiques. Le Parti
communiste français relaie la position soviétique en lançant un programme de promotion du réalisme
socialiste face aux multiples avant-gardes (abstraction, surréalisme…). En 1947, le peintre réaliste
socialiste Guersassimov condamne même Picasso et Matisse, ce qui suscitera beaucoup de débats dans la
presse française d’août à septembre de la même année.
En 1948, Fougeron est accusé d’avoir obéi aux injonctions de Jdanov. Cette année-là, il réalise pour le parti
communiste une affiche illustrant un slogan : « La destruction de la France par l’alliance avec l’Allemagne,
la guerre contre l’URSS, voilà ce qu’on nous prépare. Contre cela, union et action. Il faut sauver la paix. »
L’affiche montre une petite fille allongée sous une pluie de bombes atomiques. À l’arrière-plan, croix de
cimetière et immeubles ruinés laissent envisager la catastrophe que représenterait l’utilisation de l’arme
nucléaire. L’affiche est interdite par le ministère de l’Intérieur. Fougeron est inculpé en mai 1949 « pour
avoir participé à une entreprise de démoralisation de l’armée et de la nation ayant pour objet de nuire à la
défense nationale ». La course aux armements est un autre effet de l’affrontement Est-Ouest. En 1948,
seuls les Américains possèdent la bombe atomique, utilisée à Hiroshima et Nagasaki. Ce n’est que le 29
août 1949 que l’URSS teste la sienne. C’est le début d’une prolifération nucléaire, chacun développant son
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arsenal atomique dans le cadre des dispositifs d’alliances militaires mis en place en Europe (OTAN et pacte
de Varsovie). La première crise de Berlin (blocus en 1948) et la création d’une Allemagne de l’Ouest
intégrant le camp occidental attisent les tensions et accentuent le risque de guerre. Cinquante artistes –
dont Picasso, léger, Atlan et Pignon – signent alors une déclaration de solidarité avec Fougeron, « victime
de la lutte pour la paix ». Un militant communiste, André Houiller, est tué par un policier en civil alors qu’il
colle des tracts en faveur de la paix reproduisant l’affiche de Fougeron contre la bombe atomique. Les
obsèques d’André Houllier, organisées par le parti communiste le 18 décembre 1948 à Saint-Mandé,
prennent l’allure d’une véritable manifestation politique. Le cortège s’ouvre par une forêt de drapeaux
rouges (avec faucille et marteau), suivis de très nombreuses gerbes portées par les militants, du corbillard
tiré par des chevaux, puis d’une importante délégation du Bureau politique et du Comité central du Parti
communiste français et, enfin, d’une foule de gens venus rendre un dernier hommage au « militant
assassiné ». Dans la foule, beaucoup d’anciens combattants arborent leurs médailles, André Houiller ayant
combattu dans les deux guerres mondiales. André Fougeron peint un Hommage à André Houiller exposé
dans la salle consacrée à la peinture réaliste au Salon d’automne de 1949. Réalisée dans le souci du
« réalisme socialiste », l’œuvre va cependant au-delà, à la manière de la grande peinture d’Histoire. La
composition, l’attitude des personnages, rappellent les grandes œuvres de David. On peut parler d’un
« réalisme français ».
Si les artistes expriment alors leurs opinions sur tous les supports (peinture, photographie, bande
dessinée…), l’affiche apparaît comme le support privilégié de la propagande politique. Sur le plan
stylistique, les affiches de propagande sont réalistes, avec un graphisme très explicite, l’idée étant de faire
passer le message le plus efficacement possible. En Europe, les partis communistes de tous les pays
relaient la propagande soviétique, dénonçant l’impérialisme américain et l’Alliance atlantique. L’imagerie
politique du Parti communiste français devient antimilitariste, déclinant le thème de la France agressée. Les
anti-communistes répliquent. Dans les années 1950, l’agence Paix et Liberté dénonce la dictature
soviétique dans une campagne d’affichage sur des fonds américains. D’un côté comme de l’autre, on se
présente comme pacifiste et on accuse l’adversaire de conduire le monde à l’apocalypse.
La déstalinisation provoque un effondrement de la politique artistique du Parti communiste français, même
si la production d’affiches se poursuit. Fougeron restera fidèle à ses engagements, réalisant notamment en
1953 son célèbre tableau La Civilisation atlantique (huile sur toile, Tate Modem Londres).
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Le modèle soviétique
Le Palais de la culture et de la science à Varsovie
© Borgese Maurizio / hemis.fr
Dans les démocraties populaires, le modèle soviétique s’impose dans tous les secteurs, y compris dans le
domaine artistique. En Pologne, comme dans les autres démocraties populaires, tableaux et affiches
mettent en valeur les ouvriers et les ouvrières, glorifient le travail socialiste. La sculpture, comme la
peinture, se veut réaliste, elle doit être lisible par le peuple. L’architecture répond à une double
préoccupation : celle d’en imposer. Les bâtiments monumentaux doivent souligner la grandeur et la
puissance du socialisme. Mais ils doivent aussi rendre le peuple heureux : des immeubles palais servent de
quartiers d’habitation à l’usage des ouvriers pour lesquels « rien n’est trop beau » (quartier d’habitation
Marszalkowska à Varsovie, ville de Nowa Huta près de Cracovie ou Stalin-Allee – actuelle Frankfurter-Allee
– à Berlin-Est).
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Les Berlinois et la construction du mur
Le mur de Berlin
Les quatre zones d’occupation au lendemain de la guerre en Allemagne et à Berlin
Le mur de Berlin. Le tracé du mur et les points de passage.
Carte 1 : Source : Wikimedia Commons.
http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Deutschland_Besatzungszonen_-_1945_1946.svg
Carte 2 : Source : Wikipedia.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mur_de_Berlin
La mort de Staline (1953) et la politique de coexistence pacifique avec l’Occident menée par Khrouchtchev
à partir de 1956 n’éloignent pas toutes les tensions entre les deux Grands. En août 1961, quelques mois
après une rencontre officielle entre Khrouchtchev et Kennedy, la seconde crise de Berlin éclate. La libre
circulation dans la ville permet à des centaines de milliers d’Allemands de l’Est de passer à l’Ouest. Les
autorités de la RDA veulent éviter un fort mouvement d’émigration. La décision de construire un mur pour
séparer les deux parties de la ville est prise le 13 août 1961 : « Pour mettre un terme aux activités hostiles
des forces revanchardes et militaristes de l’Allemagne de l’Ouest et de Berlin-Ouest, un système de
contrôle semblable à ceux qui sont habituellement en vigueur aux frontières de tous les États souverains
sera mis en place aux frontières de la République démocratique allemande, y compris à la frontière des
secteurs occidentaux du Grand Berlin » (décret du gouvernement de la RDA).
La carte permet de comprendre que, plus qu’un mur séparant Berlin-Est de Berlin-Ouest, il s’agit d’un mur
isolant Berlin-Ouest de l’ensemble de la RDA. Pour les Allemands, c’est le « mur de la honte ». Pour les
Occidentaux, c’est « la preuve la plus abominable et la plus éclatante de la faillite du système communiste
[…] Une offense au monde, une offense à l’humanité » (discours du président américain Kennedy prononcé
à Berlin le 27 juin 1963). Le mur devient le symbole de la division de l’Europe.
Le « mur » est un dispositif complexe de défense armée de 155 kilomètres de long qui se compose d’une
double muraille de béton, de barbelés et de divers pièges et de miradors (302),, gardé jour et nuit par des
« Vopos » côté Est. Des points de passage, comme le célèbre check-point Charlie, permettent aux
Occidentaux autorisés de se rendre en RDA. De 1961 à 1989, 588 personnes ont trouvé la mort en tentant
de franchir le mur de Berlin ou la frontière de l’Allemagne de l’Est, tuées par des mines ou par des gardesfrontière.
Le mur de Berlin a inspiré beaucoup d’artistes, en particulier en littérature et au cinéma. Le Tunnel (2001)
de Roland Suso Richter est inspiré de la vie d’Hasso Herschel qui a creusé une galerie de 145 mètres de
long permettant le passage à l’Ouest de 28 personnes. En 1963, David Cornwell, alias John Le Carré, pour
qui, « le mur est le symbole parfait de la folie humaine » publie L’Espion qui venait du froid, qui devient vite
un classique de la littérature d’espionnage. Le livre met en scène un monde d’espions aux antipodes de
James Bond ou d’OSS 117, une chasse à l’homme aux accents réalistes – alors que l’auteur reconnaîtra
plus tard qu’il n’a jamais mis les pieds à Berlin-Est.
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Le projet européen à l’Ouest
Chronologie de la construction européenne dans la guerre froide
1947 : Plan Marshall.
1948 : Organisation européenne de coopération économique (OECE).
1949 : Conseil de l’Europe.
1951 : Création de la CECA (Communauté économique du Charbon et de l’Acier) par l’Allemagne, la
France, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas.
1954 : Rejet de la Communauté européenne de défense (CED).
1957 : Traité de Rome instituant entre les six membres de la CECA, la Communauté économique
européenne (CEE).
1962 : Lancement de la politique agricole commune (PAC).
1973 : Élargissement de la CEE au Danemark, au Royaume-Uni et à l’Irlande.
1979 : Première élection du Parlement européen au suffrage universel. Accord monétaire instituant le SME
(Système monétaire européen).
1981 : Entrée de la Grèce dans la CEE.
1986 : Entrée de l’Espagne et du Portugal dans la CEE. Acte unique européen.
1993 : Entrée en vigueur du traité de Maastricht : création de l’Union européenne qui remplace la CEE.
1995 : Élargissement de l’Union européenne à l’Autriche, la Finlande et la Suède. Entrée en vigueur de
l’accord de Schengen abolissant les frontières entre les signataires.
2002 : Mise en circulation de l’euro (pièces et billets).
2004 : Élargissement de l’Union européenne à Chypre, l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Hongrie, Malte,
la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie.
2007 : Élargissement à la Bulgarie et à la Roumanie.
Les États de l’Europe occidentale sont sortis affaiblis de la guerre. Bénéficiant du plan Marshall, regroupés
dans l’OECE créée en 1948, les pays d’Europe de l’Ouest contribuent à la constitution d’un bloc occidental
autour des Américains. L’OTAN, qui se met en place à partir de 1950, permet de bénéficier de la protection
américaine. Le Conseil de l’Europe se réunit pour la première fois en 1949. En qualité de défenseur de la
démocratie et protecteur des Droits de l’homme, il vote en 1950 la Convention européenne des droits de
l’homme. L’OECE, qui prévoit de coordonner les politiques économiques en libéralisant les échanges devait
permettre aux pays européens de se rapprocher. Face à l’attitude britannique qui défend ses échanges
privilégiés dans le cadre du Commonwealth, six pays européens adoptent la proposition d’intégration par
secteur économique de Jean Monnet et créent à cet effet la CECA, en 1951.
Les Américains souhaitant intégrer les forces allemandes dans une défense commune, le ministre français
René Pléven propose en 1952 une Communauté européenne de défense intégrant les armées nationales.
Les Britanniques s’abstiennent, seuls six pays participeront au traité signé en 1952. Cependant en 1954, le
Parlement français refuse de ratifier le traité, par crainte du militarisme allemand et d’une perte de
souveraineté. Le réarmement de l’Allemagne de l’Ouest se fait dans le cadre de l’OTAN, mais l’échec de la
CED éloigne la perspective d’une intégration politique européenne et engage les membres de la CECA à
renforcer l’intégration économique. Le traité de Rome (1957) se donne pour objectif la création d’un marché
commun et met en place des institutions permettant le lancement de politiques communes comme la PAC
(1962).
La politique d’indépendance nationale du général de Gaulle freine le projet européen. En 1962 et en 1967,
il s’oppose à l’entrée du Royaume-Uni dans la CEE. Ses successeurs se démarquent de cette politique et
la construction européenne se poursuit avec des élargissements (1973, 1981, 1986). L’intégration
économique passe par une politique monétaire commune (SME en 1979) et l’adoption de l’Acte unique, qui
prévoit la création d’un marché unique.
La fin de la guerre froide permet de relancer l’élargissement de l’Union européenne (créée en 1992) avec
l’intégration, en 1995, de trois pays neutres au temps de l’affrontement Est-Ouest, puis d’anciens pays du
bloc soviétique en 2004 et 2007.
La guerre froide, avec la constitution de deux Europe antagonistes, a suscité des regroupements au sein de
chaque bloc. La CEE, à l’origine de l’Union européenne, s’est affirmée comme projet de rapprochement
durable, fortement intégrateur, à la différence du CAEM, tentative d’intégration économique à l’Est, qui
disparaît peu après la chute du mur de Berlin.
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L’échec des remises en cause à l’Est
Le Printemps de Prague (1968)
a. Le programme d’action du Comité central du Parti communiste tchécoslovaque (5 avril 1968)
La reconnaissance des intérêts divers des groupes sociaux et des individus et leur unification exigent
l’élaboration et l’application d’un nouveau système politique d’un nouveau modèle de démocratie socialiste.
[...]
Le Parti communiste ne joue pas son rôle dirigeant en dominant la société, mais en servant avec le plus
grand dévouement à son développement socialiste. Il ne peut imposer son autorité mais doit la gagner
constamment par ses actions. Il ne peut imposer sa ligne par des ordres, mais par le travail de ses
membres, par la vérité de ses idéaux.
Le rôle dirigeant du Parti a été souvent conçu dans le passé comme une concentration et un monopole du
pouvoir dans l’appareil du Parti. Cela correspondait à l’idée fausse que le Parti est l’instrument de la
dictature du prolétariat. Cette conception néfaste a affaibli l’initiative et la responsabilité des institutions
d’État, des organismes économiques et sociaux, a porté atteinte à l’autorité du Parti et l’a empêché
d’accomplir sa fonction propre. Le but du Parti n’est pas de devenir l’administrateur universel de la société,
de lier toutes les organisations, et chaque pas dans la vie, par ses directives. Sa mission est avant tout
d’éveiller l’initiative socialiste, de montrer la voie et les réelles possibilités des perspectives communistes et,
par une activité systématique de persuasion et par l’exemple personnel des communistes, gagner à ces
perspectives tous les travailleurs.
L’arme la plus efficace contre l’introduction des méthodes du centralisme bureaucratique dans le Parti est
d’accroître la participation des membres du Parti à l’élaboration de la ligne politique, le renforcement du rôle
réellement démocratique des organes élus. Chaque membre du Parti et des organes du Parti a non
seulement le droit, mais encore le devoir, de présenter toute initiative, toute critique, toute opinion différente
sur les questions traitées et s’opposer à tout fonctionnaire […].
La « participation du peuple » s’est bornée, pendant de longues années, à la participation à l’application de
directives, sans participation à l’examen des décisions prises. […] Le Comité central est fermement décidé
à surmonter un tel état de choses. […] À l’élaboration de la politique d’État participent le Front national*, les
partis politiques qu’il regroupe, et les organisations de masse. Les partis politiques du Front national sont
des partenaires ; leur activité politique part du programme politique commun du Front national ; elle doit
évidemment respecter la Constitution tchécoslovaque fondée sur le caractère socialiste des rapports
sociaux dans le pays. […]
Le socialisme ne peut seulement signifier la libération des travailleurs de la domination des rapports de
classe et de l’exploitation, mais aussi un plein épanouissement de la personnalité. […]
Le Parti a conscience que des adversaires idéologiques du socialisme peuvent tenter de profiter du
mouvement de démocratisation. […] On ne peut gagner des gens aux idées et à la politique du Parti que
par une lutte appuyée sur l’activité pratique des communistes en faveur du peuple, par des informations
vraies et complètes, par une analyse scientifique.
Cité par Roger Garaudy, La Liberté en sursis, Fayard, 1968, p. 50-55.
* Le Front national est composé du parti communiste et des partis alliés absorbés en 1948 (coup de
Prague).
b. La doctrine Brejnev (1968)
Nous ne pouvons accepter que des forces hostiles fassent dévier votre pays de la voie du socialisme et
menacent d’arracher la Tchécoslovaquie à la communauté socialiste. Sur ce point, vous n’êtes déjà plus
seuls en cause. Il s’agit de la cause commune de tous les partis et de tous les États communistes et
ouvriers qui sont unis par leur alliance, leur coopération et leur amitié. C’est la cause commune de nos
pays, qui se sont unis dans le pacte de Varsovie afin d’assurer leur indépendance, ainsi que la paix et la
sécurité en Europe, et de dresser une barrière insurmontable devant les menées des forces impérialistes
de l’agression et de la revanche. […] c’est pourquoi nous considérons que ce n’est pas seulement votre
tâche, mais aussi la nôtre, de repousser énergiquement les forces anticommunistes et de lutter
vigoureusement pour maintenir le régime socialiste en Tchécoslovaquie.
Lettre adressée au Comité central du Parti communiste de Tchécoslovaquie par les chefs de parti et de
gouvernement d’URSS, Pologne, Bulgarie, Allemagne de l’Est et Hongrie le 15 juillet 1968, cité par Aziz
Hasbi, Traité des relations internationales, L’Harmattan, 2004, p. 127.
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L’alignement sur l’URSS n’empêche pas les remises en cause dans les démocraties populaires, comme
celles de 1956 en Hongrie et en Pologne, ou de 1968 en Tchécoslovaquie, qui se traduisent par des
manifestations populaires violemment réprimées.
En 1968, le « Printemps de Prague » marque l’espoir d’une évolution nouvelle dans un État socialiste. Le
nouveau secrétaire général du parti communiste Alexandre Dubcek veut mettre en place une économie
plus libérale et assurer la liberté d’expression. Il est soutenu par la population qui est attachée à l’héritage
démocratique tchécoslovaque. Sans remettre en cause le rôle dirigeant du parti communiste, il souhaite le
rénover pour réaliser un socialisme à visage humain. Son « programme d’actions » propose des
changements radicaux : affirmation des libertés et droits fondamentaux, multipartisme, limitation du pouvoir
de la police d’État, reconnaissance de l’égalité des nations tchèque et slovaque, bonnes relations avec les
Occidentaux… Sur les propositions de l’économiste Ota Sik, Dubcek veut encourager le développement
des industries de biens de consommation et de pointe, désengager en partie l’État de l’économie et l’ouvrir
à la concurrence internationale.
Constatant l’agitation de la Tchécoslovaquie, l’URSS se montre inquiète d’une possible contagion dans le
monde communiste. Malgré ses rencontres avec Brejnev, le secrétaire général du Parti communiste de
l’Union soviétique, Dubcek ne réussit pas à convaincre l’URSS d’une évolution qui garantisse la pérennité
du communisme. Le 3 juillet 1968, Brejnev énonce sa doctrine de la « souveraineté limitée » des États
socialistes, affirmée dans le message du 15 juillet au Parti communiste tchécoslovaque. Un mois plus tard
(3 août), les représentants de l’URSS et des démocraties populaires affirment à Bratislava leur fidélité au
marxisme-léninisme et à l’internationalisme prolétarien. En cas de menace contre le socialisme (un
pluralisme politique défendant les intérêts des capitalistes), l’URSS se réserve le droit d’intervenir dans les
démocraties populaires. Le 21 août, les troupes du pacte de Varsovie interviennent et occupent la
Tchécoslovaquie. L’invasion de la Tchécoslovaquie provoque la mort de 72 à 90 personnes et fait plusieurs
centaines de blessés. Le 16 janvier 1969, un étudiant s’immole par le feu à Prague en protestation contre la
suppression de la liberté d’expression. Ce coup de force marque la fin de l’expérience du « Printemps de
Prague » et le début de la « normalisation » soviétique que Dubcek est contraint d’accepter. La
normalisation montre l’impossibilité d’une évolution pacifique à l’Est.
La RDA, démocratie populaire modèle
Le Palais de la République à Berlin-Est
Source : Wikipedia
Photo : Lutz Schramm. Permission : cc-by-sa.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Palast_der_Republik_Berlin_DDR.jpg
Le site Internet du château de Berlin (Wir bauen das Scloss) présente l’état d’avancement du projet de
reconstruction, ainsi que de nombreuses images du Palais de la République : www.stadtschloss-berlin.de
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le château de Berlin (Berliner Stadtschloss), ancienne
résidence des Hohenzollern, est en ruine. Walter Ulbricht, le secrétaire général du Comité central du SED
(Parti socialiste unifié d’Allemagne) décide en 1950 de la destruction complète de ce symbole de la
monarchie prussienne. À cet emplacement, les autorités font ériger le Palais de la République. La
construction commence en 1973, sous la direction de l’architecte Heinz Graffunderen. La mobilisation
d’artisans et de soldats de la NVA (Nationale Volksarmee) de toute l’Allemagne de l’Est permet l’ouverture
du bâtiment pour le IXe congrès du SED, en mai 1976.
Le bâtiment, qui fait face à la Marx-Engels-Platz (Schloßplatz, « place du château », depuis 1990) est
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rectangulaire (180 x 85 m). Sa hauteur (32 m) est alignée sur celle du bâtiment du Conseil d’État voisin.
Les dirigeants de la République démocratique allemande ont voulu faire de ce palais de marbre une maison
du peuple. Le bâtiment sert de siège au Parlement, la Chambre du peuple (Volkskammer). Il comporte
aussi une grande salle dédiée à la culture et aux congrès, salle dont la disposition peut être modifiée. Le
bâtiment est le centre culturel de la capitale de la RDA, il accueille des spectacles (concerts, théâtre) et des
expositions. Les Berlinois peuvent y trouver aussi des restaurants (avec approvisionnement favorisé), un
café à glaces, une discothèque, un bureau de poste ouvert tous les jours, une piste de bowling… Cet
immense palais de marbre étincelant est appelé par les Berlinois « Erichs Lampenladen » (« le magasin de
luminaires d’Erich »), en référence au président de Conseil d’État de la RDA, Erich Honecker.
Le Palais de la République apparaît comme une vitrine de la RDA, qui fait figure de « bon élève » au sein
du bloc communiste. Dans le souci de se différencier de sa rivale la RFA, le monument symbolise le
caractère pionnier du pays en matière sociale et éducative.
Au cœur de la guerre froide, la majorité de la population finit par s’accommoder du nouveau régime,
d’autant qu’un important effort est fait par les autorités sur le plan social, en particulier en direction des
jeunes et des femmes. En 1950, la Chambre du peuple supprime le droit du mari d’interdire une activité
professionnelle à sa femme. À l’Ouest, il faudra attendre sept ans. Cette même année, l’âge de la majorité
passe de 21 à 18 ans. Toutes les punitions physiques à l’école sont proscrites à l’Est. Des facultés
universitaires ouvrières et paysannes sont ouvertes, qui préparent professionnellement et politiquement les
jeunes Allemands. La plupart des institutions culturelles sont placées sous la tutelle du ministère de la
Culture (créé en 1954) qui emploie des ressources humaines et matérielles conséquentes : 90 000
employés dans toute la RDA et un budget qui atteint environ 4,2 milliards DM en 1988.
Le Palais de la République quant à lui sera fermé en 1990, au moment de la réunification, à cause de la
forte présence d’amiante. En 2002, les députés du Bundestag prendront la décision de le démolir pour y
reconstruire le château des Hohenzollern. Le Palais de la République sera détruit en 2006-2008.
L’industrie est-allemande connaît elle aussi une forte croissance, passant d’un indice de production de 79
en 1949 à 925 en 1981. Les effectifs employés dans l’industrie à cette date représentant 38 % de la
population active. Ces efforts et ses réalisations ne doivent pas masquer cependant la mauvaise qualité de
la production (par exemple les semelles, qui sont irrémédiablement trouées après quelques jours
d’utilisation), la pauvreté relative et la pénurie. qui règne dans le pays, comme dans toutes les démocraties
populaires, et surtout la peur inspirée par la Stasi (ministère de la Sécurité d’État), « Bouclier et Épée du
Parti » (« Schild und Schwert der Partei ») qui, de 1950 à 1989, prononce 200 000 condamnations
politiques.
La fin du rideau de fer
Alors que c’est en Europe que se sont cristallisés les affrontements de la guerre froide, c’est aussi en
Europe que les tensions s’apaisent progressivement. En 1975, les accords d’Helsinki reconnaissent les
frontières issues de la guerre et au début des années 1970, le chancelier allemand Willy Brandt lance
l’Ostpolitik pour renouer le dialogue avec l’Est. Dans le même temps, au sein des démocraties populaires,
les régimes communistes doivent faire face à la contestation croissante d’une partie de la population. À la
fin des années 1980, l’affaiblissement de l’URSS permet aux peuples d’Europe de l’Est de s’affranchir de la
domination soviétique. En moins de six mois, des systèmes politiques qui semblaient inébranlables
s’écroulent.
La Pologne sur la voie de la contestation
Les accords de Gdansk, 31 août 1980
« La commission gouvernementale et le comité de grève interentreprises, après avoir analysé les vingt et
une revendications des ouvriers grévistes du littoral, sont arrivés aux conclusions suivantes :
– l’activité des syndicats en Pologne populaire n’a pas répondu aux espoirs et aux aspirations des
travailleurs. On estime qu’il serait utile de créer des syndicats nouveaux autogérés qui seraient une
représentation authentique de la classe laborieuse. On ne met pas en cause le droit des travailleurs de
continuer à adhérer à l’ancien syndicat et, pour l’avenir, la possibilité de coopération entre les deux
syndicats sera étudiée ;
– le comité de grève interentreprises déclare que les nouveaux syndicats respecteront les principes définis
dans la Constitution de la Pologne populaire. Ils n’ont pas l’intention de jouer un rôle de parti politique. Ils se
fondent sur le principe de la propriété sociale des moyens de production, base du système socialiste
existant en Pologne ; ils reconnaissent que le POUP (Parti ouvrier unifié) joue un rôle dirigeant dans l’État
et ne s’opposent pas au système existant des alliances internationales. Ils veulent assurer aux travailleurs
les moyens convenables de contrôle, d’expression et de défense de leurs intérêts. Le gouvernement
garantit que les nouveaux syndicats ne feront l’objet d’aucune discrimination ;
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– le droit de grève sera garanti dans la nouvelle loi sur les syndicats ;
– l’utilisation des mass media par les associations religieuses dans le domaine de leurs activités religieuses
sera réalisée par la voie des accords entre les institutions de l’État et les associations religieuses, tant en
ce qui concerne les problèmes de contenu que l’organisation. Le gouvernement assurera la transmission
par la radio de la messe dominicale dans le cadre d’un accord particulier avec l’épiscopat ;
– l’activité de la radio et de la télévision ainsi que de la presse et des maisons d’édition doit servir à
l’expression des diverses pensées, points de vue et opinions. Elle devrait être soumise au contrôle social. »
Extrait de « Pologne, 500 jours de libertés qui ébranlèrent le communisme », Libération, Hors série, janvierfévrier 1982.
La Pologne est l’une des premières démocraties populaires à connaître un mouvement de contestation de
grande ampleur. Celui-ci naît dans les années 1970 dans les ports de la Baltique. En 1970 et en 1976, des
troubles violents s’y développent à la suite d’une augmentation des prix. Une opposition grandit et s’unit
autour de l’Église catholique. L’élection en 1978 du pape Jean-Paul II, archevêque de Cracovie, renforce
son rôle. Les Polonais demandent des élections libres, une presse libre et des syndicats libres. En 1980, de
nouvelles grèves ouvrières conduisent à la signature des accords de Gdansk et à la création du syndicat
Solidarité (Solidarnosc). C’est le premier syndicat indépendant du pouvoir reconnu officiellement dans une
démocratie populaire. Il est interdit en 1981 par la mise en place de l’état d’urgence par le gouvernement du
général Jaruzelski, mais il reste très influent. En 1983, Lech Walesa, électricien de Gdansk leader de
Solidarité, reçoit le prix Nobel de la paix. En 1988, le gouvernement polonais doit faire appel à lui pour faire
cesser un mouvement de grève. Lors des négociations dites « de la table ronde », il demande et obtient en
contrepartie des élections libres. La défaite du parti communiste y est retentissante. Un gouvernement non
communiste, présidé par Tadeusz Mazowiecki, membre de Solidarité, arrive au pouvoir en août 1989. C’est
le premier en Europe de l’Est depuis les années 1940.
La crise du communisme
Manifestation pour la démocratie et la liberté à Berlin-Est, 4 novembre 1989
Source : Wikipedia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Bundesarchiv_Bild_183-1989-1104-437,_Berlin,_Demonstration_am_4._November.jpg
Photo : Bernd Settnik. Permission : Commons : Bundesarchiv.
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Déclaration sur l’Europe centrale et orientale, à l’issue du Conseil européen de Strasbourg des 8 et
9 décembre 1989
Chaque jour, en Europe centrale et orientale, le changement s’affirme avec plus de force. Partout s’exprime
une puissante aspiration à la liberté, à la démocratie, au respect des Droits de l’homme, à la prospérité, à la
justice sociale et à la paix. Les peuples manifestent clairement leur volonté de prendre en main leur destin,
et de choisir la voie de leur développement. Une évolution aussi profonde, aussi rapide, n’eût pas été
possible sans la politique d’ouverture et de réforme menée par M. Gorbatchev.
Interprètes des sentiments de toute la population de la Communauté, nous nous réjouissons profondément
des transformations en cours. Il s’agit là d’événements historiques, sans doute les plus importants depuis la
Seconde Guerre mondiale, et auxquels le succès d’une Communauté européenne forte et dynamique, la
vitalité du processus de la CSCE et la stabilité en matière de sécurité, à laquelle participent les États-Unis
et le Canada, ont largement contribué.
repris de http://cuej.ustrasbg.fr/archives/europe/europe_conclusion/cons_01_42/42_strasbourg_09_12_89.html#Anchor-49575
Au début des années 1980, les pays de l’Est connaissent une crise économique. La pénurie accentue les
mécontentements. À partir de 1985, le nouveau secrétaire général du Parti communiste d’Union soviétique,
Mikhaïl Gorbatchev, lance un programme de réformes économiques et de démocratisation politique (la
Perestroïka) dans l’espoir de sortir l’URSS de la stagnation économique. Le contrôle soviétique sur les
démocraties populaires est assoupli et on y encourage le renouvellement des équipes dirigeantes. Les
premiers effets se font sentir en Pologne et en Hongrie. En Hongrie, Kadar, à la tête du parti depuis 1956,
démissionne et la TVA et un impôt sur le revenu sont introduits. Cependant en Tchécoslovaquie et en RDA,
les dirigeants refusent les réformes de Gorbatchev.
L’« effet Gorbatchev » a cependant pour conséquence de libérer un mouvement de contestation et de rejet
du communisme. Partout les grèves se multiplient. Les populations dénoncent la pénurie et réclament des
réformes politiques. Les slogans de la gigantesque manifestation du 4 novembre 1989 à Berlin-Est
dénoncent les instruments de la dictature communiste et réclament la liberté et la démocratie. Les
revendications sont portées par des associations comme le Forum démocratique en Hongrie, et des
mouvements pacifiques ou écologistes en RDA. Elles sont encouragées par les Occidentaux qui utilisent
l’arme économique pour faire pression sur les démocraties populaires. Le régime du parti unique est remis
en cause. En juin 1989, des élections libres sont organisées en Pologne et en Hongrie : les communistes
sont battus. Contrairement aux crises précédentes, l’URSS ne réagit pas.
L’ouverture du mur de Berlin
Le mur est ouvert (dans la nuit du 9 au 10 novembre, les Berlinois de l’Est franchissent sans contrôle le
« check-point Charlie »)
Souce : Wikipedia
http://en.wikipedia.org/wiki/File:Bundesarchiv_Bild_183-1989-1110018,_Berlin,_Checkpoint_Charlie,_Nacht_des_Mauerfalls.jpg
Photo : Klaus Oberst. Permission : Commons : Bundesarchiv.
En mai 1989, la Hongrie ouvre sa frontière avec l’Autriche, ce qui provoque un afflux de réfugiées de RDA
vers la RFA. En RDA, des manifestations contraignent le nouveau gouvernement communiste à accepter
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
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l’ouverture du mur de Berlin. Le 9 novembre, Günter Shabowski, secrétaire du Comité central de la SED,
annonce lors d’une conférence de presse que tous les citoyens de la RDA peuvent voyager à l’étranger
« sans aucune condition particulière ». Cette déclaration est retransmise à la télévision. Aussitôt, les
Berlinois se précipitent vers les postes-frontière pour aller à l’Ouest. Les gardes-frontière sont rapidement
totalement submergés ; ils reçoivent l’ordre de laisser passer à l’Ouest toute personne munie d’une pièce
d’identité. Des milliers de Berlinois de l’Est et d’Allemands de l’Est qui passent la frontière cette nuit-là font
spontanément la fête avec les Allemands de l’Ouest qui les accueillent avec enthousiasme.
Le 10 novembre 1989, Willy Brandt, l’ancien chancelier de la RFA qui avait assisté à la construction du mur
comme bourgmestre de Berlin-Ouest, déclare devant l’hôtel de ville : « La division de l’Europe, de
l’Allemagne et de Berlin s’est créée à cause de la guerre et de la désunion des forces victorieuses.
Maintenant s’unit ce qui appartient l’un à l’autre. Maintenant, nous le constatons [..] : les diverses parties de
l’Europe s’unissent. »
Le symbole de la guerre froide disparaît. C’est ce qu’ont bien compris les télévisions du monde entier qui
viennent à Berlin pour immortaliser l’événement. La chute du mur de Berlin aura pour conséquence
l’effondrement de la RDA et la disparition des démocraties populaires.
La population se met immédiatement à détruire le mur, s’y attaquant avec marteaux et burins. En décembre
1989, le ministère des Affaires étrangères de la RDA stoppe officiellement le renforcement du mur et des
installations frontalières interallemandes. Dès le 29 décembre 1989, le gouvernement intérimaire de la RDA
décide la destruction du mur, qui s’achèvera le 30 novembre 1990.
La fin des démocraties populaires
« Hongrie : la proclamation de la nouvelle République »
Plusieurs dizaines de milliers de Hongrois ont célébré, lundi 23 octobre, le trente-troisième anniversaire du
début du soulèvement de Budapest, écrasé dans le sang par les chars soviétiques le 4 novembre 1956.
Chef de l’État par intérim, M. Matyas Szurös a proclamé à cette occasion la quatrième « République de
Hongrie », qui n’est plus « populaire ». Mais avant les premières élections libres qui doivent avoir lieu au
cours des six premiers mois de 1990, nombre de Hongrois se montrent encore sceptiques sur l’étendue du
changement.
À l’image de l’insigne sur la casquette des policiers, où un simple emblème tricolore – rouge, blanc, vert, les
couleurs de la Hongrie – a remplacé l’étoile rouge en l’espace d’un week-end, une nouvelle République a
été proclamée lundi 23 octobre à Budapest par un haut dirigeant, M. Matyas Szurös, déjà dignitaire sous
l’ancienne « République populaire », membre du parti communiste de 1951 à octobre 1989 et ambassadeur
au temps de Kadar à Berlin-Est et à Moscou.
Les policiers sont les mêmes, les dirigeants sont les mêmes, mais le pays n’est plus tout à fait le même.
Pour les dizaines de milliers de Hongrois descendus dans la rue en ce trente-troisième anniversaire du
soulèvement de 1956 il y a désormais l’espoir, l’espoir d’une Hongrie « libre, démocratique et
indépendante », celle-là même que réclamaient les insurgés de 1956.
[…] Des deux événements célébrés le 23 octobre sous un soleil estival, la proclamation organisée par le
gouvernement d’une République qui ne se prétend plus « populaire » et la commémoration par l’opposition
– pour la première fois légalement – de l’insurrection de 1956, les Hongrois n’en ont fait qu’un, allant
indifféremment de l’un à l’autre, comme si le premier n’était qu’une conséquence inéluctable et logique du
second.
Midi, place Kossuth : sur la vaste esplanade du Parlement, bâtiment du plus pur style Westminster sur les
bords du Danube, règne une atmosphère très familiale. […] le président du Parlement, M. Szurös, annonce
solennellement, non plus aux « camarades », mais à ses « compatriotes », que « désormais notre État est
la République de Hongrie ».
M. Szurös, chef de l’État par intérim, en vertu de la Constitution récemment amendée, se fait de nouveau
applaudir lorsqu’il parle d’élections libres, siffler quand il évoque « des relations équilibrées avec l’URSS »,
applaudir encore quand il promet les mêmes relations, mais avec les États-Unis. Puis il entonne l’hymne
national et dans la foule, Gyorgy Bötji, un vétérinaire de cinquante-deux ans, essuie furtivement une larme
au coin de l’œil ; « Il y a trente-trois ans exactement, j’étais là, sur cette place, et j’attendais qu’Imre Nagy
prenne la parole au balcon, se souvient-il. J’avais dix-neuf ans, j’étais étudiant, et depuis hier je revis cette
espérance et ma jeunesse. Je suis heureux… Peut-être cette fois-ci y aura-t-il une issue ? Ce n’est pas fini,
mais nous avons de l’espoir, et nous devons en avoir. »
[…] En réalité, les Hongrois ne sont pas dupes, et M. Szurös n’aura sans doute pas pris les
applaudissements pour une acclamation personnelle. Mais ils savent que, depuis plus d’un an, le pouvoir
communiste est pris de vitesse par l’opposition et par la pression réformatrice. Pour se maintenir, il est
contraint d’intégrer une à une les revendications démocratiques, quitte à transformer le Parti communiste
en Parti socialiste (PSH). Les Hongrois savent que si le gouvernement a organisé in extremis cette
proclamation de la IVe République – alors que rien ne l’exigeait –, c’était pour ne pas être en reste et tenter
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de ravir la vedette à l’opposition, qui organisait toutes les commémorations du soulèvement de 1956. Ils
ont, eux aussi, entendu, la semaine dernière à la télévision, un responsable tchécoslovaque affirmer que le
président du PSH, M. Rezsö Nyers, dirige un parti qui n’a plus le pouvoir et ne peut donc prétendre discuter
sur un pied d’égalité avec le chef du PC tchécoslovaque, M. Milos Jakes.
Treize heures, ruelle Corvin, on se presse à nouveau devant le cinéma où des groupes d’insurgés armés
résistèrent jusqu’au bout, durant deux semaines de combats, contre la domination soviétique. […]
La télévision réalise sur place l’interview d’une dame qui, la voix étranglée par l’émotion, raconte qu’elle fut
l’une des dernières, en 1956, à quitter la ruelle où elle soignait les blessés. Cela lui valut six ans de prison
et le harcèlement constant de la police politique. Écœuré, son fils a émigré : « Ce qui me fait le plus de
peine, dit-elle, c’est que mes petits-enfants ne seront pas hongrois. » « Les Russes dehors ! »
Le groupe d’une dizaine de milliers de manifestants se déplace ensuite vers la caserne Kilian, où des
soldats remirent leurs armes aux insurgés. « Nous terminerons la révolution qu’ils ont commencée, lance
un orateur. Sans 1956, le parti-État ne se serait pas converti en un parti réformateur. » La veuve du général
Maleter, ministre de la Défense d’Imre Nagy, exécuté après 1956, fait un récit émouvant de la journée du
23 octobre et dévoile une plaque à la mémoire des soldats. On chante encore l’hymne Dieu bénisse les
Hongrois. […]
Tout le monde s’est retrouvé, plus nombreux qu’à midi, devant le Parlement à 18 heures, à la lueur des
flambeaux. Les mouvements d’opposition n’avaient pas eu droit au balcon, sur lequel ils avaient quand
même accroché la photo d’Imre Nagy. Ils s’étaient donc installés sur les marches, sous la bannière
« Liberté, indépendance ». « Ruszkik, haza » (« Les Russes, dehors ») a scandé la foule.
Émergeant de la manifestation, une pancarte indiquait la direction de Moscou et la distance :
1 545 kilomètres ; au-dessus de cette inscription : « Bon voyage ». […]
Sylvie Kauffmann, Le Monde, 25 octobre 1989, repris sur www.ena.lu
Le 7 décembre 1988, à la tribune de l’ONU, Mikhaïl Gorbatchev fait une déclaration solennelle par laquelle
il se démarque nettement de la « doctrine Brejnev » concernant la « souveraineté partielle des pays
soviétiques ». Il annonce la réduction des forces armées soviétiques en RDA, Hongrie et Tchécoslovaquie.
Il affirme par ailleurs l’universalité du principe de l’autodétermination des peuples. L’URSS renonce donc
ainsi à imposer par la force à d’autres nations sa propre forme de gouvernement.
C’est en Hongrie que débute, en mai 1989, le processus de démantèlement du glacis soviétique. La
démocratie populaire est abolie par le parti communiste qui se transforme en parti socialiste. Cette
« révolution » est marquée dans ce pays par le souvenir de Imre Nagy et de l’insurrection de 1956 : le
contrecoup de la déstalinisation entreprise par Krouchtchev avait suscité en 1956 l’expression d’un
mouvement révisionniste. En octobre, une insurrection, ouvrière et étudiante à l’origine, prit vite des allures
antisoviétiques sous l’influence de milieux favorables à l’ancien régime. Imre Nagy, chef du gouvernement,
autorisa les anciens partis et dénonça le pacte de Varsovie en proclamant la neutralité de la Hongrie. Le
4 novembre, les troupes soviétiques envahirent le pays et Janos Kadar prit la tête d’un gouvernement prorusse. L’insurrection fut écrasée par les troupes soviétiques. La répression fit plus de 20 000 morts, Imre
Nagy fut arrêté et exécuté en 1958.
C’est encore en Hongrie qu’en 1989, pour la première fois, un parti communiste au pouvoir proclame sa
dissolution. Il se présente aux premières élections libres organisées en mars 1990 sous le nom de
« Nouveau parti socialiste hongrois » mais la victoire reviendra au Forum démocratique (centre-droit) de
Jozsef Antall.
En Tchécoslovaquie et en RDA, des manifestations contraignent les communistes à quitter le pouvoir. À
Prague, la « révolution de velours » conduit à la formation d’un gouvernement non communiste. Le
dissident Vaclav Havel devient président de la République. Un mois après la chute du mur, Lech Walesa, le
leader du syndicat Solidarité en Pologne, est élu président de la République polonaise.
En Bulgarie, les communistes qui ont rebaptisé leur parti en parti socialiste, gagnent les élections. Mais les
anciens communistes « gorbatchéviens » conduisent le changement et une nouvelle Constitution est
adoptée en juillet 1991.
En Roumanie, le président Ceausescu est renversé par un putsch, condamné à mort et exécuté avec sa
femme le 25 décembre 1989.
La disparition de la RDA
L’effondrement rapide du régime communiste en Allemagne de l’Est est inattendu.
Alors que le régime se libéralise sous l’impulsion des réformes de Mikhaïl Gorbatchev en URSS et que des
mouvements d’opposition grandissent dans les démocraties populaires, la position du communisme en
RDA apparaît solide. Les dirigeants se refusent à toute évolution. Malgré l’emprise de la police secrète, un
courant de contestation se développe, avec l’appui des Églises protestantes. Parti de Leipzig, un
mouvement de protestation contre le régime policier (les « prières du lundi ») s’étend dans le pays. Au
cours de grandes manifestations, les Allemands de l’Est réclament la démocratisation véritable du régime
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avec comme préalable la liberté d’expression et de réunion. La population manifeste également en faveur
de l’unité allemande.
Gorbatchev incite le gouvernement est-allemand d’Erich Honecker à faire des réformes. Honecker s’y
refuse. Il est remplacé le 18 octobre à la tête du parti communiste par Egon Krenz. Toujours avec l’accord
de Moscou, Hans Modrow, favorable aux réformes, devient chef du gouvernement. Mais les nouveaux
dirigeants sont hués par la foule à Berlin-Est le 4 novembre, ce qui les conduit à provoquer l’ouverture du
mur.
Suite aux manifestations de novembre, les dirigeants est-allemands promettent des élections « libres et
secrètes » (le 10 novembre). Elles se tiennent le 18 mars 1990. Lothar de Maizière, un chrétien-démocrate,
devient chef du gouvernement de la RDA. Il se prononce le 12 avril en faveur d’une Allemagne unie au sein
de l’OTAN et de la Communauté européenne.
Le caricaturiste allemand Hanel montre le naufrage du régime communiste en RDA. Le navire du SED
coule dans un océan de revendications pour plus de liberté (Freie Wahlen, Demokratie…). En effet, ébranlé
par les événements, le SED s’effondre. En décembre 1990, il se transforme en Parti du socialisme
démocratique (Partei des Demokratischen Sozialismus, PDS).
La fin de la tutelle soviétique en Europe
Manifestation indépendantiste à Vilnius en Lituanie, 1er janvier 1990
© LASKI / SIPA.
En URSS, les réformes économiques entreprises par Gorbatchev tournent au chaos. Les nationalismes se
réveillent. Les républiques baltes (l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie) sont les premières à proclamer leur
indépendance (1991). Républiques indépendantes de 1918 à 1940, les pays baltes sont d’abord annexés
par l’Union soviétique, puis occupés par l’Allemagne de 1941 à 1945, avant de devenir républiques
socialistes soviétiques jusqu’à leur nouvelle indépendance en 1991. La politique de glasnost
(« transparence ») de Mikhaïl Gorbatchev permet à partir de 1986 de laisser la parole à des mouvements
contestataires. Ils commencent ainsi par réclamer l’indépendance en contestant la légitimité de la
domination soviétique.
La contestation se manifeste par des manifestations culturelles qui laissent la part belle aux chansons
folkloriques et aux chants religieux, interdits sous le régime soviétique. Le 23 août 1987, des manifestants
dénoncent dans les trois pays le pacte qui les lie à Moscou. Ils sont encore plus nombreux l’année suivante
À la fin de l’été 1989, sur 560 kilomètres (de Tallin à Vilnius), des dizaines de milliers de Baltes forment, en
se tenant par la main, une chaîne de solidarité et de protestation pour dénoncer le pacte germanosoviétique qui prévoyait en 1939 l’annexion des pays baltes à l’URSS.
Dès 1989, l’indépendance économique est déclarée. Les Soviétiques réagissent par un embargo
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économique sur la Lituanie et multiplient les pressions sur les trois pays.
Le 11 mars 1990, le Conseil suprême de la République socialiste de Lituanie déclare son intention de
restaurer l’indépendance du pays. Le 9 janvier 1991, les Soviétiques envoient des troupes armées à
Vilnius. Le 13 janvier, les bâtiments de la radio et de la télévision publiques sont attaqués. Mais la pression
internationale est trop forte et les Soviétiques doivent reculer. En 1991, suite à l’échec d’un putsch mené
par les apparatchiks, le parti communiste est supprimé en URSS et, avec lui, le seul « ciment » qui unissait
les peuples de l’URSS. Le pays sombre dans l’anarchie : les républiques déclarent leur indépendance les
unes après les autres. Les présidents de trois Républiques (Russie, Biélorussie et Ukraine) se rencontrent,
sans Gorbatchev, constatent la fin de l’URSS et signent la création de la CEI (Communauté des États
indépendants). En décembre 1991, l’État fédéral soviétique disparaît. Les instruments d’encadrement du
bloc de l’Est, le CAEM et le pacte de Varsovie disparaissent.
La nouvelle Europe
La fin de la guerre froide modifie l’organisation géopolitique de l’Europe. Outre une recomposition politique,
l’effondrement des régimes communistes conduit à une recomposition territoriale. C’est d’abord une
nouvelle phase de morcellement politique : de nouvelles frontières délimitent de nouveaux États (quinze
depuis 1989). Ce sont aussi, parallèlement à cet éclatement, de plus en plus d’États d’Europe qui
s’unissent. La construction européenne est relancée avec de nouveaux élargissements à l’Est en
particulier, tendant à effacer les frontières. L’Europe est aussi confrontée aux conflits dans les Balkans, qui
montrent aussi que le continent n’est pas à l’abri du retour de la guerre.
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La nouvelle géopolitique européenne
L’Europe après la guerre froide
Source : Histoire TS, Nathan, 2004, p.86.
© NATHAN.
La fin de la guerre froide est marquée par un nouveau morcellement politique de l’Europe, conséquence
d’une résurgence des nationalismes en Europe de l’Est et dans les Balkans. Alors que l’éclatement de l’exYougoslavie a donné naissance à sept nouveaux États dans les Balkans, la Tchécoslovaquie se divisé en
deux (République tchèque et Slovaquie), à la suite d’un référendum. Entre 1990 et 2009, quinze nouveaux
États ont été créés. Cependant, la disparition des démocraties populaires et des instruments
d’encadrement des pays d’Europe de l’Est permet aussi des rapprochements. « L’ère de la confrontation et
de la division en Europe est révolue » proclament les chefs d’États européens dans la Charte de Paris pour
une nouvelle Europe en novembre 1990. Les changements sont marqués par l’élargissement du Conseil de
l’Europe, fondé en 1949 pour défendre le modèle démocratique européen. Entre 1989 et 2002, il accueille
vingt-trois États. La CSCE (Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe) créée à Helsinki en
1975 devient une organisation permanente, qui prend le nom d’OSCE (Organisation pour la sécurité et la
coopération en Europe) en 1995. Elle regroupe les États-Unis, le Canada, tous les États européens et les
cinq républiques d’Asie centrale de l’URSS. Prenant acte d’une volonté commune de régler les différends
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
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par des moyens pacifiques et de l’interdépendance croissante des pays membres, elle affirme sa volonté
d’accroître la stabilité et de bâtir une Europe unie.
Alors que l’Union européenne s’élargit à l’Est, l’OTAN propose en 1994 aux anciens membres du pacte de
Varsovie un « partenariat pour la paix » et intègre la plupart d’entre eux en 1999 (Hongrie, République
tchèque et Pologne) et 2005 (Estonie, Lettonie, Lituanie, Bulgarie, Roumanie, Slovaquie et Slovénie). À la
suite des révolutions de Géorgie (révolution des Roses) et d’Ukraine (révolution orange), ces pays
(anciennes républiques soviétiques), ainsi que la Moldavie, ont manifesté leur volonté d’adhérer à l’Alliance
atlantique, mais leur candidature a été refusée au sommet de Bucarest de 2008, alors que la Croatie et
l’Albanie ont été invitées à la rejoindre d’ici 2009. Malgré la persistance de tensions nationalistes dans les
Balkans et sur les marges orientales de l’Europe, le continent paraît aujourd’hui en voie de stabilisation.
L’Allemagne réunifiée
Le traité de la réunification
Art. 1 : L’Allemagne unie comprendra le territoire de la République fédérale d’Allemagne, de la République
démocratique allemande et de l’ensemble de Berlin.
Les frontières extérieures seront les frontières de la République fédérale d’Allemagne et de la République
allemande et seront définitives à partir de la date d’entrée en vigueur du présent traité […] L’Allemagne unie
et la République de Pologne confirmeront la frontière existante entre elles par un traité ayant force
obligatoire […].
L’Allemagne unie n’a aucune revendication territoriale quelle qu’elle soit envers d’autres États et n’en
formulera pas à l’avenir […]
Art. 5 : […] Après l’achèvement du retrait des forces armées soviétiques, des unités des forces armées
allemandes affectées aux structures d’alliance […] pourront également stationner sur le territoire de
l’actuelle RDA, bien que sans vecteurs d’armes nucléaires. […] Des forces armées et des armes nucléaires
ou des vecteurs d’armes nucléaires étrangers ne seront pas stationnés dans cette partie de l’Allemagne et
n’y seront pas déployés.
Art. 6. Le droit de l’Allemagne unie d’appartenir à des alliances, avec tous les droits et obligations qui en
découlent, n’est pas affecté par le présent traité.
Art. 7 : Les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’URSS mettent fin par le présent traité à leurs droits et
responsabilités relatifs à Berlin et à l’Allemagne dans son ensemble. L’Allemagne unie jouira, en
conséquence, de la pleine souveraineté sur ses affaires intérieures et extérieures.
Source : www.ena.lu Traité 2+4 du 12 septembre 1990
En janvier 1989, Erich Honecker affirme que « le mur sera encore là dans cinquante et même aussi dans
cent ans, si les raisons de son existence n’ont pas encore été dépassées ». À cette date, seuls 3 % des
Allemands de l’Ouest croient que la réunification de l’Allemagne se fera de leur vivant. La chute du mur de
Berlin accélère le cours de l’Histoire et annonce la réunification de l’Allemagne, ce qui est chose faite un an
après. Dès l’ouverture du mur, le chancelier ouest-allemand Kohl propose le 28 novembre un plan en dix
points pour la réunification. Le 5 mai 1990 s’ouvre une conférence réunissant les quatre vainqueurs de la
Seconde Guerre mondiale et les deux Allemagne. Le 1er juillet 1990, l’Union monétaire RFA/RDA est mise
en place. La conférence entérine la réunification à condition que la frontière germano-polonaise soit
garantie par un traité. Suite aux accords Gorbatchev/Kohl, l’URSS accepte l’appartenance de l’Allemagne
réunifiée à l’OTAN. La réunification de la République fédérale d’Allemagne est officielle le 3 octobre 1990.
Les députés décident le transfert de Bonn à Berlin du gouvernement et du Bundestag. Berlin redevient la
capitale de l’Allemagne réunifiée. La réunification transforme l’ex-RDA en cinq Länder dont la mise à niveau
économique est difficile. Des aides publiques massives sont dégagées car la plupart des grandes
entreprises d’État ne survivent pas au passage immédiat à l’économie de marché.
La transformation de l’Europe de l’Est
Statistiques sur l’évolution socioéconomique de l’Europe de l’Est
a. Disparités salariales en 2006
Coût horaire de la main-d’œuvre (coûts annuels divisés par le nombre d’heures travaillées durant l’année
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
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© EUROSTAT.
b. PIB par habitant 2007
PIB par habitant en standard de pouvoir d’achat en 2007
© EUROSTAT.
c. Niveau d’accès à Internet par ménage (2008)
Pourcentage des ménages ayant accès à Internet à domicile en 2007
© EUROSTAT.
Après la chute du mur, les pays de l’Est connaissent une double transition : transition démocratique et
transition capitaliste.
L’effondrement des démocraties populaires se traduit d’abord par l’instauration du multipartisme en Europe
de l’Est. Le Tchèque Vaclav Havel et le Polonais Lech Walesa, figures de l’opposition au communisme,
sont élus à la présidence de leurs États respectifs. Dans la plupart des pays, les communistes passent
dans l’opposition.
Toutes les ex-démocraties populaires connaissent l’expérience inédite du passage du socialisme au
capitalisme. Ce passage se fait avec l’aide des pays occidentaux, par l’intermédiaire du programme PHARE
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(Programme d’assistance à la restructuration économique) financé par l’OCDE et par la BERD (Banque
européenne pour la reconstruction et le développement). La transition est souvent brutale. La disparition du
COMECON prive les industries socialistes de débouchés assurés. Les productions s’effondrent, le
chômage augmente et les inégalités sociales s’accroissent. Cependant, l’économie repart progressivement
avec l’ouverture aux investissements étrangers. L’Europe de l’Est bénéficie des délocalisations de maind’œuvre des producteurs occidentaux du fait du faible coût du travail. Les pays qui ont adhéré à l’UE ont
convergé plus vite vers l’économie de marché que les autres. Les anciennes démocraties populaires ont
suivi un modèle de transition libéral-étatiste où l’État a été l’artisan de la mutation vers l’économie de
marché. L’État, dont l’autorité a été préservée, a imposé une discipline en faveur de la stabilisation, des
restructurations et de l’assainissement du système bancaire et financier.
Toutefois, les anciennes démocraties populaires gardent un important retard économique sur l’Ouest,
comme en atteste le PIB par habitant et le taux d’équipement d’accès à Internet, même si, sur ce point, les
pays baltes font mieux que la France.
La nouvelle place de l’Allemagne en Europe
L’Allemagne en Europe
Source : Boris Grésillon. L’Allemagne, vingt ans après. La Documentation photographique n° 8070.
© La Documentation française.
Avec la réunification, intervenue en 1990, l’Allemagne se situe aujourd’hui au cœur d’une Europe en plein
changement. Les pays d’Europe de l’Est, économiquement « en retard » sur l’Ouest, ont été intégrés au
début des années 2000 dans l’Union européenne et l’Allemagne s’oriente largement vers l’Europe centrale
et orientale.
Son rayonnement est d’abord économique : aux premiers rangs mondiaux pour le commerce extérieur,
l’Allemagne ancre sa puissance économique en Europe, qui polarise 75 % de ses échanges. Si la France
reste son premier partenaire commercial, elle est devenue le principal partenaire des anciennes
démocraties populaires. Les investissements allemands cumulés dans cette partie de l’Europe sont quatre
fois supérieurs à ceux de la France. L’Allemagne y procède à l’implantation d’entreprises industrielles et de
services et y rachète des entreprises.
Ces investissements s’accompagnent d’une politique d’implantation culturelle. L’Allemagne a fermé des
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instituts Goethe en France et en Amérique latine pour pouvoir en ouvrir en Europe centrale et orientale
(aujourd’hui une soixantaine d’instituts en Europe). Les dirigeants allemands ont aujourd’hui tendance à
favoriser des mouvements de réimplantation partout où il y avait une présence allemande avant 1945.
L’éclatement de la Yougoslavie
Les nations en Yougoslavie au début des années 1990
Source : Géographie Première L-ES-S, Belin, 2007.
© BELIN.
L’effondrement du bloc communiste provoque une explosion des nationalismes à l’Est, aux conséquences
parfois dramatiques – comme c’est le cas dans les Balkans marqués par l’éclatement de la Yougoslavie.
La Yougoslavie est créée au lendemain de la Première Guerre mondiale, issue de la décomposition des
empires ottomans et austro-hongrois. Entre les deux guerres mondiales, des tensions entre Serbes et
Croates provoquent de nombreux conflits internes. La Yougoslavie est démantelée en 1941 par l’Allemagne
nazie. Elle renaît en 1945, dirigée par le communiste Tito, sur la base de l’égalité entre les différentes
nationalités. Après la mort de Tito en 1980, la Yougoslavie devient vite ingouvernable. Chacune des nations
demande plus d’autonomie et, en 1990, la Serbie veut transformer la Yougoslavie en une confédération. En
1991, la Croatie et la Slovénie proclament leur indépendance, inaugurant le processus d’éclatement. Ils
sont bientôt suivis de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine. Les Serbes de Croatie et de Bosnie, qui
souhaitent constituer une grande Serbie, boycottent la consultation et font appel au Gouvernement de
Belgrade. En avril 1992, la guerre commence entre les Croates et les Serbes. Elle est marquée par des
massacres de masse de Croates et de Musulmans, perpétrés par les Serbes qui mènent une politique de
« purification ethnique ».
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
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La crise yougoslave met en difficulté les pays de l’Union européenne qui peinent à trouver une politique
extérieure commune. L’Union européenne reconnaît néanmoins l’indépendance de la Slovénie et de la
Croatie en 1992. C’est l’OTAN qui intervient en Bosnie-Herzégovine. Cette intervention conduit en 1995
aux accords de Dayton (États-Unis) qui reconnaissent en Bosnie deux territoires à base ethnique : la
Fédération de Bosnie-Herzégovine et la République serbe de Bosnie. La sécurité est assurée par une force
militaire de l’Union européenne : l’EUROFOR. En 1998-1999, une crise touche la province serbe du Kosovo
peuplée en majorité d’Albanais musulmans qui veulent leur indépendance. La province passe sous tutelle
des Nations unies. L’indépendance y est proclamée en 2008. En juin 2006, la république du Monténégro
est devenue elle aussi indépendante à l’issue d’un référendum.
L’élargissement de l’Union européenne
Les limites de l’élargissement
© Patrick Chappatte / Globe Cartoon 2004.
http://www.globecartoon.com/dessin
En intégrant l’Union européenne en 2004 et 2007, les pays d’Europe de l’Est réaffirment leur identité
européenne. D’autres pays se déclarent candidat aux marges orientales de l’Europe : l’Ukraine et la
Moldavie, qui veulent aussi rejoindre l’OTAN.
L’élargissement de l’Union européenne pose toutefois la question du respect des pratiques démocratiques.
Les négociations d’adhésion avec la Croatie sont difficiles du fait de son insuffisante coopération avec le
Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.
Les pays européens membres de la CEI restent sous l’influence russe sur le plan culturel et économique
(énergie). La demande formulée par l’Ukraine de rejoindre l’Union européenne pose la question de
l’élargissement (où s’arrête l’Europe ?) Mais aussi de la volonté d’influence de la Russie, qui n’a pas
renoncé à jouer un rôle en Europe. Les relations de plus en plus étroites développées entre l’Union
européenne et l’Ukraine ne s’arrêtent pas à la coopération mais visent également à intégrer
progressivement l’économie du pays et à renforcer la coopération politique. L’Ukraine est aujourd’hui un
pays partenaire prioritaire de la politique européenne de voisinage (PEV). Un plan d’action Union
européenne-Ukraine a été adopté lors du Conseil de coopération en février 2005. En 2007 ont démarré des
négociations en vue d’un nouvel accord renforcé avec l’Ukraine, qui succédera à l’accord de partenariat et
de coopération. Des négociations concernant la mise en place d’une zone de libre-échange, qui sera une
partie intégrante de l’accord, ont été lancées en février 2008, en vue de l’entrée de l’Ukraine à
l’Organisation mondiale du commerce en mai 2008.
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
29
Enseigner la guerre froide
Au collège
Le thème dans les programmes
• Troisième
B. Élaboration et organisation du monde d’aujourd’hui
2. De la guerre froide au monde d’aujourd’hui (relations Est-Ouest, décolonisation, éclatement du monde
communiste)
Documents
o
Extraits de la doctrine Truman et de la doctrine Jdanov
o
Discours de J.-F. Kennedy devant le mur de Berlin : « Ich bin ein Berliner »
(23 juin1963)
o
Un témoignage sur la décolonisation
Pistes de travail
• Histoire niveau Troisième
Thème 1 : La guerre froide, les relations Est-Ouest
Objectifs : L’Europe divisée en deux camps et monde bipolaire. Berlin et l’Allemagne au cœur de la guerre
froide. La notion de « guerre froide ».
Mots-clés (à utiliser dans les réponses) : rideau de fer, OTAN, pacte de Varsovie, CAEM, démocratie
populaire, Est, Ouest.
Document : L’Europe de la guerre froide (carte)
De 1947 à 1989, le monde est divisé, marqué par l’affrontement Est-Ouest. Les deux grands vainqueurs de
la Seconde Guerre mondiale regroupent autour d’eux, au sein d’organisations, des pays qui partagent leurs
conceptions politiques.
Comment la carte de l’Europe rend-elle compte de cette division ?
Pourquoi peut-on dire que l’Europe est au cœur de la guerre froide ?
Quelle est la situation de l’Allemagne ?
L’affrontement Est-Ouest est d’abord un affrontement idéologique qui oppose deux types de régimes
politiques, deux conceptions de la société : la société libérale – dont le modèle est américain (les ÉtatsUnis) – et la société socialiste (communiste) – dont le modèle est l’URSS. Cet affrontement se caractérise
par l’utilisation de symboles, à l’Est et à l’Ouest.
Document : Les drapeaux et symboles des deux Allemagne
Document : Timbre est-allemand célébrant les 20 ans du pacte de Varsovie en 1975
Quels sont les symboles qui apparaissent dans ces documents ? En quoi sont-ils représentatifs de
l’idéologie communiste de cette période de l’histoire ?
Document : Extraits de la constitution tchécoslovaque (1960) et de la constitution de la RDA (1949)
Relevez dans ces extraits les termes qui caractérisent ces régimes politiques et qui se rapportent à la
propagande visuelle des documents précédents.
Document : Le mur de Berlin
Le mur de Berlin est construit en 1961.
En partant de la situation de Berlin (carte « L’Europe de la guerre froide ») et de la première crise de Berlin,
expliquez les raisons de l’édification du mur.
Pourquoi le mur de Berlin est-il devenu le symbole de la guerre froide ?
Thème 2 : L’éclatement du monde communiste et ses conséquences
Objectifs : L’effondrement rapide du bloc de l’Est. L’évolution de l’Europe après le communisme.
Mots clés (à utiliser dans les réponses) : blocs, libertés, libéralisation, indépendance, Union européenne,
OTAN.
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
30
Document : Le mur est ouvert
Pourquoi date-t-on la « chute du mur de Berlin » du 9 novembre 1989 ?
Pourquoi cette « chute du mur de Berlin » marque-t-elle la fin de la guerre froide ?
Document : Manifestation pour la démocratie et la liberté à Berlin-Est, 4 novembre 1989
Document : Manifestation indépendantiste à Vilnius en Lituanie, 1er janvier 1990
Qu’est-ce qui a conduit à l’effondrement des régimes communistes à l’Est et à la fin du contrôle soviétique
sur ces États ?
Document : L’Europe après la guerre froide
Quels changements peut-on observer en comparant avec la première carte (« L’Europe de la guerre
froide ») ?
Au lycée
Le thème dans les programmes
• Terminale L-ES (BO Hors série n° 7 du 3 octobre 2002)
I - Le monde de 1945 à nos jours
2 - Les grands modèles idéologiques et la confrontation Est-Ouest jusqu’aux années 1970
On étudie les traits majeurs des modèles soviétique et américain, en se centrant sur les années 1950-1960,
ainsi que les lignes de force de la politique internationale de 1945 aux années 1970, moment où la détente
crée un certain équilibre international.
II - L’Europe de 1945 à nos jours (10 h)
1 - L’Europe de l’Ouest en construction jusqu’à la fin des années 1980
La construction européenne procède de plusieurs facteurs :
– un idéal qui associe rejet des « guerres civiles » européennes,
– la recherche d’un modèle,
– une réaction à la menace soviétique,
– une volonté d’utilisation de la puissance de la Communauté au service des politiques nationales.
Elle se traduit par la mise en place d’une politique d’intégration et de convergence.
2 - Le temps des démocraties populaires (1948-1989)
L’étude de la mise en place de l’ordre stalinien permet de montrer la dépendance de ces pays envers
l’URSS. Les révoltes des années 1950 et les stratégies réformistes font apparaître une différenciation
marquée entre les pays. L’entrée en jeu progressive des sociétés civiles est mise en valeur pour rendre
compte de la disparition des démocraties populaires.
3 - Les enjeux européens depuis 1989
L’implosion de la zone d’influence soviétique ouvre la voie à l’élargissement de l’Union européenne à l’Est,
posant avec acuité la question de l’approfondissement.
Les transferts progressifs de souveraineté invitent les Européens à s’interroger sur le rapport entre les
États-nations et l’Union. Les conflits dans les Balkans montrent que le continent européen n’est pas à l’abri
du retour de la guerre ; ils soulignent la difficulté de l’Union à mettre en œuvre une politique extérieure
commune.
• Terminale STG (BOEN n° 36 du 5 octobre 2006)
I - Les relations internationales
A - Question obligatoire : Le jeu des puissances dans un espace mondialisé de 1945 à nos jours
On étudie trois moments de l’histoire des relations internationales :
– 1947-1949 : la coupure du monde, symbolisée par la création des deux Allemagne, se cristallise dans la
guerre froide ;
– 1989-1991 : l’effondrement du mur de Berlin et l’éclatement de l’URSS encouragent les aspirations à la
démocratie ; ils favorisent en Europe un réveil des nationalismes qui bouleverse la carte de l’Europe ;
parallèlement s’affirment de nouvelles idéologies ;
– le début du XXIe siècle voit l’émergence de nouveaux rapports de force. On axe l’étude sur la
superpuissance des États-Unis, la construction européenne et la montée en puissance de la Chine.
• Terminale ST2S (BOEN n° 31 du 6 septembre 2007)
II. L’Europe de 1946 à nos jours
A. Question obligatoire : L’Europe : un espace en recomposition
On aborde successivement trois phases :
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
31
– au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe est divisée. Elle est traversée par un conflit d’une
nouvelle nature : la guerre froide ;
– sa partie Est se trouve sous la domination soviétique. Se fondant sur un projet de paix, l’Europe de
l’Ouest s’unit et tente de devenir un acteur international. Elle le fait au moyen d’une construction politique
évolutive ;
– l’effondrement du bloc de l’Est met fin à cette partition qui semblait acquise et pose la question de la
nature et de la recomposition de l’Europe. De nouvelles frontières délimitent de nouveaux États.
B. Sujet d’étude au choix : Berlin : une ville dans l’Histoire, de 1945 à nos jours.
Pistes de travail
• Histoire Terminale
Étude de cas : L’Allemagne au cœur de la guerre froide
À partir de l’évolution de l’Allemagne présentée dans un dossier documentaire, on posera les enjeux de la
guerre froide en Europe afin de les contextualiser dans l’affrontement Est-Ouest.
Le travail proposé consiste à faire une analyse croisée des documents du dossier en classant dans un
tableau les informations prélevées selon les trois thématiques proposées (un exemple est donné sur le
drapeau allemand).
Documents
retenus
L’Allemagne et la
coupure Est-Ouest
L’Allemagne de l’Est :
une démocratie
populaire
L’Allemagne
réunifiée et
émancipée
Deux drapeaux pour
deux États allemands,
Symbole : marteau,
compas, épis de blé – la
Les couleurs du
drapeau. Le drapeau
Winston Churchill,
« Le nerf de la
paix », discours
prononcé à Fulton,
5 mars 1946
Berlinois guettant
l’arrivée d’un
avion-cargo
ravitailleur
pendant le blocus
soviétique de la
ville en 1948-1949
L’Europe de la
guerre froide
Extraits de la
constitution de la
RDA (1949)
Timbre estallemand
célébrant les 20
ans du pacte de
Varsovie en 1975
Les drapeaux et
symboles des
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
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deux Allemagne
RFA et RDA
RDA « patrie des
ouvriers et des paysans
»
de la RFA, drapeau
de l’Allemagne
réunifiée.
Affiche d’André
Fougeron, 1948
Le mur de Berlin
Chronologie de la
construction
européenne dans
la guerre froide
La doctrine
Brejnev (1968)
Le Palais de la
République à
Berlin-Est
Manifestation pour
la démocratie et la
liberté à BerlinEst, 4 novembre
1989
Le mur est ouvert
L’Europe après la
guerre froide
Le traité de la
réunification
L’Allemagne en
Europe
Contextualisation
En reprenant les informations précédentes, donnez une réponse argumentée en quelques lignes aux
questions suivantes :
o
Comment caractériser la bipolarisation du monde de 1947 à 1989 ?
o
Comment les deux blocs s’affrontent-ils ?
o
Quelles sont les conséquences de la « chute du mur de Berlin » ?
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
33
En section européenne (allemand)
Présentation des sections européennes ou de langues orientales
Les sections européennes ou de langues orientales ont été créées en 1992 dans les collèges et les lycées
généraux et technologiques, puis étendues en 2001 aux lycées professionnels.
Ces sections ont pour objectif de favoriser l’ouverture européenne et internationale des établissements
scolaires français du second degré.
Enseignement
Les sections européennes ou de langues orientales proposent à des élèves motivés par l’apprentissage
des langues vivantes un enseignement fondé sur les axes suivants :
– l’apprentissage renforcé d’une langue vivante étrangère au collège,
– l’enseignement en langue étrangère d’une discipline non linguistique,
– la connaissance approfondie de la culture du pays de la section.
Source : Éduscol
Organisation de l’enseignement
Ouverture
Les sections européennes ou de langues orientales sont ouvertes à partir de la classe de quatrième (plus
exceptionnellement en sixième).
Enseignement renforcé
L’horaire d’enseignement linguistique est renforcé, au cours des deux premières années (classes de
quatrième et troisième), d’au moins deux heures hebdomadaires dans la langue de la section.
Disciplines non linguistiques
À partir de la troisième année (classe de seconde), l’enseignement de tout ou partie du programme d’une
ou plusieurs disciplines non linguistiques est dispensé dans la langue de la section. Cette discipline non
linguistique (DNL) peut être, au choix de l’établissement, histoire-géographie, sciences de la vie et de la
Terre, mathématiques, etc.
Activités culturelles et échanges
Dans le cadre du projet d’établissement, des activités culturelles et d’échanges sont organisées, visant à
faire acquérir aux élèves une connaissance approfondie de la civilisation du ou des pays où est parlée la
langue de la section.
Direction générale de l’Enseignement scolaire - Publié le 18 juillet 2008
© Ministère de l’Éducation nationale.
Pistes de travail (PDF à télécharger)
o
Le blocus de Berlin
o
La naissance des deux Allemagne, mai-sept. 1949
Documents PDF téléchargeables à venir
En histoire des arts
Le thème dans les programmes
Réf. Organisation de l’enseignement de l’Histoire des Arts (École collège lycée), Encart, BOEN n° 32 du 28
août 2008.
• Collège
Thématique « Arts, États et pouvoir »
Cette thématique permet d’aborder, dans une perspective politique et sociale, le rapport que les œuvres
d’art entretiennent avec le pouvoir.
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
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Pistes d’étude
o
L’œuvre d’art et le pouvoir : représentation et mise en scène du pouvoir (propagande) ou
œuvres conçues en opposition au pouvoir (œuvre engagée, contestatrice, etc.).
o
L’œuvre d’art et l’État : les mythes et récits de fondation (Romulus et Remus, etc.) ; le thème
du Héros, de la Nation ; les œuvres, vecteurs d’unification et d’identification d’une nation
(emblèmes, codes symboliques, hymnes, etc.).
o
L’œuvre d’art et la mémoire : mémoire de l’individu (autobiographies, témoignages, etc.),
inscription dans l’histoire collective (témoignages, récits, etc.).
Repères : Héros, nation. Mémoire. Propagande, rhétorique. Mécénat. Art officiel, engagé, etc.
• Lycée
Thématique « Arts et idéologies »
Cette thématique invite à interroger l’œuvre d’art comme lieu d’expression d’un pouvoir ou d’un contrepouvoir et ouvre à l’étude des langages, des significations et des messages
politiques.
Pistes d’étude
o
L’art et les formes d’expression du pouvoir : l’art au service de l’identité nationale (hymnes
patriotiques, architectures civile et militaire, récits d’écrivains engagés) et du discours
dominant (exaltation, slogans, pompe, cérémonies officielles ; trucages, maquillages,
mensonges, effacements, etc.) ; les lieux de pouvoir ; les langages symboliques (emblèmes,
allégories, etc.).
o
L’art et les stratégies de domination du pouvoir : l’art régalien (monarchie, empire), l’art
totalitaire (soviétique, nazi). Les actes de classification (l’art « dégénéré »), de censure (mises
à l’index, liste noire, « enfer de la Bibliothèque nationale ») et de destruction (autodafés), etc.
o
L’art et la contestation sociale et culturelle : formes (placards, satires, caricatures, pamphlets,
manifestes, docu-fiction, chansons engagées, tags, graffs, etc.) ; tactiques (signification
oblique, codée, cryptée, ironique, satirique, comique, etc.) ; postures (critique, ironie,
propagande, etc.).
Repères : Message, propagande. Engagement. Doctrine, système. Censure. Symboles,
langages, discours, tactiques, etc.
Thématique « Arts, mémoires, témoignages, engagements »
Cette thématique invite à souligner les rapports entre l’art et la mémoire. Elle invite à explorer l’œuvre d’art
comme recueil de l’expérience humaine et acte de témoignage.
Pistes d’étude
o
L’art et l’histoire : l’œuvre document historiographique, preuve, narration (peinture, sculpture,
cinéma, théâtre d’histoire, littérature de témoignage, musique de circonstance…). Les figures
d’artistes témoins et engagés (œuvres, destins).
o
L’art et la commémoration : hommage à un grand homme, un héros, un groupe (portraits
cinématographiques, littéraires, théâtraux ; hymnes, requiem, dédicaces), une cause, un
événement. Les genres commémoratifs (éloge, oraison, discours, fête commémorative,
panégyrique, monument aux morts, tombeau, etc.) et les lieux de conservation (mémorial,
musée, etc.).
o
L’art et la violence : expression de l’horreur, acte de témoignage (récits de rescapés des
camps, textes, films, peintures, musiques, consacrés au souvenir personnel et/ou collectif
d’événements dramatiques).
Repères : Mémoires, souvenirs. Hommages, oublis, effacements, réhabilitations. Prises de
position, expression publique. Catharsis, violence, etc.
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Pistes de travail
Dans le cadre du cours d’histoire, on pourra conduire un travail sur le thème « Les artistes et la guerre
froide », avec trois axes de travail :
1. L’art, vitrine du socialisme
Documents
o
Timbre soviétique commémorant le 30e anniversaire du COMECON (26 juin 1979)
o
Timbre est-allemand célébrant les 20 ans du pacte de Varsovie en 1975
o
Le Palais de la Culture et de la Science à Varsovie
o
Le Palais de la République à Berlin-Est
À partir de ces exemples, justifiez l’expression : « L’art vitrine du socialisme dans les pays de l’Est ».
2. L’artiste au service d’une idéologie
Document
o
André Fougeron : Hommage à André Houiller
À l’Est, la production artistique de la période de la guerre froide est dominée par le réalisme
socialiste. Il s’agit, selon les statuts de l’Union des écrivains soviétiques de 1934, d’exiger
« de l’artiste une représentation véridique, historiquement concrète, de la réalité dans son
développement révolutionnaire ». L’art devant, « par le caractère historiquement concret et
véridique de sa représentation de la réalité, contribuer à la transformation idéologique et à
l’éducation des travailleurs dans l’esprit du socialisme ». L’art doit décrire l’homme dans son
travail et son combat social. L’art est donc avant tout un instrument d’éducation et de
propagande, fondé sur une représentation de la réalité qui se veut la plus fidèle possible. Le
réalisme socialiste s’oppose catégoriquement au « formalisme ».
Montrez, à travers les deux exemples retenus, ce qui les rapproche du réalisme socialiste, par les sujets
choisis et le style d’exécution.
Le réalisme socialiste est une réaction contre l’abstraction que développent les artistes de l’Ouest. Dans les
années 1950, au cœur de la guerre froide, New York est le centre de l’art contemporain et des artistes
expressionnistes abstraits comme Pollock, Kline, de Kooning, Motherwell, Rothko, Newman, y incarnent
l’avant-garde, la liberté créatrice et l’engagement individuel. Le montage d’expositions de peinture
américaine par le Museum of Modern Art (MOMA) en Europe de l’Ouest est un moyen d’exporter un
modèle américain outre-Atlantique. Les critères de l’art américain deviennent ceux du monde de l’art en
général et sont un moyen d’affirmer la suprématie américaine (selon Serge Guilbaut, Comment New York
vola l’idée d’art moderne. Expressionnisme abstrait, liberté et guerre froide, 2006).
Un exemple
o
Jackson Pollock au travail dans son atelier (www.tate.org.uk)
3. L’art pour dénoncer l’adversaire
Document
o
Affiche André Fougeron, 1948
Quel est le message que le parti communiste, commanditaire de l’affiche, veut faire passer ? Quels sont les
procédés graphiques utilisés par André Fougeron pour faire passer ce message ?
L’affiche de propagande est un outil privilégié dans la guerre psychologique qu’est la guerre froide. C’est
aussi le cas de la bande dessinée, en particulier aux Etats-Unis, avec la mobilisation des super-héros, dont
le célèbre Captain America, qui apparaissent au début de la Seconde Guerre mondiale et se développent
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
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pendant la guerre froide. Leurs histoires seront même portées au cinéma dans les années 1990-2000.
Quelques couvertures de « comics books » à l’époque de la guerre froide : http://comiccoverage.typepad.com/.
Ressources
Livres
o
BONIFACE Pascal, Atlas des relations internationales, Hatier, 2003.
o
CORDELLIER S. (dir.), Dictionnaire historique et géopolitique du XXe siècle, La Découverte,
2002.
o
GAILLARD Jean-Michel et ROWLEY Antony, Histoire du continent européen, 1850-2000,
Seuil, « Points Histoire », 2001.
o
GROSSER Pierre, La Guerre froide, Documentation photographique, n° 8055, 2007.
o
VAISSE Maurice (dir.), Dictionnaire des relations internationales au XXe siècle, A. Colin,
2000.
o
PRIGENT M.-A. et NAIGEON M., L’Europe de l’Est depuis 1945, PUF, « Major bac », 1997.
o
SOUTOU Georges-Henri : La Guerre de cinquante ans. Les relations Est-Ouest, 1943-1990,
Fayard, 2001.
o
« Les 20 ans de la chute du mur de Berlin », dossier Éducasources qui recense les
ressources numériques sur le sujet : http://educasources.education.fr
o
« Chute du mur. 1989 : un événement planétaire ? », sur le site de Sciences-Po, avec une
bibliographie : http://chutedumur.sciences-po.fr
o
« Cold War International History Project » : www.wilsoncenter.org
De nombreux documents inédits.
Sites
Productions SCÉRÉN / CNDP
o
Aujourd'hui l'Allemagne, collection « Questions ouvertes », CRDP de Montpellier, 2009. Un
éclairage actualisé sur l’Allemagne.
o
o
L'Union européenne à l'heure de l'élargissement, collection « 99 questions sur », CRDP du
Languedoc-Roussillon, 2007. Envisagée il y a une cinquantaine d'années, la construction
européenne s'est accélérée à la fin du XXe siècle. Cette mutation permanente justifie la 5e
édition de ce « 99 questions sur », destinée à familiariser chacun avec une réalité essentielle.
Les relations internationales de 1945 à 1989, Collection « 99 questions sur… », CRDP de
Montpellier, 2006.
o
Terres en limite : Berlin le mur dans la tête, Collection « Galilée », CNDP, 2001. Ce numéro
de « Terres en limites » évoque, à travers des interviews et des images d'archives, les
changements psychologiques et économiques liés à la disparition du mur.
© SCÉRÉN-CNDP, 2009
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