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Guy TROLLIET
– CERA – 25 mai 2012 Page
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toutes mes études au Liban dans une congrégation religieuse, chez les Frères des Ecoles
Chrétiennes. La confession y était obligatoire une fois par semaine. Vers 12 ou 13 ans, je devais
être en 5°, je me souviens d’un jour où après avoir cherché des idées de péchés avec les copains,
comme à chaque fois, je m’agenouille devant le prêtre pour lui confier 2 ou 3 inepties. Après un
moment de silence, il se retourne vers moi et me dit « Toi mon fils, tu es un mécréant ! Comment
peux-tu avoir fait une chose pareille. Tu n’es pas un vrai chrétien. » Douche froide ! Je me suis
senti porté sur l’autel du sacrifice d’Abraham. Je suis sorti tremblant de la confession en me disant
que quelque chose n’allait pas. On nous disait qu’il y avait 3 religions, le judaïsme, l’islam et le
christianisme. Comment se faisait-il que le dieu commun à ces 3 religions laisse dire « œil pour
œil, dent pour dent », « les conquêtes se sont faites au fil de l’épée », et que le représentant de la
dernière qui affirme que « Dieu est amour » me traite ainsi ? J’en déduisis que Dieu – ou bien les
hommes – étaient fous. A partir de ce moment, je me suis dit que les religions étaient une affaire
d’hommes et je suis devenu agnostique. Compte-tenu que l’agnostique est celui qui ne sait pas,
contrairement à l’athée qui est celui qui ne croit pas ou qui nie l’existence de Dieu. Je suis donc
parfaitement à l’aise pour parler de toutes les religions, et de l’islam en particulier, dans son
rapport avec la laïcité.
En préambule, je voudrais faire état de quelques remarques avant de tenter de répondre à la
question de savoir s’il faut craindre l’islam ? Il me semble nécessaire de savoir pour comprendre,
et de comprendre pour être pertinent. Les choses sont compliquées, et c’est cette complexité que
je voudrais éclaircir pour vous. Par exemple, dire aux chrétiens d’Orient qui subissent des attaques
criminelles et répétées que l’islam est une religion d’amour et de tolérance serait une insulte à leur
souffrance. Mais il serait totalement injuste d’affirmer le contraire vis-à-vis des musulmans qui
n’ont rien à voir avec cette violence au nom de laquelle d’autres musulmans agissent.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, je vous propose de formuler le thème qui nous occupe
aujourd’hui en d’autres termes comme « L’islam est-il une menace ? » Une menace s’incarnant
par tout élément qui, par son évolution récente, actuelle ou prévisible, seul ou combiné, peut
directement ou indirectement porter atteinte à l’intégrité du territoire national, à la vie, la santé ou la
cohésion de la population, ou au bon fonctionnement des institutions. Cette définition est un guide
pour nous aider à réfléchir.
En octobre 2001, juste après les attentats, le journal Le Monde titrait « L’islam apaisé des
musulmans de France ». En septembre 2003, on lisait dans L’Express « La laïcité face à l’islam –
ce qu’il ne faut plus accepter ». J’avais moi-même fait paraître dans la foulée des attentats de
2001 une tribune dont l’intitulé était « L’islam, tout a été dit, l’essentiel reste à faire » dans La Lettre
des Auditeurs de l’IHEDN de Paris (l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale). Ce qui
prouve que le problème existe depuis un certain temps sans que l’on parvienne à progresser.
Cette problématique existe en France bien sûr, mais également aux Etats-Unis et au Québec.
Dans ce dernier pays, la laïcité étant un sujet aussi institutionnel que pratique, une question
importante est débattue actuellement concernant le hallal. En Espagne, le conseil constitutionnel a