Les cancers du sein « triple négatif » Marc Espie Les cancers du sein « triple négatif » Marc Espié QCM Pre test A : les cancers triples négatifs répondent bien au trastuzumab B : les cancers triples négatifs représentent 30% des cancers du sein C : les cancers triples négatifs donnent des opacités mammographiques spiculées D : Ils sont plus fréquents en cas de mutation BRCA1 Par définition ce seront donc des cancers n’exprimant ni les récepteurs des estrogènes, ni les récepteurs de la progestérone et n’exprimant pas HER2. Ils représentent 12 à 17% des cancers du sein. Il existe un recoupement avec les cancers basaux (basal like, basaloïdes…) : qui expriment des gènes identiques à ceux retrouvés au niveau de la couche basale, myoépithéliale du sein normal. 80% des tumeurs triples négatives sont basaloïdes. 18 à 40% des tumeurs basaloïdes ne sont pas triples négatives (20% RH+ ou HER2+) Une partie des cancers triple négatifs sont des « claudin low » probablement issues des cellules souches. Il faut noter qu’il existe des cancers triples négatifs qui expriment les récepteurs des androgènes. Données épidémiologiques: Aux USA on observe une plus grande fréquence des cancers triple négatifs chez les jeunes femmes pré-ménopausées noires (risque X 3 par rapport aux blanches) ou « hispaniques ». Les femmes atteintes semblent avoir : des premières règles plus précoces, un IMC plus élevé en pré-ménopause, de plus nombreux enfants, un allaitement de plus courte durée, une augmentation du périmètre abdominal. 75% des femmes BRCA1 mutées ont des tumeurs triples négatives ou basaloïdes Données cliniques et anatomopathologiques, histoire naturelle : 1/3 Ce sont souvent des tumeurs plus volumineuses, de grade 3, avec de fréquentes mitoses, on observe fréquemment un infiltrat lymphocytaire, des zone de nécrose et de fibrose, des zones avec une métaplasie et un moindre envahissement ganglionnaire, l’essaimage métastatique se faisant préférentiellement par voie hématologique. An niveau de ces cancers on observe souvent une expression des cytokératines 5, 14, 17 et de l’EGFR, ils sont CD 44+, CD 24 –. Il existe une amplification de la cycline D1, la P53 est très fréquemment mutée. Ce sont des tumeurs aneuploïdes. Ce sont des cancers à croissance rapide, des cancers de l’intervalle. Les rechutes locales sont plus fréquentes (basaloïdes) de même que les métastases cérébrales et pulmonaires. Ce sont des cancers avec un plus mauvais pronostic et l’on note des rechutes précoces dans les 3 à 5 premières années. Dans une étude épidémiologique menée en Californie la survie à 5 ans était seulement de 14%. Il existe cependant des cancers triple négatifs de meilleur pronostic : les cancers adénoïdes kystiques les cancers apocrines et les cancers métaplasiques. Imagerie : A la mammographie ils se présentent fréquemment sous la forme d’une masse dense, ronde, ovale ou lobulée dans plus de 60% des cas, les bords sont circonscrits dans 25 à 45% des cas, les masses spiculées sont moins fréquentes (7 à 36%) les microcalcifications sont moins fréquentes. Il peut s’agir d’une simple asymétrie de densité. A l’échographie la tumeur va se présenter sous la forme d’une masse dans 86% des cas avec la encore une forme ovale ronde ou lobulée et des contours circonscrits. Il n’y a généralement pas de halo clair péri-tumoral, l’hypoéchogénicité est très marquée, on peut parfois observer des zones de nécrose. Dans un bon nombre de cas on a un aspect bénin. L’élastographie est en faveur de tumeurs dures, peu fibreuses très cellulaires. En IRM on observe la aussi un aspect de masse avec parfois une nécrose centrale. Les critères morphologiques en IRM sont cependant plus suspects qu’en imagerie conventionnelle avec dans 47% des cas des bords irréguliers et parfois spiculés. Il peut exister un rehaussement en anneau. Traitements : Le traitement loco-régional est inchangé, il n’existe pas de traitement adjuvant standard. Ce sont des cancers avec une chimiosensibilité importante mais malgré cette chimiosensibilité la survie sans rechute et la survie globale sont mauvaises. Il a été noté par certains une efficacité plus marquée des taxanes , des alkylants à forte dose, des platines et du CMF…En cas de chimiothérapie néo-adjuvante il faut noter l’importance de la réponse histologique complète . Le bevacizumab semble avoir un rôle. On avait mis beaucoup d’espoir dans les inhibiteurs de PARP mais les essais randomisés ne se sont pas avérés concluants. Des essais sont en cours avec les inhibiteurs d’EGFR Sur Saint Louis en néoadjuvant nous traitons les patientes avec des cancers du sein triple négatif par une chimiothérapie « dose dense » associant du cyclophosphamide 1200 mg/m² et de la 4’epidoxorubicine 75 mg/m² tous les 15 jours six cures. Cette chimiothérapie permet un taux de réponse histologique complète de 60% alors qu’avec une chimiothérapie séquentielle de type EC-T nous n’avons observé que 17% de réponse complète, ce qui nous encourage à essayer de monter un essai randomisé Conclusion : Les cancers du sein triple négatifs forment une entité distincte des cancers RH+ et des cancers surexprimant HER2 mais ils représentent cependant un groupe hétérogène. Ils sont un défi thérapeutique. Il n’y a 2/3 actuellement pas de molécules ciblant clairement cette entité, il n’y a pas de traitement codifié. De nouvelles molécules et de nouveaux essais thérapeutiques sont nécessaires. Pour en savoir plus : 1. Ann Oncol. 2012 Sep;23(9):2223-34. doi: 10.1093/annonc/mds067. Epub 2012 Apr 19 2. Gelmon K, Dent R, Mackey JR, Laing K, McLeod D, Verma S. Targeting triple-negative breast cancer: optimising therapeutic outcomes. Ann Oncol. 2012 Sep;23(9):2223-34. 3. Int J Breast Cancer. 2012;2012:385978. Epub 2012 Jan 24. 4. Gelmon K, Dent R, Mackey JR, Laing K, McLeod D, Verma S. Targeting triple-negative breast cancer: optimising therapeutic outcomes. Ann Oncol. 2012 Sep;23(9):2223-34. 5. Amos KD, Adamo B, Anders CK. Triple-negative breast cancer: an update on neoadjuvant clinical trials. Int J Breast Cancer. 2012;2012:385978. 6. Source : Division of Surgical Oncology, School of Medicine, University of North Carolina at Chapel Hill, Chapel Hill, NC 27599, USA 7. Foulkes WD, Smith IE, Reis-Filho JS. Triple-negative breast cancer. N Engl J Med. 2010 Nov 11;363(20):1938-48. 8. Source : Departmentof Oncology and Human Genetics, Research Institute of the McGill University Health Centre, and the Lady Davis Institute of the Jewish General Hospital, McGill University, Montreal, QC H2W 1S6, Canada. [email protected] Marc Espié Centre des maladies du sein Hôpital St Louis Paris Mots clés : cancer du sein, triple négatif, chimiothérapie, BRCA1 Key words: breast cancer, triple negative, chemotherapy, BRCA1 QCM Post test A : les cancers triples négatifs répondent bien au trastuzumab B : les cancers triples négatifs représentent 30% des cancers du sein C : les cancers triples négatifs donnent des opacités mammographiques spiculées D : Ils sont plus fréquents en cas de mutation BRCA1 Réponse bonne : D 3/3