CLINIQUE EQUINE MÈHEUDIN !2
causé par un phénomène irritatif,
comme une «"verrue"» qui pousserait
sur la paupière et qui viendrait en
contact de la cornée à chaque fois
que le cheval cligne de l’œil.
Un ulcère cornéen est très doulou-
reux et il en résulte un blépharo-
spasme, c’est-à-dire une fermeture de
l’œil. La cornée étant lésée, il y a un
gros risque d’infection et c’est celle-ci
qui empêche l’ulcère de cicatriser. Le
traitement reposera donc, entre au-
tres, sur l’antibiothérapie.
Il est important de remarquer qu’un
ulcère cornéen peut entraîner une
uvéite, il ne faut donc pas négliger le
traitement quand on connaît la gravi-
té de l’uvéite chez le cheval.
L’uvéite
Comme son nom l’indique, l’uvéite
est une inflammation de l’uvée qui
comprend l’iris, les corps ciliaires et
la choroïde (d’où son nom scientifi-
que d’irido-cyclo-choroidite).
L’accès classique d’uvéite se compose
de 3 phases":
• La phase de congestion": elle dure
de 3 à 6 jours et se caractérise par
un blépharospasme, une photo-
phobie, une conjonctivite, une
opalescence cornéenne et un
myosis (ou contraction de la pu-
pille).
• La phase exsudative": il y a une
diminution de la douleur, mais la
conjonctivite et le myosis restent
présents. Un floculat de couleur
plutôt blanche apparaît"; il porte
le nom d’hypopion. Tout ceci
dure 8 à 10 jours";
• La phase de résorption": tous les
signes disparaissent progressive-
ment et on note un retour du
réflexe pupillaire. L’accès aura en
tout duré 3 semaines.
Cette maladie est en général due à
une hypersensibilité à un agent (sou-
vent des leptospires)": le cheval a déjà
rencontré cet agent auparavant, il
s’est sensibilisé sans signes cliniques
visibles, mais quand il le rencontre à
nouveau, son organisme réagit, ce
qui se traduit par une uvéite. Les
autres causes sont toutes les maladies
infectieuses qui peuvent affecter l’œil
en même temps que d’autres organes
(Rhinopneumonie, artérite virale…).
Après un accès d’uvéite, les séquelles
peuvent être très graves et on recher-
chera leur présence au cours de la
visite d’achat car l’uvéite isolée est un
vice rédhibitoire. L’iris peut être dé-
coloré, des taches noires peuvent
apparaître sur le cristallin (on les ap-
pelle synéchies), qui peut également
s’opacifier et se cataracter. Des lé-
sions du fond d’œil sont également
visibles. C’est pour toutes ces raisons
qu’il ne faut pas tarder à traiter ni
négliger le traitement qui reposera
principalement sur les anti-inflamma-
toires et la prévention des séquelles.
Les autres pathologies oculaires
La conjonctivite est très fréquente et
est principalement due à l’irritation
causée par la poussière ou les revê-
tements des sols (sable, cendrée, mâ-
chefer). Elle se caractérise par une
conjonctive rouge et des écoulements
oculaires. Le traitement est en prin-
cipe assez simple et satisfaisant.
!Les canaux lacrymaux bou-
chés sont souvent la cause d’yeux
sales avec des sécrétions assez sèches
au coin interne de l’œil. Ceci est dû
au fait que les larmes ne peuvent pas
s’écouler dans les canaux lacrymaux
jusqu’aux naseaux (c’est le même
principe que chez l’homme dont le
nez coule lorsque l’individu pleure).
Le traitement consiste en l’instillation
de liquide sous pression par l’ostium
nasal associée parfois à des anti-in-
flammatoires.
!Les tumeurs peuvent affec-
ter la structure oculaire du cheval. La
plus fréquente est le sarcoïde qui se
présente sous la forme d’une masse
noire sur les paupières. C’est une
tumeur bénigne mais qui devient très
ennuyeuse quand elle prend du vo-
lume car elle peut envahir tout le
pourtour de l’œil et compliquer le
traitement qui est déjà très délicat. Le
mieux est donc d’intervenir au plus
tôt dès qu’il apparaît ou qu’il grossit
rapidement. Le carcinome à cellules
squameuses est fréquent dans les ré-
gions à fort ensoleillement et sur des
chevaux à peau non pigmentée (ap-
paloosas)"; on le trouve sur la mem-
brane nictitante (troisième paupière)
mais aussi sur le pénis des mâles et
des hongres.
!Les lésions palpébrales se
rencontrent également fréquemment
et la difficulté de la suture réside dans
le respect des structures et de l’ana-
tomie. En effet, la cicatrice qui en
résulte doit permettre la fermeture
correcte et complète des paupières
sans toutefois venir irriter la cornée.
!Les lésions du fond d’œil
existent aussi fréquemment mais sont
difficilement appréciables par le pro-
priétaire ou l’entraîneur, si elles ne
sont pas suffisantes pour entraîner
une modification de la vue du cheval.
Le poulain
L’ affection oculaire la plus fré-
quemment rencontrée est tout
d’abord l’entropion. La paupière
inférieure est trop «"grande"» (il y a
trop de peau) et elle s’enroule à l’inté-
rieur en direction de la cornée"; elle
peut donc entraîner une irritation de
la cornée voire un ulcère. Le traite-
ment doit être précoce et consiste en
l’application d’agrafes pour «"dérou-
ler"» la paupière vers l’extérieur du-
rant quelques jours. Un traitement
anti-ulcéreux est associé si la cornée
est lésée.
!Le poulain peut être atteint
d’uvéite quand il fait une maladie
générale. L’affection oculaire peut
d’ailleurs être parfois la seule mani-
festation visible de la maladie sous-ja-
cente.
!Parmi les maladies congéni-
tales affectant l’œil, la cataracte con-
génitale est la pus fréquente"; elle est
quasiment la seule cataracte qui soit
opérable avec succès chez le cheval.
LA CONSULTATION EN
OPHTALMOLOGIE
Le diagnostic
JOURNAL DE BORD : L’OPHTALMOLOGIE DU CHEVAL!JANVIER 2012