PHI-1132 Épistémologie de la psychanalyse Freud: l`interprétation

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PHI-1132 Épistémologie de la psychanalyse
Freud: l'interprétation des rêves
Professeur : François Tournier
I BUT DU COURS
De retrouver ainsi parmi une sélection académiquement sanctionnée d'auteurs propres à
initier à la philosophie un penseur qui non seulement se réclame d'une autre discipline, la
psychologie, que son statut de scientificité place aux antipodes des spéculations
fantasmatiques des philosophes, mais encore se défend corps et âme d'entretenir un
quelconque rapport d'affinité avec eux, est certes déconcertant mais n'a rien d’hérétique ou
d'hétérodoxe. Bien au contraire, Freud fait partie de la liste des auteurs obligés dans les
programmes de philosophie en France et, d'une façon plus générale, des auteurs que tout
étudiant bien formé en philosophie se doit de connaître dans la tradition philosophique
continentale orthodoxe. Là où nous nous proposons de rompre avec la tradition se situe au
plan de ce qu'il convient d'appeler le «niveau de langage». Dans la version européenne de
cet enseignement, la psychanalyse représente une découverte inestimable, un apport à
l'avancement de nos connaissances du monde et de l'être humain. Il en découle que
philosophes et psychologues évoluent sur le même terrain en discutant de ces choses, en
l'occurrence, celui des phénomènes dans le monde. Nous nous proposons dans ce cours
d'élever les discussions sur Freud et la psychanalyse, du niveau des phénomènes à celui
du discours sur ces phénomènes que nous traiterons en conséquence comme un objet
d'étude propre, indépendant et autonome. Ce déplacement focal nous permettra de tirer
profit des ressources développées par la philosophie du langage et l'épistémologie depuis
une bonne centaine d'années dans une autre tradition de recherche où Freud, avouons-le,
n'a pas si bonne presse.
II OBJECTIFS
Objectifs de connaissance
initier l'étudiant à la «psychologie» (la science de la psyché) et à la théorie freudienne du
rêve, de l'esprit et des processus psychiques inconscients;
initier l'étudiant à l'application de certaines conceptions fondamentales sur le langage et
son fonctionnement développées par les philosophes du langage contemporains;
initier l'étudiant à la pensée épistémologique, à la réflexion sur les fondements rationnels
de nos discours;
Objectifs d'habiletés intellectuelles
maîtriser certains concepts fondamentaux de la théorie freudienne, de la psychanalyse,
de la philosophie du langage et de l'épistémologie;
développer l'habileté à réfléchir sur le caractère approprié des mots, des expressions,
des figures de style et du langage que nous utilisons pour exprimer notre pensée;
développer l'habitude de questionner nous-mêmes les fondements de ce que nous
affirmons et la cohérence logique de nos déductions.
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III CONTENU
La refocalisation de la problématique psychanalytique que nous proposons n'est pas sans
ressemblance à un phénomène que les psychologues gestaltistes ont mis en évidence
concernant le renversement des figures visuelles, un dessin qui tout en conservant la même
«forme», nous apparaît tantôt comme un canard et tantôt comme un lapin. Le célèbre
épistémologue Thomas S. Kuhn (La structure des révolutions scientifiques, Trad. L. Meyer,
Paris, Flammarion, 1983) n'hésitera pas à caractériser dans les termes de ce processus
psychique la transformation de la vision de leur sujet d'étude qu'ont due opérer les
physiciens pour passer de Newton à Einstein qui, comme on le sait, a suscité de virulentes
résistances de la part des plus anciens ne parvenant pas à se détacher de leur habituelle
façon de percevoir et concevoir les choses. Bref, l'habitude s'avère un obstacle en ces
matières, ce qui nous fait paraphraser négativement le titre d'un ouvrage célèbre du
philosophe du langage John Austin, «Quand dire n'est pas faire». De simplement
comprendre la distinction que nous introduisons entre l'usage et la mention des expressions
linguistiques ne suffira pas, comme l'expérience nous l'a montré, à appliquer cette nouvelle
perspective dans l'étude du cas particulier qui nous intéresse. C'est pourquoi nous
suggérons la démarche progressive suivante qui implique l'étude de trois ouvrages:
1. Nous nous insérerons d'abord dans un débat qui fait rage en France depuis la parution
d'un ouvrage collectif de psychologues en 2005, Le livre noir de la psychanalyse. Vivre,
penser et aller mieux sans Freud, aux éditions Arènes (832 pages) et qui a soulevé un
barrage de réactions dans les journaux, les émissions télévisées culturelles et les revues
spécialisées, suivie en 2006 de la publication sous la direction de J.A. Miller de l'Anti-livre
noir de la psychanalyse. Le point culminant de cette dispute a été atteint avec la parution
de:
Michel Onfray, Le crépuscule d'une idole: l'affabulation freudienne, Paris, Bernard
Grasset, les Éditions Grasset & Fasquelle, 2010, 613 pages.
Jean-Noël Cuénot, Tribune de Genève (19/04/2010): « Le livre du philosophe français n'est
pas encore en librairie que le Tout-Paris intellectuel s'entre-déchire à son propos.»
Louis-Bernard Robitaille, La Presse (29/04/2010): « Saint-Germain-des-Prés a toujours
aimé les débats sanguinaires où deux camps en présence tirent à boulets rouges et
instruisent les uns contre les autres des procès en excommunication. Mais, franchement, on
n'avait rien vu d'aussi grandiose depuis l'épopée des «nouveaux philosophes», il y a trois
décennies. L'objet de cette guerre sans merci: un pamphlet incendiaire de 600 pages dirigé
contre Freud et l'affabulation freudienne.»
D'aucuns souligneront le caractère quelques fois un peu «primaire» des propos de cet ex-
professeur philosophie fondateur de sa propre université parallèle et de l'anti-philosophie
nietzschéenne (un auteur obligé pourtant également inscrit au programme institutionnel de
philosophie tant décrié!) qui sous-tend cette critique ou, pour reprendre la caractérisation du
«nouveau philosophe» Bernard-Henry Lévy, la méthode du «point de vue du valet de
chambre» qui en tisse la toile de fond. Mais n'empêche que l'auteur a un don incontestable
pour intéresser à des problèmes philosophiques des auditeurs et des lecteurs, cultivés
certes, mais n'ayant aucune connaissance particulière en cette discipline et c'est ce genre
de point de départ que nous cherchions. Faut-il rappeler que son attaque précédente contre
Dieu et les religions monothéistes, son Traité d'athéologie, s'est vendu à plus de 300,000
exemplaires. D'autant plus que de s'interroger sur ce que nous enseignent les professeurs
de philosophie et la façon dont il l'enseigne, conformément à la «tradition» (selon les
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normes en vigueur), n'est certainement pas un sacrilège à moins d'en faire une religion ou
un culte.
2. Malheureusement, la définition de la «science» qu'il oppose à l'autobiographie déguisée
que Freud surnomme «psychanalyse», pour en contester le statut de scientificité, semble
tout bonnement avoir été tirée d'un dictionnaire de la langue française et sa caractérisation
de la conception freudienne de la science repose sur une profonde mécompréhension de
l'acte de langage surnommé «performatif» par Austin qui lui confère ainsi un caractère
caricatural. Pour combler ce blanc, nous proposons l'ouvrage suivant:
Frédéric Forest, Freud et la science. Éléments d'épistémologie, Paris, Éditions
Economica & Anthropos, 2010, 261 pages.
3. L'ouvrage freudien qui nous servira de point de référence:
S. Freud, L'interprétation des rêves, Trad. I. Meyerson, Paris, Presses Universitaires
de France, 1999 (9è éd.). 573 pages.
F. Pasche, «La méthode psychanalytique d'interprétation» in S. Freud et Als, Les rêves: la
voie royale de l'inconscient, Paris, Éditions Tchou, 1979, p:38 : «Freud a toujours considéré
son livre, l'Interprétation des rêves (Traumdeutung), achevé en 1899 et publié en 1900,
comme la «pierre angulaire» de l'édifice psychanalytique.» Nous verrons pourquoi cet
ouvrage revêt une signification si fondamentale dans la théorie freudienne des processus
psychiques.
IV FORMULE PÉDAGOGIQUE
L'exposé semi-magistral par le professeur prévaudra par la force des choses mais il serait
intéressant de transformer à quelques reprises le groupe-cours en séminaire de discussions
afin que les étudiants puissent débattre de certains enjeux philosophiques qui les touchent
de près.
V LECTURE
Un recueil, que nous constituons progressivement avec les années, de textes de Freud ou
de d'autres spécialistes (médecine, dentisterie, neurologie, physiologie, etc.) mettant un
point final à certains débats mal fondés ou à de la désinformation que nous retrouvons
assez souvent dans la littérature sera mis à la disposition des étudiants.
VI MODE D'ÉVALUATION
Deux courts essais d'une dizaine de pages (ordinographiés: interligne et demi;12 points) sur
un texte du recueil ou un thème abordé en classe (texte à l'appui): 30 % et 30% à remettre
au dernier cours avant la semaine de lecture et à l'avant-dernier cours de la session.
Examen final en classe de compréhension générale au dernier cours de la session : 40%. Il
est entendu que cette suggestion devra faire l'objet d'une discussion et d'une entente avec
le groupe-cours en début de session.
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VII CRITÈRES D'ÉVALUATION
Compréhension de la problématique; maîtrise conceptuelle; démarche intellectuelle;
cohérence de l'argumentation; pertinence des propos; jugement; originalité; qualité de la
langue.
Des points seront retirés pour les incorrections de la langue (voir: Politique du français sur le
site web de la faculté: www.fp.ulaval.ca).
Le plagiat est proscrit (voir: Règlement des études sr le site web de la Faculté:
www.fp.ulaval.ca)
VIII ÉQUIVALENCE DE LA NOTATION
Notation selon l'échelle en vigueur à la Faculté de philosophie.
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