« autre » se situe dans la distance à la fois géographique et historique c’est pour cela qu’on le
recherche dans un ailleurs qui se caractérise par les sociétés non-européennes, et plus
largement non-occidentales et chez des populations que l’on pense sans histoire par rapport à
leur technologie par ex. L’idée, c’est de se dire que l’étude des sociétés « simples » permettra
de comprendre l’organisation complexe des sociétés dont est issue l’anthropologie. C’est en
se construisant vraiment un objet que l’anthropologie se construit réellement en tant que
science parmi les autres disciplines scientifiques. Peu à peu, des sociétés « vierges » c’est-à-
dire sans contact ou que l’on qualifiait de « sans histoire » vont disparaître et c’est à partir de
là que l’anthropologie va se définir non plus par son objet, qui était « exotique », mais par sa
démarche. Une démarche basée sur la distance encore une fois mais en ce qu’elle permet de
comprendre que : ce qui nous paraît naturel chez nous, est en fait culturel. L’idée est d’aller à
la rencontre d’une culture inconnue dont la rencontre va entraîner une modification du regard
que l’on portait sur soi. Et c’est cette démarche qui conduit à penser que ce que l’on vit tous
les jours, les moindres opérations, les moindres relations, codes, gestes, échanges,
regards…relèvent du culturel. La façon de manger, de se saluer, de dormir, de s’aimer, nos
réactions affectives. Or, c’est justement dans cette diversité que se trouve l’unité de l’homme.
Autrement dit, ce qu’on en commun les êtres humains, c’est leur capacité à se
différencier les uns des autres, à élaborer des coutumes, des langues, des modes de
connaissances, des institutions, des jeux profondément différents…c’est-à-dire c’est l’aptitude
à la variation culturelle. Il s’agit donc aussi de reconnaître que nous sommes une culture
parmi tant d’autres, et pas la seule, ni la plus vieille, ni la meilleure…Il s’agit d’éclater l’idée
de « centre du monde ».
Pour mener à bien ce décentrement de l’anthropologue, l’anthropologie a mis en
lumière une notion centrale : l’ethnocentrisme. L’ethnocentrisme c’est l’attitude consistant à
juger les formes morales, religieuses, sociales, d’autres communautés selon nos propres
normes et donc à juger leurs différences comme une anomalie. Il va donc s’agir de
comprendre ce qui est normal pour l’ « Autre ».
Ex : nous considérons normal de dormir couché. Le pasteur Massaï du Kenya ou de
Tanzanie dort debout appuyé sur son bâton…
L’ethnocentrisme comporte un jugement de valeur qui consiste souvent en une attitude
dévalorisante voire en du racisme lorsqu’il s’accompagne de rejet et d’hostilité.
Pour mieux comprendre de quelle manière l’anthropologie se propose de comprendre
donc la diversité culturelle, nous allons revenir sur les différents courants de pensée de
l’histoire de l’anthropologie.
Comme on vient de le voir les réflexions sur l’ « Autre » se situe dans l’histoire, et
donc le propre discours anthropologique n’échappe pas à cette réalité et n’est pas
« innocent ». Au cours de la colonisation c’est le discours de l’explorateur, du missionnaire,
de l’administrateur, du juriste…Il devient peu à peu le discours du spécialiste quand s’élabore
le nouveau savoir anthropologique dans le cadre de l’évolutionnisme. L’évolutionnisme est le
premier moment d’une histoire des courants dominants en anthropologie.